Histoire de la Communauté israélite de Soultz - 3

9. La Grande Révolution.

Dès que la nouvelle de la prise de la Bastille fut connue en Alsace, des éléments suspects de la population se rassemblèrent surtout dans le Sundgau et dans la vallée de Saint-Amarin en vue d'attaquer les châteaux des nobles et les maisons des Juifs. J'ai montré ailleurs qu'il y eut alors des persécutions dans dix-neuf communautés israélites et que les coupables n'étaient nullement, comme on l'a souvent prétendu, les soi-disant victimes des usuriers juifs, mais des individus louches qui n'avaient d'autre but que de s'approprier les biens des seigneurs et des Juifs.

Soultz aussi se vit un instant menacé de l'invasion de ces émeutiers, mais la bourgeoisie sut, par son attitude, leur en imposer.
Il est vrai que cela ne prouve nullement que cette même bourgeoisie possédait une sympathie extraordinaire pour les Juifs.

Lorsque, le 16 août 1789, fut rédigé le Cahier de doléances, on y intercala le passage suivant à propos des Juifs :

L'art. 7, (des Lettres-patentes de 1682) donne au seigneur-évêque le droit d'établir et congédier les juifs, ce droit est contraire aux Lettres-patentes de l'évêque Rubert données en 1472 par lesquelles il accorde aux sujets de l'Obermundat le privilège et l'exemption de ne point être introduit des Juifs pour éviter les usures connues.
Au mépris de ce privilège, le seigneur-évêque moyennant 300 L. permet à chaque Juif même à ceux qui ont été pour forfaits chassés des autres lieux, de s'établir en cette ville, en sorte que leur nombre qui n'était ci-devant que de trois familles, monte aujourd'hui à plus de trente au grand préjudice de la communauté.
Pour ces raisons etc.... la communauté de cette ville implore l'auguste assemblée etc. de décharger le seigneur-évêque de l'établissement des Juifs ou du moins réduire leur nombre à trois familles comme d'ancienneté, sauf au seigneur-évêque à justifier et faire valoir les droits qu'il avait avant l'obtention des dites Lettres patentes. (Elsässische Mnertsschrilt III, 607).

Le 25 avril 1790, le Conseil général de Soultz, en réponse à une lettre de la municipalité de Colmar, déclara s'adjoindre à cette commune pour s'opposer à l'admission des Juifs en qualité de citoyens.

Le 7 décembre 1792, les Juifs de Soultz représentés par leur préposé Abraham Bloch demandèrent à prêter le serment civique en conformité du décret de leur émancipation du 27 septembre 1791. Cela leur fut accordé, et c'est ainsi qu'ils devinrent citoyens français.

Le 26 prairial II (14 juin 1794), ordre leur fut donné de présenter leurs registres de circoncision pour être paraphés en vue: de la conscription pour le service militaire.

Le 16 germinal IV (5 avril 1796), le citoyen Jacob Joseph, ministre du culte hébraïque à Soultz, prêta serment d'obéissance aux lois.

Cependant, le ler février 1793 encore, la municipalité de Soultz avait demandé et reçu, 66 livres en argent d'un Juif pour avoir le droit de résider à Soultz.

Le 6 mars 1792, des fièvres et des maladies s'étant répandues parmi les soldats d'un bataillon de volontaires en garnison à Soultz, la municipalité, considérants que la communauté juive possédait le plus de lits, décida que les hommes logés chez les Juifs seraient retirés, mais que ces derniers fourniraient des lits complets moyennant 10 sols par mis et par lit, ce qui fut signifié au Schultz (préposé) Abraham Bloch.

Le 30 janvier 1792, un lieutenant au cinquième bataillon de volontaires déclara au bureau exécutif de Soultz que. le Juif Wormser de Bollwiller avait voulu lui vendre du drap à 12 sous en argent ou 16 en assignats, de plus ce Juif n'avait pu produire sa patente. Le bureau décida que le Juif, prétendant ignorer l'arrêté du département, serait condamné à fournir, au­dit lieutenant, le drap à 16. sls en assignats ou en numéraire au gré de ce dernier ; qu'il paierait 4 livres 10 sls d'amende pour n'avoir pas eu de patente, et qu'il resterait en prison jus qu'au paiement de cette somme. (Revue d'Alsace, 1898, p. 284).

