Une Meguila de l'époque révolutionnaire


Meguila d'époque révolutionnaire, détail : Esther et Assuérus en tête à tête.
Reproduction polychrome à la gouache : Martine Weyl.

De cette meguila, qui se trouve dans une collection privée parisienne, on a pensé à juste titre que seule l'Alsace a pu la produire. Elle réunit, en effet, un texte judéo-allemand et les portraits d'Assuérus sous les traits de Louis XVI et de Vashti en Marie-Antoinette.

Elle est du type "royal", chaque colonne débutant par le mot ha-melekh, mais pour arriver à ce résultat, le scribe a dû serrer son écriture, ou user de lettres exagérément dilatées. Ceci nous amène à penser que nous avons affaire ici à l'œuvre d'un amateur, et non d'un professionnel. Des mots oubliés et glissés ensuite entre les lignes sont un indice de plus en faveur de notre hypothèse.

L'intérêt et l'originalité de cette meguila résident dans une série de dessins à la plume rehaussés à la gouache, qui occupent le haut des colonnes, et dans une sorte de commentaire qui les accompagne. L'ensemble n'est pas sans évoquer les bandes dessinées actuelles. Le commentaire est fortement inspiré des Midrashim (commentaires rabbiniques), comme nous allons le voir.

Nous avons dit que les dessins de la meguila n° 4053 de la B.N.U. de Strasbourg étaient naïfs. Pour celle-ci il faudrait dire qu'ils sont enfantins. Pourtant, ils ne sont pas dénués de charme. Ceux des toutes premières colonnes nous éclairent quant à la date.

La meguila débute, nous l'avons dit, par les portraits de Louis XVI en Assuérus et de Marie-Antoinette en Vashti. La deuxième scène nous montre Vashti guillotinée. On peut donc dater la meguila des quelques années suivant 1793.

L'auteur était certainement un original et un humoriste, plongé à la fois dans la tradition juive, et dans les remous révolutionnaire. Toute la meguila mériterait d'être publiée, mais nous nous contenterons d'analyser quelques scènes parmi les plus caractéristiques.

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