Les Juifs d'Alsace et les Droits de l'Homme (suite et fin)

Retour de l'Alsace à la France


Merci aux poilus", dessin de Hansi
La victoire de 1918 et le retour de l'Alsace à la France furent acclamés par l'immense majorité de la population juive d'Alsace qui vit sans déplaisir les juifs allemands immigrés retraverser le Rhin. On reprocha au grand rabbin du Bas-Rhin Emile Lévy, fils du rabbin Marc Lévy de Haguenau d'avoir fait carrière en Allemagne et aussi d'avoir été aumônier militaire et l'on s'arrangea pour qu'il démissionnât.

Les lampions de la victoire éteints, on en vint aux choses sérieuses. Les Alsaciens avaient lutté pour obtenir l'autonomie parlementaire et le respect de leur particularisme. Les concessions politiques arrachées aux Allemands furent peu à peu annulées par la France. En 1924, le gouvernement Herriot voulut introduire l'ensemble de la législation française dans les départements de l'Est, y compris la loi de séparation de l'Etat et de l'Eglise, ce qui déchaîna les passions. Catholiques et protestants fustigèrent le gouvernement du haut de la chaire. Les israélites se turent. Une violente campagne contre l'école laïque fut lancée.

Le gouvernement français fit marche arrière, mais il s'était aliéné l'immense capital de confiance dont il disposait. L'autonomisme avec ses revendications était né ; à son programme, le rétablissement de la Muttersprache, on demandait qu'il soit tenu compte du caractère profondément religieux du peuple d'Alsace, que les autochtones occupent les postes de responsabilité. On en arriva, dès 1926, à réclamer une autonomie complète dans le cadre de la France avec un statut confessionnel, un régime scolaire et linguistique particulier, une autonomie administrative et législative avec un pouvoir exécutif siégeant à Strasbourg. Presque tous les partis politiques qui avaient leurs racines en Alsace se scindèrent en deux blocs, la tendance française et nationale et la tendance alsacienne attachée aux droits de la Heimat, qui prit aussitôt une tendance antisémite plus ou moins dissimulée.

A la faveur de la crise économique, les sentiments antisémites s'expriment au grand jour. On les trouve exprimés par les Jeunesses patriotiques, le Front paysan de Joseph Bilger ou encore par un groupuscule, le Rassemblement anti-juif. En 1935, le Combat National conclut un article par :

Ouvriers et Paysans, reconnais ton véritable ennemi, c'est et ce sera toujours le Juif.
Et, plus loin :
Les Juifs doivent partir pour la Palestine.
A. Wahl souligne que la parti catholique n'hésita pas à considérer les juifs comme les auteurs d'un complot contre les intérêts catholiques.

L'E1sässer, dans son numéro du 6 février 1936, rappelle que l'Eglise condamne l'antisémitisme, mais souligne le rôle des juifs dans la tentative de réforme scolaire et désigne ses ennemis, Weill, Grumbach et divers membres du cabinet Blum.

Notre population chrétienne constate avec douleur que dans l'actuelle lutte contre ses revendications religieuses, ce sont presqu'exclusivement les israélites qui en ont la direction,
désignant nommément Joseph Lehmann, conseiller municipal à Colmar et Maxime Felsenstein, directeur des Dernières Nouvelles. Lors de la crise de Munich, il existe selon Léon Strauss, un noyau nazi en Alsace, avec la Landespartei de Karl Roos (avec le quotidien E.L.Z.) la Jungmanschaft ou Elsass-Lothringer Partei de Herrmann Bickler et l'Elsässische Arbeiter- und Bauernpartei avec Charles Hueber et Jean-Pierre Mourer. Dans leur quotidien, Die Neue Welt, ils dénoncent les fauteurs de guerre qui manipulent les Tchèques, les juifs et Moscou. La presse autonomiste en appelle à Bourtzwiller, au boycott des entreprises juives.
Kauft nicht bei Juden, kauft nur bei Franzosen pur sang.
A Sarre-Union, une feuille est placardée à la synagogue, grossière et violente,
Judenpack, Köpfe werden rollen, les têtes vont rouler, on va vous saigner.
(Humanité, Strasbourg, 27 septembre et 20 octobre 1939). Ce n'est pas pour rien que le gouvernement Daladier, par un décret-loi du 21 mars 1939 avait puni la diffamation et l'injure à l'égard des personnes appartenant à une race ou une religion déterminée.