Le 1er frimaire 1V (22 novembre 1795), Lehmann Lévi et Emanuel Bloch portèrent plainte contre le nommé Streblé qui leur demandait 3000 francs pour avoir traduit en français l'état des fonds et secours accordés aux parents indigents des défenseurs de la patrie.

Le 5 ventôse IV (24 février 1796), Gabriel Bloch présenta une pétition tendant à être déchargé de la somme de 11.000 francs pour l'emprunt forcé, exposant que la totalité. de sa fortune ne se montait qu'à 4400 livres, qu'il avait essuyé plusieurs pertes pour marchandises prises chez lui au Maximum etc. IL fut mis dans la 6e classe et déchargé pour le reste.

D'autres réclamations du même genre furent présentées par Hirtz Blum de Bollwiller, Meyer Bloch, Gabriel David Bloch, Emanuel Bloch, Abraham Bloch, Lehmann Lévy, Moyses Grumbach, David Baer, Isaac Brunschwig de Soultz, Lehmann Hecker de Jungholtz.

Dans la séance du 30 vendémiaire V (21 octobre 1796), Elie Lévy et consorts au nombre de 32 Juifs de Rimbach exposèrent qu'ils étaient tous des pauvres qui à peine pouvaient se garantir de la misère et dont même plusieurs allaient mendier de porte en porte, qui se voyaient continuellement en butte à des vexations de toutes espèces de la part de l'agence municipale de Rimbach, qui prétend faire tomber sur eux tous les poids des contributions pour en décharger les autres citoyens de Rimbach, qui cependant sont propriétaires et jouissent des bons communaux à l'exclusion des exposants. Que l'administration de Soultz venait de donner un arrêté du 26 messidor (14 juillet), par lequel il était permis.de contraindre les exposants au paiement des 237 L. 7 s. à laquelle somme ils avaient été cotisés dans le dernier Registre dressé pour la Répartition des charges locales,
Qu'informés que la commune ne devait payer pour charges locales qu'environ 300 livres, cette somme d'après la loi devait être répartie non seulement à raison de la taxe personnelle, mais encore à raison de la contribution foncière, où la famille de Schauenburg possède plus de trois quarts du Ban, devrait donc aussi payer dans la même proportion pour les charges locales seulement.
Ce qui prouve que cette taxation a été faite arbitrairement et qu'on a dressé un rôle séparé pour les exposants, tandis qu'ils devraient être compris dans un seul et unique registre, demandent à être reçus opposants à l'arrêté de contrainte décerné par l'administration municipale le 26 messidor dernier.

Jugement :
Chacun des pétitionnaires ne peut être cotisé qu'en raison de 2 fr. 7 s. Les agents doivent faire une nouvelle répartition.
La même administration municipale de Soultz avait été priée par le Directoire du département (Bureau des Domaines), de donner son avis à propos de l'affaire suivante :
Le nommé Leyser Pickert de Hartmannswiller s'était rendu cessionnaire des fermiers du château de Hartmannswiller de leur bail qu'ils tenaient de la Nation.
Par les conditions le fermier n'était tenu qu'aux menues réparations et les grandes étaient à la charge de la Nation.
Il existe dans l'enclos une fontaine qui y était absolument nécessaire et qui fournissait l'eau à 22 ménages juifs qui y logeaient. Cette fontaine était aussi une ressource en cas d'incendie tant aux habitants du château qu'à tous ceux de la commune, Elle était toute délabrée. Les tuyaux qui venaient de la source non loin de la fontaine étaient en partie ôtés et en partie pourris, tellement que l'eau n'y coulait plus. Comme il était cependant du devoir du Bailleur de faire jouir le fermier de l'objet de son canon, le pétitionnaire (Leyser Pickert) ne pouvait que recourir à l'administration et demander à ce qu'il lui plaise arrêter que la fontaine soit rétablie dans l'enclos du château de Hartmannswiller, les frais duquel rétablissement seront acquittés par le receveur de l'Enregistrement du canton qui perçoit les canons, subsidiairement autoriser le pétitionnaire à le faire rétablir et à retenir de son canon les frais de rétablissement sur les accords et quittances des ouvriers.
Ritter père, expert, fut d'avis que le rétablissement était nécessaire et Pickert fut autorisé à faire faire la réparation de la fontaine . (A. D, H.-Rh. L. 1067). —

10. Le Premier Empire.

a) Les troubles.

