Le cimetière juif de Haguenau (suite)

B. MONUMENTS REMARQUABLES PAR LEUR STYLE ET LEURS FIGURES SYMBOLIQUES.

Au 18ème siècle, nous trouvons déjà des monuments de style, parfois même d'un certain luxe et d'un goût incontestable.


822   13. 10. 13.
En premier lieu nous reproduisons la stèle
d'un Côhène de Fort-Louis, avec une belle
couronne et les deux mains bénissantes.
Elle date de 496 + 5000 = 1736.


1597   15. 4. 9.
Voici ensuite celle de David Rens,
fils du Rabbin Eliézer-Joseph halévi
(avec une aiguière)
datant de 507 + 500 = 1747.


1568   15. 14. 12.

* bistouri !

Traduction
Ci-gît
L'homme droit M.
Mârdokhaï Moch d'ici.
Tous ses actes étaient pour la gloire
du Ciel, et dès son jeune âge il étudia la Torah
et introduisit dans l'alliance plusieurs
centaines d'enfants, matin et soir
i1 était au temple, étudiait chaque jour
un chapitre de la Michnâh au temple.
Son âme partit en sainteté
et en pureté le 19 Sivan 594
R.i.p. Amen ! (Date      26-6-1834)

Pierre portant au sommet une rose, emblème de la Ville de Haguenau, et au milieu, le bistouri du môhél (circonciseur).

Nous trouvons aussi dans notre cimetière la pierre tombale de son fils Eliézer, fils de Mardokhaï Moch. Il n'est pas sans intérêt de connaître également le texte de son épitaphe.

Traduction Ci-gît
Le vénérable Eliézer, fils d. ven.
Mârdokhaï Moch.
(bistouri du Môhél)
Dans l'ombre du Tout-Puissant il
marcha, dans sa Thôrâh
il médita ; ses préceptes, it les
observait, et ses us,
il les connaissait comme (ils        .
étaient) jadis ; les louanges de Dieu
dans son gosier et le glaive
tranchant dans sa main *.
A son ordre se conformaient les membres de (la Ste) Biqour Hôlim.
 
La charité, il la pratiquait envers les vivants et les morts.
La paresse lui était inconnue des sa jeunesse.
Du travail de ses mains il se nourrissait, félicité et salut à lui !
9 Tebheth 631 (+ 500)
R. i. p.
Date =  2 janvier 1871.

(*) D'après Psaume 149:6


990    21. 11. 6.

Nous terminons cette série par une stèle très caractéristique : le lys au sommet et le style nous placent au temps de Louis XV.

Nous avons pu constater qu'on trouve certaines figures symboliques sur les pierres qui indiquent l'appartenance une certaine famille définie ou les fonctions religieuses du défunt : les deux mains bénissantes pour le Côhène, l'aiguière pour le Lévi, le Chôphâr pour le ba' al tôqéa, le bistouri pour le Môhél, le livre pour le rabbin, la plume pour le Sôphér, la lampe sabbatique pour une femme pieuse etc. Ajoutons la fleur de lys et la rose (voir plus haut), expression d'un patriotisme français ou local, la première constituant l'emblème des rois de France, la dernière celui de la ville de Haguenau,

Les pierres du 19ème et 20ème siècles s'inspirent de celles de notre entourage non-juif et pèchent souvent par une somptuosité exagérée. Un champ de repos ancien où les pierres simples forment des rangées serrées, est plus impressionnant que la disposition des cimetières modernes avec leurs constructions fastueuses. L'égalité de tous devant la mort est symbolisée par cette uniformité, que nous rencontrons aussi dans les cimetières militaires et qu'on souhaiterait voir se généraliser.


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