Catherine Fiszon - 2

De Drancy à Auschwitz

De Drancy...
Carte de déportée politique de Sabine Vogelhut

Sabine et sa maman sont arrivées le 4 avril à Drancy à côté de Paris. C'est un camp de transit dans lequel étaient regroupés les Juifs  avant d'être déportés vers Auschwitz. Les conditions de vie y étaient particulièrement difficiles : pas d'eau potable, ni de toilettes, aucune hygiène. De plus, c'était le mois d'avril et il commençait à faire chaud. Le camp était surpeuplé, ça criait, ça pleurait. Elles n'y restent que quelques jours avant de partir pour Auschwitz.
Madame Fiszon insiste bien sur le fait que ce sont des Français, des gendarmes français qui arrêtaient les Juifs  et qui gardaient le camp de Drancy.

... à Auschwitz
Le départ se fait de la gare d'Austerlitz par le convoi 71. Le voyage dure trois jours et trois nuits. Lors de l'arrivée à Auschwitz le 14 avril 1944, comme tous les déportés, Sabine et sa maman subissent la sélection sur la rampe. Sabine, qui a été sélectionnée pour vivre, soutient et entraîne sa maman avec elle. Elle la sauve. Le lendemain matin de leur arrivée elles sont tatouées. Sabine porte le numéro 78991.
A Auschwitz, les Allemands étaient très précis et enregistraient toutes les arrivées sur de grands cahiers sur lesquels ils notaient la date, le nom, le prénom, l'âge, l'origine géographique et les objets en possession des détenus.
Durant toute la durée de la déportation, Sabine cachera à sa mère, déjà fortement touchée par la Shoah, la mort de ses deux fils, Charles et Marcel, fusillés à la Bachellerie

Noël  1945
Après le décès de sa maman, Mme Fiszon a retrouvé une lettre que celle-ci avait écrite à Noël 1945 dans laquelle elle racontait son Noël 1944. "J'étais un numéro parmi tant d'autres, oui je suis une de toutes celles qui sont passées dans les bagnes nazis mais je reviens du camp d'Auschwitz" Elle n'était pas chrétienne et ne fêtait pas Noël, mais ce Noël 44 est un jour qui l'a marquée. Cette semaine de Noël était très froide avec beaucoup de neige et elle n'avait rien pour se réchauffer. Dans leur baraquement, elles étaient à peu près dix Françaises qui avaient reçu des "primes" pour le travail fourni (un peu de vin et de moutarde). Ce soir-là, la soupe avait l'air meilleure ! Elles ont chanté les chants traditionnels de Noël et elles se sont raconté des blagues ainsi que des petites histoires. "Une des soirées dont je me rappellerai le plus, c'était merveilleux"

Le "Canada"
Photo du mur des noms au
Mémorial de la Shoah

Au camp, Sabine Volgelhut a travaillé au "Canada", c'est là qu'on récupérait et triait les effets personnels des détenus. C'est sûrement ce travail, moins pénible que dans les chantiers extérieurs, qui l'a sauvée. Le soir, par contre, elle était dans les mêmes baraquements que les autres détenues.

La fille aux chaussures bleues
Notre témoin nous a également raconté une autre histoire qui s'est passée au camp. Au début de sa détention, sa mère a aperçu une petite fille avec des chaussures bleues et lui a dit "c'est pas tes chaussures". La petite fille lui a répondu " tu vois la fumée là-bas? Elle est là-bas la propriétaire de ces chaussures alors je pense pas qu'elle en voudra encore de ses chaussures" (en montrant du doigt les crématoires).

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