La synagogue de Brumath
ou l'odyssée d'une construction
par Charles MULLER
Extrait du Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Brumath, n°18, décembre, 1991

Le Temple actuel
Extérieur de la synagogue
La synagogue de Brumath se cache au fond d'une cour bordée d'arbres.
Les constructeurs avaient-ils pour souci de ne point choquer ?
L'édifice est sobre, il est beau, il reflète cette architecture inspirée d'une saine tradition classique qui marque l'ensemble des édifices publics brumathois construits dans la première moitié du 19ème siècle.
On accède au sanctuaire, qui a 22 m de long et 18 m 80 de large, par un porche occidental couvert par une toiture en zinc soutenue par une rangée de colonnes d'ordre dorique. Au centre du porche une grande porte permettait l'accès aux hommes. Elle est flanquée de deux petites portes. L'une était utilisée par les hommes pour la sortie, l'autre était réservée aux femmes.

L'origine d'une communauté

Aucun document ancien ne permet de situer la première apparition des Juifs à Brumath. Il semblerait qu'en octobre 1590 il y avait ici 178 bourgeois et un Juif dénommé "Süss-kind". Le terrier précis, dressé en 1672, fait mention d'une "Judengasse" alors que d'après A.Kocher un remembrement de 1684 ne fait état que de quatre Juifs. A partir du 18ème siècle les chiffres deviennent plus objectifs. Toujours est-il que des florissantes communautés médiévales l'on ne trouve guère de traces réelles dans l'histoire de Brumath et pourtant dans le comté de Hanau-Lichtenberg l'existence des Juifs était moins précaire. Ils étaient abrités, à condition de payer annuellement une taxe de protection (Schirmgeld).

Il faut attendre les traités de Westphalie et le rattachement de l'Alsace à la France pour qu'une relative normalisation de la condition juive permette aux communautés de se reconstituer. Le roi de France pratiquait ce que l'on pourrait appeler une "Realpolitik". Il avait besoin, ainsi que le comte local, de chevaux, de fourrage et de tout ce qui était nécessaire à une armée. Les Juifs étaient les pourvoyeurs de l'ensemble de ces besoins et bénéficiaient ainsi de certaines indulgences. Ils avaient, entre autres, obtenu l'autorisation de prier en commun, à condition que tout se passe discrètement. Le culte public était interdit, mais le culte privé toléré.

Le livre de comptes du bailliage, dont Brumath était le chef-lieu, mentionne en 1759 différents droits payés par les Israélites dont, entre autres, 12 + 3 florins pour une autorisation de célébrer des offices dans une maison de prière (Juden Verschulzins). Certains auteurs affirment que cette maison de prière se situait à l'emplacement de l'actuelle synagogue ; l'hypothèse est plausible, mais elle reste à démontrer.

La Révolution
A la fin de 1787, un édit accorde l'état civil aux Protestants et Malesherbes est chargé par Louis XVI d'étudier la situation des Juifs. L'affaire est restée sans suite et la question n'a vraiment été posée dans toute son ampleur que lors de la discussion de la Déclaration des Droits de l'Homme. En décembre 1789, Clermont-Tonnerre (Stanislas Marie Adélaïde, comte de . . . ancien député de la Noblesse et qui avait appuyé la suppression des privilèges) déclare à l'Assemblée Nationale : "Il faut tout refuser aux Juifs comme nation, il faut tout leur accorder comme individu ; il faut qu'ils ne fassent dans l'Etat ni un corps politique, ni un ordre, il faut qu'ils soient individuellement citoyen".
Ce débat allait durer deux ans.

L'Emancipation n'a finalement été réalisée qu'en dernière minute, le 27 septembre 1791, lors des derniers jours de la Constituante. Les Juifs étaient désormais des citoyens à condition de renoncer à leur statut communautaire. L'ancienne "nation" juive devenait un groupe religieux parmi d'autres et les Juifs des "Français israélites", comme en 1789 les Huguenots étaient devenus des "Français protestants".

Hélas, la Terreur allait remettre en cause la liberté de conscience et il a fallu attendre Thermidor pour ramener le calme et un retour à la liberté de tous les cultes (février 1795).

Pour les Juifs la confusion persiste.
A Brumath neuf Juifs profitent de cette confusion et en 1808 construisent à l'emplacement de l'actuel temple une synagogue. L'édifice a été réalisé en pans de bois de sapin et offrait une superficie intérieure de 77,4 m2 laquelle était occupée par les hommes. Une tribune d'une superficie de 28,5 m2 recevait les femmes. D'après la disposition des bancs, 45 à 50 hommes y trouvaient de la place alors que la tribune n'offrait que 26 places aux femmes.
Un certificat de non solvabilité, signé par le Maire Brosuis de Brumath le 23 avril 1816, atteste :
Moïse Kraemer avait rempli pendant une quarantaine d'années les fonctions de chantre dans la synagogue du dit lieu et qu'il venait d'être remplacé dans les dites fonctions ...
L'ancienne maison de prière que remplace la synagogue de 1801, avait donc déjà évolué vers une fonction qui se rapprochait de celle d'un temple.

