Célébration de l'anniversaire des 65 ans de la Synagogue de Sarreguemines
17 mars 2024.


Le 17 mars 2024, par un temps radieux, la Ville de Sarreguemines a mis sa communauté israélite à l’honneur. à 11h30, le pont Robert Weil, ancien professeur de physique au lycée Jean de Pange à Sarreguemines, a été inauguré lors d'une cérémonie de dévoilement de la plaque (Pont SCNF, situé près des Archives Municipales, rue du Parc).
Après un moment de recueillement au cimetière, la communauté israélite de Sarreguemines a organisé une cérémonie en l'honneur des 65 ans de la nouvelle Synagogue, en début d’après-midi.
Puis à 17h, M. Haïm Korsia, grand rabbin de France, a tenu à l'Hôtel de Ville une conférence sur le thème Tu choisiras la vie (comme le dit le Deutéronome au chapitre 19 : "Voici je te place devant la vie et la mort, et tu choisiras la vie").
C’est aussi à l'Hôtel de Ville qu’a eu lieu le vernissage de l'exposition des élèves du lycée Jean de Pange : Les élèves de la classe de M. Denis Franoux, professeur d'histoire-géographie au lycée Jean de Pange, ont réalisé un important travail de recherche sur la vie de Robert Weil, et montraient des affiches représentant les conditions à Auschwitz ou évoquant le monde israélite local.
La journée s'est conclue autour d'un verre de l'amitié dans le Hall d'honneur de l'Hôtel de Ville.


Allocution de Jacky MARX, président de la Communauté israélite de Sarreguemines

Jacky Marx, président de la Communauté depuis 2011
Je ne vous cacherai pas l'émotion qui m'étreint au moment où je prends la parole dans cette synagogue.
À maintes reprises, je me suis posé la question : qui es-tu Jacky, toi le vieux mais toujours jeune Behèmess Händler (marchand de bestiaux) pour avoir réussi à faire venir jusqu'ici dans notre ville, dans notre petite communauté de Sarreguemines le grand rabbin de France, mais également toutes les autres autorités si nombreuses qui nous font l'honneur de leur présence ?

Je suis le fils d'une famille [allemande] qui a fui le nazisme dans les années 30 et qui est venue se réfugier de l'autre côté de la frontière à Sarreguemines. Elle y a été accueillie avec beaucoup de dignité par le maire et les services compétents de l'époque. Très rapidement, ma famille a été naturalisée française... et sarregueminoise. Je naquis donc à Sarreguemines cité à laquelle je suis viscéralement attaché et je m'applique toujours à rendre à cette ville les bienfaits que mes ancêtres en ont reçus. C'est ainsi que je lui suis dévoué, tout comme je le suis à cette synagogue et à cette communauté dans laquelle j'ai grandi et au destin de laquelle je préside depuis plus d'une dizaine d'années maintenant.

La synagogue dans laquelle vous vous trouvez a été construite pour remplacer l'ancienne et somptueuse synagogue en grès des Vosges de style néo-byzantin qui se trouvait en pleine ville, rue de la Chapelle. Cette synagogue, comme beaucoup d'autres hélas, a été détruite par les occupants nazis et leurs complices locaux du 17 au 19 septembre 1940.

Le bâtiment actuel de style contemporain, oeuvre de l'architecte Robert Meyer, a été construit à l'extérieur du centre-ville sur un terrain appartenant aux Soeurs, dans l'axe de l'église protestante, comme l'avait souhaité Me Joseph Massing, le maire de l'époque. Il a été inauguré le 1er mars 1959 par un temps radieux, et en présence de notables de toute la grande région et d'une foule considérable. En ce temps-là, cette synagogue n'était en rien surdimensionnée : aux grandes fêtes d'automne, il fallait réserver sa place et ouvrir le rideau rouge pour y installer les enfants, c'est avec une douloureuse nostalgie que je me remémore cette époque.

Des juifs ont vécu à Sarreguemines depuis le moyen-âge c'est à dire depuis le 12e-13e siècle, ainsi qu'aux environs : Frauenberg, Bliesbruck, Welferding, Hambach, Rouhling avec de larges interruptions dues aux vicissitudes de l'histoire et aux autorisations diverses délivrées par les seigneuries multiples et variées. Ces autorisations de résidence étaient toujours accordées contre monnaies sonnantes et trébuchantes. La présence de juifs à Sarreguemines est continue depuis le milieu du 18ème siècle. Sarreguemines a compté jusqu'à quelques 400-500 juifs à la charnière du 19ème et du 20ème siècle. Aujourd'hui la situation a bien changé.

À ce moment de mon allocution, je souhaiterais rappeler le souvenir de tous ceux qui ont présidé à la gestion matérielle et à la direction spirituelle de cette communauté depuis 1945.
Il s'agit des présidents : Jules Lemmel ; Adolphe Gougenheim ; Claude Samuel ; Félix Wolff ; Hervé Voss ; Robert Gougenheim, et Claude Bloch. Des délégués au Consistoire israélite de la Moselle : André Bloch et Robert Weil. Des ministres-officiants c'est à dire des ‘hazanim : Erwin Bloch ; Sigismund Friedeman ; Bernard Job et Israël Suissa. Des rabbins : Roger Kahn ; Ephraïm Rozen ; Yaakov Fhima , et aujourd'hui du rav Ariel Wertenschlag.

Récital de la Chorale synagogale de Nancy, sous la direction de Michel Heymann
J'aimerais aussi tirer profit de cette occasion solennelle pour remercier, au nom de toute la communauté, tous ceux qui, au fil des ans, nous ont apporté leur aide si précieuse.
Tout d'abord, Monsieur le sous-préfet Christophe Salin et Madame le sous-préfet Dominique Laurent ainsi que les commissaires et commandants de police qui veillent sur nous depuis tant d'années.
Les maires de Sarreguemines : Joseph Massing, Robert Pax, René Ludwig, Céleste Lett et Marc Zingraff.
J'aimerais également remercier leurs services et en particulier le Service des espaces verts qui s'occupe de l'entretien de notre cimetière à Sarreguemines avec un très grand dévouement.
Il m'appartient aussi de remercier Roland Roth président de la communauté d'agglomération Sarreguemines Confluence ainsi que Lucien Dorchner, maire de Frauenberg, pour l'aide qu'ils nous apportent dans l'entretien du cimetière de Frauenberg, classé à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Cet immense cimetière doit être débroussaillé et fauché. Ce travail est accompli lors de chantiers d'insertion grâce à la communauté d'agglomération.

Last but not least, j'aimerais enfin vous remercier Monsieur le grand rabbin de France, très cher Haïm Korsia, d'être venu nous voir dans notre lointaine province. La mémoire collective n'a pas gardé le souvenir du passage d'un grand rabbin de France dans notre ville. Nous sommes ici, dans ce petit coin de Lorraine, préservés pour l'heure de tout antisémitisme, nous vivons notre vie de juifs paisiblement et en harmonie avec nos concitoyens qui professent une autre foi religieuse ainsi qu'avec leurs curés, pasteurs ou imams.
Notre rabbin joue efficacement son rôle et comme Moïse, notre maître, il s'occupe avec sa houlette d'absolument toutes les brebis du troupeau.
Vous m'aviez promis Monsieur le Grand Rabbin de venir nous voir. Vous avez tenu promesse, c'est par les temps qui courent assez rare pour être signalé. Soyez-en bien sincèrement remercié.

Quant à vous tous, merci pour votre présence qui réchauffe les coeurs.


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