ECHA ou les Lamentations de Jérémie
Rabbin Henri SCHILLI
Extrait   L'UNITE - semaine religieuse israélite.
6 juillet 1945 - 2ème année n° 27, Lyon


Gustave Doré - Jérémie
L'auteur des Lamentations
est bien connu, son nom est surtout synonyme de malheur, car il l'avait prédit depuis longtemps le malheur qui devait s'abattre sur Jérusalem. En des discours prononcés sur la place publique, Jérémie essaya de prévenir la catastrophe ; de toute la force de sa véhémence, le prophète tente de provoquer le changement de conduite du roi et du peuple à la fois. Il s'agit d'un changement politique, tout d'abord. En effet, tombé sous la sujétion de Babylone, Israël lui a juré soumission. Mais il y a à la cour un parti qui prône l'Égypte et entraîne le peuple dans son sillage ; la propagande bat son plein, diffusant le slogan "L'Égypte nous sauvera".

Le prophète résiste énergiquement : "Si vous vous appuyez sur l'Egypte, il nous arrivera malheur, car l'Egypte, tel le roseau, transperce la main qui s'y appuie". La vérité n'est' pas bonne à dire : la foule conspue le prophète, le roi le menace et les faux prophètes l'insultent. Ce n'est pas une sinécure que d'être prophète en des temps si troublés.

Mais le prophète ne s'appartient pas : son âme est à Dieu et sa parole est la parole de Dieu. Aussi bien le prophète continue-t-il à morigéner Israël sans crainte, ni trêve. Pour sa mission, il néglige sa famille, sa vie matérielle. Mais la colère du roi gronde contre Jérémie, qui a osé se montrer une fois de plus porteur du message : "Le salut d'Israël est en Dieu". Sans Dieu Jérusalem sera vaincue, foulée aux pieds et l'Egypte ne pourra pas sauver la ville sainte. Le prophète est emprisonné ; osera-t-on le mettre à mort ? Plus d'un courtisan devrait se réjouir à la pensée de voir enfin réduit au silence "l'ennemi" de Jérusalem et du roi.

Mais Dieu veille sur son serviteur, car il a encore une autre mission à remplir. Ses prédictions, hélas ! se vérifient et il devra de ses yeux voir la déchéance de la ville de David, le massacre des meilleurs de ses fils, la ruine de la maison de Dieu. De ses yeux il devra pleurer, pleurer de douleur, pleurer de rage :  de douleur, devant la misère ; de rage devant l'obstination des frères qui n'ont pas voulu comprendre quand le salut eût été possible encore, Mais il est trop tard : la ville est tombée, le Temple détruit, la population massacrée impitoyablement ; ce qu'il en reste au lendemain de la débâcle est déporté en Babylonie.

Cependant, un nombre important de Judéens réussit à se réfugier en Egypte. La grandeur du prophète va se révéler à cette maison sous son véritable jour, car loin, de considérer son rôle comme terminé, il va se pencher sur la souffrance de son peuple. Tout autre que Jérémie aurait pu se retirer dans un refuge que les Babyloniens n'auraient pas manqué d'offrir A celui-là même qui s'était déclaré partisan de Babylone. Tout autre homme aurait fait remarquer qu'il avait bien prédit ce qui était arrivé, que le peuple n'avait qu'à payer ses, fautes, etc... Loin de triompher bruyamment ni d'abandonner à son sort le peuple rebelle, le prophète s'exile avec ses frères malheureux sous l'impulsion de la grande compassion qui le porte vers son peuple. Jérémie ne songe pas a sa sécurité personnelle et il ira en Egypte, dans ce pays qu'il avait tant de fois stigmatisé dans ses avertissements au peuple et à ses chefs. C'est que le prophète connaît sa mission; il l'accomplira sans qu'il paraisse lui en coûter, il l'accomplira pour l'amour de son peuple, et pour l'amour de son Dieu, qui envoie un ange aux malheureux et aux persécutés.