Les Juifs d'Alsace étaient devenus citoyens actifs par le décret du 27 septembre 1791. On pouvait donc admettre que dorénavant, ils seraient traités comme tous les autres Français et qu'ils pourraient jouir paisiblement de tous les droits que la Constitution garantissait aux sujets du roi.
Mais il n'en était pas ainsi, puisque les adversaires des Juifs, qui étaient, en même temps, les adversaires des hommes de la Révolution, ne songeaient nullement à se défaire de leurs idées de haine et de jalousie à l'égard des enfants d'Israël.

Nous avons vu que des individus de ce genre existaient aussi à Soultz et que même le Magistrat comptait dans son sein des membres qui avaient voulu empêcher l'Émancipation des Juifs et demandèrent même l'expulsion de la majeure partie d'entre eux. Nous ne nous étonnerons donc pas d'apprendre que l'esprit antijuif se réveilla à Soultz chaque fois que les idées réactionnaires prirent le dessus dans le pays.

Le 11 vendémiaire an XIII (3 octobre 1805), l'animosité contre les Juifs était si grande que le Maire dut prendre des précautions pour les protéger.

Le Procureur général avait écrit, le 5 vendémiaire an 13 (27 septembre 1804), au Maire de Soultz qu'il était informé que des malveillants étaient parvenus à exaspérer les esprits contre .les Juifs . . . Quelques reproches que l'on puisse faire à ceux d'entre eux qui, par une usure excessive, préparent la ruine totale de nombre de cultivateurs et d'artisans, cette portion si précieuse de l'État, aucun motif ne pouvait autoriser les menaces, les provocations au meurtre et au pillage qui se font entendre depuis environ quinze jours. Les dix et onze de ce mis, (mercredi et jeudi prochain) nommés parmi eux, le jour du grand départ paraissent avoir été indiqués pour la mise à exécution de ces projets sinistres. Le signal du pillage et du massacre, s'il pouvait avoir lieu, ne serait pas funeste aux Juifs seuls : les propriétés des gens aisés, de quelque religion qu'ils soient, ne seraient sûrement pas épargnées. Le Procureur enjoint au Maire de faire tout son possible pour empêcher des attentats et de lui communiquer les mesures de sûreté publique que lui auront dictées sa prudence et sa fermeté...

Le 3 octobre 1805, le Maire écrivit la lettre suivante au préfet :

"Sur le bruit des événements fâcheux, qu'il devait arriver aux Juifs lors de la grande fête et en conséquence de vos ordres, j'ai par les soins et précautions, que j'ai pris, maintenu le bon ordre et la tranquillité dans ma commune, au point qu'il n'y est arrivé aucun accident, si ce n'est qu'entre dix et onze heures du soir les hommes sont venus jusqu'à la porte vers Guebwiller, auxquels les sentinelles ont crié : qui est là, la première fois ils n'ont rien répondu, à la seconde, ils ont murmuré et ont pris la fuite dans les vignes près les capucins (où se trouve maintenant l'Hôpital civil). Sur le signal, que les sentinelles ont donné, les gendarmes avec mon sergent de garde sont arrivés et les ont poursuivis infructueusement.
Dans la ville, j'ai moi-même assisté la patrouille, et personne ne s'est montrée dans les rues. Les gendarmes ainsi que ma garde se sont très bien conduits et m'nt donné toute la satisfaction.
J'ai l'honneur etc. .

Le 28 juin 1808, le Procureur général adressa les lignes suivantes à la municipalité et à la police judiciaire de Soultz :
Colmar, le 28 juin 1808.
Le Procureur-Général impérial à Messieurs les Maire et Adjoint, officiers de police judiciaire de la ville de Soultz.

