La presse juive en Alsace
par Robert WEYL
Intervention au Colloque de la Société d'Histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine, février 1986
Cet article a été mis en forme par Martine Weyl à partir des notes et des photocopies de journaux retrouvées dans les archives de son père Robert Weyl.


Préambule

J'avais été prié de rédiger la notice sur la Presse juive en Alsace dans l'Encyclopédie d'Alsace, et j'ai pensé qu'en donnant à cette notice quelques développements, je pourrais en faire une communication susceptible de vous intéresser.
Il n'est pas facile d'écrire une histoire de la Presse. Pour pouvoir en parler, il faut avoir lu une grande partie de ces journaux ou de ces périodiques. Or, vous ne l'ignorez pas, un journal, un périodique est un document éphémère. Une fois lu, on le jette. Qui de nous songe à conserver chaque semaine le numéro de Tribune juive auquel il est abonné ? Et imaginez ce que représentent comme volume trente années de Tribune juive.

Alors on se fie aux bibliothèques publiques et au dépôt légal.
Le dépôt légal, l'obligation faite aux éditeurs et aux imprimeurs de déposer un certain nombre d'exemplaires des journaux ou périodiques qu'ils éditent où impriment, est inscrite dans la loi sur la presse de 1881.Ce qui veut dire que pour tout ce qui est antérieur à cette date, les chances de retrouver journaux et périodiques est aléatoire.
Une loi du 19 mai 1925, modifiée par celle du 21 juin 1943, exige qu’éditeurs et imprimeurs déposent à la Bibliothèque Nationale, le premier, 4 exemplaires, le second, deux exemplaires de tout ce qu'ils impriment. Seuls sont exclus les papiers privés, tels les cartes de visite, et les formulaires commerciaux.
Ce préambule, simplement pour vous montrer les difficultés rencontrées par le chercheur qui voudra étudier la presse juive à ses débuts, au cours de la première moitié du XIXe siècle.

Introduction

Faire l’histoire de la presse juive en Alsace n’a pas été très facile.
La conservation des journaux ou des périodiques les plus anciens tient beaucoup plus du hasard que de la législation.
L'institution du dépôt légal, l'obligation faite à l'éditeur, ou à l'imprimeur, ou aux deux, de déposer un ou plusieurs exemplaires de tout ce qu'il édite ou imprime, est de date récente.
Naturellement la Police s'est toujours intéressée à tout ce qui s'imprimait, ne serait-ce que pour voir si le souverain, le gouvernement et les corps établis, l'Eglise ou les bonnes mœurs n'étaient pas attaqués. En France la loi sur la Presse date de 1881. Or à cette date l'Alsace était annexée de sorte que c'est à la loi allemande qu'il faut faire référence.

Si la loi d'Empire sur la Presse date du 7 mai 1874, elle fut imposée à l'Alsace-Lorraine par une loi du 8 août 1898. L'article 9 de cette loi faisait obligation aux éditeurs de déposer un exemplaire à la Police. Il est évident que le législateur s'inquiétait beaucoup plus du contenu des périodiques que de leur conservation. La mise aux archives était un aspect tout à fait accessoire et le cadet de leurs soucis. La législation du dépôt légal variait d'un Etat à l'autre, la règlementation en Bade n'était pas la même qu'en Bavière, le dépôt légal étant géré avec un certain laxisme tout à fait surprenant, ce qui explique le mal que nous avons eu à retrouver la plupart des périodiques.

Quelques rares particuliers ont conservé certains de ces périodiques.
Ainsi le rabbin Victor Marx avait conservé et même fait relier plusieurs années de la Strassburger Israelitische Wochenschrift, dont il fut durant des années l'éditorialiste. Ainsi les années 1905,1906 et 1907 se trouvent entre les mains des descendants du rabbin.

