L’empire textile de la famille SCHWOB
originaire de Hégenheim
Par Christophe SANCHEZ

L'origine


Premier magasin à Berne

Tout a commencé le 12 août 1872, lorsque les frères Joseph et Jules Schwob ont ouvert un magasin de tissus au numéro 19 de la Waisenhausplatz à Berne. Ils proposaient des toiles, des serviettes, différents tissus pour les vêtements féminins et masculins, des articles blancs pour les cadeaux de mariage et de nombreux autres textiles.

Généalogie de la famille :

1.a Schwob Moïse - Hégenheim (1791 -1853)
marié à
1.b Bloch Judith -Hégenheim (1802 -1839)
9 enfants tous nés à Hégenheim 1.1.a Sara (1821-)
1.1.b Théodore (1823-)
1.1.b Enfant sans nom décédé à sa naissance en 1824
1.1.d Jules (1825-1916) 1.1.d.1 Juliette Thérèse (1853-1880) 1.1.e Isaac (1827-)
1.1.f Joseph (1829-) 1.1.f.1 Eugénie (1861-)
1.1.f.2 Moïse (1863 -)
1.1.f.3 Edmond (1864-1900)
1.1.f.4 Adrien (1869 -) (1)
1.1.f.5Anatole (1874-1931)
1.1.g Barbe (1831-1860)
1.1.h Marc (1833-)
1.1.i Adam (1837-1838)

En 1884, l'entreprise Gebrüder Schwob déménage à la Bubenbergplatz 7 à Berne, où elle ouvre un magasin.

En 1894 , l'un des bâtiments dans lequel Messieurs Schwob frères exerçent leur activité de fabrication de lin à Berne a entièrement brûlé. Monsieur Niederhauser, propriétaire du bâtiment et maître tisserand de Messieurs Schwob, ne peut sauver sa famille que de justesse. Son lit est déjà en flammes lorsqu'il réussit à s'échapper. Plus de soixante machines Jacquard, ainsi que les cartes et les dessins, une grande réserve de fils et des draps finis ont brûlé. Sur les quelque 150 tisserands, environ un quart se trouve actuellement au chômage. L'incendie semble être d'origine criminelle. Les dégâts sont importants, mais partiellement couverts par l'assurance (2).

En 1895, la société Nöthlisberger L Cie, qui fabrique des toiles à Berne, intente un procès pour concurrence déloyale à la société Schwob Frères à Berne. En effet, elle a été informée que des représentants des frères Schwob se sont fait passer pour ses propres voyageurs, et ont pris des commandes sous cette fausse identité. Joseph Bloch est l'un de ces voyageurs : il s'est présenté d'emblée à Schaffhouse, dans une maison privée, comme un représentant de la société Nöthlisberger L Cie. En conséquence, Joseph Bloch, ancien commis de l'entreprise Schwob Frères à Berne, sera condamné par la cour d'assises de Delémont à un an de réclusion pour parjure.

En 1907, l'entreprise Gebrüder Schwob devient Leinenweberei Bern, Schwob & Cie.
En 1910, Tissage de Toiles Berne, Schwob & Cie ouvre son atelier de tissage au numéro 46 de la Wylerringstrasse à Berne.

Expansion de l'entreprise

En 1916, l'un des frères Schwob, Jules Schwob, décède. Le fils de Jules Schwob, Léonard Schwob (3), reste collaborateur du service extérieur de l'entreprise de tissage de lin Bern, Schwob & Cie.

En 1917, Joseph Schwob ainsi que son fils Jean Schwob (4) (qui a rejoint l'entreprise en 1912) décident de se séparer des autres associés de la société en commandite Tissage de Toiles Berne, Schwob & Cie afin de fonder une entreprise indépendante qui se spécialisera dans les produits textiles de haute qualité et de longue durée. Après le départ des membres de la famille Schwob, le nom de l’entreprise devient Tissage de Toiles Berne, Wallach, Lippmann Cie.

