La petite toupie de Hanouka (Hanoucah-Trenderle)
texte anonyme traduit par Alain Kahn
Extrait de LA TRIBUNE JUIVE - STRASBOURG n°52 - 1932




Hanoukia en étain moulé,
Colmar, fin 18e-début 19e s.
Coll. Dr. André Bernheim
Qui connaît encore aujourd’hui cette petite toupie aux côtés identiques qui ne manquait jamais dans une maison juive en Alsace, qui ronronnait si vivement sur la table et dès lors qu’elle tombait sur le bon ou le mauvais côté, provoquait des « Oh » ou des « Ah » chez les enfants.

Les enfants pouvaient à peine attendre la fin du repas. On débarrassait la table car la petite toupie devait tourner sur une table lisse et quand le sort était favorable, on pouvait gagner cent noix ou plus. Quand le jeu se terminait, la Maman cherchait les pommes au four et les noix grillées et le père était fier d’apporter sa « Mirabelle », son « Quetsch » (prune) ou son « Kirsch » (cerise) tandis que les femmes et les enfants buvaient un petit verre de « Süsser » (liqueur sucrée).

On trouvait de magnifiques petites toupies sculptée en ivoire et en corne ; beaucoup se sculptaient eux-mêmes des petites toupies artistiquement en bois dur mais un Hanouka sans petite toupie était impensable. C’est seulement depuis les derniers vingt ans que la petite toupie est tombée dans l’oubli et on joue durant les soirées de Hanouka aux cartes ou aux dominos, plus rarement au loto.

 

Parmi les jeux de cartes, c’est le « Klopfen » (Klopfes) qui est le préféré en Alsace. A la fin du jeu, les gains seront fidèlement mis dans les différentes boîtes au profit d’œuvres de charité.

Les vieux chandeliers de Hanouka en fer ont changé d’apparence. On trouve encore dans de nombreuses familles de vieux chandeliers vénérables en cuivre et en argent massif qui traditionnellement sont utilisés d’année en année et transmis de génération en génération. Mais les vieux chandeliers en fer, qu’on remplissait d’huile et dont la mèche répandait une merveilleuse lumière apaisante, n’existent plus. Dans ma région, différentes sortes de tôles de Hanouka étaient utilisées. Une tôle rectangulaire et plate avec un rebord était remplie de sable fin. A partir de Soukoth, on rassemblait avec soin les coquilles de noix qui étaient enfoncées dans le sable et remplies d’huile et munies de mèches. La joie de Hanouka n’était pas moindre, les yeux clairs des enfants ne brillaient pas avec moins de fierté que dans la maison du « Parness » (le Président de la communauté) où le chandelier d’argent était garni de bougies.


Judaisme alsacien
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