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La Représentation de soi et de l’autre

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La Représentation de soi et de l'autre
dans l'imaginaire médiéval en Alsace


Septiformis Spiritus
Vitrail du transept de la cathédrale de Strasbourg. Médaillon de la rose de l'Ancienne Alliance faisant référence à Nombres 8:2 :
"Parle à Aaron et tu lui diras : Quand tu feras monter les lampes, c'est au-devant de la face du Candélabre que les sept lampes éclairciront."
Selon Apocalypse de Jean I:20 : les sept lampes sont les sept églises.


Septiformis
Ce n'est pas sans ambivalence que le Juif d'Alsace, en ce début de 21e siècle, contemple l'art médiéval chrétien :
Comment ne pas être fasciné par cet élan collectif, où les efforts conjugués du travail obstiné, de la puissance matérielle et de la quête spirituelle sont parvenus à pénétrer la pierre de lumière.
Mais aussi, comment ne pas être heurté par la construction progressive d'un stéréotype qui enferme le Juif dans une radicale altérité et le rejette du côté de la laideur, voire de l'inhumain. Dans sa collusion avec les forces du mal, il s'emploie à faire échec au plan salvateur du Christ, qui s'est sacrifié pour rédimer le monde. De Judas à Joselmann de Rosheim, il est le traître qui se voue au culte de l'argent.

La représentation de soi et de l'autre à l'aide "d'images" délibérément exhibées et diffusées répond au besoin de chaque groupe d'affirmer, à travers l'histoire, son identité, de marquer son territoire et de souligner sa singularité.
La construction sociale de l'autre traduit la tentation de l'enfermer dans un stéréotype incapacitant qui le dévalorise et le disqualifie.
Le programme iconographique de l'art médiéval s'inscrit dans un dispositif symbolique qui articule, en un système cohérent, la parole enflammée des prédicateurs, le rite et la gestuelle des fidèles, les représentations théâtrales sur les parvis.

À l'époque médiévale la figure honnie de l'altérité peut être aussi bien le lépreux, la sorcière, la femme que le Juif.
Les rapports de la Chrétienté à ce dernier sont ambigus, car l'Église s'inscrit à la fois dans la continuité et dans la rupture.
De l'époque carolingienne à "l'automne du Moyen Âge", l'enseignement du mépris se radicalise. En témoignent aussi bien l'évolution de la représentation affrontée d'"Ecclesia" et de "Synagoga", l'acharnement au mal de Judas, qui finit par se pendre en laissant échapper ses intestins par son ventre éclaté, que les trognes hideuses des Juifs s'appliquant à faire souffrir le Christ à chaque étape de la Passion. C'est ce crime qu'ils perpétuent à travers le temps.

Cependant, des figures de l'"Ancien" Testament, qui inaugurent l'histoire du salut et annoncent l'accomplissement, tels Abraham, Moïse, Jonas, Samson, Jessé, David, ainsi que les Prophètes, sont parfois présentées positivement.

Professeur Freddy Raphaël
Faculté de Sciences sociales, Université Marc Bloch


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