HAGENTHAL-LE-BAS

Synagogue d'Hagenthal-le-bas
© M. Rothé
En 1726, le Conseil Souverain d'Alsace ordonna la destruction de la synagogue construite sans autorisation au début du siècle. Mais elle fut rebâtie en 1740, et en 1784, Hagenthal était une communauté importante qui comptait 356 âmes. L'édifice fut transformé ou reconstruit en 1804, et restauré en 1858-1860 (en 1848, la synagogue avait été pillée et dévastée lors d'émeutes antijuives). Après la première guerre mondiale, la communauté disparut. La synagogue désaffectée fut vendue, et elle a été transformée en atelier.
Hagenthal-le-Bas est un rabbinat jusqu'en 1910.

La communauté juive de Hagenthal
par Léa ROGG
Extrait de Regards sur les communautés juives du Sundgau et alentours, XVIIème au XXIème siècle

Hagenthal, origine de la source du Lertzbach et lieu de résidence des nobles d'Eptingen, abrita, à partir de 1650, une communauté juive. En 1689, douze familles juives peuplent Hagenthal-le-Bas, et trois Hagenthal-le-Haut. En 1724, une synagogue est édifiée sans autorisation à Hagenthal-le-Bas. Elle sera détruite en 1726 sur ordre du Conseil Souverain d'Alsace. Les matériaux sont vendus au profit de l'église catholique. L'actuel bâtiment qui abritait autrefois la synagogue date de 1766-67, (voir épitaphe de la synagogue de Hagenthal-le-Bas). La maison du rabbin Abraham Dreyfus, construite en 1741 a conservé des lambris, un plafond et une cheminée ornés de stucs. Il existait également à Hagenthal-le-Haut (devant le cimetière israélite) une synagogue qui fut vendue et démolie en 1903.

Albert Goetschel

Selon le recensement général de 1784, la population juive de Hagenthal-le-Bas se chiffrait à 356 personnes, et celle de Hagenthal-le-Haut à 271 personnes. En 1846, près de la moitié de la population de Hagenthal-le-Bas est de confession juive. Une évolution analogue à celle de la communauté juive de Hégenheim. Puis, après l'apogée, succède le déclin continu, dû aux mêmes facteurs que pour les autres communautés juives de la région.

Au début du20ème siècle, la communauté est passablement affaiblie et il ne reste que quelques familles juives.

Parmi les rabbins de Hagenthal-le-Bas, on note Raphaël Ris ou Raphaël Hagenthal, qui présidait l'école talmudique et qui oeuvra plus tard à Endingen-Lengnau en Argovie en Suisse, où il décéda en 1813.

Parmi les notables issus de cette communauté, se trouve Albert Goetschel, président de la communauté juive de Bâle de 1938 à 1969, et Jules Goetschel, qui sera le premier président juif du Grand Conseil de BâleVille. Après la seconde guerre, mon père attendait impatiemment l'automne, car c'était la période où les anciens membres de la communauté juive de Hagenthal et d'ailleurs venaient visiter les tombes des ascendants et notre famille. À chaque rencontre, sa joie débordait lorsqu'il apprenait qu'un tel ou une telle avait survécu à l'holocauste.

HAGENTHAL-LE-HAUT

La communauté, importante au 19ème siècle (304 âmes en 1808), disparut vers 1900. La synagogue fut vendue pour être démolie en 1903.

LES JUIFS DE HAGENTHAL
Peter STEIN (*)

Deux communes, deux communautés:
De même qu'il existe deux communes, Hagenthal-le-Haut et Hagenthal-le-Bas, ces deux villages voisins comptaient chacun une communauté juive.

Des juifs résidaient dans ces deux communes depuis très longtemps. Ainsi par exemple, on retrouve la trace d'un certain Alexandre Nordeman qui résidait déjà à Hagenthal-le-Haut en 1695. En 1808 on dénombrait dans ce village 304 personnes exerçant le culte mosaïque. De même, lors du recensement de la population juive d'Alsace en 1784, on en comptait 356 à Hagenthal-le-Bas. Chaque communauté disposait de son propre cimetière. De nos jours, celui de Hagenthal-le-Haut, dans la rue de l'École, se trouve malheureusement dans un état d'abandon. Quant à celui de Hagenthal-le-Bas, dans la rue des Prés, il est bien conservé et reste encore en usage de nos jours. Ainsi Jules Goetschel, ancien président du Grand Conseil de Bâle-Ville, avait exprimé le désir de trouver le repos éternel à Hagenthal, auprès de ses ancêtres.

Les synagogues

La synagogue de Hagenthal-le-Bas, abandonnée après la première guerre mondiale, sert aujourd'hui d'atelier.
La première synagogue de Hagenthal-le-Bas, devenue trop exiguë, fut remplacée par un édifice plus vaste. Cette construction n'ayant pas été autorisée, le Conseil souverain d'Alsace en ordonna la destruction, en même temps que celles de Biesheim et Wintzenheim. Une nouvelle synagogue put être construite en 1740, transformée en 1804 et restaurée en 1860.