Les premiers périodiques

Le premier périodique juif qui parut à Strasbourg est daté de janvier 1836 et porte le titre Régénération avec en sous titre "Recueil mensuel destiné à améliorer la situation religieuse et morale des Israélites", titre repris en langue allemande : "Die Wiedergeburt". L'éditeur en était Simon Bloch, né à Reichshoffen en 1810, mort à Paris en 1879, ardent défenseur d'un judaïsme conservateur, néanmoins ouvert à la culture des nations. Pour rendre son périodique accessible à tous, Simon Bloch avait divisé chaque page, en deux colonnes, le texte en français sur la colonne de gauche se retrouvait traduit en allemand sur la colonne de droite. On ne trouvait pas de nouvelles locales mais des articles éducatifs, sur les principes de la foi israélite par exemple, ou sur la société d'encouragement au travail pour les jeunes israélites indigents. C'était un périodique somme toute assez peu attractif. Simon Bloch fit paraître son mensuel durant deux années, quitta Strasbourg, alla à Paris où il fut nommé secrétaire du Consistoire central des Israélites de France et plus tard de l'Alliance Israélite universelle. Il créa L'Univers Israélite, une des plus importantes publications juives du 19ème et même de notre siècle puisque qu'elle ne disparut qu'en 1940. L'Univers Israélite est une des plus importantes sources de documentation pour l’époque moderne.

En mars 1846 Jérôme Aron créa La Pure Vérité (1) avec en sous titre "Petite feuille consacrée aux intérêts des Israélites publiée par un Israélite désintéressé", avec en-tête cette citation du Lévitique : " Aucun de vous ne mentira à son prochain ".
Cette modeste publication reproduite en multigraphie à partir d'un manuscrit calligraphié est intéressante à plus d'un titre. Ainsi le n° 3 daté du 20 mai 1846 est consacré à l'introduction de l'orgue à la synagogue. L'éditorialiste en est un fervent partisan, i1 a fait signer une pétition à soixante six membres de la communauté de Strasbourg, et il s'indigne de la voir repoussée par le Consistoire. Il ne voit que des avantages à un culte relevé par la musique d’orgue, rejette l'objection " 'huqat ha-goyim " (usage non-juif) qui est faite, déclarant que l'on pourrait tout aussi bien démolir la chaire à prêcher, retirer la soutane aux rabbins, supprimer le chœur et interdire l'initiation qui, il le reconnait, est une "cérémonie entièrement empruntée à un autre culte.La Pure Vérité est un document important puisqu'il traduit les préoccupations des membres de la communauté de Strasbourg à une époque déterminée. Un certain nombre de numéros de ce périodique est conservé à la Bibliothèque Nationale à Paris sous la cote Fol A 107. Il est introuvable à Strasbourg.

En 1855, 1e rabbin Samuel Dreyfus, né en 1806, mort en 1870, qui fut rabbin de Mulhouse de 1831 à 1870, avait fondé une publication mensuelle, Le Lien d'Israël, feuille populaire destinée à favoriser les intérêts religieux et moraux des Israélites français. Il avait comme associé un avocat de Strasbourg, Me S. Honel qui habitait au 50 de la rue du Jeu des Enfants.
En dépit de toutes mes recherches, je n'ai pas réussi à mettre la main sur un exemplaire de ce périodique, qui parut au moins durant trois ans à Mulhouse.
J'en ai découvert l'existence par une correspondance échangée entre l'avocat S. Honel et le Préfet du Bas-Rhin, correspondance se trouvant aux archives départementales du Bas-Rhin. En effet, Honel voulut transférer le siège du périodique de Mulhouse à Strasbourg, et en confier l'impression à l'imprimerie Christophe. Il sollicitait l'autorisation préfectorale. Le Préfet lui répondit que la feuille n'étant pas politique, aucune autorisation n'était nécessaire ( A D B R T 33 liasse 2 ).