Il m'a été dénoncé, Messieurs, que des individus, que je veux bien croire n'être qu'abusés par des suggestions perfides dignes de l'implacable ennemi du repos de la France, s'agitaient dans ce moment, exaspéraient les passions, fomentaient les haines, et s'il faut en croire certains bruits, Conseillaient, et préparaient, même dans l'ombre l'extermination des Juifs.
Votre commune m'est signalée comme l'une de celles qui fait concevoir le plus d'inquiétudes à cet égard.
J'ai peine à croire qu'un tel état de choses existe à la connaissance des premiers fonctionnaires d'une commune, sans qu'ils aient pris les précautions convenables pour empêcher qu'un désordre aussi affreux ne se manifeste.
Je vous invite expressément, Messieurs, à me faire connaître, dans le plus bref délai, ce que je dois croire d'une nouvelle aussi alarmante, et jusqu'à quel point ces manœuvres criminelles que l'on m'a annoncées être tramées contre la tranquillité et même l'existence des Juifs, vous paraissent mériter la sollicitude des magistrats dépositaires de l'autorité publique.
Vous voudrez bien en même temps me dénommer ceux que vous sauriez être les instigateurs et moteurs d'un complot aussi horrible, ils devront être arrêtés.
J'ai droit d'attendre de votre zèle pour l'acquis de vos devoirs comme officiers de police judiciaire que vous ne négligerez aucunes mesures de préventions et d'une juste sévérité pour étouffer, dès le principe, le germe de cette atroce machination dont l'exploit aurait le cruel résultat d'ensanglanter le sol français.
Vous voudrez bien vous concerter avec la gendarmerie de votre arrondissement pour assurer aux Juifs, comme à tous autres habitants de votre commune, la sûreté de leurs personnes et la protection qui leur est due, selon la loi, comme à tous citoyens, quel que soit d'ailleurs le culte reconnu qu'ils professent.
Je suis persuadé, Messieurs, que dans une circonstance aussi grave, vous n'aurez à vous reprocher ni négligence ni mauvaise volonté pour maintenir l’ordre le plus absolu dans la commune que vous administrez.
Je vous prie de vous attacher à faire bien comprendre ceux de vos concitoyens que les conseils évidemment ennemis et perfides, pourraient porter à quelques actes de violence contre les Juifs, soit sus le prétexte de leur Religion, soit sous celui de l'usure qui peut être reproché à certains d'entre eux, que la loi protège avec une égale sagesse la religion de Moyse comme les diverses religions chrétiennes, et qu'elle a, en outre, réglé d'une manière infiniement équitable le mode de poursuivre et d'atteindre les usuriers, en un mot d'assurer, à ceux qui ont pu en être les victimes, la justice exacte qui leur est due, mais que cette justice c'est aux magistrats seuls qu'il appartient de la rendre, et qu'ils ne refuseront jamais de faire droit aux réclamations fondées qui leur seront soumises.
Enfin que c'est se mettre au-dessus des lois et par conséquent en état de révolte ouverte contre le souverain et la société que de prétendre se faire justice soi-même et surtout par de moyens aussi horribles que ceux de la proscription et de l'assassinat.
J'ai besoin, Messieurs, de connaître promptement et exactement toute la vérité dans une conjonction aussi grave, votre probité, votre amour de l’ordre et votre dévouement au service de Sa Majesté me donnent lieu d'espérer que je n'aurai, d'après votre réponse, rien d'affligeant ni même d'inquiétant à annoncer aux Ministres de notre Auguste Souverain.
Heureux si, comme j'ose m'en flatter, il ne m'a été communiqué que de fausses alarmes sur le sort fatal que des hommes pervers ou égarés auraient préparé méchamment aux sectaires du culte israélite.
Recevez, Messieurs, etc.
Théodore Gior.

Le lendemain, 29 juin 1808, le Maire écrivit au Préfet :

Monsieur le Préfet,
J'ai l'honneur de vous transmettre copie d'une lettre de Monsieur le Procureur impérial de la cour de justice criminelle au sujet d'un prétendu mouvement provocateur au meurtre des Juifs de ma commune avec la copie d'un procès-verbal signé par les juifs les plus notables de cette ville qui vous prouve que cette dénonciation est dénuée de vérité et sans fondement ; car je puis vous certifier que la commune que j'ai l'honneur d'administrer jouit dans ce moment de la plus parfaite tranquillité, la lettre susmentionnée m'a beaucoup étonné en ce qu'n ne fasse point connaître ces vils dénonciateurs, il est à croire que si on a tenu des propos qui provoquent au meurtre des juifs, elle ne peut provenir que de la part des juifs mêmes croyant sans doute par là rendre leur cause meilleure.
Au surplus vous pouvez compter que je surveillerai de près les mauvaises manœuvres que quelques mauvais sujets pourraient trouve r contre la suite et l'existence des juifs.
J'ai l'honneur de vous saluer avec un profond respect.
signé Wilhelm.

