Le cimetière juif de Haguenau (suite)

C. PIERRES TOMBALES DE RABBINS.

Les rabbins qui ont exercé à Haguenau avant la Révolution, sont les suivants :

  1. Un rabbin nommé Meyer qu'un membre de la communauté avait engagé comme comptable pour lui procurer le droit de séjour (1660).
  2. Son successeur Wolf Hohenfelden se distingua par son esprit de douceur et de conciliation.
  3. Elie Schwab, de Metz, qui fut pendant un certain temps rabbin de toute la Basse-Alsace. Mais sur les réclamations des rabbins de Bouxwiller, Mutzig et Niedernay, ses fonctions furent restreintes à la préfecture royale de Haguenau. Il eut encore d'autres difficultés d'ordre personnel ou officiel dans sa communauté. Pendant une grave maladie il fut remplacé par Samuel Weyl, de Ribeauvillé, rabbin des Juifs de la Haute-Alsace, de ceux de l'Evêché de Strasbourg et des terres dépendantes de la noblesse de la Basse-Alsace. Il occu­pa le rabbinat de 1720 a 1746.
  4. De 1746 A 1753 c'est Samuel Halberstadt, exilé de Prague avec 20.000 Juifs et ami de R. Jonathan Eibenschuetz, de Metz, qui fut rabbin à Haguenau.
  5. Lazarus Moyses Katzenellenbogen, antérieurement rabbin à Bamberg (17)  et Bouxwiller, (18) fut en même temps rabbin de Wissembourg (1755-1771).
  6. Scheid (l.c ,p. 82, 1. 7 d'en bas) dit que Hirsch, fils de L. M. Katzenellenbogen, succéda à son père, pour continuer 5 lignes plus loin : "Lazarus Moyses mourut en 1771 et eut pour successeur Yequel Gougenheim". D'après Jued. Lexikon (III p. 629) Hirsch Katzenellenbogen fut rabbin à Francfort s. Oder, où il a publié en 1797 un ouvrage Sha'ar Naphtâli sur Ebhén ha'ézer et Hôchèn Michpât, ensuite A Wintzenheim (Haut-Rhin), et il fut membre de l'Assemblée des Notables (sous Napoléon Ier en 1806). Mais on n'y dit pas qu'il a été aussi rabbin à Haguenau comme successeur de son père.
    Par contre son nom et ceux des membres de sa famille figurent dans la liste officielle des Israélites qui demeuraient à Haguenau en 1808 sous les n° 120 A 122. S'il a été vraiment le successeur de son père, comme Scheid le prétend, il y avail sûrement à côté de lui aussi Yéquel Gougenheim, ce qui ressort, sans aucun doute, de l'épitaphe décrite plus loin. En effet, nous y lisons que la durée de ses fonctions à Haguenau fut de 32 ans. Or, d'après l'état-civil de la ville de Haguenau, Jacques Gougenheim, époux de Sara Meyer, fils de Simon Wolf et de Treïtel, est né à Obernai et mort à Haguenau, le 18 avril 1803, à l'âge de 93 ans  (19). En déduisant 32 de 1803 nous trouvons comme début de ses fonctions à Haguenau (antérieurement il avait été rabbin à Rixheim, Haut-Rhin) l'année 1771, donc l'année de la mort de L. M. Katzenellenbogen. Sur l'attitude très courageuse de Yéquel Gougenheim pendant la Terreur (1794) on lira les détails chez Scheid (l.c.,p. 83).
    Quant à Hirsch Katzenellenbogen ou Neftalie-Lazare Hirsch (ou Hersch), comme il s'appela par la suite, il était en tout cas grand rabbin et president du Consistoire à Wintzenheim, où il est mort en 1823 (20). Il est enterré à Wintzenheim, mais sa femme, née Rachel Feibel Hecht, est enterrée à Haguenau. D'après l'inscription qui figure sur la pierre, elle est née le 12 Abh 5516 = 8 août 1756 et est décédée le 27 Tichri 5595 = 30 octobre 1834. (Voir plus loin). Son décès n'est pas enregistré dans les actes de l'état-civil de Haguenau. Son corps venait probablement de Wintzenheim pour être enterré ici. Un fils de Hirsch K.,-Pinchas Hirsch (d'après la liste de 1808 : Pingus-Samuel), fut rabbin à Hegenheim (Haut-Rhin) de 1824 à 1828 ; il mourut à l'âge de 31 ans. (Voir Nordmann, l.c., pp. 28-29).

1° Epitaphe de Yéquel Gougenheim

1687  3. 9. 18.

Traduction :
(Au sommet) : ici est enseveli et dérobé a nous,
(dans le cercle) : Le rabb., la g(rande) l(umière)
Présid. d. trib(unal rabb.), ch(ef) de l'a(cademie).
Yequel
Gougenheim
Sagace et érudit, son enseignement clair et pur,
Celui qui fut la lumière de nos yeux et la lumière
des yeux de la majorité des habitants de la province,
car it exerça
la haute fonction antérieurement ; et ici environ trente
 (et) deux ans, et il ne l'exerça pas avec hauteur,
mais avec modestie et avec un esprit humble,
que son mérite.......


