M. Pierre Pflimlin inaugure la rue du Grand Rabbin Hirschler
1er avril 1962
extrait du Bulletin de nos Communautés, 17 avril 1962

le Grand Rabbin René Hirschler

Le souvenir du Grand Rabbin René Hirschler est partout présent dans la synagogue de la Paix, dans laquelle la salle qui prolonge la nef porte le nom du Rabbin martyr. Il fallait que cette présence se manifestât au dehors pour rappeler non seulement pour Israël, mais pour le passant, le citoyen de la cité la souffrance et le témoignage de la communauté juive.

C'est désormais chose faite grâce aux efforts conjugués de l'exemplaire administration de la communauté sur l'initiative de son Président et de la bienveillance d'une municipalité éclairée. Dans son allocution, M. Charles Ehrlich, Président de la Communauté, ne manqua pas d'en remercier les autorités municipales et en particulier M. le Président Pierre Pflimlin, Premier magistrat de la Cité. Il avait auparavant salué toutes les personnalités présentes et en particulier les nombreux Grands Rabbins et Rabbins venus de toute la France communier dans le souvenir du Rabbin martyr.

L'inauguration de la rue René-Hirschler fut avant tout une cérémonie du souvenir, à laquelle étaient associés tous les déportés de la communauté et tous les martyrs d'Israël, dont le douloureux calvaire fut conduit par le pasteur de la communauté et sa noble compagne. Leur exaltante personnalité fut évoquée par M. le bâtonnier Weil-Sulzer, vice-président du Consistoire. Le souvenir du camarade d'enfance, du collègue de promotion fut célébré avec chaleur par M. le Grand Rabbin Deutsch. Il appartenait au Grand Rabbin Schilli, Directeur du Séminaire israélite, délégué par M. le Grand Rabbin de France, de retracer de façon poignante l'éclatant apostolat du Rabbin Hirschler. Il insista particulièrement sur le rappel de l'activité périlleuse et féconde qui devait le conduire avec son épouse au suprême sacrifice. Il ne manqua pas de rendre hommage à l'abbé Lagarde, présent dans l'assistance, et qui avait avec l'aumônier des camps René Hirschler, sauvé des centaines de juifs avant d'être lui-même déporté.

Mais auparavant le témoignage de M. le docteur Robert Lévy, compagnon de déportation de René Hirschler, avait amené toute la nombreuse assistance au comble de l'émotion. Dominant ses sentiments, il avait retracé la passion des misérables caravanes de déportés sur les routes de Pologne, de Silésie et d'Autriche. L'évocation de la fin héroïque de Simone Hirschler et de sa dernière rencontre avec René Hirschler, affaibli mais confiant, était l'expression même de la sanctification du Saint Nom.

Toutes ces paroles "venant du coeur et allant au coeur" avaient, certes, bouleversé toute la communauté et ravivé la souffrance des enfants du Grand Rabbin Hirschler, présents au premier rang de l'assistance, entourés de l'affection et de la sympathie de tous. Mais elles avaient donné le ton â une cérémonie en tous points parfaite de dignité et de pudique émotion.

Les psaumes de circonstances avaient été excellemment interprétés par M. Bertrand Joseph et le choeur de la synagogue, dirigé par M. Kahn, et accompagné à l'orgue par M. Werner. En l'absence de M. Borin, à qui toute la communauté souhaite un prompt rétablissement, M. Ptaschek de Metz rappela de façon émouvante le souvenir des martyrs d'Israël devant le trône du Saint Béni Soit-Il.

Il appartenait au Président Pierre Pflimlin de conclure et de tirer, dans une adresse admirable de concision et de densité, les enseignements de la cérémonie. Après avoir dévoilé la plaque de la rue René-Hirschler, son message de chaleureuse fraternité humaine, l'hommage "de vénération et de reconnaissance" au Rabbin martyr et à son épouse, l'enseignement qu'il tirait pour l'avenir de l'éclipse d'humanité, que furent les années terribles, donnaient tout leur sens à son appel "à l'esprit de concorde, de justice et de fraternité".

On reconnaît de gauche à droite :
0- colonel Petit ; 1- Me Weil-Sulzer ; 2- M. Ernewein ;
3- Albert Hazan ; 4- Max Warschawski ; 5- Henri Schilli ;
6- Edgar Weill ; 7- Abraham Deutsch ; 8- Ernest Gugenheim ; 9- Ignace Kahan ; 10- Joseph Bloch ; 11- Max Gugenheim ; 12- Jean Schwartz ; 13- Simon Fuks ;
14- Roger Cahen ; 15- Robert Dreyfus ; 16- Simon Morali

 

Les personnalités présentes : M. Ernewein, sous-préfet, directeur du service des cultes, représentant le préfet du Bas-Rhin, le colonel Petit, représentant le général Dewatre, gouverneur militaire. M. Angelloz, recteur de l'académie, le représentant du secrétaire général du Conseil de l'Europe, M. Coene, doyen du corps consulaire, et de nombreux membres du corps diplomatique, M. Ritter, vice-président du conseil général, représentant M. Meck, président, M. Radius, député de Strasbourg, M. Staub, président du tribunal administratif. M. F. Lévy, vice‑président du tribunal de Strasbourg, M. Debré, président du tribunal de Saverne, M. Jung, président du Directoire, le représentant de M. Wagner, président du Synode réformé, le représentant de Mgr Weber, évêque de Strasbourg, l'abbé La garde, M. Wenger-Valentin, président de la Chambre de commerce, M. Hauter, doyen honoraire de la faculté de théologie protestante, le chanoine Nedoncelle, doyen de la faculté de théologie catholique, les pasteurs Fichter et Brandt, M. Mayeur, inspecteur d'académie, les membres du consistoire et de nombreux présidents des communautés du Bas-Rhin.. MM. les grands rabbins et rabbins Deutsch, Schilli, Warschawski, Dreyfus, Fuks, Morali, André Neher, Joseph Bloch, Roger Cahen, Friedemann, Gensburger, Max Gugenheim, Ernest Gugenheim, Jean Schwartz, Grunewald, Furth, Kahane, Edgar Weill et M. l'aumônier Hazan.


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