La Hagada de Niedernai (1759)



Hagada de Niedernai, détail : Le prophète Elie
annonçant la venue du Messie

détail : Samson chevauchant un lion auquel il écarte la gueule.
Dessin à la plume : Martine Weyl.
Nephtali Hirtz ben Isaac de Niedernai écrivit en 1759 une hagada qui est conservée dans une collection privée parisienne.

Le volume comprend vingt-six feuillets de parchemin de 20,4 cm sur 14,6 cm. Le texte traditionnel est entouré d'un décor à la plume en sépia. Un décor végétal de rinceaux, de feuilles et de fleurs orne les parties supérieures et latérales de ce cadre, alors que la partie inférieure, près de trois fois plus large que les autres, est ornée d'un dessin - différent à chaque page.

L'auteur s'est visiblement inspiré d'un, et probablement de plusieurs modèles. Beaucoup de scènes sont classiques, comme celles montrant la fille de Pharaon au bord du fleuve, Moïse frappant l'Egyptien, Moïse sur le Horeb recevant les Tables de la Loi.

Attardons-nous un instant sur une illustration moins classique : le prophète Elie sonnant du shofar pour annoncer la venue du Messie. Cette illustration accompagne le verset : "Répands ta colère sur les peuples qui ne te connaissent pas..." (Psaume 79:6-7). A ce moment du seder on lève la quatrième coupe, et l'on va ouvrir la porte de la demeure. Ces gestes qui, en apparence, n'ont pas de rapports avec le texte, ont été diversement commentés. Confiance en la protection divine, selon les uns, qui va jusqu'à renoncer à la faible protection d'une serrure, mais aussi attente fervente de la délivrance qu'apportera le Messie, dont la venue sera annoncée par le prophète Elie.

A en croire Mendel Metzger, le thème de la venue du Messie n'apparaît jamais dans les hagadoth sefarades, mais a été souvent développé dans les hagadoth ashkenazes. Nephtali Hirtz ben Isaac de Niedernai montre en même temps que le prophète Elie qui sonne du shofar, le Messie monté comme le veut la tradition sur un âne (Zacharie 9:9).

Il est plus difficile d'interpréter toute une série de portraits en médaillon qui sont sans rapport avec le texte. On en trouve au bas du Birkat ha-mazon, du Nishmat, du Hallel... Il s'agit de personnages en perruque, avec ou sans couvre-chef, et même d'une dame avec éventail. Un des personnages à perruque et coiffure à plumes tient une sorte de sceptre. Ces personnages seraient beaucoup mieux à leur place dans une meguila, ce qui nous amène à avancer l'hypothèse que Nephtali Hirtz de Niedernai, séduit par la beauté d'une meguila qu'il avait sous les yeux, s'en est fortement inspiré pour orner sa hagada.

Il était un dessinateur habile. Sa plume était légère et il a su camper des chevaux avec beaucoup de naturel. C'était un authentique artiste.

 

 

 

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