La communauté juive disparaît après la première guerre mondiale, la synagogue désaffectée est vendue et transformée en atelier. Le bâtiment subsiste de nos jours dans la rue de la Synagogue : on reconnaît au sol les traces de l'"Almemor", pupitre où, à chaque Shabath, était lue à haute voix la Torah. Sur le mur côté Est, la trace de l'Arche, où étaient enfermés en dehors des heures d'office les rouleaux de la Loi, est encore visible.

A Hagenthal-le-Haut, les derniers juifs sont partis avant le début du 20e siècle et l'ancienne synagogue, vendue en 1903, fut ensuite démolie.

Les persécutions

L'année 1798 n'est pas seulement celle de la révolution contre la monarchie et l'aristocratie, c'est aussi celle de la persécution des juifs par les paysans. Au Sundgau, ils maltraitèrent les juifs, dévastèrent et brûlèrent leurs maisons. Obligés de s'enfuir, ils trouvèrent asile dans la ville de Bâle. On y comptait plus de 700 réfugiés, dont 115 de Hagenthal-le-Bas et 41 de Hagenthal-le-Haut. Par la suite, les juifs bâlois prononçaient à chaque Shabath une prière de reconnaissance pour la ville de Bâle, dont le texte fut imprimé en août 1789 et qui reste conservé à ce jour.

Peu après ces évènements, les instigateurs de ce mouvement de persécution, Johann Birgi, Fridolin Pfister et Sébastian Zuger, furent arrêtés et jugés. Johann Birgi et Fridolin Pfister furent condamnés à mort et pendus. Quant à Sébastian Zuger, il écopa de trois ans de galère après avoir dû assister à l'exécution de Birgi et Pfister.

En 1848, une nouvelle vague de persécutions eut lieu, et le maire juif de Durmenach fut contraint de s'enfuir en Suisse.

L'incident du doigt

Rabbin Abraham Ris, originaire de Hagenthal, exerça de
1812 à 1834 dans les communes de Endingen et Lengnau
(canton d'Argovie/Suisse).
Les périodes d'agitation politique ont toujours favorisé les exactions contre les juifs. Les hommes pensaient peut-être ainsi chasser les créanciers, ou récupérer leurs titres de dettes, ou se venger des personnes qui réussissaient mieux qu'eux.

En 1848, après la révolution de février, les Français furent appelés aux urnes pour élire l'Assemblée Nationale. Pour Hagenthal et ses environs, le scrutin avait lieu à Huningue du 23 au 25 avril. On avait promis du pain, du fromage et du vin aux votants, afin de les inciter à y participer. Les hommes de Leymen, Neuwiller, Wentzwiller, Buschwiller et Hagenthal-le-Bas et Hagenthal-le-Haut se mirent en route, munis de gourdins. En l'absence de l'armée, de premières échauffourées débutèrent à l'aller, le dimanche, et les juifs prirent peur pour le retour du lundi de Pâques. Un groupe d'habitants de Hagenthal, pris de boisson et rentrant du vote par Hégenheim, fit un détour par la synagogue de ce bourg. Elle était gardée par un détachement de la Garde Nationale, comprenant des juifs. Ils commencèrent par se défendre contre les attaques des émeutiers à coups de crosse. Mais un certain Niglis de Hagenthal, s'en prenant violemment à l'un des défenseurs âgé, le ministre-officiant Samuel Jung-Picard, le fils de ce dernier saisit son épée et trancha un doigt à Niglis.
Ramassé par un des émeutiers, ce doigt fut porté à Hagenthal et présenté comme preuve que les juifs seraient en train de massacrer les chrétiens. Il en résulta une résurgence dangereuse des exactions, on sonna le tocsin et on pilla les maisons des juifs. Ceux-ci durent se cacher et s'enfuir. Par la suite, un lieutenant des Douanes, accompagné d'une douzaine d'hommes, parvint à rétablir l'ordre. Le lendemain, les militaires arrivèrent et emprisonnèrent 17 des meneurs de l'émeute.

Les rabbins

Un rabbin était en poste à Hagenthal-le-Bas et y résidait jusqu'en 1910, date à laquelle le rabbinat fut transféré à Saint-Louis. De plus, deux rabbins de Hagenthal furent nommés en Suisse dans les communautés de Lengnau et Endingen (actuel canton d'Argovie) : Raphaël Ris de 1787 jusqu'à son décès à l'âge de 85 ans en 1813, et son fils Abraham Ris lui succédant de 1812 à 1834.


La nouvelle partie du cimetière à Hagenthal-le-Bas: les tombes les plus récentes datent des années 80 du 20ème siècle.


Des tombes profanées dans l'ancienne partie du cimetière de Hagenthal-le-Bas.

Dans le cimetière abandonné de Hagenthal-le-Haut, la tombe la plus récente date de 1904.

* Peter STEIN est docteur en Droit et avocat ; il habite Bale


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