Jules
   ISAAC


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d'André
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Jules ISAAC
1877 -1963

Jules Isaac en 1918
Jules Isaac naît à Rennes le 18 novembre 1877, où réside alors son père, militaire de carrière, alsacien ayant opté pour la France en 1871. Il est issu d'une vieille famille israélite, dans laquelle l’amour de la patrie a pris le pas depuis des générations de croyances religieuses. Le grand-père de Jules Isaac, cuirassier-trompette dans la Grande Armée, a combattu à Waterloo. Il a été décoré de la Légion d’honneur, tout comme son fils, le père de Jules Isaac, qui a opté lui aussi pour la carrière des armes. En dépit de ses sympathies pro-républicaines, il est nommé chef d’escadron sous le second Empire.
Jules Isaac perd à treize ans ses deux parents à quelques mois d’intervalle, et devient interne au lycée Lakanal à Sceaux.

Son entrée dans la vie adulte coïncide avec l'étape décisive que représente l'affaire Dreyfus dans l'évolution politique et culturelle de la IIIe République. A l'âge de vingt ans, Jules Isaac rencontre Charles Péguy ; c'est le début d'une longue amitié, mais aussi d'un compagnonnage intellectuel très fécond, marqué en particulier par la création des Cahiers de la Quinzaine. L'écrivain l'a convaincu de militer pour un socialisme "à la Jaurès" et il lui a révélé une injustice : le procès Dreyfus. Isaac devient dreyfusard non par solidarité religieuse mais car il a la passion de la vérité.

Il est reçu l'agrégation d'histoire, en 1902, année de son mariage avec Laure Ettinghausen.

Les manuels d'histoire

En 1906, Jules Isaac est un jeune professeur d'histoire. Il a 29 ans. Après avoir réussi l'agrégation, il a enseigné à Nice, puis à Sens. Il est introduit par Ernest Lavisse auprès de la maison Hachette qui publie un manuel d'histoire, celui d'Albert Malet. Isaac est chargé de rédiger des aide-mémoire qui prépareront les élèves au baccalauréat.. Lorsqu'il reprend un poste dans l'enseignement secondaire, au lycée Louis-le-Grand puis au lycée Saint-Louis il poursuit sa collaboration, étendue à des manuels pour l'enseignement primaire supérieur qui, une fois de plus, sont issus de la collection Malet.

Albert Malet et Jules Isaac ne se sont presque jamais rencontrés. Le premier, mort au front en 1915, amène Jules Isaac à rédiger seul la nouvelle mouture imposée par de nouveaux programmes. Mais Hachette, l'éditeur, exige que Malet reste associé au nom de l'ouvrage. Isaac est un nom biblique qui peut gêner l'Ecole catholique ! Isaac dans son travail estime que le rôle de l'historien est d'écrire des manuels justes et de militer pour la paix. D'ailleurs, il utilise largement la méthode des deux points de vue pour expliquer le conflit de 1870.

Jules Isaac, a lui-même survécu à 33 mois de tranchées et à une mauvaise blessure reçue à Verdun. Les lettres qu'il a envoyées du front à sa femme, Laure, viennent d'être publiées sous le titre Un historien dans la grande guerre (Ed. Armand Colin 2004 ; édition de Marc Michel ; préface d'André Kaspi). Cette correspondance entre époux témoigne avant tout de leur amour et de leur fidélité à une "religion familiale" partagée entre le front domestique et le front militaire. Sans se complaire dans les descriptions de scènes d'horreur, il sait que la sensibilité de sa femme lui permet de comprendre la souffrance et les malheurs des combats... Ces lettres sont le témoignage de la génération de la boue, des rats, du sang où leur auteur exprime sa volonté de "tenir" et sa souffrance, indissolublement liées.

Après la guerre, il sefforce de tirer les conséquences du premier conflit mondial. Fidèle à la tradition républicaine de la gauche, membre de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen, puis du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, il s'engage parallèlement en faveur d'une meilleure compréhension entre Français et Allemands, militant en particulier pour une révision des manuels scolaires.