Et le même jour, le Maire adressa la lettre suivante au Procureur impérial :

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre en date du 28 juin présent mois au sujet des mauvaises provocations au meurtre des juifs de cette commune qui est signalée comme une de celles qui fait concevoir le plus d'inquiétudes à cet égard.
Le procès-verbal de ce jourd'hui signé par les juifs les plus notables de cette ville que j'ai l'honneur de vous transmettre vous convaincra que ma commune a toujours joui et jouit dans ce moment encore d'une parfaite tranquillité. Votre lettre m'a beaucoup étonné mais, nullement effrayé pouvant vous certifier qu'il ne vous a été communiqué que des fausses alarmes.
J'ai l'honneur de vous saluer avec respect.
signé: Wilhelm.

Procès-verbal.
Cejourd'hui trente juin mil huit cent huit, Nous maire de la ville de Soultz, chef-lieu du canton etc., avons convoqué devant nous ... Abraham Bloch, Gabriel Bloch, épicier, Emmanuel Bloch, revendeur, Gabriel David Bloch, marchand de draps, Moyses Grumbach, marchand de rubans, Isaac Weil, mercier, et Abraham Léwy, épicier, les sept, domiciliés en cette ville, auxquels Nous avons donné communication de la Lettre de Monsieur le Procureur impérial en date du 28e juin. dans laquelle la ville de Soultz est signalée comme l'une de villes qui préparait l'Extermination des Juifs, lesquels Nous avons requis de Nous déclarer, s'ils n'avaient aucune connaissance de ces individus, qui ont fait courir ces faux bruits, attendu que toute la ville est dans une tranquillité parfaite, et qu'il n'y a aucun vestige de désordre particulièrement pour la sûreté personnelle et des propriétés, lesquels nous ont déclaré unanimement qu'ils n'nt aucune connaissance de la dénonciation contenue dans la lettre susdite, attendu que la tranquillité règne dans la ville et que les propriétés ainsi que la sûreté personnelle de chacun est garantie, de tut qui Nous avons dressé procès-verbal etc.. .
Pour copie confirme : Wilhelm

Le 1er juillet 1808, le préfet écrit au maire que sa lettre du 29 juin concernant les complots sinistres et entièrement criminels contre les Juifs lui procurait la satisfaction la plus sensible. Il l'invite à tenir d'une main ferme et impartiale le timon de l'administration pour maintenir, parmi tous les habitants, l'heureuse harmonie.

Le 4 juillet 1808, le Maire fit appeler Gabriel Brunschwig, qui avait été insulté et molesté, la veille, par le nommé Michel Dürr, le jeune, boucher. Celui-ci avoue mais prétend que Brunschwig avait tenu contre lui des insultes. Il est dressé procès-verbal. A partir de ce jour, il ne fut plus question à Soultz de dissentiments entre Chrétiens et Juifs.

b) Le Changement des noms.

Par décret impérial du 20 juillet 1808, il fut ordonné 1) que ceux des Juifs de France, qui jusqu'alors n'avaient pas eu de nom de famille et de prénoms fixes, seraient tenus d'en adopter dans les trois mois de la publication du décret et d'en faire la déclaration par-devant l'officier de l'état civil de la commune où ils étaient domiciliés. 2) que ne seraient point admis comme noms de famille aucun nom tiré de l'Ancien Testament, ni aucun nom de ville.

Ce décret donna lieu à beaucoup de malentendus, ainsi qu'il a été démontré par R. Anchel dans son ouvrage sur Napoléon et les Juifs, p. 433.

Le préfet du Haut-Rhin imagina d'empêcher, par circulaire du 19 octobre 1808 (Messager du Haut-Rhin, p. 169), les Juifs non seulement d'adopter, mais même de conserver des prénoms qui ne se trouve raient pas dans les calendriers etc.

Le Maire de Soultz fit savoir au Préfet, par lettre du, 3 novembre 1808, que deux cent déclarations sur deux cent cinquante étaient déjà faites par les Juifs au moment de la réception de la circulaire du 19 octobre. Plusieurs déclarants avaient signé en caractères hébraïques et conservé quelques uns des noms ne se trouvant pas dans les différents calendriers et l'histoire ancienne, qui étaient cependant défendus par la circulaire susdite. Il demanda donc s'il pouvait faire les changements conformes à la circulaire dans les registres qui se trouvaient entre ses mains soit par des renvois ou des ratures ou s'il devait avoir des nouveaux registres etc.