Selon Léon Strauss,

la montée de la tension internationale, la mobilisation partielle, et ses conditions lamentables, l'exode de la bourgeoisie, l'arrêt des activités économiques, les menaces d'évacuation, la crainte des bombardements, tout ceci aurait suffi à plonger dans le désespoir ou l'affolement les masses auxquelles les autorités administratives ne savaient pas parler un langage accessible. La propagande raciste et xénophobe arrivait à point nommé dans une région où l'antisémitisme populaire reposait sur une longue tradition historique, ravivée par l'arrivée récente de plusieurs vagues d'immigrants venus d'Europe orientale et, depuis 1933, d'Allemagne, mal accueillis en Alsace, même par leurs coreligionnaires indigènes.
Le 24 septembre 1939, on assiste à Strasbourg à un début de pogrome. L'obscurcissement de la ville avait été ordonné et la police dispersait une réunion antisémite à la Maison Kammerzell, lorsque quelques centaines de personnes enfoncèrent les vitrines d'une boucherie cachère, rue du Fossé-des-Tanneurs. Dispersée par le service d'ordre, la manifestation se reforma deux heures plus tard devant un magasin de la Grand' Rue. Les scènes de destruction et de pillage se seraient poursuivies jusqu'à trois heures du matin ; des juifs, mobilisés ou civils, auraient été roués de coups. Ce n'est que le 28 au soir que les antifascistes strasbourgeois se sentirent assez fort pour manifester rue des Francs-Bourgeois, qui diffusait la littérature et la presse du IIIe Reich.

Encore une anecdote personnelle. Cela se passait à la campagne, quelques mois avant la guerre. Je me promenais. Un paysan passe lentement, à bicyclette, à côté de moi, me dévisage et me lance : "Du Gottverlossener Jud" ("Juif abandonné par Dieu"). Je dois dire que la formulation m'a surpris. Un "Dregjud" ("sale juif"), était dans l'ordre des choses. Mais ce "Gottverlossener Jud" avec son arrière-plan théologique m'a laissé muet. Ce paysan me restituait la leçon apprise auprès du curé ou du pasteur.

Quelques mois après, ce fut la guerre.

La population de Strasbourg est évacuée. La campagne alsacienne se vide à son tour. Le sort des juifs d'Alsace dispersés sur tout le territoire français ne peut plus être séparé de celui des juifs de France.

Le 12 juin 1940, ce fut la rupture de nos lignes en de nombreux endroits, l'avance profonde des blindés allemands, l'entrée en guerre de l'Italie. la France venait de subir le plus grand désastre de son histoire. En un mois, elle eut cent mille tués. La défaite était là. Au Conseil des ministres, Paul Reynaud montre la différence entre l'Allemagne nazie et celle des précédents conflits :

Vous prenez Hitler pour Guillaume Ier, vieux gentleman qui nous a pris l'Alsace-Lorraine, et tout était dit. Hitler, c'est Gengis Khan !
Il ne croyait pas si bien dire. A quatre-vingt-quatre ans, le Maréchal Pétain représente le seul espoir du pays, presqu'unanime, qui va se confier à lui aux jours de sa pire épreuve. Les juifs étaient partagés entre des sentiments contradictoires : la confiance en un vieux Maréchal qui, pensait-on, ne tolérerait pas la discrimination entre Français et la crainte de voir Hitler passer outre.

L'élaboration d'un statut pour les juifs de France s'annonce déjà au début du mois d'août 1940, lorsque le ministre de la Justice Alibert charge un jeune auditeur au Conseil d'Etat de mettre au point les mesures contre les juifs. Le 27 août 1940 parut une loi sur la presse, annulant le décret-loi Daladier du 21 mars 1939 qui punit la diffamation et l'injure envers un groupe de personnes qui appartiennent par leur origine à une race ou une religion déterminée. le 24 septembre, les autorités allemandes en zone occupée interdisent aux juifs de traverser la ligne de démarcation, dans un sens ou dans l'autre, ils doivent se faire recenser, les magasins juifs portent une affiche spéciale et sont mis sous gérance. Le 18 octobre 1940, paraît au Journal officiel le Statut des juifs. Ils sont exclus de toutes les fonctions publiques, du journalisme, du cinéma, du théâtre et de la radio. En zone sud, le commerce, l'industrie et l'agriculture leur sont autorisés. Est considéré comme juif, celui qui possède plus de deux grands-parents juifs. Le critère racial éclipse tout autre mode de discrimination. D'après la loi française comme d'après la loi allemande, un prêtre catholique d'origine juive ne cesse pas d'être juif.

Le statut suscite une vive émotion dans les milieux juifs. On cite comme un morceau d'anthologie la lettre qu'un avocat, Pierre Masse, adressa au Maréchal. Il descendait d'une famille juive d'Alsace ayant opté pour la France en 1871. Son ancêtre, David Masse, vice-président du Consistoire israélite du Bas-Rhin avant 1871, eut un fils Edouard-Charles, né à Strasbourg en 1850, qui fit carrière à Paris après 1871; attaché de cabinet auprès du Garde des Sceaux, substitut, procureur de la République, avocat général, président de chambre. Voici cette lettre :

