Poèmes
d'André Spire

Au Peuple
Oh ! N'inventons plus de système !
J'écrivais
Le Messie
Ma barbe n'était pas encore blanche
Écoute, Israël
Exode
Poussières
Rides
Matin
Il y a
Personne
Des Ordres
Retour
Novembre
Possession
Henriette
Anémones
Mots
Dans le lambris
Tu diras plus tard
Miettes
Non !
Tu ne me parles plus, Loire

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écoute, israël,
Ne te lasseras-tu pas de répéter dans tes prières :
"Sois loué, Éternel qui venges mes injures,
Qui soutiens mes querelles, qui protèges mes droits,
Qui broies mes ennemis, qui tues mes oppresseurs ;
Soit loué, Eternel qui ceins mes reins de force."

Ecoute, Israël,
As-tu vu tes ennemis rougir, être atterrés?
Tes yeux se sont-ils abaissés sur leur ruine?
Ton Dieu a-t-il frappé les os de leur mâchoire ?
Brisa-t-il les dents du méchant ?
Ton oreille joyeuse a-t-elle appris la perte
De ceux qui se sont ligués contre toi ?
L'Éternel a-t-il fait resplendir ta vieillesse
Comme celle de l'olivier en fleurs?

Écoute, Israël,
Tu gravas ta Loi dans ton cœur.
Tu l'enroulas matin et soir sur ton bras gauche.
Tu la nouas comme un fronteau entre tes yeux.
Tu la fixas sur les poteaux de ta maison et sur tes portes.
Et tu es le mépris de toutes les nations;
Les gentils t'ont souillé comme une femme impure.

Écoute, Israël,
Espéreras-tu longtemps en ton Dieu fort ?
N'oseras-tu pas un jour dévisager sa face ?
Regarde donc sa main qui traîne sous les nues.
Est.ce une main pour l'action ?
Est.ce une main d'ouvrier ?
Est-ce une main de justice ?
Pas une ampoule, pas une ride, pas une écorchure, pas un cal.

Écoute, Israël,
Les torrents roulent encore des pierres rondes
Pour les frondes des Davids futurs ;
Les carrières sont pleines de meules de grès fin
Pour retailler les pointes de tes vieilles épées ;
Tu trouveras des fours, des marteaux, des enclumes
Pour reforger les socs de tes vieilles charrues
En brownings élégants qui claquent d'un bruit sec.

Écoute, Israël,
Aux armes!

(Poèmes juifs, Versets, 1908)


exode

Israël, Israël, peuple entêté de vivre,
Il faut fuir, Israël, toutes ces fausses patries.
Tu aimes ces pays où tu es entassé,
L'air, le soleil, les vents, les neiges et les plaines ;
Les fleuves où tes filles prirent leur premier bain ;
Les bois où tu erras traqué comme une louve ;
Les maisons d'où tes fils furent défenestrés.
Arrache de ton cœur ces sols de servitude;
Prends le pain sans levain et les herbes amères;
Ceins tes reins, prends ton bâton, chausse tes pieds.
Marche vers Odessa, vers Hambourg ou vers Brême,
L'océan se fendra de nouveau devant toi.
Les chefs de tes tribus ont parcouru le monde,
Ont reconnu pour toi de nouveaux Canaans.
Prends ta hache, Israël ; abats tous ces vieux arbres ;
Prends ton pic, prends ta bêche, défonce ces sols vierges;
Elève des abris, des fermes, des hameaux;
Fais paître tes troupeaux, plante, greffe, ensemence
Et moissonne.
Et parmi le miel de tes abeilles,
Le lait de tes brebis, le raisin de tes vignes,
Tu verras se dresser, convalescente et jeune,
Ta fierté, Israël.

(Poèmes juifs, Versets, 1908)

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