En 1936, Jules Isaac est nommé inspecteur général de l'Instruction publique ; il est alors à la tête, depuis 1923, de la collection de manuels d'histoire "Malet-Isaac" , dont le succès doit beaucoup à ses qualités pédagogiques nouvelles : mise en valeur des faits sociaux, économiques et culturels, rigueur et clarté de la présentation... Il s'attache à rendre clair l’enchevêtrement des événements, mettre à la disposition des élèves des textes pour qu’ils soient en contact avec les "sources" et qu’ils apprennent à les lire, afin de fixer dans leur mémoire les grandes scènes historiques et les portraits de leurs acteurs par la reproduction de tableaux.

Son engagement en faveur du rapprochement franco-allemand, entre les deux guerres, transparaît au travers de nombreux documents, relatifs notamment à ses échanges réguliers avec des historiens allemands ou à la nécessaire révision des manuels scolaires. Ces efforts s'appuient sur un important travail de recherches sur les origines de la Grande Guerre : notes de lecture, notes sur la social-démocratie allemande, traductions de correspondances diplomatiques allemandes des années 1911 à 1914, dossiers austro-hongrois sur la politique de la France, documents serbes...

La deuxième guerre mondiale

La deuxième guerre mondiale bouleverse son existence. Révoqué par le gouvernement de Vichy en vertu de la loi du 3 octobre 1940 qui institue un statut discriminatoire des juifs. sa femme et de sa fille sont arrêtées à Riom le 7 octobre 1943 ; elles seront déportées et exterminées à Auschwitz. A la suite de leur arrestation, une note faisant état des engagements passés de l'historien est élaborée, dans l'espoir d'obtenir leur libération : "Jules Isaac n'a jamais été de ceux qui ont poussé à la guerre contre l'Allemagne. Mais au contraire, il est de ceux qui ont lutté avec le plus de constance pour sauvegarder la paix en travaillant à réaliser (...) le rapprochement franco-allemand". L'invitation qui lui a été faite en 1938, de se rendre à Berlin "aux frais du gouvernement allemand" pour y poursuivre le dialogue engagé est mentionnée. Ce document est bien sûr resté sans effet.
Son fils, arrêté lui aussi, réussit à s'échapper d'un camp en Allemagne.

La guerre marque un tournant essentiel dans les conceptions et les activités de l'historien. Le rapprochement franco-allemand, en particulier, n'est plus à l'ordre du jour. Dans une lettre au Figaro, en juillet 1945, Jules Isaac évoque les crimes nazis : "Par sa nature même, ce système de répression, de torture et d'extermination est un phénomène monstrueux spécifiquement allemand, qui a ses racines profondes dans le sol allemand, dans le génie propre au peuple allemand. (...) La responsabilité d'ordre criminel retombe sur toute la nation". Par ailleurs, de nombreux documents évoquent la réorganisation de l'enseignement par le régime de Vichy : interdiction des manuels utilisés avant la guerre, application des lois antisémites dans l'Éducation nationale.

Dès la Libération, il se voit confier une mission d'inspection générale dans l'académie d'Aix-Marseille en novembre 1944, avant d'être rétabli, en 1945, dans ses droits comme inspecteur général honoraire. La période d'activité de Jules Isaac dans le cadre de l'Éducation nationale touche cependant à sa fin et aux souffrances de la guerre succède, en 1945, une certaine amertume : "J'avais souhaité ma réintégration non seulement parce que en raison de mes convictions démocratiques j'avais été particulièrement brimé et piétiné par les gens de Vichy - de Carcopino à Abel Bonnard [...] - mais parce que je croyais pouvoir participer utilement à l'oeuvre nécessaire de redressement et de réorganisation dans l'université. Or il n'en est rien [...]. Toutes les commissions importantes, d'enquête, de révision, de réforme, ont été constituées sans que je sois appelé à en faire partie".

Les Amitiés judéo-chrétiennes

Jules Isaac consacre alors une grande partie de ses efforts à la recherche des causes de l'antisémitisme. Cofondateur des Amitiés judéo-chrétiennes en 1947, il s'emploie à combattre en particulier les racines chrétiennes du mal, qui lui paraissent déterminantes.