Telle apparaît la figure prestigieuse de Jérémie à un des moments les plus tragiques de l'histoire d'Israël ; après le censeur sévère et impitoyable, il sera le consolateur et le chef de ses frères.

L'ouvrage.

Connaissant le caractère et la personnalité de l'auteur, nous apprécierons mieux l'ouvrage. Sans doute, les Lamentations ne sont-elles que l'œuvre secondaire de Jérémie, mais nous y découvrons le prophète sous un jour nouveau. Œuvre littéraire, les Lamentations sont cependant un document humain au premier chef ; tout ce que nous savons du prophète, sa vie et ses luttes, nous permettent de voir dans ses complaintes l'écho sincère des sentiments de l'auteur.
Et maintenant voyons l'ouvrage lui-même. Une lecture superficielle donnera l'impression d'une suite de gémissements sans plan, ni lien. Sans doute y a-t-il des redites nombreuses, mais une lecture un peu attentive montrera sans peine un plan et une profession de foi pleine de majesté.

Le chapitre premier a pour thème dominant Jérusalem et sa splendeur passée, "elle qui était une souveraine parmi les nations a été rendue tributaire..." La fille de Sion a vu partir toute sa splendeur... Aux jours de misère Jérusalem se souvient de tous les biens qu'elle possédait dans les temps passés... Sa souillure est attachée aux pans de sa robe; elle ne songeait point à l'avenir. Ce qui est grave surtout, c'est que le désastre est dû non point à la supériorité des ennemis, mais à la décadence de Jérusalem, car, dit-elle, "profonde fut ma rébellion".

De ses anciens alliés et admirateurs point d'aide à espérer ; "tous ses amis l'on trahie". Jérémie songe sans doute à l'ennemie sur qui l'on avait compté, mais Sion n'y trouvera pas même la consolation de son deuil.

Le seul spectacle de la déchéance de Jérusalem suffirait à plonger le prophète dans ses tristes méditations, mais il y a davantage. Par delà les souffrances nées de la défaite, Jérémie voit avant tout les conséquences que cette débâcle entraînera sur le plan général. Ville élue pour présider au progrès des nations, Jérusalem est reléguée d un rang où elle ne pourra plus jouer le rôle éminent auquel elle était destinée. Jérémie a l'intuition de la perte que l'humanité vient d'enregistrer ; il sent que le sort du monde est affecté pur la déchéance de Sion et voilà pourquoi elle pleure, et pleure le prophète. Voilà pourquoi Israël pleure chaque fois que par sa déchéance sa mission restera inaccomplie.

Mais cette chute a une cause unique à laquelle peuvent se ramener toutes celles que l'on pourra déceler, cette cause c'est la colère de Dieu. Ce sera le leitmotiv du deuxième chapitre, qui commencera comme le précédent pur le mot echa, "hélas!"

Faut-il rappeler que la colère de Dieu est une de ces expressions purement humaines ? Lorsque l'Ecriture parle le langage des hommes, tout en sachant bien que ce sentiment ne peut se concilier avec la perfection de Dieu, nous comprenons bien que l'homme ne peut pas ne pas prêter à Dieu, ne fût-ce qu'à titre d'exemple, des sentiments que nous éprouverions nous-mêmes en pareille occurrence ; si Israël  était Dieu, il sait que sa conduite provoquerait la colère de Dieu et son châtiment.

Cependant si Jérémie évoque la colère de l'Éternel, il ne peut refouler les sanglots qui se pressent dans sa gorge au spectacle de la ruine de Jérusalem ; faisant appel au Seigneur miséricordieux, il s'écrie : " Vois, ô Eternel, et regarde qui tu as traité de la sorte ; se peut-il que des femmes dévorent le fruit de leurs entrailles... ( Que dans le sanctuaire du Seigneur soient massacrés prêtres et prophètes ?" (Lamentations 2:20).