L'Empire

La synagogue vue de face
L'histoire fait apparaître que Napoléon rie savait pas grand chose des Juifs, par contre il ne les aimait guère. En bon voltairien il détestait l'usure et méprisait le judaïsme. En partant de l'hypothèse que les Juifs formaient moins une religion qu'un peuple particulier, il ne s'était pas intéressé à la réorganisation du culte hébraïque au lendemain du Concordat et des Articles organiques. Pourtant Portalis lui avait soumis un projet calqué sur le modèle protestant, le Premier Consul l'avait jugé insuffisant.

Plus tard, inspiré par l'intérêt et la raison d'Etat, l'Empereur a su surmonter ses préventions et user de plus de tolérance.Suite à de nombreuses consultations et une réunion du Sanhédrîn (présidé par un rabbin alsacien David Sintzheim), le ministre des Cultes, le ministre de l'Intérieur et le Conseil d'Etat avaient fait adopter le 17 mars 1808 trois décrets spécifiques pour parfaire l'Emancipation.

La principale conséquence des décrets napoléoniens avait été la mise en place des Consistoires : le Consistoire central en novembre 1808 et les Consistoires départementaux en novembre 1809. (Paris, Strasbourg, Wintzenheim, Metz, Nancy, Bordeaux et Marseille).

Le judaïsme français recevait, pour la première fois, une organisation centralisée et commençait à être considéré. Mais, par la suspicion dans laquelle l'Empereur tenait les Juifs et par les lois d'exceptions qu'il avait promulguées, leur situation économique avait terriblement périclité. La chute de l'Empire ramène un relatif calme et la non-reconduction, sous la Restauration, du "décret infâme" contribue à une amélioration de la situation sociale et à l'épanouissement des communautés.

Un peu partout les anciens lieux de prière devenaient exigus et peu adaptés ; on allait mettre en chantier de nouvelles synagogues.
La communauté brumathoise n'allait point échapper à la règle.

Vers la construction

Le 11 juillet 1934, la Communauté Israélite de Brumath, en la personne du Commissaire surveillant du Temple Monsieur Théodore Cerf et au nom des membres de la Commission administrative du dit culte, adresse une pétition au Préfet du Bas-Rhin, M. Choppin d'Arnouville. Le document fait le constat du très mauvais état de la synagogue de l'époque, de l'insuffisance du bâtiment à contenir la communauté et de la nécessité d'une nouvelle construction. Les exposants supplient le Préfet de vouloir leur permettre la construction d'un nouveau temple aux frais de la commune et que dans ce cas les dépenses peuvent être estimées entre vingt quatre et trente mille francs. Cette somme devrait être inscrite au budget de la caisse communale des années 1836, 1837 et 1838. Le 22 juillet, le Préfet transmet pour avis la pétition au Maire de Brumath, M. Jean Daniel Christ et le 10 août le Conseil municipal est appelé à en délibérer.

Le Conseil municipal, vu la demande nommée ci-dessus et le renvoi en marge d'icelle par lequel M. le Conseiller d'Etat, Préfet du Département demande l'avis du Conseil ... considère ...
1) qu'il n'y a pas trente ans que la synagogue existante a été bâtie à neuf et qu'elle n'est point dans un état qui justifie sa démolition
2) que la commune ne pourra sans compromettre gravement l'équilibre de son budget subvenir aux frais d'une nouvelle construction, mais seulement lorsque l'état des finances le leur permettra accorder un secours pour la construction d'icelle
3) que très prochainement la Commune devra encore honorer une partie des fonds nécessaires engagés pour la construction de l'église catholique.
Pour ces motifs le Conseil municipal déclare être d'avis qu'il n'y a pas lieu d'accorder pour le moment la demande de la Commission administrative du culte israélite de cette commune ...

L'affaire est enterrée pour quatre ans.
Le 6 septembre 1838 M. Cerf, surveillant de la synagogue de Brumath, adresse au nom de toute la communauté brumathoise une longue lettre au nouveau Préfet Monsieur Sers. A Brumath le Maire Jean Daniel Hoechstetter remplace depuis un an M. Christ.
Dans son manuscrit M. Cerf rappelle ses démarches précédentes et insiste sur l'urgence du remplacement de l'actuel lieu de culte.