L'historien se montre particulièrement combatif à l'occasion de démêlés judiciaires avec Xavier Vallat, à la fin des années cinquante : appel solennel dans la presse, jugements de la cour d'appel d'Aix et de la Cour de cassation de Paris, correspondance avec les anciens du Comité d'action de la Résistance, copies des pièces produites en 1947 devant la Haute Cour de justice, illustrant les activités du Commissariat aux questions juives pendant la guerre...

Au fil des années, le sentiment d'appartenance s'affirme chez lui avec plus de force, même si les contours de l'identité juive de Jules Isaac restent difficiles à préciser. Certains documents attestent de sa mobilisation en faveur de causes juives, mais celle-ci peut aussi bien relever de préoccupations humanistes : dénonciation de la politique anglaise en Palestine à l'occasion de l'affaire de l'Exodus, dans une lettre adressée au journal chrétien Cité Nouvelle ; article publié dans La Terre Retrouvée à l'occasion du procès Eichmann en 1961, pour fustiger "la complicité mondiale" dans les crimes dont les juifs ont été les victimes... "

Mais l'historien reste fermement républicain, fidèle aux valeurs de ses ancêtres : "Les Juifs répandus dans le monde ne forment plus un peuple distinct (sauf en Palestine). Bien que les épreuves subies et les persécutions aient renforcé, comme il est naturel, la solidarité juive, on n'a pas le droit d'écrire, parlant des juifs en général, «le peuple juif ». Les Français d'origine juive font partie du peuple français et ne reconnaissent à personne le droit de leur contester la nationalité française".

Pour Jules Isaac, l'essentiel est de combattre le mal à la racine : l'antisémitisme chrétien, qui a acquis une terrible puissance au cours des siècles, fait ici l'objet d'un important travail de documentation, de recherches et d'analyses : bibliographies, notes de lecture, conférences, exposés, articles... Les débats suscités par ses prises de position et les travaux préparatoires de ses ouvrages sur la question sont l'occasion de correspondances avec des responsables religieux ou des intellectuels, comme André Chouraqui. C'est dans l'amitié judéo-chrétienne que Jules Isaac conçoit le remède le plus efficace à la vieille haine antisémite. L'idée essentielle est de mettre en valeur les racines profondément juives du premier christianisme ; c'est ce qui ressort par exemple de la découverte des manuscrits de la mer Morte.

C'est bien sûr le réseau des Amitiés judéo-chrétiennes qui fournit à l'entreprise de Jules Isaac l'appui le plus solide. On trouve dans ses archives une documentation très importante à ce sujet : statuts de l'association, procès-verbaux, bulletins d'information, débats, conférences, documents relatifs aux sections de Lille, Lyon, Paris et bien sûr Aix-en-Provence, correspondances avec de nombreuses personnalités comme André Chouraqui, Edmond Fleg, Jacques Madaule... À noter également une correspondance très soutenue avec des religieux catholiques acquis à la cause des AJC, comme Soeur Geneviève Gendron, de Padoue, qui le Jules Isaac informé de l'évolution de la situation à Rome.

Au sein même des AJC, les tensions et les rivalités personnelles ne sont pas rares. Elles sont plus préoccupantes quand elles semblent introduire à nouveau la discorde entre juifs et chrétiens. Jules Isaac réplique ainsi très vivement à une note diffusée par Emmanuel Lévinas : "Il n'est pas exact de dire que les Amitiés judéo-chrétiennes se sont constituées au lendemain de la guerre par l'initiative chrétienne. En France, les Amitiés judéo-chrétiennes n'ont été fondées qu'en 1948-49 et par l'initiative juive".

Les écrits

Dans ces années d'après-guerre, le cheminement intellectuel de l'historien est rythmé par la parution de vastes synthèses :

Répondant à un contradicteur, lors d'un débat organisé par les Amitiés judéo-chrétiennes d'Aix-en-Provence, à l'occasion de la parution de Genèse de l'antisémitisme, Jules Isaac se défend avec vigueur : "Il est vrai qu'il y a de la passion dans mon livre ; depuis bien longtemps, j'ai l'habitude de me battre à visage découvert, professant qu'en histoire, l'essentiel n'est pas d'être objectif (...), l'essentiel est d'être honnête, c'est à dire de rechercher honnêtement la vérité, sans omettre ou voiler les faits qui viennent à l'encontre de nos propres tendances".