Les périodiques dignes de ce nom

Il faudra attendre le 7 septembre 1877 pour voir paraître le premier périodique digne de ce nom, L'Alsace-Lorraine Israélite avec en sous titre "Israelitisches Elsass-Lothringen". Le directeur et rédacteur principal en était Isaac Wurmser de Mulhouse. Les textes allemands avec leur traduction française montraient dès le premier numéro les insuffisances de l'organisation religieuse en Alsace-Lorraine, les défauts de l'enseignement religieux et les moyens d'y remédier. Le périodique, très vivant, publiait de nombreuses nouvelles locales, des informations venant de France, la patrie perdue, un carnet de famille. Les lecteurs s'intéressaient aux problèmes soulevés à en croire les lettres et prises de position publiées. Si le périodique, bimensuel au début, mensuel par la suite, cessa de paraître, ce fut par manque de moyens financiers, toute l'économie reposant sur les abonnements récoltés.

Le rabbin David Goldstein, alors à Durmenach, créa le 1er février 1883 : un hebdomadaire qu'il appela Jüdischer Sprechsaal für Elsass-Lothringen und die Schweiz avec en sous titre "Lectures Israélites pour l'Alsace-Lorraine et la Suisse" édité à Mulhouse. La personnalité du rabbin David Goldstein est attachante. Né en 1844 à Szerdahely en Hongrie, il avait fait ses études à Pressburg, centre de l'orthodoxie juive, où il obtint le diplôme rabbinique, ainsi que le "Maturitätsexamen" (baccalauréat) au Lycée protestant. Il poursuivit ses études universitaires à Würtzburg et à Berlin et finit par soutenir, à Tübingen en 1873, une thèse de doctorat sur Abraham Ibn Ezra. Il exerça d'abord comme "Prediger" et professeur de religion à Gutstadt en Prusse orientale. Il fut nommé rabbin de Berne en Suisse en 1874. Il enseigna aussi les langues orientales dans l'université de cette ville. Mais Berne avait une petite communauté juive d'environ 350 personnes. Lorsqu'on lui proposa le rabbinat de Durmenach dans le Haut-Rhin, il n'hésita pas. I1 devait occuper ce poste de 1877 à 1884. Ce fut durant cette période qu'il publia le Jüdischer Sprechsaal. Il quitta Durmenach en 1884 pour Mutzig dont il resta le rabbin jusqu'à sa mort en 1913.
Goldstein écrivait avec une égale facilité en allemand et en français. A en croire ses notes scolaires qui nous sont parvenues, il aurait tout aussi facilement pu écrire en latin, en grec et en hongrois. Il eut pour collaborateurs principaux les rabbins Simon Lévy de Schirrhoffen, Bamberger de Niederhagenthal, Samuel Haymann Schüler, rabbin de Bollwiller, Zaccharias Wolf, directeur du séminaire rabbinique de Colmar, Félix Lévy de Fégersheim, Adolphe Ury, alors à Lauterbourg, J.Wolff, et un laïque, l'historien Elie Scheid.
Les articles de Goldstein étaient sérieux sans être ennuyeux, et ses commentaires bibliques avaient la rare qualité d'être originaux. On trouvait par ailleurs des nouvelles du monde entier, des carnets de famille et déjà de la publicité commerciale.

Le troisième périodique digne de ce nom fut lui-aussi édité dans le Haut-Rhin. Ce fut l'œuvre du rabbin Moïse Ginsburger. Historien, il voyait là un merveilleux moyen de faire connaître à un large public l'histoire des Juifs d'Alsace en général, et plus spécialement ses propres découvertes dans ce domaine. Il créa un véritable hebdomadaire comportant aussi des nouvelles régionales et familiales et de la publicité. L'hebdomadaire Die Strassburger Israelitische Wochenschrift fut fondé en 1903 par Moise Ginsburger (1865-1949), rabbin de Soultz (Haut-Rhin) de 1891 à 1910, puis de Guebwiller de 1910 à 1921. L'imprimerie se trouvait à Guebwiller.
La publication comprenait un éditorial, généralement signé par le rabbin Victor Marx (1872 -1944) alors à Westhoffen. On y trouvait toutes sortes d'informations sur la vie des communautés du monde entier, des études historiques de Moise Ginsburger, et, après 1905, des informations sur les activités de la Société d'Histoire créée par lui, des nouvelles familiales d'un peu partout. L'hebdomadaire était rédigé en allemand puisque l'Alsace était une province allemande, mais un supplément littéraire était écrit en français, avec d’importantes contributions de Elie Scheid (1841-1922), l'auteur de l'Histoire des Juifs d'Alsace, qui racontait ses voyages en Orient ou ses souvenirs de guerre (Campagne de la Loire)
Les lecteurs étaient tenus au courant de tout ce qui se passait à Paris, y compris les nominations et les décorations, le tout étant publié en langue française. La Strassburger Israelitische Wochenschrift demeure encore aujourd'hui une des sources les plus importantes pour l'étude du judaïsme d'Alsace, tant pour les études historiques de Ginsburger, les récits de Scheid, que pour les prises de position, politiques ou autres, et les informations locales.