Monsieur le Maréchal. J'ai lu le décret qui déclare que tous les Israélites ne peuvent plus être officiers, même ceux d'ascendance strictement française. Je vous serais obligé de me faire dire si je dois aller retirer leurs galons à mon frère, sous-lieutenant au 36e Régiment d'infanterie tué à Douaumont en avril 1916, à mon gendre, sous-lieutenant au 14e régiment de dragons portés, tué en Belgique, en mai 1940; à mon neveu, J.F. Masse, lieutenant au 23e colonial, tué à Rethel, en mai 1940. Puis-je laisser à mon frère la médaille militaire, gagnée à Neuville-Saint-Vaast, avec laquelle je l'ai enseveli ? Mon fils Jacques, sous-lieutenant au 62 e chasseur alpin, blessé à Soupir, en juin 1940, peut-il conserver son galon ? Suis-je enfin assuré qu'on ne retirera pas rétrospectivement la médaille de Sainte-Hélène à mon arrière-grand-père ? Je tiens à me conformer aux lois de mon pays, même quand elles sont dictées par l'envahisseur. Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal, les assurances de mon profond respect. Pierre Masse.
Pierre Masse fut assassiné en 1942.

Les lettres indignées s'accumulent sur le bureau des secrétaires du Maréchal. De petits paquets aussi, renfermant de précieuses reliques, les décorations du grand-père, de l'arrière-grand-père que l'on a ramenées d'Alsace. On y a souvent ajouté la croix toute récente, obtenue à Rethel, à Sedan... les préfets transmettent au ministre de l'Intérieur les lettres de protestation des intéressés. Léon Blum, interné par Vichy, écrit à l'ambassadeur Scapini qui a la charge des prisonniers de guerre. Il lui fait part de son inquiétude : l'idée que dans les camps de prisonniers on sépare les juifs de leurs camarades chrétiens lui paraît insupportable. La responsabilité personnelle du Maréchal dans l'établissement du statut des juifs est indiscutable. Voici le témoignage de Paul Baudouin, ministre des affaires étrangères :

Le 1er octobre 1940. Long conseil des Ministres de I 7 heures à 19 h 45, où pendant deux heures est étudié le statut des Israélites. C'est le Maréchal qui se montre le plus sévère. Il insiste en particulier pour que la Justice et l'Enseignement ne contiennent aucun juif.

Le statut entre en application. Professeurs, magistrats, officiers, fonctionnaires sont révoqués immédiatement et sans délai. André Neher raconte que, professeur au lycée de Brive-la-Gaillarde, il est mis à la porte et comment, accompagné par un collègue juif, il se dirige vers la porte du lycée, sous le regard indifférent de ses collègues. L'auteur de cette étude, alors en poste à l'Hôpital militaire de Carcassonne, se souvient douloureusement de sa révocation. Il remet une dernière fois son uniforme et passe la soirée dans son service, qu'il quitte les larmes aux yeux aux douze coups de minuit. Il est remplacé par un jeune étudiant non diplômé, mais aryen. La population française demeure indifférente et ne se sent pas concernée.

En revanche, on ne rencontre pas dans l'armée la même prévention contre les juifs, et je me retrouve camouflé dans une de ces formations paramilitaires existant en marge de l'armée d'armistice. Sans doute à la suite d'une dénonciation, deux inspecteurs de Vichy m'y découvrent et m'envoient faire du terrassement dans une sorte de compagnie disciplinaire pour républicains espagnols. Je disparais dans la nature.

Une atmosphère de terreur se répand en zone occupée. Les prisons se remplissent de juifs, de communistes et de gaullistes. L'étoile jaune est devenue obligatoire pour tous les juifs, qui sont soumis au couvre-feu. Signé le 2 juin 1941, un nouveau statut des juifs pour la zone sud est publié dans le Journal officiel du 14 juin. Peut-être saisi d'un scrupule, le Maréchal demanda à Léon Bérard, ambassadeur de France auprès du Vatican, de solliciter l'avis du Saint-Siège sur les mesures prises par son gouvernement à l'égard des juifs. La réponse de Léon Bérard, datée du 2 septembre 1941, devait le rassurer pleinement. Cette lettre, intégralement reproduite dans Le Procès de Xavier Vallat (éditions du Conquistador), exprime l'opinion des hauts dignitaires du Vatican. Si l'Eglise réprouve la référence à la race contenue dans la loi du 2 juin 1941, elle ne trouve rien à redire aux dispositions prises à l'encontre des juifs, à condition qu'il ne soit rien ajouté aux dispositions concernant le mariage et qu'il soit tenu compte dans l'application des textes des "principes de justice et de charité". Ainsi l'Eglise approuvait la mise à l'écart des juifs prélude à l'ouverture des camps de concentration en France.

Le nouveau statut des juifs s'aligne sur les mesures nazies de la zone occupée. Les entreprises appartenant à des juifs sont retirées à leurs propriétaires, sans indemnité. Aucune dérogation n'est prévue pour les anciens combattants. Un numerus clausus est instauré pour les professions libérales, épargnées jusqu'alors. Pour les médecins, avocats, officiers ministériels, le pourcentage est fixé à 2 %, pour les étudiants, le pourcentage est de 3 %. Une loi du 29 novembre 1941 crée l'Union Générale des Israélites de France (UGIF). Le recensement des juifs est ordonné. Les cartes d'identité sont surchargées du tampon JUIF. A partir du 9 décembre, les juifs étrangers, entrés en France depuis le 1er janvier 1936, sont regroupés en compagnies de travailleurs étrangers ou dans des camps de concentration en France, première étape avant la déportation dans les camps d'extermination en Allemagne.