Au chapitre III, le prophète n'a plus le courage de raisonner, sa douleur est trop forte, il se laisse aller... "Je suis l'homme qui a connu la misère sous la verge de son courroux. C'est moi qui l'ait poussé et fait marcher dans les ténèbres que ne traverse aucune lueur. Oui, contre moi il revient à la charge, et tourne sa main tout le temps. Il a consumé ma chair et ma peau, brisé mes os... (Lam. 3:1-4) En vain, je crie et appelle au secours; il ferme tout accès à ma prière" (Lam. 3:8).

Le prophète ici s'identifie avec les survivants de son peuple. Mais n'a-t-il pas également dans cette insistance à ne parler que de lui, une autre intention ? Sans doute, en effet, le prophète est-il l'instrument de Dieu ; il agit sous l'inspiration du Seigneur et presqu'aveuglément; pourtant il ne rejette pas sa part de responsabilité personnelle. Si la catastrophe est survenue, se dit-il, j'ai mal travaillé pour l'empêcher. Il se sent donc responsable dans une certaine mesure et c'est comme un reproche qu'il s'adresse à lui-même qu'il faut comprendre le début du troisième chapitre.

Mais Jérémie est parmi les survivants ; il sait le prix de cette grâce ; elle lui commande  son devoir de poursuivre sa mission  parmi les restes de son peuple. Cette mission est d'encourager et de donner consistance à l'espoir qui naît. Espoir illusoire, purement verbal. Non, car il s'appuie sur une réalité :
"C'est que les bontés de l'Eternel ne sont pas taries et que sa miséricorde n'est pas épuisée, elle se renouvelle chaque malin ; infinie est ta bienveillance... L'Eternel est bon pour ceux qui mettent leur confiance  en lui, pour l'homme qui le recherche ; c'est une bonne chose d'attendre en silence le secours l'Eternel."

Ici pourraient se terminer déjà, les Lamentations de Jérémie ; cette fin est, tout à fait conforme à  la conclusion du  livre. Mais le prophète est homme, il souffre et sa souffrance est encore très vive parmi les souffrances de son peuple tout meurtri ; le désastre est trop récent pour que des paroles d'espoir balayent définitivement les pensées de deuil et c'est pourquoi le chapitre troisième reprendra à nouveau les plaintes : "Mes yeux se répandent en torrents de larmes à cause de la catastrophe de mon peuple, mes yeux se fondent en eau sans s'arrêter, car il n'est point de répit au mal jusqu'à ce que l'Eternel regarde et voie du haut du ciel" (Lam. 3:49-50). Provoquer le regard de l'Eternel, en somme, voilà ce que désire le prophète en répandant ses lamentations ; déjà il a la certitude d'être entendu ! ! ! Tu as entendu mon appel ! ! ! Tu es venu près de moi le jour où je t'ai invoqué "et enfin tu as pris  en main la cause qui me touche ; tu sauves ma vie" (Lam. 3:1-4) Phrase significative qui exprime la tendresse du prophète : "Du moment que tu tas pris en main la cause de mon peuple, je peux vivre à nouveau."

Mais les plaintes reprennent encore et pourquoi en vouloir au prophète d'invoquer en même temps le châtiment qu'il souhaite pour les barbares ?

Le quatrième chapitre veut invoquer plus particulièrement la souffrance des victimes disparues, anéanties. Le prophète souffre des souffrances de ses frères mais qu'est-elle cette souffrance à lui auprès de qui a anéanti tant de vies humaines ? Et d'évoquer à nouveau le contraste entre le présent et le passé. Le passé brillant de la cour, des princes, des grands du passé : "Les petits enfants demandent du pain, personne ne leur en offre ; ceux qui se nourrissaient de mets exquis se meurent dans les rues ; ceux qu'on couvrait d'étoffe de pourpre se nichent dans des tas de fumier" (Lam. 4:4-5).
"Ces princes étaient plus brillants que la neige [à présent] leur peau est collée à leurs os desséchés comme du bois" (Lam. 4:7-8).
La colère de l'Eternel surtout, mais aussi la supériorité de l'ennemi a provoqué tout cela :
"Plus légers que les aigles dans les airs étaient nos persécuteurs" (Lam. 4:19).