Mais Moïse Ginsburger était l'un des deux rabbins alsaciens qui avaient adhéré à la Vereinigung der liberalen Rabbiner Deutschlands, ce qui lui valut l'inimitié du rabbinat d'Alsace, demeuré fermement traditionaliste. Celui-ci créa, en 1910, une feuille concurrente Das Jüdische Blatt. A la tête de la rédaction on trouve le rabbin Ernest Weill (1865-1947) alors rabbin à Bouxwiller, plus-tard grand rabbin du Haut-Rhin et le rabbin Pinhas Kohn. Parmi les principaux collaborateurs il y avait Moïse Debré (1882 -1919) alors rabbin à Ansbach en Bavière, plus tard à Sarre-Union, le rabbin Joseph Bloch (1875-1970) alors à Barr, plus tard à Haguenau, et le rabbin Emile Schwarz (1877-1956) alors à Soultz-sous-Forêts (2).
Le numéro 1 portait la date du 30 septembre 1910.
Nous ne savons pas si le Jüdische Blatt constitua une concurrence sérieuse pour la Wochenschrift. De toutes manières, les deux périodiques disparurent en même temps à la déclaration de guerre, en 1914.

En 1918, Moïse Ginsburger publia Jahrbuch der Gesellschaft der Israeliten in Elsass-Lothringen qui tient des genres différents, périodiques, calendriers, livre d’édition. Nous en reparlerons au chapitre consacré aux calendriers.

La guerre finie, la nécessité d’un périodique juif s’imposa bientôt. Camille Dreyfus, d’abord seul, puis associé à Paul Jacob, fonda un hebdomadaire dont le numéro 1 parut le 25 septembre 1919 sous le nom Le Juif . Dès les premiers numéros on retrouve le nom du rabbin Victor Marx, de Josué Grossvogel et celui d'un jeune avocat, Edouard Bing. Alternant des articles en français avec des articles en allemand, Le Juif préconisait un retour aux sources du judaïsme, une renaissance de la diaspora teintée d’un idéal sioniste.
La tendance sioniste l'emporta lorsque le Misrahi de France, à partir du 4 juin 1920 racheta le périodique, qui conserva son nom jusqu'en 1924. Il prit alors le nom de Tribune juive qu'il devait conserver jusqu'en 1939.

En 1930 le rabbin Moise Ginsburger créa une nouvelle revue consacrée essentiellement à l'histoire des Juifs d'Alsace et de Lorraine, et très accessoirement aux artistes juifs et à leurs œuvres qu'il appela Souvenir et Science. Cette revue mensuelle parut régulièrement entre 1930 et 1934 puis la publication fut brutalement arrêtée, vraisemblablement pour des raisons de financement. Bien que les historiens de notre temps jugent les travaux de Ginsburger d'une manière plus critique, Souvenir et Science demeure une importante source de documentation, d'autant plus que Ginsburger disposait de documents depuis lors irrémédiablement perdus.

A Mulhouse, le jeune rabbin René Hirschler assisté de sa femme avait créé un bulletin bimensuel Kadimah. Le numéro 1 parut le 19 septembre 1930. Il n'avait pas d'autre ambition que d'être le bulletin de liaison de la communauté de Mulhouse, et s'adressait à tous les milieux et tout spécialement à la jeunesse. Simone Lévy, la fiancée du rabbin, écrivait des contes pour enfants.