Victor Faynzilber - Photo Centre de Documentation Juif contemporain
Victor Faynzilber fit la guerre au 22e régiment de marche. Il perdit la jambe gauche dans les combats de 1940. Sa conduite lui valut la médaille militaire et la croix de guerre. En juillet 1942 la femme de Faynzilber fut arrêtée. Il se rendit alors chez le photographe accompagné de ses deux enfants. Cette photo, il l'enverra au Maréchal avec une supplique : qu'on lui rende sa femme. Mais la femme ne sera pas libérée. Il ira lui-même quelques mois après mourir dans un camp de déportation.

A partir d'avril 1942, on assiste à un alignement progressif de la zone libre sur la zone occupée. La Gestapo sillonne la zone sud à la recherche des résistants. Au mois de juillet 1942, police et gendarmerie françaises arrêtent 20 000 juifs étrangers à Paris et les parquent dans le Vélodrome d'Hiver. Dans la zone sud, ce sont 10 140 juifs étrangers que la police française arrête. Ils sont dirigés sur le camp de Pithiviers. Là on sépare les enfants des parents. 4 000 enfants de 2 à 12 ans sont amenés à Drancy. Ici, c'est l'enfer.

Nourris d'une soupe aux choux, les enfants souffrent de dysenterie. Vêtements et literie souillés, les enfants hurlent de désespoir. Et ceci dure des jours, jusqu'à leur évacuation sur les camps d'extermination en Allemagne. Des chambrées entières refusent de descendre. Ce sont des gendarmes français qui vont chercher ces enfants et les portent, gigotants, dans les camions. Des scènes atroces se déroulent à Gurs, Rivesaltes, Masseube, Noé, Récébédou, Septfonds, Tombebouc. On veut séparer une jeune mère de son bébé qu'elle est en train d'allaiter ; elle l'étrangle avant de se suicider. La population dans son immense majorité est écœurée et manifeste plus ou moins ouvertement son hostilité au gouvernement. Des lettres sont envoyées aux préfets, aux dignitaires de l'Eglise. Une feuille polycopiée circule parmi les juifs et leur apporte un réconfort moral. Je l'ai conservée précieusement.

Toulouse le 23 août 1942. Lettre de Monseigneur l'Evêque sur la personne humaine.
A lire Dimanche prochain sans commentaire.
Mes très chers frères. Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces  devoirs et ces droits tiennent à la nature de l'homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n 'est au pouvoir d'aucun mortel de les supprimer; que des enfants, que des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle. Pourquoi le droit d'asile dans nos Eglises n'existe-t-il plus ? Pourquoi sommes-nous des vaincus ? Seigneur ayez pitié de nous. N.D. priez pour la France. Dans notre diocèse des scènes émouvantes ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes. Tout n'est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier. France, patrie bien-aimée, France qui porte dans la conscience de tous ces enfants la tradition du respect de la personne humaine, France chevaleresque et généreuse, je n 'en doute pas, tu n'es pas responsable de ces erreurs. Recevez, mes chers frères, l'assurance de mon affectueux dévouement. Jules Gérard Saliège, Archevêque de Toulouse.

Le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon entreprend une démarche auprès du Maréchal. Au nom des protestants de France, le pasteur Boegner tente une démarche analogue.
La responsabilité du Maréchal est lourde dans tous ces événements. Si sa personnalité ne s'était pas, dès juin 1940, interposée entre les Français et l'armée d'invasion quel eût été le juif assez fou pour se faire enregistrer comme tel, et la tâche de la Gestapo en eût été singulièrement compliquée. Peut-être la police, la gendarmerie et tant de fonctionnaires auraient-ils été moins enclins à collaborer. Mais ceci est moins certain. On a vu les mêmes gendarmes, avec une parfaite bonne conscience, faire successivement la chasse aux juifs et aux gaullistes, puis aux miliciens et aux collaborateurs. Pendant des années je n'ai pas pu voir un gendarme français sans me demander ce qu'il avait bien pu faire durant l'occupation.

Fin novembre 1942, il n'y a plus de zone libre. La France entière est occupée. Pourtant, huit départements du Sud-Est semblent miraculeusement préservés de tout excès : Alpes-Maritimes, Var, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Isère, Drôme, Savoie, Haute-Savoie qui constituent la zone d'occupation des Italiens. Les autorités françaises se heurtent souvent aux autorités militaires italiennes lorsqu'elles veulent aligner le statut des juifs sur celui de la zone occupée. Des milliers de vies humaines sont ainsi préservées. Cette protection italienne prit fin en septembre 1943, lorsqu'après la capitulation de l'Italie, les troupes allemandes envahissent les huit départements.

