Armand SCHWOB & Frère
horlogers ingénieux ou faussaires et escrocs notoires ?
par Christophe Sanchez
Extrait de HEGENHEIM BUSCHWILLER 2022 - Bulletin du Cercle d'Histoire de Hégenheim Buschwiller

Cette page d'histoire met un terme à de longues recherches sur la famille Schwob et les relations avec Levaillant homme politique, et Charles Séguin, dans un scandale financier important fin du 19ème siècle. Souvent les recherches sont le fruit du hasard et tout a commencé par une demande de renseignement de Laure Adler, journaliste à France Inter sur Séguin et de son incroyable destin en Argentine. Levaillant fut plus simple à découvrir à travers les documents d'archives des personnes recevant la Légion d'honneur.
Les Schwob, c'est le hasard qui à travers une note postée sur un site de passionnés de montres m'a permis de faire ces quelques pages. On pourrait faire de ces trois personnages un roman passionnant qui mêle le génie de la création, des affaires, de la politique, de l'antisémitisme pendant l'affaire Dreyfus à l'escroquerie et les "lupinades" d' Armand Schwob. Bonne lecture.


L'entreprise de montres Armand Schwob & Frère était basée à La Chaux-de-Fonds (Suisse) au 14, avenue Léopold Robert. L'entreprise a été fondée le 1er novembre 1881 et immatriculée le 27 janvier 1883 en tant qu'entreprise de fabrication d'horloges métalliques à part entière à La Chaux-de-Fonds. L'entreprise appartenait à Armand Schwob & Abrabam Schwob, originaires de Hégenheim, mais qui vivaient à Paris. À Paris, la société était représentée avec un point de vente de montres et bijoux au 19 boulevard Bonne-Nouvelle.

Généalogie

Le premier Schwob recensé à Hégenheim était Naftaly Mosché, né avant 1665.
C'est l'aïeul lointain de Aaron Schwob né le 3 janvier 1822 à Hégenheim, marchand de peaux et cuirs, puis négociant.
Marié à Florine Bloch de Durmenach, il eut deux fils Armand Schwob (1857-1930) et Abraham Schwob (1858-1901) (1).
Il se remariera avec Henriette Dockes de Hattstatt , avec laquelle il aura quatre enfants.

Armand Schwob restera célibataire.
Abraham Schwob (né le 16 octobre 1858 à Hégenheim), épouse Anne Van Vers (1863-1901), une Belge de Bruxelles. Le mariage a lieu le 3 août 1897 à Paris, mais le couple n'aura pas d'enfant. Décédé le 25 août 1901 à Vaucresson, Abraham est enterré au cimetière Montparnasse à Paris. La cause de son décès reste inconnue.

Armand Schwob, un homme d'affaires précoce (2)

Il fréquente le lycée de Nancy et après avoir passé son bac,il travaille avec son oncle, qui dirige une manufacture horlogère à La Chaux-de-Fonds.

Après un an d'apprentissage, son oncle confie au jeune homme de 17 ans une somme d'argent avec laquelle il ouvre une succursale dans l'une des rues les plus élégantes de Moscou. En deux ans, il réussit à y gagner pas moins de deux millions de roubles or. Il fréquente des cercles mondains et offre au Tsar une montre en or avec le portrait de la tsarine et à celle-ci avec la photo de son mari. Le tsar dit-on a porté cette montre pendant longtemps.

Il a ensuite dû se rendre à Aix-la-Chapelle pour faire une cure.

Quelques années avant l'Exposition de 1900, il est, à Paris, où il installe, boulevard Bonne-Nouvelle, un grand magasin d'horlogerie. Comme enseigne, il imagine un immense cadran qui, toutes les cinq minutes, change de couleur ; les passants, amusés, s'arrêtent, la clientèle afflue.
Comme partout ailleurs, il cherche et trouve bientôt le contact avec les hautes sphères du monde politique et financier. Le point culminant de ses réussites sociales est sa présentation au Président de la République française, Carnot.

Par l'entreprise de Charles Séguin, Schwob établit des liens avec l'Amérique du Sud.
Bien qu'ils aient annoncé qu'ils avaient une usine à La Chaux-de-Fonds, ce n'est qu'un bureau ou une succursale, et il y en a une autre dans la capitale argentine. Ils n'ont jamais possédé d'usine.