L'inscription, dans la partie conservée, est bien lisible, mais rédigée en un hébreu incorrect. Il y a deux fautes apparentes :
Ligne 2 : ענינוau lieu deעינינו
Ligne 4 : מכמהau lieu deמקמא

2° La femme de Yequel Gougenheim.

1664  3. 9. 19.

Tradution :
(Au sommet) :
Lampe sabbatique
(dans le cercle) :
Femme vertueuse
Dame Sorlé
(ensuite) :
La pieuse rabbine
Femme du Gaôn
R. Yéquel Gougenheim
de mém. bén.
déc. et enter. 2e j. d. R(ôche) ha(chânâh)
577 (+ 5000) R.i.p.

D'après l'état-civil de Haguenau, Madame Gougenheim Jacques, née Sara Samuel à Ribeauvillé, âgée de 96 ans, est décédée à Haguenau le 23 septembre 1816.

3° La femme du Rabbin Hirsch Katzenellenbogen.

1690   3. 11. 3.

Traduction
(Au sommet) :
Voici la tombe de Rachel la pure
(dans le cercle) :
Femme du rabbin
Gâôn R. Hersch
d. m. b. de la famille
Katzenellebogen,
président du Consistoire
du Haut-Rhin
née le 12 Abh (= 8 août)
516 ± 500 (1756) décédée
27 Thichri 595 (1834)
R. i. p.

4° Le rabbin Anchel Schoepflich.

1685   3. 6. 18.

Traduction
(L'aiguière parce que Sch. était Lévi).
Monument pour l'âme
Les pleurs coulent de nos paupières,
La larme s'échappe de nos yeux,
Car la mort est montée dans notre fenêtre,
A enlevé les délices de notre oeil.
Malheur oh malheur ! Elle est brisée,
L'Arche de D. Il est connu
Aux portes, son nom illustre ;
C'est L'homme sagace et érudit, président
du Tribunal rabb. de notre communauté
Le Rabbin Anchel Schoepflich
Fils du Juste célèbre que fut
le Rabbin Anchel Schoepflich d. mem. ben.
Qui, jour et nuit,
Voulut combattre les combats de la Thôrâh
Et a formé de nombreux élèves,
Est décédé dans une vieillesse heureuse,
La veille du Sabbat,
et ses obsèques furent [célébrées]
avec honneur, dimanche 20 Tebhéth
vers le soir, 606 + 5000 (= 1846)
R. i. p.


De cette épitaphe Jakobovits, dans sa monographie Vier Generationen der Rabbiner-Familie Levi-Schoepflichz, Stras­bourg, 1938, a donné une copie qui, aux nombreuses incorrections de l'original, en a ajouté d'autres.
équ'à la ligne 3 il faudrait lire (p.40) תרדנה עינינו  ou : תרד עינינו ;
ligne 4 :עלה  au lieu de עלתה  (comme dans Jérémie 9:20) etc. Mais les auteurs de ces inscriptions ne sont ordinairement pas des grammairiens et les sculpteurs encore moins.
L'état-civil de Haguenau nous apprend que Levy Anselme Schoepplé, rabbin, époux de Rachel Samuel, fils d'Anselme Schoepplé-Levy et d'Ève Jacob, est né à Rosheim le ler mars 1773 et décédé à Haguenau le 17 janvier 1846.
Dans l'ouvrage de Jakobovits, R. Anchel Schoepflich II a trouvé un biographe enthousiaste. Son père, Anchel Schoepflich I, était rabbin à Rosheim ; il y est mort le 5 adar 5533 (=16 février 1773) ; il a été enterré a Rosenwiller où la pierre tombale existe encore ; le texte en a été publié par Jakobovits (voir l.c., p. 12). Quelques jours après la mort de son père, le 1er mars 1773 (21), naquit, enfant posthume, notre Anchel II qui porte, pour cette raison, le nom de son père défunt. En 1799, nous le trouvons comme rabbin à Jebenhausen (Wurtemberg), en 1805, A Lengnau (Suisse), en 1809, à Buchau (Wurtemberg). Après quelques années passées à Mutzig (Bas-Rhin) - 1818 -, il devint rabbin à Ingenheim (Palatinat) - 1825 - où il reçut la visite d'Alexandre Weill, natif de Schirrhoffen, qu'il voulut détourner d'aller à la Yechibhâh de Francfort s.l. Mein (22). C'est en 1832 qu'il vint à Haguenau, où il resta jusqu'à sa mort (1846).

Parmi ses nombreux élèves citons : Léon Haas, Môchéh Bloch (de Reichshoffen), S. W. Klein, de Bischheim (plus tard, grand rabbin à Colmar), Séligmann Ah de Haguenau, qui est mort le 5 septembre 1876 et dont  l'épitaphe vante la science et la piété, et Séligmann Weil  de Rosheim, dont toute la carrière rabbinique se passa à Dambach-la-Ville (près de Sélestat) où l'on ne le connaissait que sous son prénom de Reb Séligmann ; il est enterré à Sélestat.


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