La résistance et les maquis s'organisent. Il existe depuis longtemps une résistance juive, dont la tâche essentielle consiste à fournir aux personnes menacées de fausses cartes d'identité et d'alimentation, de distribuer les subsides fournis par le Joint américain, de cacher les enfants dans des institutions religieuses ou chez des particuliers, ou bien de les faire passer en Suisse ou en Espagne, où d'autres organisations les prennent en charge. Il faut louer les huguenots des Cévennes à qui tant de juifs doivent la vie. Il existe aussi une résistance armée, de petits maquis juifs dont l'histoire reste encore à écrire.

Depuis l'occupation de la zone sud les Français de religion israélite sont arrêtés au même titre que les étrangers. Le camp de Drancy passe des mains des autorités françaises entre les mains du Hauptsturmführer SS Brünner et de son adjoint Broelke. La brutalité et la cruauté y règnent en permanence. Les orphelinats de Montreuil, de la Varenne, de Neuilly sont vidés de leurs pensionnaires juifs. Les enfants sont dirigés sur les camps d'extermination. Partout la Gestapo assistée de la Milice interroge, torture, tue. A Saint-Amand, la Milice se saisit de toute la population juive, vingt-six hommes, trente-cinq femmes, neuf enfants. Ils sont suppliciés, mutilés, massacrés, jetés agonisants dans les puits. Victor Basch, président de la ligue des Droits de l'Homme, et sa femme, Georges Mandel, Jean Zay sont assassinés.

Vers l'amitié judéo-chrétienne ?

La libération du territoire se fait progressivement. A Paris, sur le balcon de l'Hôtel de Ville, Georges Bidault demande au Général de Gaulle de proclamer la République. Non, répond le général, la République n'a jamais cessé d'exister, constatant par là même l'illégalité de toute la législation de Vichy.

Je reviens à Strasbourg en uniforme. Quelques obus tombent encore sur la ville. Ma première visite sera pour le cimetière de Rosenwiller où quinze ou vingt générations des miens reposent. Le cimetière n'a pas trop souffert. Après les morts, les vivants. Je retrouve les Alsaciens, retrouvailles dépourvues d'aménité. L'un possède mon bureau et prétend le garder, l'autre ma chambre à coucher qu'il a achetée à vil prix au "Treuhand", et il ne veut pas s'en dessaisir. Ils n'ont rien compris. Je bavarde avec des gens. A les croire, tous les autres étaient des nazis, eux seuls étaient des résistants. Je dissimule mon aversion. Il faudra bien à nouveau vivre ensemble. A la Préfecture, pour obtenir un papier, je me fais longuement interroger par un fonctionnaire. Il veut savoir, jour par jour, où j'ai passé la guerre. J'essaye de lui faire comprendre l'impossibilité de cette reconstitution. "Et les nuits passées dans les forêts, vous avez bien dû connaître cela ?". Non, il n'a pas connu cela. J'ai soudainement une lueur, et je lui lance : "Vous, la guerre, vous l'avez passée derrière ce bureau ?" Il se trouble. Alors j'explose. Je demande à parler au Préfet. Je refuse de répondre à cet ancien nazi. Un chef de cabinet tente de me calmer. Retour en Alsace, retour sans illusions.

Peu à peu arrivent les détails de ce qui s'est passé dans les camps en Allemagne, l'extermination systématique, scientifique de six millions de juifs. La conscience chrétienne est profondément troublée. Beaucoup de chrétiens, catholiques et protestants, s'interrogent sur la responsabilité de la chrétienté. C'est une Europe chrétienne qui a organisé le génocide, les nazis étaient des baptisés, le Maréchal était un catholique pratiquant. Les psychoses collectives développées par l'antijudaïsme chrétien ont favorisé celles de l'antisémitisme hitlérien.

L'Eglise au lendemain de l'holocauste, a dit Stanislas Fumet, aurait dû s'arracher les vêtements en signe de pénitence et de remords.

Du 30 juillet au 5 août 1947, une soixantaine de délégués des trois cultes se réunissent à Seelisberg sur le Lac des Quatre Cantons. Du côté juif, Jules Isaac et le grand rabbin Jacob Kaplan assistèrent au colloque. Au cours de la discussion, il fut constaté que l'enseignement de l'Eglise sur la responsabilité des juifs dans la mort de Jésus n'était pas conforme à la vérité historique et que l'accusation de déicide entretenait, de génération en génération, un sentiment de haine contre les juifs qui avait rendu possible les crimes inouïs perpétrés à Auschwitz et ailleurs. On tomba d'accord pour formuler en dix points ce que l'on appelle la Charte de Seelisberg. Dans un préambule, il est dit que les chrétiens, émus par les souffrances du peuple juif, se sont penchés sur certaines conceptions théologiques, certaines présentations de l'Evangile, qui contribuent à faire naître l'antisémitisme.

