Mon lexique judeo-alsacien
LES HABITS


De la Préface aux traditions populaires alsaciennes - à travers le dialecte judéo-alsacien de Honel Meiss (1928), je voudrais reprendre deux expressions qui constituent de merveilleux exemples de "ces figures, de ces métaphores, de ces locutions, vives de couleur et, souvent chargées d'histoire dont tous les Israélites d'Alsace aimaient à illustrer leur propos" :

MESCHORESS, MACH MER WIND !
("meschoress", de l'hébreu meshareth = "serviteur", cf. Josué 1:1), "Domestique, évente-moi !"
Se dit, ironiquement, quand un individu d'une condition inférieure veut faire son important et donne un ordre à un personnage de plus haut rang : n'aperçoit-on pas, au loin, très loin, derrière cette exclamation ironique, l'esclave oriental maniant le chasse-mouches aux côtés de son maître indolent ?


© M. Rothé
Voici qui nous rapproche des horizons coutumiers :
"PARISER SCHÜH ÔN SCHIRANER FISS " = " Souliers de Paris et pieds de Schirhoffen ". Se dit de ceux qui veulent se faire les arbitres de l'élégance en arborant des vêtements à la mode qui font ressortir davantage leur allure villageoise.

De celui qui porte des vêtements qui ne lui conviennent pas, on peut aussi dire :
"ES GEHT EM WIE E ARBE KANNFESS IM E HUND " = "Cela lui sied comme un arbe kannfess à un chien." ("arbe kannfess", de l'hébreu arba kannfoth : les quatre coins du vêtement auquel sont fixées les franges rituelles appelées tsitsith). En français, on aurait dit à l'époque : " ... comme une guimpe à un hippopotame " !

" De tant d'expressions profondes ou piquantes, que restera-t-il après le tourbillon où se transforme notre époque ... ? "
A cette question, posée en 1928, nous voudrions tenter, avec la collaboration de tous les usagers de ce site, d'apporter une réponse.

Il est des circonstances où l'on portait de " beaux habits ", et chaque fois qu'on voyait ainsi quelqu 'un "endimmanché" dans des vêtements neufs, on disait de lui qu'il était "GEMALBICHT WIE E BAR-MITSVE YUNG", "Habillé comme un jeune bar-mitsva " qui porte, bien entendu, un costume tout neuf pour la circonstance !
(On notera la forme germanique du participe passé gemalbicht construit sur la racine hébraïque L - B - SH qui signifie "habiller" !!)

Quand le choix du vêtement n'était pas des plus heureux, on pouvait dire que la personne était "GEPOTZT WIE DIE SCHEPPE MALKE", " Attifée comme la dame de pique ".

Sur ce thème, voir aussi notre dossier : "Les vêtements des Juifs d'Alsace"

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