LA SMIKHA ASKENAZE
Le titre de "Morenou Harav"
par Daniel Warschawski



le Grand Rabbin Max Warschawski
Notre père, Morénou HaRav Meïr Shimon ben Izhak Halevi zatza"l (Grand Rabbin Max Warschawski) nous a quittés il y quatorze ans. Papa était avant tout un érudit (תלמיד חכם), fier de son diplôme (1) (Smikhath Yoré yoré Yadîn yadîn -סמיכת יורה יורה ידין ידין , voir paragraphe 1. ci-dessous) obtenu au Jews College de Londres (avant même d’obtenir le diplôme du Séminaire rabbinique de la rue Vauquelin), à défaut d'avoir pu étudier, vu la destruction du judaïsme ashkénaze durant la Shoah, au séminaire de Berlin auprès du Rav Yehiel Yaakov Weinberg zatza"l (2).
Après le décès de Papa, en faisant de l'ordre dans ses papiers, nous, ses enfants, avons retrouvé ce précieux diplôme, signé entre autres, par son maître Rav Professeur Yaakov Kopel Kagan Kahana zatza"l (3). Quoi de plus naturel, pour lui rendre hommage, que de réfléchir quelques instants à l'ordination des rabbins selon le rite des communautés de la vallée du Rhin (la Smikha ashkénaze) ?
Avant de rentrer dans le vif de notre étude, nous devons définir ce qu'est la Smikha et son historique.

1. La Smikha ou "l'ordination" à l'époque de la Bible et du Talmud

La Smikha est l'autorisation donnée aux sages et aux juges d'enseigner et de juger dans les domaines concernant les problèmes religieux.
La première référence à l’"ordination" d'une personne se trouve dans la Bible (Nombres chapitre 27 verset 18) : "L'Eternel dit à Moïse : fait approcher de toi Josué fils de Noûn, homme animé de mon esprit et impose ta main sur lui". Dans le Deutéronome (chapitre 34 verset 9), la Bible justifie le choix en ces termes :"Or Josué fils de Noûn était plein de l'esprit de sagesse parce que Moïse lui avait imposé les mains et les enfants d'Israël lui obéirent et agirent comme l'Eternel avait prescrit à Moïse" (4). Selon le Pentateuque, l'ordination de Josué se fait par l'imposition des mains ou de la main de son maître Moïse, considéré par la Bible comme son "maître par excellence" (רבו המובהק). Le choix de Josué est justifié par le fait qu'il "était animé de l'esprit de Dieu qu'il avait reçu de Moïse". Pourtant, la notion de Smikha dans la Bible apparaît, déjà avant l'ordination de Josué, au sujet des sacrifices. La personne ayant fauté doit apporter un sacrifice (Hatath), poser ses mains sur la tête de la bête (Smikha) et se confesser devant le prêtre avant de la sacrifier. Le lien entre la Smikha du sage et celle du sacrifice est donc l'imposition des mains (5).

Le sujet de notre étude est la Smikha des Rabbins en général et la Smikha ashkénaze (appelée aussi Smikhath Morénou) en particulier.

Le Talmud connaît trois degrés de Smikhoth :

2. Brève histoire de la Smikha


Diplôme de Rabbin de Max Warschawski, Jews College de Londres


Diplôme de Dayan (juge rabbinique), Jews College de Londres
Avec la destruction du premier Temple et l'exil des juifs en Babylonie par l'armée de Nabuchodonosor, une scission se fait entre le judaïsme en Israël (jérusalémite) et celui de la diaspora (égyptienne mais surtout babylonienne). Avec le retour d'une petite minorité des exilés de Babylonie et la construction du second Temple avec Ezra et Néhémie, le fossé va se creuser de plus en plus entre les deux grands pôles du judaïsme, atteignant son sommet après la chute du deuxième Temple, l'échec de la "grande révolte" et le départ de certaines sommités d'Israël vers la Babylonie.De ces deux écoles vont naître les deux Talmud celui de Jérusalem (T.J.) et celui de Babylone (T.B.).

L’un des principaux points de discorde porte sur l'obligation légale d'habiter en Israël et donc de ne pas donner de légitimité aux chefs spirituels habitant hors d'Israël quelles que soient leur connaissances (position des rabbins du T.J.) face à la conception des maitres babyloniens prétendant que seul l'ordre spécifique de Dieu permettra aux juifs de retourner en masse en Israël et s'opposant donc au retour "organisé" (T.B.) (8).
Nous allons étudier successivement l'approche des deux écoles concernant la Smikha.