Mais voici l'annonce de temps meilleurs; le, dernier verset du  quatrième chapitre les laisse déjà  entrevoir : " Fils de Sion, tes fautes sont expiées : il ne t'enverra plus en exil ! Fille d'Edom (c'est le persécuteur), il va châtier tes fautes, faire éclater au grand jour tes crimes !" (Lam. 4:122).

Et voici le chapitre cinquième de toutes ces souffrances, souffrance des victimes, souffrance des survivants et souffrance de Dieu : le salut se lèvera car Dieu ne peut oublier son peuple ; après l'avoir châtié, il le relèvera : " Ramènes-nous vers toi, ô Eternel ! nous voulons te revenir, renouvelle pour nous les jours d'autrefois" (Hachiveinou) Lam. 5:21).

Ce n'est pas seulement un appel vers Dieu. C'est une certitude et une certitude qui est en nous-mêmes parce que nous savons que l'Eternel renouvellera les jours d'autrefois ; dès lors que nous le voulons, de toutes nos forces, de tout notre enthousiasme. Tout dépend donc de nous, tout dépend donc de notre effort et de notre volonté pour que se lève le Salut.

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L'amour dans le châtiment
Rabbin Osias WALLACH
Extrait   L'UNITE - semaine religieuse israélite.
6 juillet 1945 - 2ème année n° 27, Lyon


"Charité et justice sont le support de ton trône" dit  l'Ecriture.

A première vue, charité et justice s'excluent. La justice est. inexorable, ses limites étant fixées. La charité, elle, va au delà de. toute limite et s'arrête là où l'amour prend fin. La charité se place en deçà de la justice, elle est plus proche de l'homme et tient compte de ses faiblesses. Elle est tout pardon. Etre infiniment juste et charitable à la fois, c'est une synthèse que seul Dieu, en face de l'homme, ne cesse de réaliser.

L'étude des textes agadiques con­cernant la destruction du Temple révèle un fait significatif : plus le châtiment éprouvé est douloureux et humiliant, plus on trouvera au fond de ce châtiment même des indices d'amour et de charité divine. Le Midrasch ne va-t-il pas jusqu'à l'affirmation paradoxale que le 9 Ab, jour de la destruction du Temple, fut pour nos ancêtres et reste pour nous-mêmes un jour de joie ?"

"Cantique d'Assaf,  ô Dieu, des païens sont venus dans  ton héritage..."  (Psaume 79). Le Midrasch intervient : est-ce un cantique ? Ne serait-il point plus juste de dire : "Elégie d'Assaf" ? Puisque les païens  ont pénétré  dans le sanctuaire. En voici l'interprétation :  
"Oui, c'est un cantique. Par la destruction du Temple. Israël obtint l'absolution pour ses péchés. Car Dieu, au lieu de déverser sa colère sur les hommes qui avaient commis le mal, la déversa sur des pierres".

Ce Midrasch nous montre à quel point nos Maîtres étaient convaincus que jamais l'amour de Dieu ne faillit, même en face de nos péchés. Rabbi Méir n'a-t-il pas proclamé : quelle que soit notre conduite, nous sommes les fils de l'Eternel. Et jusque dans le châtiment le plus cruel qui ait frappé Israël, nos Maîtres encore décelèrent la charité divine.