Il est à présumer que le Préfet fit savoir au Maire qu'il n'avait à introduire aucun changement, puisque nous savons que le Ministre de l'Intérieur fit observer au Préfet que les prénoms portés avant 1808, constatés par des actes de naissance pouvaient être conservés.

c) Les membres de la Communauté en 1808.

Nous donnons, dans les pages suivantes, les noms des membres de la communauté israélite de Soultz, tels qu'ils sont inscrits dans le Registre des déclarations, avec les dates de naissance des enfants mineurs et, entre parenthèses, les noms anciens. Sauf avis contraire, les noms ont été conservés sans changement.

  1. Bloch Abraham
  2. Jeannette Weil
  3. Leyes, 4 décembre 1789
  4. Jacob, 6 juin 1792
    ***
  5. Gabriel David Bloch
  6. Sara Geismar
  7. Rebecca, 14 nivôse II
  8. Rachel, 10 vendémiaire- IV
  9. Lazare, 25 thermidor VII
  10. Salomon, 4 thermidor IX
  11. Getschel, 13 frimaire XIII
  12. Elé, 5 novembre 1806
    ***

  13. Jacob Haguenau
  14. Jeannette Drineuil (Trénel ?)
  15. Rosette, 27 octobre 1806
    ***
  16. Meyer Bloch
  17. Susanne Lévy
  18. Isaac Mengé Bloch
  19. Sara Dreyfus, épouse d'Isaac Mengé
  20. Rezal, 28 pluviôse XII ; sa fille
    ***
  21. Mengé Bloch
  22. Zerlé Bloch dite Sara
    ***
  23. David Bloch
  24. Ester Léwy,
  25. Fromette, 19 vendémiaire XIV
  26. Meyer, 14 avril 1807-
  27. Gabriel Bloch, épicier
  28. Rachel Léwy
    ***
  29. Heimann, fils de Gabriel Bloch
  30. Meyer, fils de Gabriel Bloch, né le 11 mai 1789
  31. Cochel ou Cosme, 19 prairial IV
  32. Rosette dite Reisele, 10 nivôse VII
  33. Joseph, 5 nivôse IX
  34. Jeannette (Seheiné), 16 pluviôse XIII
  35. Salomon, 1er mai 1807
    ***
  36. Brunschwig Gabriel
  37. Lewy Madeleine dite Madel
  38. Rachel, 6 vendémiaire X
  39. Sara, 7 brumaire .XII
  40. Joseph, 10 avril 1806
    ***
  41. Baer. David
  42. Sara Bloch
  43. David, 20 thermidor IV
  44. Joanna. (Hanlé), 14 pluviôse VI
  45. Cayé, 24 floréal VIII
  46. Gotscha-Getschel, 17 thermidor X
  47. Lehmann David, 24 prairie XII
    ***
  48. Leib Bloch, boucher
  49. Sara Marum
    ***
  50. Isak Bloch
  51. Feyelé Guntzburg (Sophie)
    ***
  52. Bessel Bloch, veuve de Cosche B. (Barbe) de Wintzen­heim
  53. Gotscha (Getschel) Bloch
  54. Rosette (Reis) Lewy
  55. Joanna (Hanna), 1er frimaire XIV
  56. Simon, 14 décembre 1807
  57. Jacob Joseph, égorgeur.
  58. Meyer Jeannette dite Vogel
  59. Abraham Joseph, fils de Jacob Joseph, né le 15 septembre 1786
    ***
  60. Gabriel Bloch, le jeune, fripier
  61. Gudel Nordmann dite Catherine
    ***
  62. Jacques Bloch, fils majeur de Gabriel B.
  63. Sophie (Feyelé). Bloch, sa fille, 29 février 1700
  64. Salomon, 22 juin 1792
  65. Carline (Keylé), 26 brumaire III
  66. Henry (Hirtz), 7 nivôse VII
  67. Esther, 2 fructidor VIII
    ***
  68. Joseph Lichtenfeld, natif de Wewanowitz en Moravie
    ***
  69. Juda dit Lehmann Léwy
  70. Marianne dite Keylé Abraham, son épouse