Toutes les publications juives disparurent au début de la guerre, en 1939.

Au retour de la guerre

En 1945 les Juifs revenus en Alsace, profondément traumatisés par l'holocauste dont ils avaient été loin d'imaginer l’ampleur, firent le compte de leurs morts et entreprirent de relever leurs ruines. Le rabbin Abraham Deutsch nommé grand rabbin du Bas-Rhin à titre intérimaire tant que la mort en déportation du titulaire, le grand rabbin René Hirschler, ne fut pas reconnue officiellement, sentit la nécessité d'un bulletin de liaison entre les diverses communautés d'Alsace. Avec l'aide de Naphtali Grunewald, il créa, dès le 21 décembre 1945 le Bulletin de nos Communautés, un hebdomadaire dont il fut l'âme et le fidèle éditorialiste.
Le grand rabbin Abraham Deutsch était né à Mulhouse en 1902. Rabbin de Bischheim de 1926 à la déclaration de la guerre, directeur de l'enseignement religieux à Strasbourg, il s'était replié à Limoges ou s’était regroupée une partie des communautés alsaciennes évacuées. Il recréa les structures communautaires, les institutions culturelles, sociales et éducatives. Résistant par la parole et par l'action, il ne dut son salut qu'à la libération du territoire. C'est lui qui dirigea la reconstruction des communautés du Bas-Rhin sur les deux plans, spirituel et matériel.
Le Bulletin était à l'image de l'homme. Dans ses éditoriaux, il défendit la position du judaïsme traditionnel, définissant par ailleurs les relations entre le judaïsme et les autres familles spirituelles ainsi que ses rapports avec Israël. Pour le reste, le Bulletin qui ressemblait à ses prédécesseurs, demeure une mine de renseignements sur le judaïsme d'Alsace.

Lorsque le grand rabbin Deutsch prit sa retraite en 1970, 1e rabbin Jacquot Grunewald, neveu de Naphtali Grunewald prit sa succession à la tête du Bulletin redevenu Tribune Juive. Le rabbin Grunewald voulut faire de ce périodique local un des organes les plus représentatifs du judaïsme français. L'historien que je suis déplore de ne plus y retrouver cette accumulation de petits faits, cette image du quotidien qui fera cruellement défaut au chercheur dans les temps à venir, qui font du Judischer Sprechsaal, de la Strassburger Israelitische Wochenschrift , du Jüdische Blatt, du Juif de la première Tribune juive et du Bulletin de nos Communautés des documents aussi précieux que des documents d'archives.
Certes, les opinions du rabbin Grunewald, de Me Henri Smolarski, ne seront pas dénuées d'intérêt pour l'historien du futur, mais ne remplacent pas la relation des petits évènements dont la somme constitue la trame de l'histoire. Devenue nationale, Tribune juive ne représente plus le judaïsme d'Alsace.
Le 1er janvier 1974 le rabbin Jacquot Grunewald sortit le premier numéro d'un journal pour enfants, Tal mais la publication fut arrêtée au bout de deux ans.

Le Consistoire israélite du Bas-Rhin édite périodiquement sous le nom de Echos une publication fort modeste et sans prétention.
De son côté la communauté israélite de Strasbourg publie un bulletin trimestriel, Unir qui n'a pas d'autre but que de maintenir le contact avec les membres de la communauté (3).