Les dix huit points de Jules Isaac
Jésus et Israël, pp.575-578
Un enseignement chrétien digne de ce nom devrait :
  1. Donner à tous les chrétiens une connaissance au moins élémentaire de l'Ancien Testament, insister sur le fait que l'Ancien Testament, essentiellement sémitique -fond et forme- était l'écriture sainte des Juifs, avant de devenir l'écriture sainte des Chrétiens ;
  2. Rappeler qu'une grande partie de la liturgie chrétienne lui est empruntée ; et que l'Ancien Testament, œuvre du génie juif (éclairé par Dieu) a été jusqu'à nos jours une source permanente d'inspiration pour la pensée, la littérature et l'art chrétiens ;
  3. Se garder d'omettre le fait capital que c'est au peuple juif, élu par Lui, que Dieu s'est révélé d'abord dans sa Toute-Puissance ; que c'est par le peuple juif que la croyance fondamentale en Dieu a été sauvegardée, puis transmise au monde chrétien ;
  4. Reconnaître et dire loyalement, en s'inspirant des enquêtes historiques les plus valables, que le christianisme est né d'un Judaïsme non pas dégénéré mais vivace, comme le prouvent la richesse de la littérature juive, la résistance indomptable du judaïsme au paganisme, la spiritualisation du culte dans les synagogues, le rayonnement du prosélytisme, la multiplicité des sectes et des tendances religieuses, l'élargissement des croyances ; se garder de tracer du pharisianisme historique une simple caricature ;
  5. Tenir compte du fait que l'histoire donne un démenti formel au mythe théologique de la Dispersion -châtiment providentiel (de la Crucifixion)-, puisque la dispersion du peuple juif était un fait accompli au temps de Jésus et qu'à cette époque, selon toute vraisemblance, la majorité du peuple juif ne vivait plus en Palestine ; même après les deux grandes guerres de Judée (Ier et IIème siècles), il n'y a pas eu de dispersion des Juifs de Palestine ;
  6. Mettre en garde les fidèles contre certaines tendances rédactionnelles des Evangiles, notamment dans le quatrième Evangile l'emploi fréquent du terme collectif "les Juifs" dans un sens limitatif et péjoratif - les ennemis de Jésus : les grands prêtres, scribes et pharisiens - procédé qui a pour résultat non seulement de fausser les perspectives historiques, mais d'inspirer l'horreur et le mépris du peuple juif dans son ensemble, alors qu'en réalité ce peuple n'est nullement en cause ;
  7. Dire très explicitement, afin que nul chrétien ne l'ignore, que Jésus était juif, de vieille famille juive, qu'il a été circoncis (selon la loi juive) huit jours après sa naissance ; que le nom de Jésus est un nom juif (Yeschoua) grécisé et Christ l'équivalent grec du terme juif Messie ; que Jésus parlait une langue sémitique, l'araméen, comme tous les juifs de Palestine ; et qu'à moins de lire les Evangiles dans leur texte original qui est en langue grecque, on ne connaît la Parole que par une traduction de traduction ;
  8. Reconnaître - avec l'Ecriture - que Jésus, né "sous la Loi" juive, a vécu "sous la Loi", qu'il n'a cessé de pratiquer jusqu'au dernier jour les rites essentiels du judaïsme ; que jusqu'au jour, il n'a cessé de prêcher son Evangile dans les synagogues et dans le Temple ;
  9. Ne pas omettre de constater que, durant sa vie humaine, Jésus n'a été que le "ministre des circoncis" (Romains, XV, 8) ; c'est en Israël seul qu'il a recruté ses disciples ; tous les apôtres étaient des Juifs comme leur Maître ;
  10. Bien montrer, d'après les textes évangéliques, que, sauf de rares exceptions, et jusqu'au dernier jour, Jésus n'a cessé d'obtenir les sympathies enthousiastes des masses populaires juives, à Jérusalem aussi bien qu'en Galilée ;
  11. Se garder d'affirmer que Jésus en personne a été rejeté par le peuple juif, que celui-ci a refusé de le reconnaître comme Messie et Fils de Dieu, pour la double raison que la majorité du peuple juif ne l'a même pas connu, et qu'à cette partie du peuple qui l'a connu, Jésus ne s'est jamais publiquement et explicitement présenté comme tel ; admettre que selon toute vraisemblance, le caractère messianique de l'entrée à Jérusalem à la veille de la Passion n'a pu être perçu que d'un petit nombre ;