Des dix résolutions adoptées, relevons :

Eviter de rabaisser le judaïsme biblique ou postbiblique dans le but d'exalter le christianisme.
Eviter de présenter la Passion de telle manière que l'odieux de la mort de Jésus retombe sur les juifs seuls, car la Croix qui nous sauve tous, nous révèle que c'est à cause de nos péchés à tous que le Christ est mort.
Eviter d'accréditer l'opinion impie que le peuple juif est réprouvé, maudit, réservé pour une destinée de souffrance.
Afin d'éviter tout malentendu, les délégués juifs avaient déclaré qu'ils ne prenaient aucune position et qu'ils n'avaient d'ailleurs à prendre aucune position quant aux implications théologiques et historiques de ce texte.

En pratique, les  membres chrétiens suggéraient d'introduire et de développer, dans l'enseignement scolaire et extra-scolaire, à tous les degrés, une étude plus objective et plus approfondie de l'histoire biblique et postbiblique du peuple juif, de veiller aussi à rectifier dans les publications religieuses, et surtout dans les manuels d'enseignement, tout ce qui s'opposerait aux principes adoptés. La Charte de Seelisberg n'engageait qu'à titre personnel ceux qui l'avaient signée, les principales autorités ecclésiastiques n'ayant pas fait connaître leur sentiment. Une de ses conséquences fut la création en France de l'Amitié judéo-chrétienne, qui se propose de substituer aux malentendus séculaires et aux traditions d'hostilité entre juifs et chrétiens, le respect, l'amitié et la compréhension.

La conférence de Seelisberg fut suivie d'une autre, l'année suivante, à l'Université catholique de Fribourg. Les deux conférences ont tracé la voie à la Déclaration sur les juifs publiée dix sept ans plus tard par le Concile de Vatican II. Les résolutions de Seelisberg et de Fribourg étaient en avance sur Vatican II, principalement en ce qui concerne l'Etat d'Israël. L'historien Jules Isaac multiplia ses démarches auprès des autorités religieuses, fit conférence sur conférence, en appela au pape Jean XXIII, qui lui accorda une audience, à l'issue de laquelle le Souverain Pontife dit à Jules Isaac : "vous avez droit à plus que de l'espoir".

Du côté protestant, la troisième assemblée du Conseil œcuménique des Eglises protestantes et orthodoxes tenue en 1961 à New Delhi avait voté la motion suivante sur les juifs :

Dans l'enseignement religieux chrétien, les événements historiques qui ont conduit à la crucifixion ne devraient pas être présentés de manière à faire endosser aux juifs d'aujourd'hui des responsabilités qui reposent sur notre humanité tout entière et non sur une seule race ou communauté.

Les débats du Concile de Vatican II furent suivis de très près par les observateurs juifs, qui s'attendaient à un acte de justice et de réparation à l'égard des juifs (certains prélats français souhaitaient que le mot pardon figurât dans le texte), à une condamnation vigoureuse de l'antisémitisme et de l'accusation de déicide. Au lieu de cela, on adopta cette formule :

Encore que les autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant la Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps.
Le grand rabbin Kaplan qui analyse ce passage fait deux observations. Les Évangiles qui donnent beaucoup de détails sur l'arrestation, la condamnation et la crucifixion, ont été écrits trente-cinq à quarante ans après les événements, du moins pour le plus ancien, celui de Marc, à une époque de vive polémique entre judaïsme et christianisme naissant, et les faits ont été présentés d'une manière défavorable aux juifs. En outre, à cette date, l'intérêt des chrétiens était de décharger Ponce Pilate de l'indéniable responsabilité qu'il avait encourue comme procurateur romain, et d'en charger les juifs. Jules Isaac fait remarquer que deux évangélistes, Luc et Jean, ne font pas la moindre allusion à une sentence juive. Un historien de l'Université de Jérusalem David Flusser, fait observer que selon les sources chrétiennes, aucune parole, aucun acte de Jésus ne l'aurait rendu passible de la peine de mort selon la loi juive. Au point de vue historique, Jésus a été mis à mort à la manière romaine, et Ponce Pilate fit inscrire sur la croix Roi des juifs, autrement dit, il l'avait condamné en tant que Messie au sens politique du terme. D'autres juifs à cette époque ont été crucifiés pour ce même motif. Comme l'a souligné Jules Isaac,
est-ce qu'on a rendu responsables tous les Grecs de la condamnation à mort de Socrate ? Est-ce qu'on a rendu responsables tous les catholiques français du supplice de Jeanne d'Arc, condamnée par un évêque français entouré de ses assesseurs religieux? Certes, non. Pourquoi pour les juifs seuls cette règle élémentaire de morale n 'a-t-elle pas été respectée ? 

Au cours de la discussion, le cardinal Liénart eut ce mot :

L'on pourrait croire que le concile ne veut pas laver le peuple juif de l'accusation de déicide.
Pourtant la déclaration de Vatican II comporte des éléments positifs. On peut lire par exemple :
L'Eglise ne peut pas oublier qu'elle se nourrit de la racine de l'olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l'olivier sauvage que sont les gentils... Les juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l'appel sont sans repentance.