La synagogue menace de tomber en ruines. Lors des offices plus de la moitié des fidèles doivent rester à l'extérieur et ceux qui trouvent accès à l'intérieur risquent d'être ensevelis sous un bâtiment qui peut s'effondrer incessamment ... Le 10 août 1834 le Conseil municipal avait promis une aide ultérieure ...
Le 16 octobre 1837 le Conseil municipal délibère à propos d'une pétition que vient de lui transmettre le Préfet Sers :
... la construction de l'église catholique déjà très avancée et diverses autres dépenses de la dernière urgence, absorbent pour quelques années encore la totalité des fonds dont la commune dispose.
Cette seconde délibération est encore moins favorable que la première
.... nous sommes donc condamnés, nous les Israélites, à ne rentrer qu'un tiers de nos fidèles dans le temple à défaut de place, et l'autre partie qui y entre est condamnée à se faire ensevelir sous les ruines.
Sous l'actuel gouvernement une telle attitude étonne :
Depuis 1830 toutes les religions sont égales devant la loi, devant la justice, devant les administrations, le gouvernement ne voit que des Français. Or toutes les religions ont le même droit, pourquoi les Israélites ne sont-ils pas admis aux privilèges dont bénéficient les autres religions.
Nous ne critiquons pas la construction de l'église catholique. Nous applaudissons chaque fois qu'une maison est élevée pour y adorer l'être suprême et pour ce même motif nous demandons également que notre temple soit bâti à neuf... cela fait maintenant quarante ans que l'actuelle synagogue existe et elle a été mal construite, sans moyens, à une époque où la France était entièrement occupée par ses gloires militaires et ses conquètes ... huit à neuf coreligionnaires habitants de Brumath avaient élevé à leurs frais cette maison de recueillement. II y avait alors quarante à cinquante âmes, aujourd'hui il y en a trois cent cinquante pour lesquelles il y a trente six places pour les hommes et une vingtaine pour les femmes ...
Daignez, Monsieur le Préfet, jeter un coup d'oeil sur la population de Brumath des différents cultes et vous observerez que nous en formons une grande partie, daignez encore jeter un coup d'oeil sur les constructions et vous observerez encore que nous en payons une grande partie. Que peut-on nous reprocher ... Si le Conseil vraiment n'a pas de fonds immédiatement, qu'il nous alloue un crédit pour plus tard, nous emprunterons pour faire face à l'immédiat ...
... Monsieur le Préfet nous sommes français et nous sommes prêts à faire tous les sacrifices que le gouvernement nous demandera mais si le gouvernement et tous les hommes éclairés font des efforts pour l'Emancipation des Israélites, si tous les jours on fait des sacrifices pour les mettre au niveau des autres citoyens, toutes les peines, tous les sacrifices seraient perdus, si on les décougeait en les repoussant lorsqu'il demandent une chose juste qu'on accorderait aux autres cultes. Par un pareil refus ils se croiraient encore condamnés à vivre dans l'obscurité et au lieu de marcher en avant dans la considération ils reculeraient.
Une expertise convaincante

Au reçu de cette lettre de Cerf, le Préfet avait dû autoriser une expertise. En effet le 18 août 1838 l'Agent-Voyer Inspecteur Samain adresse un rapport à la préfecture :

Le bâtiment actuel qui a été construit en 1801 ... se trouve en très mauvais état. Une grande partie du plafond est déjà tombée et le reste menace ruine d'un jour à l'autre. Les semelles des pans de bois, les têtes des solives et des chevrons des combles sont presque toutes pourries ainsi que beauoup d'autres pièces en bois ...
... L'emplacement est peu propice à une reconstruction ... l'édifice actuel est enclavé de tout côtés par des propriétés particulières et qu'on se verrait dans tous les cas forcé de faire des acquisitions. La nécessité de cette reconstruction est incontestable et les Israélites de Brumath sont prêts à s'imposer de grands sacrifices pour cet objet ...

Cette expertise peut être considérée comme un élément essentiel dans le processus qu'avait engagé la Communauté pour aboutir à une construction nouvelle. Le Préfet en personne ira visiter les lieux début décembre 1838 et le 12 du même mois adresse au maire Hoechstetter un courrier plutôt autoritaire.

Veuillez vous occuper activement de cette affaire, il serait peu convenable de laisser les nombreux habitants israélites de votre commune, sous le rapport du culte, dans la position pénible où ils se trouvent à présent.
Le bras de fer de la commune

Le 18 décembre, presque au recevoir de la lettre du Préfet, le Conseil municipal de Brumath est convoqué en séance extraordinaire. Désormais les affaires ne traînent plus.

Avant de délibérer, le Conseil se permet quelques observations et mises au point. Soi-disant les pétitionnaires, pour démontrer la nécessité de la reconstruction, allèguent d'une part la ruine de l'actuel bâtiment construit il y a à peine une trentaine d'années (37 en réalité) et d'autre part le manque de place pour y loger l'ensemble de la communauté. Pour augmenter d'une manière frappante la quantité des fidèles ils ont su faire établir dans la commune un nombre considérable de leurs coreligionnaires d'autres communes dont la plupart, s'ils ne sont pas à la charge de la commune, n'y sont d'aucune utilité, attendu qu'il ne vivent que de trafic et ne veulent entreprendre aucune industrie au profit de la société.

Le Conseil affirme que la commune ne se sent nullement tenue de subvenir aux frais de construction d'une synagogue et si elle acceptait cette démarche, Brumath ferait exception puisque dans les autres communes, les communautés juives avaient seules pris en charge la construction de leurs temples. Par cette déclaration le Conseil ne veut pas pour autant fonder un refus, mais il ne peut hélas consentir aucune aide au regard du budget actuel.