  12. Se garder d'affirmer qu'à tout le moins Jésus a été rejeté par les chefs et représentants qualifiés du peuple juif ; ceux qui l'ont fait arrêter et condamner, les grands prêtres, étaient les représentants d'une étroite caste oligarchique, asservie à Rome et détestée du peuple ; quant aux docteurs et aux pharisiens, il ressort des textes évangéliques eux-mêmes qu'ils n'étaient pas unanimes contre Jésus ; rien ne prouve que l'élite spirituelle du judaïsme se soit associée à la conjuration ;
  13. Se garder de forcer les textes pour y trouver la réprobation globale d'Israël ou une malédiction qui n'est prononcée nulle part explicitement dans les Evangiles ; tenir compte du fait que Jésus a toujours pris soin de manifester à l'égard des masses populaires des sentiments de compassion et d'amour ;
  14. Se garder par-dessus tout de l'affirmation courante et traditionnelle que le peuple juif a commis le crime inexpiable de déicide, et qu'il en a pris sur lui, globalement toute la responsabilité ; se garder d'une telle affirmation non seulement parce qu'elle est nocive, génératrice de haine et de crimes, mais aussi parce qu'elle est radicalement fausse ;
  15. Mettre en lumière le fait, souligné par les quatre Evangiles, que les grands prêtres et leurs complices ont agi (contre Jésus) à l'insu du peuple et même par crainte du peuple ;
  16. Pour ce qui est du procès juif de Jésus, reconnaître que le peuple juif n'y est pour rien, n'y a joué aucun rôle, n'en a même probablement rien su ; que les outrages et brutalités qu'on met à son compte ont été le fait de policiers ou de quelques oligarques ; qu'il n'y a nulle mention d'un procès juif, d'une réunion du sanhédrin dans le quatrième Evangile ;
  17. Pour ce qui est du procès romain, reconnaître que le procurateur Ponce Pilate était entièrement maître de la vie et de la mort de Jésus ; que Jésus a été condamné pour prétentions messianiques, ce qui était un crime aux yeux des Romains, non pas des Juifs ; que la mise en croix était un supplice spécifiquement romain ; se garder d'imputer au peuple juif le couronnement d'épines qui est, dans les récits évangéliques, un jeu cruel de la soldatesque romaine ; se garder d'identifier la foule ameutée par les grands prêtres avec le peuple juif de Palestine dont les sentiments antiromains ne font pas de doute ; noter que le quatrième Evangile met en cause exclusivement les grands prêtres et leurs gens ;
  18. 18) En dernier lieu ne pas oublier que le cri monstrueux : "son sang soit sur nous et sur nos enfants" ne saurait prévaloir contre la Parole : "Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font."

Jules Isaac peu avant son décès
Le 13 Juin 1960, Jules Isaac sera reçu en audience privée par le pape Jean XXIII, qui a convoqué quelques mois plus tôt le deuxième concile du Vatican, vecteur d'une importante modernisation de l'Église catholique.

Conforté par le retentissement de ses travaux, qui font largement autorité dans le domaine des relations judéo-chrétiennes, le vieil universitaire s'éteint à Aix-en-Provence en 1963.

Le fonds d'archives Jules Isaac, qui représente un ensemble important de manuscrits, de correspondances, de photographies, de tableaux et d'ouvrages, a fait l'objet d'une donation en 1994, par la famille du défunt, au bénéfice de l'Association des amis de Jules Isaac, dont le conseil scientifique est présidé par André Kaspi, professeur à l'université de Paris I. Ces archives peuvent être consultées à la Cité du livre d'Aix-en-Provence, où une salle Jules Isaac a été inaugurée le 23 septembre 1998.

André Kaspi est l'auteur d'une biographie : Jules Isaac ou la passion de la vérité
(Plon 2002).

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