2.1. La Smikha en Eretz Israël
A l'époque de la Michna l'ordination était donnée par le maître à son élève. Cette ordination se faisait parl'ajout du titre de "Rabbi" à son nom. Ce titre permettait à son titulaire d'enseigner du vivant de son maître et, en son nom, d’interpréter la loi écrite selon ce qu'il avait étudié chez son maître (voir T.B.Sanhédrîn 13b et 14a). La prérogative qui donne le droit de nommer un Rabbi va ensuite passer du maître à un tribunal composé de trois anciens (זקנים) (Tossefta Sanhédrîn).
Cependant, le Talmud dit : "Un rabbi nommé par le Nassi [président du Sanhédrîn] seul est une nomination valable mais une nomination faite par le tribunal contre ou même sans l’accord du Nassi n'a pas de valeur". Au vu de la diminution du nombre des candidats aptes à recevoir l'investiture, Rabbi Yehouda Hanassi (9) (connu sous le pseudonyme de Rabbi et rédacteurde la Michna), a demandé avant sa mort à ses successeurs d'être moins "pointilleux" en ce qui concerne les connaissances exigées du candidat à la Smikha (voir T.B. Ketouboth 103a).
Le problème principal de cette procédure d'ordination est la "non nomination" des sages ayant les aptitudes mais refusant des compromis "politiques" pour trouver grâce aux yeux des proches du Nassi, ou au contraire "l'ordination" de candidats non aptes sur le plan de leur attitude morale mais élus parce que proche (directement ou indirectement) du Nassi (voir T.B. Sanhédrîn 7b).

2.2. La Smikha en Babylonie
A priori, il n’y avait aucune raison pour de ne pas accorder le droit de nomination des chefs spirituels en dehors d'Israël (voir T.B. Makoth 81).La différence était que les sages nommés en Israël portaient le titre de Rabbi et ceux de Babylone celui de Rav (voir T.B.Berakhoth 13b, Berakhoth 23a).
En Babylonie, il y avait deux "titres" de chef spirituel : le חכם (Sage) dont la compétence était de juger les conflits d'argent, et le Rav, compétent à juger les questions concernant les amendes (קנסות), paiements imputésà une personne en sus de la réparation (voir Maïmonide, Michné Torah).
Mais suite à la révolte de Bar Kohba et de ses conséquences catastrophiques, Rabbi Yehouda Hanassi décide qu' "il n’y a pas de Smikha en dehors d'Eretz Israël! " (T.B. Sanhédrîn 14), ou encore "on ne nomme pas de Hahamim en dehors d'Israël" (T.J. Bikourim).Cette décision se transforme en ordonnance à l'époque de R.Yehochoua Ben Levy, élève de Rabbi.
Les raisons de cette décision ne sont pas "religieuses", attendu que les savants de Babylone étaient au moins aussi érudits que ceux qui résidaient en Israël, mais "politiques".
Il est intéressant de lire (dans le T.B.) le dilemme devant lequel s'est trouvé R.Yohanan lorsque son disciple R.Chemen Bar Abba n'a pas été choisi car non résident en Eretz Israël alors qu'un autre de ses élèves a eu droit à la consécration.
Pour atténuer ce décret de Rabbi Yehouda Hanassi, il a été suggéré que la nomination de rabbins babyloniens soit conditionnée par un engagement du "candidat" d'habiter en Israël ou selon l'adage talmudique : "On nomme des anciens afin qu'ils retournent en Israël". Nombres de Sages de Babylone n'ont pas eu droit au titre de Rabbi à cause de leur résidence en dehors d'Eretz Israël. En conséquence de quoi, après moins d'un siècle, la Smikha des Sages de Babylone a été annulée.

2.3. Annulation de la Smikha en Eretz Israël
On peut affirmer que la Smikha a disparue en Eretz Israël à l'époque de Rabbi Hillel Nessia (10) en 358. "Nous possédons une tradition datant de Moïse que tant que le Sanhédrîn siégeait on décidait de la date de Rosh Hodesh [le premier jour du mois] selon les témoignages. Depuis la disparition du Sanhédrîn on fixe la date suivant des règles précises. Depuis quelle date? La fin de période du Talmud au temps d'Abayé et Rav a(contemporains de Hillel Nessia)" écrit Maïmonide (11). En ce qui concerne l'opposition de Maïmonide à la Smikha, voir la suite de notre étude.

3. La Smikha ashkénaze ou Smikhath Morénou

Dans la seconde partie du quatorzième siècle apparaît la Smikha ashkénaze connue sous le nom de Smikhath Morénou. Il s'agit de l'ordination d'un élève par son maître "par excellence" et l'obtention du titre "Morénou HaRav" (notre maître le Rabbin). Il est intéressant de voir que le Mahari Weill (élève du Maharil (12) et l'un des premiers à avoir le titre de Morénou Rav, voir infra) appelle son maître non pas "Morénou" mais "Talmid hakham koma"(Responsa 141).Je n'ai trouvé aucune explication à cela.