Vu les dépenses urgentes :
- Acquisition d'un terrain pour la construction d'une maison d'école protestante, dont les démarches sont déjà engagées (40 000 frs)
- Un nouveau pont près du corps de garde et une prison devront être construis l'année prochaine (15 000 frs)
- Réparation des nombreux ponts et des lavoirs (10 000 frs).

Une copie du compte rendu de cette session est envoyée au Préfet et par cet acte le Conseil municipal affirme son obstination à ne vouloir ou ne pouvoir attribuer une aide pour la construction d'une nouvelle synagogue.

La communauté juive ne se décourage pas pour autant et le Préfet momentanément feint d'ignorer la position de la commune. Le 6 mars 1839 il charge M. Klotz, l'architecte du département, à se mettre en relation avec M. Cerf pour démarrer avec lui une étude pour une reconstruction du sanctuaire de Brumath. Dans ce mandement il explique à Klotz que les Juifs de Brumath tenaient à faire superviser leur projet par un architecte de l'administration puisqu'ils appellent au soutien de la commune de Brumath. En réalité il est fort probable que cette affirmation du Préfet fait partie de sa panoplie de moyens de pression sur Brumath. Depuis l'affaire Mendelssohn en Allemagne et au regard du grand nombre de synagogues qui se construisent en cette époque en France, le Consistoire israélite central avait demandé au Ministère des Cultes d'imposer un architecte départemental pour chaque construction de sanctuaire. Une telle démarche devait éviter le non respect des traditions cultuelles établies.

Par ailleurs le Préfet ne cesse d'essayer de forcer la main à la commune, le 8 mars 1840 il envoie une lettre au maire de Brumath pour lui expliquer la nécessité de construire une nouvelle synagogue et incite fortement le Conseil municipal à prendre une décision pour une participation de 10 000 frs dans cette opération. Dans le cas d'un refus le Préfet se verrait dans l'obligation d'intervenir d'autorité pour obliger l'ouverture d'un budget d'office.

A Brumath on attendra le 9 mai pour convoquer un Conseil, qui pas plus que les autres n'a l'intention de prendre au sérieux la menace du Préfet ; pour toute réponse, ce Conseil accorde aux Israélites un secours de 1 500 frs pour réparation de la synagogue existante.

Les deux partis continuent à s'affronter, le 6 juillet 1841 le Conseil municipal avait porté son secours à 3 000 frs et le 29 avril à 5 000 frs, mais toujours pour une reconstruction et non pas pour une construction neuve. La manoeuvre brumathoise est subtile. En effet le Préfet pouvait obliger un budget exceptionnel pour une reconstruction ou réparation d'un bâtiment public, mais non pour une nouvelle construction. D'ailleurs le Préfet commence à montrer des faiblesses et à avoir des doutes, en mai 1843 il envoie un rapport au ministère de l'Intérieur et demande des instructions sur la façon d'interpréter la loi du 18 juillet 1834 (obligations des communes).

A Brumath la Communauté persiste dans son opiniâtreté

Pendant que le Préfet essaye par tous les moyens d'obtenir un soutien de la Commune, les Israélites de Brumath élaborent leur projet de construction de la nouvelle synagogue en traitant directement avec M. Klotz, l'architecte départemental. Le 15 février 1840 l'architecte Zegewitz, qui sera le maître d'oeuvre, avait déposé un avant-propjet. La nouvelle synagogue reviendrait à 40 000 frs. Le Préfet avait transmis ce dossier à Klotz.

Le 21 octobre 1842 M. Cerf envoie un courrier à la Préfecture. Il fait le point sur les fonds disponibles : la Communauté dispose de 8 000 frs comptant et de 12 000 frs de créances payables en trois années de termes ; avec les 5 000 frs de soutien de la Commune, les crédits disponibles sont loin de satisfaire le budget prévisionnel. Cerf pourtant insiste, il faut démarrer les travaux. Il demande à Sers qui, d'entre la Commune ou la Communauté, doit lancer l'adjudication.

Le message a été entendu.
Le Préfet transmet une copie de cette correspondance au Consistoire départemental, informe ce dernier d'avoir transmis un dossier à Klotz, insiste sur la nécessité d'adjuger les travaux avant l'hiver et leur demande leur avis sur le choix de l'autorité d'adjudication.

Le 12 janvier 1843, Klotz retourne au Préfet un projet revu et corrigé. Il explique :

suite à l'acquisition de nouveaux terrains, la surface du temple d'une part a pu être augmentée (de 249,2 m2 à 300 m2), et d'autre part un nouveau tracé permettra de diminuer le coût global de 2 000 frs et ramène ainsi le budget à 38 000 frs. Monsieur le Grand Rabbin et Messieurs les membres du Consistoire départemental avaient confirmé par ailleurs (à Klotz) que la Communauté israélite de Brumath, par de nouveaux sacrifices et de nouvelles cotisations, était en mesure de faire face à ces dépenses. Mais que de toute façon, en rognant sur les stalles, les bancs et la décoration interne le projet pourrait être limité à 30 000 frs, tel que cela avait été prévu par la Préfecture.