En 1892, l'entreprise fait faillite ; fin mars, les frères associés ont suspendu leurs paiements et se s'adressent au tribunal de Commerce de la Seine pour obtenir la liquidation judiciaire.
Tout au long de sa brève histoire, leur entreprise française a déposé seize marques en Suisse.

Leur référence : la montre mystérieuse (3)


Exemplaires de la montre mystérieuse
La montre mystérieuse a été conçue par Hugues Rime, mais commercialisée par Armand Schwob et Frère après que Rime leur ait officiellement attribué son brevet d'invention en juillet 1888. Il travaillait dans l'entreprise comme représentant avant de créer sa propre entreprise sous le nom de H. Rime et Cie.

Après un accueil mitigé, la montre mystérieuse est décrite de la façon suivante dans un journal américain (4) : Les MM. Schwob viennent de sortir une montre assez singulière. C'est, pour ainsi dire, une "horloge" de poche mystère. Un cadran en verre est serti dans une lunette à bord argenté, et deux aiguilles se déplacent, comme par magie, sur le verre transparent sans la moindre transmission apparente de mouvement. La vue à travers la vitre est dégagée et une personne peut lire son journal à travers le cadran. Quelle est la clé de l'énigme ?La suite de l'article explique comment le mécanisme a été conçu.

Parmi les millions de visiteurs de l'Exposition universelle de Paris de 1889 durant laquelle la montre est exposée figure le Shah de Perse qui se voit remettre un spécimen de l'objet impossible. Le quotidien Le Figaro (5) rapporte : Mercredi 7 août 1889, MM. Armand Schwob et son frère, horlogers, ont offert au Shah un magnifique spécimen de la "montre mystérieuse" […]. Cette montre est composée d'un cadran en verre serti d'un cerclage d'or, sur lequel opèrent deux aiguilles sans que l'on perçoive la moindre trace de mouvement. Naser al-Din fut très intrigué par ce bijou admirable, qu'il accepta avec grand plaisir.Pour sa création, le monarque perse fait Hugues Rime chevalier de l'ordre du Lion et du soleil, tandis que les Schwob, en tant que fabricants sont faits officier du même ordre (6).

Il n'y a pas deux montres qui se ressemblent. Elles sont différentes soit par la forme du col, de l'arc, de la couronne ou du loquet, les motifs du cache-poussière la forme du cartouche, la couleur ou le style des aiguilles, les chiffres romains et/ou arabes, le décor élément peint au centre du cadran, boîtiers en or, vermeil, argent, etc. C'est une indication que chaque montre de poche a été fabriquée individuellement. Parce qu'Armand Schwob et Frère n'a jamais été une manufacture d'horlogerie, on ne sait pas qui était le vrai fabricant.

L'usurpation de nom de Pateck Philippe (7)

Lors de l'exposition d'Anvers en 1895, la maison Pateck-Philippe découvre dans les vitrines de A Schwob et Frère une montre portant le nom de "Patek-Philipp, Genève".
Le commissaire suisse de l'exposition ne veut pas provoquer de scandale et l'affaire n'a pas de suite. Cependant la presse a vent de l'histoire par la maison Schwob qui veut protester et clamer sa bonne foi en soulignant que seule une montre trouvée dans ses vitrines avec la marque Patek et Cie n'a pas été produite par leurs ateliers de fabrication.

La maison Pateck-Philippe porte l'affaire devant les tribunaux en considérant que l'usage de son nom est un préjudice considérable étant donné que les montres fabriquées par A. Schwob sont de qualité inférieure.
La maison Schwob se défend en clamant que les deux marques ne peuvent être comparées et que la maison Pateck n'a pas perdu un seul client. Il est aussi d'usage ancien de graver sur la cuvette de la montre Patek. Cela était su et n'avait jamais créé de problème. Le nom est également écrit sans le "c".

S'ensuit un long procès, suivi de près par les journaux. La marque mise en cause tente dans un premier temps de réfuter la faute en prétendant avoir acheté la montre à un certain Monsieur Bonneault à Paris le 29 mai 1885. Par manque de preuves le procès s'éternise ; les semaines et les mois se succèdent sans qu'aucun des partis n'obtienne gain de cause. Armand Schwob est connu comme juif, et cette affaire a pour effet de "nourrir" la presse antisémite (bien que ce dernier mot n'ait pas encore été inventé).