Jean Schwob fonde - avec son père Joseph Schwob - l'entreprise de tissage de lin Schwob & Cie. Celle-ci loue l'immeuble commercial avec magasin au numéro 7 du Hirschengraben à Berne. L'entreprise fait construire son propre atelier de tissage de lin moderne à la Stauffacherstrasse 78 à Berne. En 1932, Tissage de Toiles Schwob & Cie reprend la société Leinenweberei Huttwil AG. Celle-ci continue à fonctionner comme une entreprise de tissage de toiles indépendante.

Grâce à la reprise de l'entreprise de tissage de lin Huttwil par Schwob & Cie, de nombreux emplois peuvent être maintenus pendant la période de crise des années 1930.

Tissage de Toiles Huttwil - tout comme Tissage de Toiles Schwob & Cie - devient une société anonyme dans les années 40. En 1952, Tissage de Toiles Huttwil SA ouvre un magasin de vente à Zurich.

En 1932, une fête d'anniversaire est organisée pour tous les collaborateurs de l'entreprise Schwob & Cie en l'honneur de Joseph Schwob, car cela fait soixante ans qu'il a ouvert - avec son frère Jules - le magasin de tissus Schwob Frères sur la Waisenhausplatz à Berne.

En 1935, Joseph Schwob décède. Son fils, Jean Schwob, reprend la direction de l'entreprise de tissage de lin Schwob & Cie. Comme la demande en linge de table et de lit de haute qualité reste importante, l'entreprise de tissage de lin Schwob & Cie décide en 1936 d'ouvrir une usine supplémentaire à Tramelan (Jura bernois).

Les années 1940 et 1950.

En 1940, Tissage de Toiles Schwob & Cie devient une société anonyme. Elle s'appelle désormais Tissage de Toiles Schwob & Cie SA. Elle crée une caisse de pension et d'indigence en faveur de son personnel - environ quarante ans avant l'introduction d'une caisse de pension légale obligatoire en Suisse. Celle-ci couvre non seulement les risques financiers de vieillesse, de décès ou d'invalidité au sens de la LPP et de l'AVS de ses collaborateurs, mais aussi le risque d'indigence financière du personnel de Schwob.

En 1951, la société se montre à l’écoute de l'atelier de couture de l'entreprise de tissage de lin. Celui-ci menaçait de faire grève en raison de l'introduction d'un nouveau système de travail (5).

Aujourd'hui, l'ensemble du personnel de Schwob SA est assuré par la caisse de pension conformément aux dispositions légales. Cependant, grâce à la caisse d'indigence de Schwob SA, qui existe toujours, le personnel peut bénéficier d'autres prestations financières en cas de besoin.

Après la seconde guerre mondiale, la Suisse - tout comme le reste de l'Europe et les États-Unis - connaît une lente reprise. L'économie se redresse et le tourisme refleurit. L'entrée des commandes de Schwob SA - notamment en ce qui concerne le tissage des noms sur les nappes des hôtels et des restaurants - augmente. C'est pourquoi Schwob SA construit en 1956 un bâtiment industriel supplémentaire et moderne à côté de son usine de tissage dans la Stauffacherstrasse à Berne.

Des années difficiles


L'usine de Tramelan
Vers la fin des années 1960, on achète de moins en moins de trousseaux. La concurrence des centres commerciaux met à mal le magasin du Hirschengraben 7 à Berne. Et ce n'est pas tout : le magasin de la Leinenweberei Huttwil AG à Zurich doit à nouveau fermer ses portes à la fin des années 60, faute de chiffre d'affaires suffisant. Et la société Leinenweberei Huttwil AG doit même être liquidée au début des années 70.

Vers la fin des années 1970, l'entreprise tente de proposer une offre convaincante à la clientèle privée à la recherche de linge de lit et de table de qualité en ouvrant un magasin bien situé dans la ville de Berne. Malheureusement, le chiffre d'affaires réalisé - par rapport au montant du loyer - s'avère insuffisant.