Le 11 février 1843 le Consistoire départemental nomme une commission pour la construction de la synagogue de Brumath avec pour budget prévisionnel 37 000 frs (depuis le début de l'année un nouveau rabais de 1 000 frs venait d'être concédé). Les membres de cette commission sont : Messieurs Théodore Cerf, commissaire surveillant, Martin Mock, Abraham Weil, Jacques Gutscho le jeune, Mathias Weil et Joseph Bombet.

A cette date les fonds disponibles sont les suivants : 8 000 frs d'argent comptant, 12 000 frs de créances payables en trois termes, 10 000 frs de soutien de la Commune de Brumath qui persiste toujours encore à ne débloquer que 5 000 frs de soutien pour réparation. De toute façon il manque 7 000 frs. Sous condition que les travaux seront exécutés conformément au projet dressé par M. Zegewitz, cette dernière somme a été garantie par une obligation formelle et individuelle contractée par les six membres de la Commission.

Un plan de financement difficile à élaborer

Le 17 mars 1843 Sers envoie un courrier au maire de Brumath.

A plusieurs reprises la Commune de Brumath a été appelée à concourir avec la Communauté israélite aux frais de construction de la synagogue.
Refusant d'abord, vous avez successivement porté des offres à 1 500 frs ; 3 000 puis 5 000 frs. Ce dernier crédit qui a été alloué par délibération en séance du 21 novembre 1841 n'est pas encore suffisant.
Les travaux sont estimés à 37 000 frs (36 281,91 frs) la Communauté israélite s'engage à fournir 27 000 frs. Les 10 000 frs restant doivent demeurer en charge de la commune qui ne peut se soustraire à cette dépense obligatoire.
J'ai approuvé aujourd'hui le projet de construction.
J'ouvrirai d'office, s'il est nécessaire un budget de la Commune pour complément de crédit pour solder les travaux.
Veuillez faire délibérer une dernière fois le Conseil.

Ce même jour le Préfet informe le Consistoire départemental de son approbation du projet, mais omet curieusement de parler de la subvention de la caisse communale. Il informe également Klotz de son approbation et des conclusions positives de la Commission des travaux mais qui regrette toutefois la réserve du Conseil municipal de Brumath.

Le 24 avril 1843 le maire de Brumath annonce au Préfet qu'il n'a pas pu faire changer les délibérations du Conseil pour augmenter la somme de 5 000 frs. Plusieurs Israélites ont dit à plusieurs Conseillers qu'on finira par forcer le Conseil municipal à voter selon leur demande.

Le 13 mai 1843 le Consistoire départemental retourne le cahier des charges au Préfet. Le document ne détermine pas la subvention de 10 000 frs à fournir par la Commune, ce qui oblige à ajourner le visa jusqu'à la réparation de cette omission.

Le 24 mai, dans un courrier au Consistoire, le Préfet fait des réserves quant à la possibilité d'élever d'office le contingent de la Commune. Il faudrait, dit-il, prouver à celle-ci que la construction projetée n'excède pas les besoins de la population israélite. Or l'édifice offrira 418 places ; il y avait 390 de demandées initialement, et le tableau de recensement officiel ne fait apparaître que 320 Israélites à Brumath (76 garçons, 64 mariés, 6 veufs, 98 filles, 64 mariées, 12 veuves). Dès lors, en vue du recours réservé par les délibérations du 17 mars, il y aurait lieu de réduire les dimensions de l'édifice afin que la dépense soit ramenée aux chiffres des ressources assurées.

En 1875 il y aura presque 500 âmes, Cerf avait-il prévu cet accroissement ? Toujours est-il que sa patience est à bout et le 20 juillet 1843 il signera un document dans lequel il s'engage ... dans le cas où la dépense des travaux de construction d'une synagogue à Brumath excéderait la somme de trente deux mille francs, dont vingt sept mille francs à pourvoir par la Communauté israélite et cinq mille francs par la Commune, à payer le surplus de la dépense ...

Le Consistoire désormais avalise le projet.

Au vu de ces engagements, le Préfet par courrier du 26 juillet 1843 invite le maire de Brumath à mettre Ies travaux en adjudication.
Au 1er septembre, jour fixé pour l'adjudication, aucune offre n'avait été faite. Même en l'absence de preuves, il est permis d'imaginer la satisfaction des conseillers municipaux brumathois.
Le 6 septembre Cerf au nom de la Commission de construction demande au Préfet de prendre en charge l'adjudication et pour rendre l'offre plus alléchante, la Commission propose un plan de financement avec des termes plus rapprochés.
Le 18 décembre 1843 les travaux de construction de la synagogue de Brumath sont adjugés à M. Schmitt Jean, entrepreneur à Oberbronn. Il avait été le seul à avoir déposé un dossier. L'acte est cosigné par l'adjoint au maire de Brumath M. Wolfhügel Daniel en présence de M. Weinberger, conseiller et M. Spitz, receveur municipal, il est cautionné par l'architecte Zegewitz et approuvé par le Préfet.
Le 10 janvier 1844 le Sieur Schmitt avait présenté pour caution le Sieur Stahl Louis Chrétien qui, pour garantie, avait hypothéqué une maison d'habitation située au 18 rue du Marais-vert à Strasbourg.
Avec un minimum de rabais fixé à zéro, le montant de la soumission s'élève à 36 281,91 frs. Mais à la demande de la commission de construction, l'architecte Zegewitz avait fait des modifications au projet qui en reporteront le chiffre à 40 000 frs.
Le Préfet avait approuvé ces modifications.