D'autres textes nous décrivent Dieu, au moment de la destruction du Temple, comme un père affligé du sort qui frappe son fils. Dieu déconcerté presque de l'action terrible qu'il vient de déclencher, demande conseil aux anges comment exprimer son deuil. Il pleure sur le sort  d'Israël . Il pleure, à la stupéfaction des anges. A notre grande, incompréhension. Il dit aux anges de réveiller les patriarches de leurs tombeaux, d'arracher Moise à son sommeil, afin qu'ils prient., qu'ils pleurent, eux aussi, sur la grande calamité qui s'abat. sur Israël. Et, voyant le Temple en flammes et l'indicible. souffrance des survivants, il jure de démolir le monde entier.

Comme si cc n'était pas Dieu l'auteur de cette souffrance. Comme si tout n'était pas voulu et décidé   par Lui depuis bien longtemps déjà. Un autre Midrasch nous raconte la réaction divine en face des larmes versées par les anges :
"Ne pleurez pas, leur dit-il, descendez plutôt et aidez-les A porter leurs far­deaux."
 Il est inutile d'amonceler des textes. Les quelques lignes que nous venons de citer montrent avec une clarté saisissante que nos Maîtres étaient presque incapables de concevoir un Dieu dont la justice serait implacable. L'Agada dénommée par certain "consolation" s'appliquait à faire ressortir devant le peuple éprouvé par le sort, ces inépuisables ressources d'amour que Dieu, en dépit de tout, nous réserve encore.

Il s'agissait de prouver avant tout que cette grande rupture provoquée par la destruction du Temple n'était que passagère, que Dieu était obligé d'agir ainsi, de brûler sa propre maison, obligé en vertu du principe de justice qui régit le monde, mais que lui-même souffre chaque fois qu'il applique la justice aux hommes, chaque fois qu'inexorable il les frappe.
Noé maîtres n'ont pas reculé devant l'absurdité pour donner libre cours à leurs sentiments.
N'oublions pas qu'après la chute de Béthar et le terrible désastre de Bar Kohba, la grande masse de la population juive était prostrée, abandonnée au désespoir. Il fallait relever le courage, redresser les âmes. Il fallait cette conviction profonde que Dieu même dans son abandon ne nous abandonne pas, même dans son châtiment, nous garde toute sa sollicitude, tout son amour. Lui-même souffre de nos souffrances, lui-même est au fond de notre misère.

"Depuis la destruction du Temple, dit l'Eternel à la fin des jours, au messie accablé de souffrance, je ne me suis pas encore assis sur mon trône."
Est-il meilleure consolation pour un homme que de savoir Dieu participer à sa douleur ? Y a-t-il gage plus sûr que la guérison viendra, que le remède est prêt ?
Puisque Dieu lui-même a brûlé son Temple, il le reconstruira. Puisque Dieu lui-même ne trouve de repos, de demeure dans ce monde du fait de la destruction du Temple, n'est-ce pas la certitude déjà qu'un jour cc Temple sera rebâti, et qu'alors nos souffrances prendront fin ?

Au moment où l'ennemi ligota les mains aux malheureux exilés d'Is­raël, nous dit un Midrasch, Dieu, lui aussi mit sa main droite en arrière que, depuis, il n'a pas retirée encore. Nos Maîtres étaient conscients que la grande détresse d'Israël devait fatalement avoir des répercussions métaphysiques sur la nature divine, et surtout sur sa manifestation dans ce monde. Mais encore, par tous les moyens, ils s'appliquaient a mettre en évidence que notre misère était intimement liée à celle de Dieu. C'était garder plus que de l'espoir. C'était posséder une magnifique certitude.

Si Dieu n'est que justice, comment oserions-nous espérer ? Mais si Dieu nous aime, s'il aime son pays et sa maison, notre réhabilitation est certaine.

Or, Dieu aime non seulement Israël, mais encore sa maison, fut-elle souillée par les péchés. Au moment de quitter le Temple, nous raconte un Midrasch, Dieu vient prendra congé de ses murs. Il les embrasse, comme avant un long voyage...

Vers la page du rabbin Osias WALLACH


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