Cependant un événement veint basculer l'affaire en faveur de la maison "Patek Philippe & Cie".
En décembre 1886 une montre signée "Pateck, Genève" et portant les initiales "A.S. & F" (comprenez ici Armand Schwob & Frère) est envoyée en réparation à la maison "Patek Philippe & Cie". Une dernière preuve fait surface en 1890 par le témoignage de Georges Roulet, qui déclare avoir déjà gravé le nom "Pateck & Cie, Genève" à la demande formelle et écrite d'Armand Schwob et Frère.
Les preuves étant finalement irréfutables, la maison Armand Schwob & Frère est condamnée à payer 15 000 francs en plus d'une interdiction d'utiliser le nom "Pateck".

Le tribunal cantonal de Neuchâtel condamne les Schwob en novembre 1890.
La maison Armand Schwob & Frère doit payer 15 000 francs en plus d'une interdiction d'utiliser le nom "Pateck". Le tribunal avait recensé plus de 678 montres portant le patronyme "Pateck" ou "Pateck et Cie Genève".

À cette liste de condamnations s'ajoute la publication du jugement dans cinq journaux choisis par la maison "Patek Philippe & Cie" et l'obligation d'endosser la totalité des frais du procès (8).

1893 – L'ambre spécial (9)

Armand Schwob, membre du cercle Betting club, propose à son directeur, M Bertrand, parfumeur, d'investir dans la fabrication d'un ambre comparable à l'ambre naturel.
La maison Franquel, dont le siège se trouve à Berlin, s'occupe de la fabrication, mais elle a besoin de plus de capitaux pour se développer. M. Bertrand se laisse séduire et investit 45 000 fr. Cette somme sera remboursée peu de temps après avec une belle plus-value par une banque à Londres.

Sur ce, M Bertrand investit de gros montants pour un remboursement calculé par M. Schwob à 8 millions.
Après quelques semaines, M. Bertrand demande le paiement partiel d'une partie de ses investissements. L'associé de Schwob étant très évasif, il prend contact avec la banque de Londres et celle-ci l'informe qu'elle ne connaît pas la maison Franquel de Berlin.
En plus d'avoir détourné entre 500 et 600 000 fr, Armand Schwob a convaincu M. Bertrand de lui laisser un collier de perles d'une valeur de 45 000 fr pour le vendre et faire un beau bénéfice. Mais M Bertrand ne perçoit aucun bénéfice de cette vente.
L'argent et Schwob ont disparu.

En 1894, lors du procès, M Schwob déclare que les sommes investies par M. Bertrand n'étaient pas pour des raisons commerciales, mais pour l'aider a rembourser des dettes de jeu, et que celles-ci ont été remboursées avec intérêts (10).
En mars 1895, le tribunal se déclare incompétent pour le chef d'accusation de délit d'escroquerie, mais condamne les Frères Schwob pour banqueroute simple à des peines de 18 mois de prison contre Armand et trois mois pour Abraham (11).

1894 - De fausses traites (12)
Arrestation d'Armand Schwob suite à une plainte au parquet pour faux et usage de faux et banqueroute frauduleuse.
De fausses traites sans valeur ont été créées par les frères Schwob à l'aide d'un complice M Lemonnier.

1895 délits de banqueroute (13)
Condamnation des frères Schwob à de la prison pour avoir commis un délit de banqueroute en s'étant livrés à des dépenses personnelles en utilisant l'argent de leur commerce dans des jeux de hasard ou des opérations en bourse fictives ou en faisant des emprunts ruineux pour se procurer des fonds. Armand Schwob écopa de 18 mois de prison et Abraham de trois.

Mise en cause de M. Isaïe Levaillant, ancien directeur de la Sûreté générale (14 - 15)
Dans le procès pour banqueroute l'avocat des plaignants, a accusé l'ancien directeur de la Sûreté générale d'avoir touché un petit intérêt de 10 % sur l'ensemble des affaires de la maison Schwob. L'avocat a révélé au tribunal que M. Isaïe Levaillant profitait de sa situation officielle pour recommander chaudement ses protégés aux magistrats de Paris et de province.
Levaillant sera obligé de démissionner de son poste de Trésorier-payeur général de la Loire.