Début 1844 (27 février) Cerf présente une demande tendant à obtenir un secours du Gouvernement. Il insiste, car sur une somme de 40 000 frs la Communauté n'a obtenu qu'une subvention communale de 5 000 frs et 18 000 frs restent à sa propre charge.
L'affaire est instruite par le Préfet et adressée au Ministère des Cultes le 10 avril 1844, mais elle est restée sans suite.

Le calvaire financier de 1' entrepreneur

Le 29 mars 1844 M. Spitz (receveur municipal) rend compte au Préfet que M. Schmitt, entrepreneur, vient de présenter deux certificats de premier acompte de payement dûment mandatés par le maire. Le premier d'une valeur de 4 000 frs est relatif à la maison communale et le deuxième de 1 900 frs concerne la synagogue. Alors qu'il n'y a aucun problème pour honorer le premier, Spitz ne peut payer le second malgré les 8 800 frs déposés à sa caisse par la Communauté israélite depuis mai 1843, attendu que le Conseil municipal n'a pas voté de crédit à cet effet pour 1844.

En réponse à ce courrier le Préfet invite le maire à faire voter par le Conseil municipal un crédit égal à la somme versée par les Israélites dans la caisse communale.
En séance du 8 avril le Conseil municipal, en prétextant la non-ingérance dans la construction de la synagogue, refuse de voter le crédit.
Le 14 juin le Préfet prend en Conseil de Préfecture un arrêté qui ouvre le crédit d'office. Schmitt sera payé.

L'exécution de cet arrêté soulève une autre difficulté : en guise de frais de gestion, la Commune exige une participation de la Communauté. La commission de construction refuse et dès l'épuisement des 8 800 frs, la Communauté israélite ne versera plus ses contingents à la caisse municipale, mais elle les délivre directement à l'entrepreur. Elle modifie ainsi les dispositions du projet.

Parallèlement à ces avatars administratifs et financiers viennent se rajouter des problèmes techniques. Les fondations de 1,2 m de large et de 0,9 m de profondeur, dont le dessous devait se trouver à 1,2 m du niveau du sol de la rue, devaient être réalisées en moellons et mortiers hydrauliques. Ce mode d'exécution exigeait obligatoirement un terrain de résistance convenable et non rapporté. L'emplacement de la construction était entièrement rapporté et le sol de sable graveleux se trouvait à une profondeur de 3,2 m.

Afin de ne pas trop augmenter la dépense par des fouilles trop volumineuses, l'architecte Klotz avait proposé d'utiliser du béton. Cette nouvelle technique permettait, d'après lui, de répartirle poids d'une manière plus uniforme. Il n'empêche que cela avait entraîné un surplus de coût de 399,17 frs.
La construction pourtant s'était achevée le 1er décembre 1845 et le 6 mars, l'office y était célébré pour la première fois.

L'inévitable affrontement

Fin 1848, Schmitt adresse une plainte au Préfet. Depuis la fin des travaux, non seulement on oublie de le payer, mais depuis presque trois ans la Communauté israélite de Brumath retient le métrage de réception dressé par l'architecte. Ce document est indispensable à l'entrepreneur pour faire valoir ses droits devant l'autorité compétente.

A cette époque la communauté doit à l'entrepreneur 15.786,57 frs. Schmitt demande au Préfet l'autorisation d'entamer des poursuites envers la Communauté et envers Théodore Cerf qui s'était engagé à faire face à toute dépense supérieure à 32 000 frs.

Le Préfet demande un rapport à l'architecte Moron qui vient de remplacer Segewitz.

... le 18 décembre 1843 le coût de la construction était fixé à 36.281,91 frs En réalité suite à des travaux supplémentaires autorisés par le Préfet le coût réel était de 42.312,57 frs.
La réception des travaux avait eu lieu le 1er décembre 1845 et la Communauté est depuis cette époque en possession de l'édifice. Le cahier des charges prévoyait un paiement de 15.000 frs pendant les travaux et le solde en trois termes égaux d'année en année avec le premier terme exigible sans intérêt un an après la réception des travaux.
... Schmitt présente une note de 19.273,22 frs à devoir dans laquelle il y a 3.486,65 frs d'intérêt.
... tout cela est régulier et la Communauté doit être mise en demeure.

Le 22 novembre 1848 le Préfet demande au Consistoire départemental de faire pression sur la Communauté de Brumath pour solder l'affaire.