A Strasbourg, le dialogue judéo-chrétien se poursuit. Monseigneur Elchinger, alors directeur diocésain de l'enseignement religieux catholique, avait créé dès 1946 un cercle d'études bibliques, à majorité catholique, mais fréquenté aussi par le grand rabbin Abraham Deutsch, André et Renée Neher. De là est née entre Monseigneur Elchinger et André Neher "une amitié profonde et franche dans le respect mutuel de leurs différences". Les divergences religieuses sont maintenues et même affirmées, mais le dialogue est non seulement possible mais fructueux. Il débouche sur une meilleure compréhension réciproque, une connaissance, une estime mutuelle à la suite d'études bibliques et théologiques faites en commun. L'orientation nouvelle de l'Eglise d'Alsace est marquée par le refus chrétien à toute annexion et à tout esprit de prosélytisme. Les Sœurs de Notre-Dame de Sion, créées il y a un siècle par un Ratisbonne dans le but d'amener les juifs à la conversion, renoncent à cette mission. Les juifs comprennent la difficulté de la démarche du chrétien. Le juif est le témoin, le premier-né, le ferment, celui dont la conversion scellera le dénouement du drame universel. Le chrétien peut-il renoncer, sans cesser d'être chrétien, à amener le juif à la conversion, peut-il reconnaître son authenticité juive ?

Le fait seul que le rôle d'Israël n'est pas d'amener les autres peuples à lui, mais à Dieu, alors que pour le christianisme les hommes ne peuvent parvenir à Dieu qu'en passant par le christianisme, ce fait seul suffit à creuser un fossé vertigineux entre deux conceptions (Neher).

Mgr. Elchinger et de g. à dr. : Jean Kahn, le G.R. et Madame Warschawski, René Weil en 1987
En 1951, Monseigneur Elchinger publia un recueil très original destiné à la jeunesse du diocèse Lectures bibliques l'histoire du salut, qui constitue un effort très positif dans la lutte contre l'enseignement du mépris, alors que dans certains diocèses de France on réimprime des catéchismes du 19ème siècle franchement antisémites. L'ouvrage de Monseigneur Elchinger, qui porte l'imprimatur de Monseigneur Weber, fut édité à plus de 200 000 exemplaires et il a notablement contribué à effacer certains préjugés.

Toujours à Strasbourg, dans le cycle des Humanités chrétiennes, le grand rabbin Deutsch, le Dr Joseph Weill, André Neher furent invités à faire des conférences. En juillet 1967, devant un millier de pèlerins de Pax Christi, réunis à la grand-messe, Monseigneur Elchinger, évêque de Strasbourg déclara que c'était une nécessité pour l'Eglise non seulement de reconnaître le fait juif, mais de l'estimer, de le respecter, d'accepter aussi le fait de l'Etat d'Israël, le lien religieux existant entre le peuple juif et la terre d'Israël. Cette déclaration fut reprise dans une déclaration de l'épiscopat français, déclaration où Mgr Elchinger, Mgr Etchegaray et le Père Dupuy ont eu une influence décisive.

En avril 1973 parurent les Orientations pastorales sur l'attitude des chrétiens à l'égard du judaïsme, formulées par le Comité épiscopal français pour les relations avec le judaïsme. On y lit que le peuple juif a une vocation religieuse permanente, que celle-ci consiste en la sanctification du Nom, que cette vocation fait de

la vie et de la prière du peuple juif une bénédiction pour toutes les nations de la terre.
Il s'élève contre ceux qui disent à un juif : "Vous n'êtes pas comme les autres juifs" car c'est montrer mépris et aversion contre ces "autres juifs". Il s'élève contre des qualifications infamantes comme "usurier, ambitieux, conspirateur, déicide". Les Orientations déclarent que c'est sous-estimer les pratiques du judaïsme de n'y voir que des rites contraignants. Ce sont des gestes qui à la fois rompent avec la quotidienneté de l'existence et rappellent à ceux qui les observent leur dépendance à l'égard de Dieu.
Les prescriptions, au-delà de leur littéralité sont lumière et joie sur le chemin de la vie.

A son tour le Consistoire supérieur de l'Eglise de la Confession d'Augsbourg en Alsace déclare (novembre 1979) :

En tant que chrétiens nous ne pouvons que condamner toutes les formes de racisme et d'antisémitisme en particulier. Conscients des liens spirituels qui nous unissent au peuple d'Israël, nous tenons à assurer la communauté israélite de notre solidarité et de notre fraternelle sympathie.
Enfin, le Synode de l'Eglise Réformée d'Alsace-lorraine tenu à Nilvange en octobre 1980 conclut une longue déclaration par ces mots :
Nous exhortons les communautés et les membres de notre Eglise à lutter avec vigilance contre tout développement d'un esprit de discrimination et de mépris qui conduit à l'antisémitisme et au racisme.