1917 - fournisseur de l'Armée française et espion (16)
En 1917, Schwob réapparaîtt soudain à Paris. Il est à nouveau en possession de fonds substantiels : il est devenu fournisseur de l'Armée et espion.
Cette parenthèse lui fait gagner des millions.


Photo d'Armand Schwob
dans le Petit Parisien
1920 - "Un escroc de haut vol" - extrait du Petit Parisien (16)

Depuis vingt-cinq ans, Armand Schwob, que recherche la justice française, a mené une vie princière. Avec l'argent des autres. Nous avons, ces temps derniers, conté quelques méfaits d'un escroc de haut vol, Armand Schwob. La police le recherche, sans avoir pu réussir encore à retrouver sa trace. On croit, cependant, qu'il s'est réfugié en Allemagne.
On écrirait un roman et du plus haut comique en narrant par le menu toutes les combinaisons échafaudées par Schwob pour se procurer les millions qu'il a dépensés, en grand seigneur. Il n'est guère, par le monde, de capitales où il ait, assure-t-on, négligé de faire des dupes. Et le plus extraordinaire est que, parmi ses victimes, il s'en trouve qu'il réussit à attirer plusieurs fois dans ses pièges.
Ce diable d'homme est d'une habileté prodigieuse. Actuellement âgé de soixante-sept ans, élégant, correct, d'une politesse raffinée, il possède un don de persuasion indéniable, et toute sa vie, il a fait de ce don le plus détestable emploi.
Son coup d'essai est un coup de maître. Peut-être le fameux Lemoine, qui prétendait avoir trouvé un moyen économique de fabriquer du diamant s'en est-il inspiré ? En tout cas, les procédés employés par les deux filous se ressemblent étrangement.

Les fume-cigarettes

Un beau jour, c'était en 1900 et non pas, comme il a été dit par erreur en 1922, Schwob se rend dans un grand cercle des boulevards, où il compte de nombreuses relations ; il a à la bouche un magnifique fume-cigarette d'ambre.
On admire l'objet.
- Ça sort de mes ateliers et ça vaut tout juste quarante sous, décrète-t-il négligemment.
De ses poches, il tire une douzaine de fume-cigarette semblables et tes distribue autour de lui.
L'un des bénéficiaires du cadeau, M. Bertrand, administrateur du cercle, montre par hasard son fume-cigarette à un expert.
Le doute n'est pas permis, affirme celui-ci. Il est en ambre et vaut 150 fr. au minimum.
Flairant la belle affaire. M. Bertrand parle de l'invention à M. Max Lebaudy.

On propose à Schwob une commandite. Celui-ci refuse tout d'abord. Enfin, ayant loué, en banlieue, une bicoque, où il dispose des cornues, des serpentins, des chaudières, d'un four électrique digne tout au plus de figurer dans un décor de théâtre, il consent à faire visiter ce qu'il appelle pompeusement son usine. On revoit là, encore quelques fume-cigarettes. Ce premier coup de filet rapporte, paraît-il, plusieurs millions à l'escroc.

La cloche à plongeur

Schwob trouve moyen de calmer les impatiences de ses bailleurs de fonds, d'éluder les questions embarrassantes jusqu'au moment où il lance une invention nouvelle une cloche à plongeur permettant d'atteindre des profondeurs de 300 mètres. Il montre des plans, des photographies de son appareil aussi pourvu de glaces que la lanterne d'un phare. Cette fois encore, on lui confie de fortes sommes. Sans plus attendre, il prend le train à destination du Havre et s'embarque pour New York.

En Amérique, sous le nom de Marcel Le Prévost, il continue son existence hasardeuse. Après maints avatars, il est, un beau matin, cueilli dans son lit et condamné à trois ans de prison.

Les perles

Nous sommes en 1918, se croyant oublié, Schwob revient en France. Il loue, 2 rue Édouard- VII, de somptueux locaux. Il fait maintenant le commerce des perles fines et des pierres précieuses. Son truc est simple. Il se fait confier des lots de plusieurs centaines de mille francs, les vend ou les engage, creuse un trou pour en boucher un autre, sollicite des traites de complaisance qu'il ne rembourse, bien entendu, jamais. Grâce à une diplomatie sans égale, il se maintient jusqu'en 1920, puis disparaît brusquement, laissant un passif de 4 millions.