  71. Marianne dite Merlen, sa fille, 7 juin 1700.
  72. Samuel, 15 avril 1795
    ***
  73. Benjamin Baer
  74. Judith Schwahach, son épouse
    ***
  75. Hélène Reinau, veuve en secondes noces d'Isaac vivant rabbin à Uffholtz
    ***
  76. Jonas Lévy
  77. Rosette Geismar, son épouse
  78. Jeannette dite Scheinelé, 6 germinal IX
  79. Baruch, 23 thermidor X
  80. Abraham, 26 brumaire XII
  81. Florine dite Blümlé, 2 août 1807
  82. Rachel dite Beichelé, 30 août 1808
    ***
  1. Abraham Lévy
  2. Grumbach Jeannette dite Vogel
  3. Rachel dite Bissel, 20 juillet 1793
  4. Libolt dit Leib, 14 vendémiaire III
  5. Jeannette dite Scheinlé, 28 floréal VI
  6. Isaïe dit Scheye, 5 germinal VIII
  7. Brunette dite Breinlé, 8 thermidor X
  8. Salomon dit Scholem, 20 frimaire XIV
  9. Lehmann, 6 juin 1807
    ***
  10. Salomon Léwy
  11. Judith dite Gudel Bernheim, son épouse
  12. Moyses , 4 germinal III
  13. Blumlé (Florine), 19 nivôse. III
  14. Mariome (Marianne), 15 fructidor IV
  15. Libman, 6 germinal X
  16. Vogel (Jeannette), 27 thermidor XI
  17. Sara, 2 germinal XIII
    ***
  18. Moyses Grumbach
  19. Marie Anne Bloch, son épouse
  20. Eve, février 1788
  21. Esaïe (Scheyen), mars 1791
  22. Juda (Lehmann), janvier 1792
  23. Hélène, 22 pluviôse III
  24. Joseph, 26 vendémiaire VI
  25. Caroline (Keylé), 6 floréal VIII
  26. Nenel (Nannette) 9 brumaire XI
  27. Michel, fils majeur
    ***
  28. Brunschwig Libolt dit Leib
  29. Breiné (Brunette). Ruff, son épouse
    ***
  30. Jacob Spira, revendeur
  31. Rachel (Reichel) Weil, veuve d'Aron Spira
  32. Sara Spirn fille majeure d'Aron Spira
  33. Goudel (Judith), fille majeure d'Aron Spira
    ***
  34. Bloch Isaac Baruch
  35. Lewy Marianne (Marion), son épouse
  36. Simon, 3 compl. IX
  37. Caroline dite Keinel, 30 fructidor XI
  38. Sara, 26, brumaire XIV
  39. Rose, 15 mars 1808
    ***
  40. Bloch Emmanuel,
  41. Wurmser Barbe dite Besel
  42. Bloch Golscha dit Getschel, 13 juillet 1786
  43. Heimann, 14 février 1791
  44. Sara, 3 mars 1792
  45. Catharine (Kendel), 23 pluviôse
  46. Reselé (Rsette); 5 pluviôse IV
  47. Gabriel, 7 messidor VIII
  48. Jacob, 4 floréal X
    ***
  49. Bloch Meyer
  50. Bloch Caroline (Brendel), son épouse
  51. Jaques, 26 avril 1791
  52. Leyes, 26 octobre 1793
  53. Doders (Théodore), 6 vendémiaire IV
  54. Abraham, 15 nivôse IX
  55. Hanna, 6 brumaire XIII
  56. Lewy Jacob, son fils marâtre, né à Margolsheim, 19 floréal XII
    ***
  57. Isac Weil, marchand épicier
  58. Keilé (Caroline) Weil, son épouse
  59. Joël, né à Bollwiller, le. 27 janvier 1807
    ***
  60. Guntzburg Anne-Marie dite Melé, veuve de Lehmann (Jude) Bloch
  61. Simon, son fils majeur
  62. Judith, 20 ans
  63. Abraham, 10 messidor III
    ***
  64. Jeannette (Scheiné) Wurmser, veuve de feu Leib Grumbach
  65. Marx, son fils
  66. Esaü dit Scheyé, son fils, né le 6 avril 1791, à Pfastatt
  67. Véronique, 7 mars 1795, à Pfastatt