Le Ministère de l'Education Nationale ne demeura pas en reste : le Centre Régional de Documentation Pédagogique constitua un dossier intitulé : Etre juif en Alsace, largement diffusé parmi les éducateurs d'Alsace. Y ont collaboré le Pasteur F. Lovsky, Président de la Commission "Eglise-Peuple d'Israël" de la Fédération Protestante de France, le Père Chary, membre du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme, le Pasteur Bernard Keller, Directeur du Centre d'Etudes et de Pratique Pédagogiques et un groupe d'auteurs juifs. L'éducateur trouvera dans ces dossiers largement diffusés réponse à toutes les questions que ses élèves seront amenés à lui poser.

Signalons enfin une exposition itinérante organisée par Jean Fauvet, catéchète et assistant de paroisse protestante à Strasbourg. Cette exposition s'adresse en premier lieu au peuple chrétien, lui montrant les errements d'une Eglise intolérante dans l'espoir que la prise de conscience du passé amène chacun à une attitude de repentance de telle sorte que des liens nouveaux et vitaux puissent se tisser entre chrétiens et juifs. Des classes entières sous la direction de leurs professeurs vont visiter cette exposition et, on fin de visite, les élèves sont invités à noter les réflexions qu'elle leur a suggéré.

Il est trop tôt pour se rendre compte de l'impact de tant d'efforts sur l'évolution des mentalités. Freddy Raphaël avait, en 1976, avec un groupe d'étudiants de la Faculté des Sciences Sociales, organisé une enquête dans une petite commune du vignoble alsacien, dont les résultats ont été publiés dans la Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est. Résultats décevants, mais peu convaincants, puisque l'enquête s'est adressée à des personnes de plus de 65 ans, qui n'avaient rien appris ni rien oublié. Notre espoir repose sur la jeunesse et sur elle seule. Saura-t-elle, en cas de crise économique grave, en cas de conflit, raison garder ? Saura-t-elle résister à la tentation de chercher un responsable, un bouc émissaire parmi les minorités, travailleurs étrangers, immigrés, juifs ?

Notre génération marquée par le cauchemar du génocide, tente de se convaincre que cela ne sera plus jamais possible, et de parier, malgré tout, sur l'homme (F. Raphaël).

Ouvrages cités
  1. Aron (Robert), Histoire de Vichy, Fayard, Paris, 1954.
  2. Die Memoiren des Ascher Levy aus Reichshoffen im Elsass (1598-1635), herausgegeben, übersetzt und mit Anmerkungen versehen Von Dr M. Ginsburger, Louis Lamm, Berlin, 1913.
  3. Catalogue de l'exposition: La conscience chrétienne face au judaïsme en Alsace, coordinateurs R.P. Th. Chary, Prof. B. Keller, Jean Fauvel.
  4. Etre juif en Alsace, Dossier Maître n° 9, année 1981-1982, C.R.D.P., Strasbourg.
  5. Le grand rabbin Kaplan interrogé par Pierre Pierrard, Justice pour la foi juive, Le Centurion, 1977.
  6. Kettenacker (Lothar), "La politique de nazification en Alsace", deux parties ; Saisons d'Alsace n° 65 et 68. Istra, Strasbourg, 1978.
  7. Neher (André), L'existence juive, Paris, 1962.
  8. André Neher interrogé par Victor MALKA, Le dur bonheur d'être juif, Le Centurion, 1978.
  9. Neher-Bernheim (Rina), Documents inédits sur l'entrée des juifs dans la Société française, Jérusalem, 1977, et aussi Arch. du Consist. Isr. Bas-Rhin, Reg. P. V., 1982.
  10. Poliakov (Léon), Histoire de l'antisémitisme du Christ aux Juifs de Cour. Calmann-Lévy, Paris, 1955.
  11. Raphaël (Freddy) et Weyl (Robert), Regards nouveaux sur les juifs d'Alsace ; Istra-Editions des Dernières Nouvelles d'Alsace, 1980.
  12. Raphaël (Freddy) et Weyl (Robert), "Les juifs d'Alsace entre la France et l'Allemagne" ; Revue d'Allemagne, tome XIII. n° 3, juillet-septembre 1981.
  13. Raphaël (Freddy), "Stéréotype du juif dans un village d'Alsace en 1976"  ; Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est. n° spécial, 1978, p. 142.
  14. Schwarzfuchs (Simon), "D'une inscription hébraïque médiévale de Colmar à la finance internationale"  ; Revue des Etudes Juives, tome CXLV. juillet-décembre 1982.
  15. Strauss (Léon), «La crise de Munich en Alsace », Revue d'Alsace, tome 105, 1979, p. 173-188.
  16. Wahl (Alfred), Confession et comportement dans les campagnes d'Alsace et de Bade, thèse. Strasbourg, 1980.
  17. Weyl (Robert), "En Alsace en 1836" ; Almanach du K.K.L., 1981, p. 29 et A.D.B.R. 15 M 199.
  18. Weyl (Robert) et DALTROFF (Jean). "Le cahier de doléances des juifs d'Alsace" ;  Revue d'Alsace, tome 109, 1983, p. 65.

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