Début 1849 le Préfet Sers est remplacé par Renaulgou qui lui-même est remplacé par Chanal au courant de l'année. En 1850 West prend la fonction. C'est ce dernier qui, le 9 juillet 1851, relance le dossier de la synagogue de Brumath auprès du Consistoire départemental. Il lui rappelle le courrier de son prédécesseur du 22 novembre 1849.
Schmitt n'a toujours pas récupéré le métrage de réception de 1845, pas plus d'ailleurs qu'une quelconque avance sur la somme qui lui est encore due.

La lecture des différents courriers échangés entre le Préfet, le Consistoire et la Commission Administrative de la synagogue de Brumath permet de se faire une idée de l'épineuse situation dans laquelle se trouvent les Juifs de Brumath à cette époque.
La Communauté apparaît comme pauvre, elle abrite des coréligionnaires indigents. La synagogue est administrée par une nouvelle Commission : Messieurs Blum, Loew, Marx, Meyer, Moch et Weill. Seul Mathias Weill avait appartenu à la Commission qui avait lancé la construction ; il n'était d'ailleurs pas très actif à l'époque. La nouvelle Commission déclare, Théodore Cerf, seul responsable du dépassement du budget de la construction. C'est en effet lui qui en 1845 avait signé une reconnaissance de dette, mais il décède le 16 mai 1852, ne laissant aucun héritage. Il n'avait d'ailleurs aucun pouvoir de la Communauté. Cette dernière n'engage sa responsabilité que sur les 27.000 frs sur lesquels il reste 4.200 frs à payer. En réalité cette responsabilité n'a aucune valeur juridique, car la Communauté ne constitue pas une personne morale. Seule la Commission administrative peut prétendre à ce titre, mais son patrimoine est regroupé dans ce que l'on appelle la fabrique. Cette dernière était complètement démunie de ressources. La Communauté israélite de Gundershofen doit bien à la Commission administrative de Brumath 1.300 frs mais la lettre de créance a été détruite lors des émeutes de février 1848. Les deux communautés ont amené l'affaire en justice.

Acculée, depuis la réception des travaux, sans pour autant mettre en cause les mises en demeure de Schmitt, la nouvelle Commission refuse de signer le métrage de réception pour ne point, par cet acte, s'engager dans une quelconque responsabilité.
Après différentes mises en demeure lancées par le Préfet auprès de la Commission administrative de Brumath et auprès du Consistoire départemental, l'affaire sera examinée en Conseil de Préfecture.

Schmitt n'est pas au bout de ses peines.

Intérieur de la synagogue
L'entrepreneur Jean Schmitt avait confié la défense de ses intérêts à Maître Eugène Hervé, Docteur en droit et avoué, successeur de Maître E. Morny, 20 rue de la Nuée Bleue à Strasbourg. C'est à travers le courrier de ce cabinet que désormais nous allons suivre le dossier.

Par un arrêté du 18 novembre 1852, le Conseil de Préfecture condamne la Commission administrative de la Synagogue de Bruumath agissant au nom de la Communauté israélite, en vertu de la délégation du Consistoire du Bas-Rhin, à payer à l'entrepreneur Schmitt, pour solde des travaux constatés par le métrage de réception, en capital et intérêts, la somme de 17.405,50 frs. Il résulte des motifs sur lesquels se fonde le dit arrêté que Schmitt était en droit de réclamer le prix de travaux supplémentaires ayant fait l'objet d'une réception spéciale et se montant à 3.891,06 frs. Cet article était annexé au dossier qu'avait à examiner le Conseil de Préfecture. Il avait été reconnu comme formel et avait été accordé, mais il s'est avéré qu'en préparant le dossier, le greffier du contentieux avait omis de présenter l'article.

Le cabinet Hervé présentera une nouvelle requête au Préfet le 5 février1853.
En date du 17 mars 1853, cette requête est examinée en Conseil de Préfecture qui condamne, de la même façon que le 18 novembre 1852, la même Commission à payer la somme de 3.891,09 frs pour travaux supplémentaires, en outre des 17,405,50frs, et avec intérêts à partir du 6 mars 1847.

Le 16 août 1852 Maître Hervé reçoit un courrier du Consistoire lui annonçant que la Commission administrative de la synagogue de Brumath s'est pourvue devant le Conseil d'Etat contre les deux articles du Conseil de Préfecture.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes mettra presque trois ans pour instruire l'affaire. Un volumineux courrier entre les deux administrations témoigne de la complexité des procédures. Pourtant le verdict a été simple ; jugez en plutôt :