  68. Nathan, 10 pluviôse V, Soultz
  69. Sara, 13 germinal VII, Soultz
  70. Abraham, 25 floréal X, Soultz
  71. Salomon; 13 pluviôse XIII, Soultz
  72. Baruch, 2 mai 18.07, Soultz
    ***
  73. Bloch Meyer, fils de Getschel
  74. Leye Lang, sa femme
  75. Abraham, 20 fructidor XI
  76. Libre (Isaac), 7 brumaire XIV
  77. Henriette (Hinkelé), 1er août 1808
    ***
  78. Isac Brunschwig, revendeur
  79. Esther Lévy, son épouse
  80. Marx, 16 germinal II
  81. Sara, 23 germinal X
  82. Joseph, 26 vendémiaire XIII
  83. Abraham, 22 avril 1847
    ***
  1. Nathan Weil, marchand de cuir
  2. Beilé (Barbe) Kahn, son épouse.
  3. Aron, son fils, né à Bollwiller, le 20 décembre 1793
  4. Baruch, 16 mai 1797, Bollwiller
  5. Kennel (Sabine), 10 janvier 1800, Bollwiller
  6. Isaac, 24 nivôse XI, Soultz
  7. Elie, 7 ventôse XIII, Soultz
  8. Moyses, 23 mai 1808, Soultz
    ***
  9. Jacob Gugenheim, fripier
  10. Brendel (Barbe) Rueff, son épouse
    ***
  11. Juda (Lehmann) Hecker, boucher
  12. Vogel ,(Jeannette), son épouse
  13. Libman, né à Jungholtz en 1791
    ***
  14. Bloch Gabriel, fils majeur de Leib Bloch, garçon boucher
  15. Reichelé, née à Jungholtz, 1er avril 1789
  16. Hanna, née à Jungholtz, 6 octobre 1790
  17. Beillé (Anne-Marie), née à Jungholtz, 13 août 1793
  18. Doders (Théodore), né à Jungholtz, 14 décembre 1795
    ***
  19. Louis (Wolf) Spira
  20. Gotscha dit Getschel Bloch
  21. Marie-Anne (Guenendel) Naeder
  22. Florine (Feyelé), 32 ans, sa fille ***
  23. Simon Kahn, revendeur
  24. Gudel (Judith) Benjamin, son épouse
  25. Jonas, 19 vendémiaire XI
  26. Sara, 15 ventôse XIII
  27. Moyse, 28 septembre 1807
    ***
  28. Seligman Gugenheim, fripier
  29. Scheiné (Jeanne) Wurmser, son épouse
  30. Samuel, 14 février 1806
    ***
  31. Marx Emmanuel
  32. Bloch Thérèse
  33. Sara
  34. Caroline
  35. Elie
    ***
  36. Elie Hirsch
  37. Sophie Rueff, son épouse
  38. Eve, 27 nivôse X
  39. Feyelé (Marie-Anne), -18 vendémiaire VIII
  40. Mathias, 18 brumaire XIII
  41. David, 18 avril 1807
    ***
  42. Elie Marx
  43. Kendel (Catherine) Weill, son épouse
  44. Vogel (Catherine)
  45. Jacques, 9 vendémiaire IX
  46. Meyer, 29 septembre 1807
    ***
  47. Kieffé (Jacques) Katz
  48. Joseph, son fils : 5 ans
  49. Sara Jacob, femme de Jacques Katz
    ***
  50. Abraham, fils de Getschel Bloch
  51. Marie-Anne (Malcke) Doder
  52. Joseph, 10 frimaire IX
  53. $ Jeanne (Hinschelé), 25 nivôse XIII
  54. Elisabeth (Besel); 16 frimaire XI
  55. Théodore dit Doder Grumbach
  56. Delsé (Thérèse) Léwy, son épouse
  57. Jacques, 7 thermidor X
  58. Reichelé (Rachel)
  59. Elée (Eve)
    ***
  60. Moyses Spira
    ***
  61. Sara Dreyfus, femme de Jacques Spira
    ***
  62. Ellelé (Elisabeth), fille de Moyses Spira
  63. Salomon, fils de Moyses Spira
  64. Aron, fils de Moyses Spira
    ***
  65. Salomon Léwy
  66. Teforn, sa fille âgée de 2 ans


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