Tissage de Toiles Schwob & Cie SA reprend Tissage de Toiles Schmid SA à Berthoud. L'ancienne usine de Tissage de Toiles Schwob & Cie SA à Berne est rénovée à l'intérieur à d'autres fins et rendue accessible aux locataires. L'usine de Berthoud est modernisée et des machines à tisser ultramodernes, commandées par ordinateur, sont achetées. La nouvelle usine de l'entreprise de tissage de lin Schwob & Cie SA à Berthoud devient même l'atelier de tissage Jacquard le plus moderne d'Europe.

L'administration de Schwob SA est également transférée de Berne à Berthoud, et le magasin de Tissage de Toiles Schwob & Cie SA au Hirschengraben 7 est abandonné au profit d'un magasin d'usine à Berthoud.

L'entreprise Leinenweberei Schmid AG doit être liquidée dans les années 80, faute de rentabilité suffisante. Seule entreprise de tissage de lin encore en production en Suisse, la Leinenweberei Schwob & Cie AG reste à Berthoud avec son usine de tissage ultramoderne.

L’extension des prestations permet à Schwob & Cie de perdurer

La raison sociale de l'ancienne société Schwob & Cie SA est raccourcie - pour des raisons de simplicité - en Schwob SA. Durant la première décennie du nouveau siècle, Schwob SA décide de s'occuper davantage des prestations de service de ses clients commerciaux.
Cela doit permettre aux clients commerciaux de Schwob de se concentrer entièrement sur leurs propres activités (hôtellerie, restauration, hôpitaux et homes) et de réduire leurs coûts d'investissement.
Un service complet de location de linge est désormais proposé aux clients professionnels de Schwob SA, ce qui leur permet d'utiliser du linge de table et/ou de lit individuel pour un prix pas trop élevé, Schwob SA se chargeant également du lavage de ce linge.
Le service complet de location de linge est bien accueilli par les clients professionnels. Pour que le linge des clients de Schwob puisse être lavé, cinq blanchisseries réparties dans toute la Suisse sont achetées.

Les années 2000

Dans les années 2000 jusqu’aujourd’hui, Schwob SA consolide son activité à travers de nombreuses acquisitions et extension de ses services :
2008 -Fusion avec trois entreprises de soin des textiles: Schärer AG à Olten, Eclipse AG à Arlesheim, TexAG à Niederuzwil
Toutes les entreprises portent désormais le nom Schwob SA
2013 -Extension du champ d’activité Hôtellerie et Gastronomie au domaine des cliniques et résidences, élargissement de l’assortiment avec des vêtements de cuisine et de service ainsi que des systèmes de lit.
2015 -Reprise de la blanchisserie Jonenthal Wäscherei AG à Jonen, intégrée désormais dans Schwob SA
2019 - Reprise de Dipra AG à Sementina et de Green Laundry AG à Weggis

Aujourd’hui 220 employés travaillent pour l’entreprise Schwob SA dans les différents sites.

Sources :

Notes :

  1. Voir l’article sur Théodore Schwob horloger dans le bulletin du cercle d’histoire de Hégenheim 2012 où l’on mentionne le mariage d’Adrien avec la fille de Théodore en 1896. Adrien originaire de Hégenheim est installé à La Chaux-de-Fonds en tant que marchand de textiles puis comme commercial chez Zenith. Il fonde alors sa propre entreprise au Locle, la revend et engage une partie de son capital aux côtés de Théodore dans la fabrique d’Henri Sandoz à Tavannes.
  2. Der Bund, volume 45, n° 127, 9 mai 1894
  3. Nous n’avons pas trouvé de trace de Léonard dans la descendance de Jules sur le site Geneanet
  4. Nous n’avons pas trouvé de trace de Jean dans la descendance de Joseph sur le site Geneanet
  5. Berner Tagwacht, volume 59, n° 284, 4 décembre 1951
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