Les calendriers

Dans la Presse juive, la Lua'h, le calendrier juif tient une place à part. On y trouve la concordance entre calendrier juif et calendrier chrétien, la date des fêtes juives, des jeûnes, 1a lecture sabbatique. Dresser une lua'h est le travail d'un spécialiste. Depuis qu'Edouard Mahler a établi ses Chronologische Vergleichstabellen pour des siècles, dresser une concordance ne pose plus de problème. Ces almanachs, indispensables aux Juifs, étaient vendus par les colporteurs qui faisaient le porte à porte. La lua'h donnait foule de renseignements utiles. Celle de l'année juive 5525 que nous avons sous les yeux (1764-1765) fut imprimée à Sultzbach par Itzig bar Loeb et donnait la date de toutes les foires en Allemagne, Bohême, Pologne et Moravie, des prévisions météorologiques, "wind, tribi Luft, kalti Nächt, rani Wetter", des conseils médicaux, les jours de l'année où il valait mieux ne pas se faire saigner ou se faire poser des ventouses, les jours favorables aux voyages et aux déménagements. Nous apprenons que l'année sera sèche, que la moisson sera bonne, qu'il y aura plus de poires que de pommes, des prunes et des noix en abondance, qu'il y aurait du houblon et du vin en abondance. En revanche, beaucoup de vermine. L'hiver allait être préjudiciable au maïs. On pêchera beaucoup de poisson, mais le saumon et la truite seront rares. On sera épargné par les maladies graves. On trouve aussi quelques indications sur les souverains régnants, l'empereur François et l'impératrice Marie Thérèse. Malheureusement la lua’h était jetée au bout de l'année.

Plus récemment, divers calendriers ont été publiés, qui méritent de retenir notre attention.

Sous le titre de Jahrbuch der Gesellschaft für die Geschichte der Israeliten in Elsass-Lothringen, 1918 le rabbin Ginsburger publia un mélange de genres fort différents, associant des articles historiques à un calendrier juif et à une chronique des communautés d'Alsace, signalant communauté par communauté, les évènements importants, les mouvements parmi les dirigeants, les deuils, les morts au champ d'honneur, les décorations, etc.

Les Amis de la Tradition juive publièrent sous la direction du grand rabbin Ernest Weill deux annuaires couvrant les années juives 1923-1924 et 1924-1925. A côté des calendriers proprement dits on y trouve divers articles dignes d'intérêt: une étude sur les rabbinats de Surbourg et de Soultz sous Forêts du rabbin Emile Schwartz, une traduction française de l'étude de Lehmann sur Rabbi Aquiba, la reproduction d'une conférence du Dr Loir qui renferme les grandes règles de l'abattage rituel et de l'examen de l'animal abattu. On trouve aussi des renseignements précieux sur la composition des Consistoires, des Communautés et des rabbinats de l'époque.

A partir de 1934, Naphtali Grunewald avait édité un calendrier de poche, qui fut même imprimé durant l'occupation. Son neveu Jacquot Grunewald et Tribune juive continuent à en assurer la diffusion. L'historien du futur y trouvera aussi des renseignements précieux sur les consistoires, communautés, rabbinats, etc.

En 1928 le rabbin Joseph Bloch créa son célèbre calendrier mural. Par sa riche illustration, toujours renouvelée, les nombreuses citations de textes tirés de la Bible, du Talmud, de la littérature rabbinique ou profane, le Calendrier Joseph Bloch poursuit un but éducatif. A la mort du rabbin, l'œuvre fut reprise par le rabbin Edmond Schwob.

Enfin, l'Almanach du K.K.L (Kéren Kayemeth Leisraël) fut créé en 1952. Mi-calendrier, mi-revue littéraire et historique, certains de ses articles méritent d'être conservés.

Bibliographie

Et Robert Weyl achève son travail d’historien rigoureux par cette note : Observation pour l’éditeur :
Si les photocopies ne sont pas bonnes, on pourra aller à la BNU section des Alsatiques et prendre des photographies.
On trouvera les côtes plus haut M 33280, M 3895, M 33215, M 500152, M 500517, M 500615.

Notes :

  1. Siège au 21 rue des Drapiers à Strasbourg.
  2. Pinhas Kohn, Armand Bloch, Camille Bloch, Joseph Bloch, Moïse Debré, Henri Dreyfuss, Max Gugenheim, Heymann et Salomon Schüler, Emile Shwartz, Arthur Weil, Joseph Zivi.
  3. Les deux publications ont été réuniessous le nom de Echos-Unir, et à présent, sous le nom de Unir (n.d.l..r.).

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