Mon lexique judeo-alsacien
ASSÜSSE !


"ASSÜSSE !" (de l'araméen assuta = guérison, santé)
Lorsqu'on entend quelqu'un éternuer, on lui souhaite "Assüsse !".

Alphonse Lévy, L'homme qui éternue (1905)
L'homme qui eternue
L'origine de ce souhait peut se trouver dans un midrash qui, commentant le verset Genèse ch.48 v.1, affirme qu'à l'origine la mort survenait brutalement, dans un éternuement : les états transitoires entre la vie et la mort que constituent le vieillissement et la maladie ne datent que du temps d'Abraham et de Jacob (voir Tora Temima ad loc.). Le "souffle de vie" qui animait l'être humain s'échappait, comme il avait été introduit dans l'homme, en un instant.

Ce serait en souvenir de ce temps, ou - du moins - pour évoquer le contenu de ce midrash, que l'on formulerait des souhaits de santé et de longévité à toute personne que l'on entend éternuer.

WENN MER NOMME EINER HETT WO EICH ASSÜSSE SAHT WENN EHR NISSE
" Puissiez vous avoir quelqu'un qui vous dise "Assüsse !" quand vous éternuez !"

Le texte de Kohéleth (L'Ecclésiaste qui a été lu au cours de l'office de Shawess 'Hol Ha-Môt Sekkes (Shabath 'Hol Ha-Moed Soukoth), enseigne qu'il est préférable d'être à deux que seul (Ecclésiaste ch.4 v.9). C'est malheureusement un triste lieu commun que d'affirmer que la solitude est particulièrement pénible.

Le judéo-alsacien a trouvé une formule éloquente pour le dire : qu'au moins au moment où l'on éternue -même si on n'est pas superstitieux !-, on ait quelqu'un auprès de soi pour dire "Assüsse !"

Cette expression m'est venue à l'esprit au cours de la lecture rituelle de L'Ecclésiaste en pensant ... à cette rubrique sur le dialecte judéo-alsacien (comme il est difficile de contrôler ses pensées ! !).

On n'est certes jamais seul lorsqu'on est assis devant le clavier de son ordinateur : on peut imaginer nombre de correspondants virtuels. Mais quel dommage qu'ils soient seulement " virtuels" !

GEUT NACHT, BISSAMME ! !


Article
précédent
Article
suivant
Dialecte  judaisme alsacien Accueil
© : A . S . I . J . A.