Conseil d'Etat au Contentieux
Séance du 15 juin 1855
Napoléon par la grâce de Dieu et la volonté Nationale
Empereur des Français
A tous présents et à venir Salut
Vu la requête enregistrée le 4 juillet 1853
Vu l'ordonnance royale, en date du 25 mai 1844, portant organisation du culte israélite
Vu la loi du 18 Pluviose an VIII et celle du 18 juillet 1837
Oui M. Aucoc, auditeur en son rapport
Oui M. Reverchon pour M. Frignet avocat du Consistoire israélite du Département du Bas-Rhin et de la Commission Administrative de la Synagogue de Brumath
Oui M. Dufour avocat du sieur Schmitt
Oui M. Forcade Maître de requêtes, Commissaire du Gouvernement
Arrête : annule les décisions du Conseil de Préfecture du Bas-Rhin en ce qu'elles ont de contraire (comme expliqué plut haut, la Communauté israélite de Brumath ne peut-être considérée comme personne morale), et condamne le Consistoire israélite du Département du Bas-Rhin, comme représentant la synagogue de Brumath à payer au sieur Schmitt, entrepreneur ; 11.898,38 frs ; ainsi que pour travaux supplémentaires 3/891,09 frs et ordonne qu'il sera tenu compte audit entrepreneur :
a) des intérêts d'une somme de 8 000 frs à dater du 6 mars 1847
b) des intérêts de 3 83,09 frs à dater du 5 février 1853
c) des intérêts du surplus de la somme due, en date du 23 novembre 1853.

Presque un an plus tard, Maître Hervé fait parvenir un courrier au Préfet Migneret qui vient de remplacer West.
En date du 10 mars 1856 le Consistoire départemental n'a toujours rien versé à Schmitt. Par contre l'entrepreneur a été contacté par la Commission administrative de Brumath qui lui offre 5.000 frs pour solde de tout compte.
L'avoué propose au Préfet de faire accepter les 5.000 frs par son client et, à l'amiable, de traiter avec la Commission administrative pour essayer de la faire verser au compte de Schmitt le solde en plusieurs termes à convenir. Maître Hervé estime que si l'ensemble des places encore disponibles au temple étaient vendues le montant de cette vente suffirait largement à payer la dette.

Cette estimation était raisonnable. En effet, dans une lettre du 7 mai 1856 adressée au Consistoire par la Commission administrative, cette dernière explique que contrairement à toute attente la vente des places n'a rapporté que 22.800 frs. Les Juifs de Brumath sont pauvres et insolvables. Migneret envisage alors de faire rentrer l'argent par un prélèvement dans la Communauté israélite de Brumath en fonction d'une répartition péréquationnelle. Les Juifs brumathois s'opposent de toutes leurs forces à ce moyen d'encaissement. Le 5 août 1856 la Commission administrative s'engage auprès du Consistoire à honorer le solde des 27.000 frs pour lesquels elle accepte sa responsabilité. Elle propose de payer 2.000 frs de suite et 2.200 frs dans trois mois. Elle explique que, faute de moyens, elle se voit dans l'obligation de refuser de payer le surplus engagé par Cerf et demande au Consistoire d'intercéder en sa faveur pour des aides du Gouvernement et de la Commune.

Migneret donne l'impression de vouloir clore le dossier Brumath au plus vite et dès le 12 août 1856 il transmet une demande d'aide au Ministre des Cultes.
Deux ans plus tard, après plusieurs interventions du Préfet, le Gouvernement accorde une aide de 12.000 frs pour 1859 et 1860. En 1864 la Communauté doit encore à Schmitt 11.570,81 frs y compris les intérêts. Elle fait une ultime demande d'aide auprès de la commune de Brumath en expliquant qu'ils sont prêts à verser 1.000 frs de suite et 6.000 frs en 4 ou 5 annuités mais qu'ils sollicitent la caisse communale pour couvrir le reste.

Le 19 juin 1864 sous la présidence du Maire Charles Trauttmann (qui remplace Hoechstetter depuis 1848) le Conseil Municipal de Brumath délibère :
Le Conseil en cette date rappelle qu'il avait voté un crédit de 5.000 frs pour la réparation de l'ancienne synagogue et que cet argent a été utilisé pour la construction d'une nouvelle synagogue et considère que cette construction a eu lieu sans le concours et sans le consentement du Conseil Municipal et même contre son gré

... considérant qu'il est vrai que certaines dépenses assez considérables et peut-être superflues ont été faites à la demande et sans ordre d'un membre de la Communauté israélite, lequel s'était engagé envers la Communauté à en payer le montant de ses propres fonds, mais qui réputé riche alors, et mort depuis insolvable sans avoir rien payé en sorte que ces dépenses sont ainsi restées à la charge de la Communauté,
Voulant toutefois donner un nouveau témoignage d'intérêt et de bienveillance à ses concitoyens israélites, sans s'arrêter aux circonstances ci-dessus relatées, et attendu que les membres de la dite Communauté sont en général peu aisés,
Vote pour contribuer à solder les dits frais de construction un dernier recours de 3.000 frs à prendre sur les fonds libres de la caisse communale, sans que ce vote peut être invoqué un jour comme un précédent dans le cas où la Communauté israélite ne parviendrait pas à parfaire la somme nécessaire pour le dit solde.

Ce vote a eu lieu à l'unanimité des voix.
Aucun document n'a été retrouvé à ce jour pour connaître la date exacte du solde de l'ensemble des coûts d'une construction qui avait démarré, rappelons-le, en début de l'année 1844.
Nous pouvons tout de même penser qu'au courant de l'année 1869 Schmitt avait été intégralement payé y compris les intérêts qu'on lui devait.

Sources


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