Peu après, un importateur de perles, M. Hobaica, le fait arrêter, par une agence de police privée, dans un hôtel voisin de la gare Montparnasse, où il se cachait sous le nom de sa dactylographe. M. Pamart, juge d'instruction, ouvre une enquête, qui se termine par l'envoi de Schwob à la Santé, l'escroc n'y restera pas longtemps. Se prétendant malade, il est bientôt envoyé à l'infirmerie de Fresnes, puis obtient du magistrat l'autorisation de se faire soigner et opérer dans une maison de santé de la rue Brochant. Dès son arrivée, la clinique se transforme en un véritable office commercial.

Tous les jours, les salons d'attente sont envahis par des courtiers, des commissionnaires qui n'ignorent pas les démêlés de Schwob avec la justice et viennent cependant traiter avec lui des affaires.

Au bout d'un an, Schwob quitte, le front haut, la rue Brochant, où il se trouvait sous la surveillance de la police. Il a réussi à se faire mettre en liberté provisoire.
Quelques jours après, il a de nouveaux bureaux, 8, rue de la Chaussée-d'Antin. Afin de rendre confiance à ses dupes et de redonner, pour un temps, libre cours à sa malfaisante activité, il invente une nouvelle histoire.

Les bijoux disparus

Celle-ci arrive très vite. Un nombre de bijoutiers parisiens lui a confié, pour vente, des bijoux d'une valeur de 500 000 frs. Un mois après ces mêmes bijoutiers reçoivent une lettre de Schwob leur annonçant son départ en voyage pour recueillir un héritage. Un de ses oncles, M. Rubens, est décédé en Amérique, laissant une fortune de huit millions de dollars. Schwob a été déshérité et, depuis longtemps, la succession est liquidée. Il en joue cependant avec sa maestria habituelle, produisant des actes qui ont toute l'apparence de l'authenticité.

Le départ et cette disparition incitent les commerçants lésés à porter plainte. M. Pamart juge d'instruction est chargé de cette affaire ; il donne mission à M. Ameline, commissaire aux délégations judiciaires, de perquisitionner dans le bureau que Schwob a sous-loué, 8, Chaussée d'Antin.

Le magistrat y peut constater que le courtier en bijoux a procédé, avant son départ, au déménagement complet de ses bureaux. Un coffre-fort est cependant resté, dont l'ouverture fait découvrir des liasses de valeurs et d'obligations fantaisistes. Poursuivant ses recherches dans la chambre qu'occupait Schwob, dans un grand hôtel des Champs-Élysées, M. Ameline n'y trouve pas le moindre document
intéressant. Là aussi, on ignore en quel endroit le courtier en bijoux a pu se rendre. La valeur des bijoux et des sommes qui lui ont été confiés, atteint un demi-million. Un des commerçants volés H. Bloch témoigne : "J'étais en affaires depuis plusieurs mois avec Schwob. Je lui avais remis deux brillants blanc bleu pesant 5 carats d'une valeur de 22 000 francs et un collier, platine, perles et brillants, valant 11 000 francs. Malgré mes réclamations, il ne voulait ni les payer ni les rendre. Enfin, le jour même de son départ dont il ne m'avait pas avisé il me promit de me donner satisfaction le surlendemain. J'ai appris, depuis lors, que Schwob avait engagé mes bijoux chez un marchand de meubles. A. Lévy, 42, boulevard du Temple qui lui prêta 10 000 francs sur les brillants et 6 000 francs sur le collier. Ces bijoux ont été saisis depuis par la justice. Vous voyez que, en ce qui me concerne, j'ai quelque espoir de retrouver mon bien."

La police recherche activement Armand Schwob. La description est la suivante : de taille élevée, de teint coloré, élégamment mis, il porte allégrement ses soixante-six ans.

La fin

Dans le journal de Guebwiller en 1926, on apprend que Schwob est gravement malade et se repose dans un sanatorium à Fiume (aujourd'hui Rjeka) en Croatie.
Il décédera dans un hôpital de Berlin en 1930 après quelques dernières entourloupes.


Personnalités  judaisme alsacien

© A . S . I . J . A .