Emile LEVY
(Dambach 1879 - Tel Aviv 1953)

E: LevyIl est le fils du rabbin Marc Lévy de Haguenau. Il acquit une solide formation de rabbin au Hildesheimer Seminar de Berlin. Il exerça comme rabbin à Charlottenbourg en Allemagne et devint docteur en philosophie en 1905. En 1914, il fut nommé aumônier de la 2ème armée allemande.

A la suite du décès du grand rabbin de Strasbourg, Adolphe Ury, sa succession fut âprement discutée. La communauté autochtone et les notables alsaciens soutenaient la candidature de Lucien Uhry, rabbin de Sélestat et le désignèrent comme son remplaçant; le 16 avril 1916. Mais le Consistoire, sous la pression des Adler Oppenheimer, fit appel à Émile Lévy, dont l'orientation religieuse était plus orthodoxe que celle de son concurrent, élève au séminaire de Breslau. Émile Lévy avait une forte personnalité et un charisme qui devait agir sur une jeunesse de plus en plus indifférente et l’attirer vers un judaïsme conscient, débouchant sur l’étude et sur la pratique.

Il ne resta malheureusement à Strasbourg que quatre années. Sa formation allemande - il avait exercé dans ce pays avant de retourner dans son Alsace natale - firent qu’au retour des provinces de l’Est à la France, il fut obligé de quitter Strasbourg, alors qu’il ne s’était jamais occupé de politique. Il eut peut-être suffi de l’intervention des notables de la communauté pour obtenir le maintien à Strasbourg du grand rabbin. Ceux-ci ne bougèrent pas en sa faveur et, en 1919, Émile Lévy retourna à Berlin où il sera rabbin de Charlottenbourg jusqu’à l’avènement du nazisme. Il s’installa alors à Tel Aviv où il mourut en1953.

Strasbourg perdait avec lui le grand rabbin qui aurait pu donner un élan à une communauté que l’indifférence et l’assimilation commençaient à affaiblir, une génération après avoir rejoint le judaïsme français "de l’intérieur".

EMILE LEVY

Souvenir de ma lointaine enfance : au moment de la première guerre mondiale, alors que mon père était mobilisé dans l’armée allemande, je fus invité, en même temps qu’un de mes cousins, à passer le soir du Séder chez le Grand Rabbin Emile Lévy, qui était à cette époque grand rabbin de Strasbourg. Cette soirée me laissa une profonde impression et je m’en souviens encore avec la plus grande précision.

J’avais alors dix ans et c’est notre bonne d’enfants nous amena chez le rabbin. Ce dernier rentra de la synagogue quelques instants après notre arrivée, nous donna sa bénédiction et nous passâmes à table. C’était une table longue, bien éclairée et le plat du Séder trônait en bonne place.

On commença alors à parler dans une langue qui m’était totalement inconnue ; il est vrai que je savais à peine que j’étais juif. J’eus droit, comme tout le monde, aux quatre verres de vin, ce qui explique sans doute que la tête me tournait un peu quand il fallu rentrer chez moi.

Après la première guerre mondiale, comme on ne donnait pas le Séder dans ma famille, j’eus deux fois l’occasion d’être invité dans des familles religieuses qui habitaient notre maison. D’une part chez les Louis Weill, qui suivaient strictement la tradition de l’Allemagne du Sud, et , d’autre part chez les Hyppolite Bloch, qui étaient de bons alsaciens. Monsieur Bloch était sioniste et c’est lui qui me parla pour la première fois du du Congrès sioniste auquel il avait pris part. C’était, pour l’Alsace, un cas exceptionnel. Sa bibliothèque était truffée de livres de Théodore Herzl, et M. Bloch m’en prêta quelques uns.

Comme j’aurais voulu pouvoir exprimer ma reconnaissance au Grand Rabbin Emile Lévy, qui devint, après la seconde Guerre mondiale, rabbin à Tel Aviv puis à Naharyia. Il est vrai que je donnerais cher pour savoir pourquoi je fus invité à son Séder en 1917 …

Frédéric-Shimon HAMMEL (Chameau)
Extrait de  Peguisha Im Malakh (Rencontre avec l'Ange)
Brochure écrite en hébreu
Traduction française : Georges Weill

EN SOUVENIR DU RABBIN Dr EMILE M. LÉVY
Extrait du Bulletin de nos Communautés (traduit de l'allemand)

De Tel Aviv nous parvient la triste nouvelle du décès de l’ancien Rabbin Dr Emile Lévy le 16 août dans sa 74e année. Beaucoup de ses amis, élèves et admirateurs seront attristés par cette nouvelle qui leur rappellera leurs années de jeunesse, et le combat pour la cause sioniste dans laquelle Emile Lévy s’était engagé dès sa jeunesse, et dont il a pu encore vivre la réalisation. Un homme noble, un chevalier, qui de cette façon qui s’est engagé en chaire pour ses idées.
Emil Levy provient d’une famille rabbinique d’Alsace. Son père, Marcus Lévy était rabbin à Haguenau et Wissembourg. Il a étudié au séminaire rabbinique orthodoxe de Berlin, à une période où le sionisme y était réfuté, dans les cercles orthodoxes aussi bien que libéraux, mais pour d’autres raisons,.
Dans l’âge de 25 ans, il a été nommé rabbin de l’Association de Religion de l’Ouest à Berlin. A l’époque, c’était une petite association dans la rue de Passau ; c'est plus tard seulement qu'elle a été promue par la Communauté de Berlin. Elle a gagné en importance avec l’afflux des habitants à l’Ouest de la ville.
Pendant presque dix ans, il a officié dans cette communauté, tout en étant professeur de religion dans plusieurs écoles de Berlin. Après deux ans passés au front comme aumônier, il est devenu le grand rabbin de sa région natale du Bas-Rhin. Ici, il n'a pu officier que pendant deux ans, car il a préféré retourner en Allemagne après l’Armistice. Après avoir servi comme aumônier de différents foyers à Berlin, il a été élu rabbin de la Communauté de Berlin. Il officiait dans les synagogues conservatrices de Berlin, spécialement dans la rue de Pestalozzi. C’était un travail très fructueux. De nouveau, comme en 1914, il a été en 1933 un des premiers rabbins allemands à renoncer à sa fonction et à l'estime dont il était l'objet en Allemagne, pour partir vers la Palestine, vers un avenir incertain.
Quand les premiers immigrants venus d’Allemagne ont voulu fonder une communauté correspondant à celle de leur origine, Emile Lévy qui était très proche de bien des personnes issues de la grande communauté de Berlin, s'est trouvé être son chef spirituel adéquat.
En tant que chef spirituel, il a œuvré presque deux décennies, étant hautement estimé dans ces cercles. Il était proche des membres de la Communauté et participait à toutes les joies et aux deuils. Il savait encourager la jeunesse et les personnes âgées par ses paroles chaleureuses. Il était le type noble d’un rabbin moderne qui appliquait strictement la loi et suivait parfaitement la tradition, et faisait preuve de compréhension envers tous les membres de la Communauté unioniste. Il continuera à vivre dans la mémoire des communautés dans lesquelles il a officié, particulièrement dans la Communauté I'houd Shivath Zion à Tel Aviv dont il était un grand cofondateur.

Zichrono Livrahhah ! (que sa mémoire soit bénie).
Landesrabbiner, Dr Neufeld, Stuttgart


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