Le Tsemah David (13) écrit : "Sache que le Maharil et ses maîtres le Maharach (14) et le Maharan (15) sont les premiers à avoir le titre de Morénou Rav, car cette Smikha a été renouvelée en ashkénaze". La plupart des chercheurs attribuent ce changement à Maharam Segal (Meir ben Baruh Halevi) (16).
Bien que le Maharam de Rothenburg (17) (dernier des Tossaphistes) appelle ses maîtres Mahari ("mon maître Rabbi…"), il est lui-même nommé par ses élèves Morénou (notre maître). On peut affirmer que ce titre lui a été donné par respect pour sa personnalité, le titre de Morénou ne devenant officiel qu'après la peste noire, soit trois générations après sa disparition.

3.1. La "dispute" entre Rabbi Yohanan et Rabbi Yechaaya : définition de la Smikha ashkénaze
La description de la Smikha ashkénaze nous est connue par le biais de la décision qu'a donné le Ribach (18) dans l'arbitrage concernant le conflit entre R.Yechaaya et R.Yohanan.
3.2. Pour quelles raisons les Sages ashkénazes ont-ils "réinstauré" la Smikha contre l'avis de Rabbi Yehouda Hanassi ?
"Le temps est venu d'agir pour l'éternel ils ont violé ta loi" écrit l'auteur des Psaumes (Tehilim 119). En d'autres termes, l'urgence de la situation justifie des décisions en désaccord avec la tradition rabbinique.
L'épidémie de la peste noire et ses conséquences ont poussé les maîtres du judaïsme ashkénaze à renouveler la Smikha disparue depuis des siècles. Quels étaient les justificatifs de la grave décision d'aller à l'encontre d'une Michna ?

3.2.1. Le manque de cadres et d'enseignants compétents
Après le décès du Maharam de Rothenburg en 1293 et les conséquences de la peste noire, le manque de chefs spirituels du judaïsme ashkénaze se fait durement sentir. Les élèves du Maharam étant morts ou ayant quitté l'Allemagne et le nord de la France, le judaïsme ashkénaze devient orphelinet il est urgent de trouver une solution à ce "vacuum". Si jusqu’au Maharam la renommée du maître suffisait à en faire un chef spirituel reconnu par tous après sa mort, il fallait trouver un maître qui avait en sus de l'approbation des "grands de la génération", celle des institutions juives (autonomie du rabbinat face aux institutions laïques qui avaient tendance à choisir des rabbins non compétents mais acceptant la prépondérance du pouvoir laïque sur le pouvoir religieux).
Après la peste noire (1349) et ses conséquences sur le judaïsme ashkénaze il y avait urgence de former des enseignants compétents et reconnus par tous. Selon R. Israë lIsserlein (19), le Mahari Weill (20) et R.Yossef Colon (21) : "Les gens ayant reçu une ordination "non officielle" (avant la "résurrection" de la Smikha) sont nombreux mais les érudits peuvent être comptés sur les doigts d'une main".

3.2.2. Autres raisons qui ont poussé les Sages à prendre cette décision :
  • Les autorités gouvernementales qui protégeaient les juifs en contrepartie du payement d'un impôt, décidèrent de ne reconnaître l'autorité de "L'archevêque des juifs" qu'à la condition que celui-ci ait été choisi, et donc accepté, par les juifs eux même.
  • La crainte que les traditions (minhaguim) ashkénazes se perdent. En effet à cette époque se propage la littérature des "Livres des traditions" (ספרי המנהגים) dont les plus connus sont dûs aux élèves de R.Avraham Klausner (22), comme R.Izik Tirena (23) qui justifie la parution de son livre en ces termes : "Dans certains endroits je n'ai pas trouvé plus de deux ou trois personnes connaissant nos traditions". Ou encore son disciple le Maharil qui écrivait dans l'avant-propos de son livre : "J'ai décidé d'écrire le Livre des traditions en voyant cette génération n'ayant pas de dirigeants connaissant et appliquant ces traditions". On peut affirmerque ces livres sont donc pour la tradition ashkénaze ce que sont le Michné Torah, le Tour et le Choulhan Aroukh pour la loi religieuse (Halakha).

3.2.3. Critiques portées contre la Smikha ashkénaze :
L'opposition à la décision des maîtres du Talmud ne pouvait passer sous silence. Deux types de critiques ont été développés.
  • La critique théologique de laSmikha dirigée par les maîtres Italiens et Espagnols après l'expulsion des juifs d'Espagne et du Portugal. Don Isaac Abarbanel (24) a attaqué la Smikha en ces termes : "Je ne comprends pas d’où et sous quelle base les Rabbins se sont permis de donner les titres de Rav". Pour lui, comme pour Maïmonide, on n'a pas le droit d'aller à l'encontre des décisions du Talmud (bien que les Tossaphistes donnent autant d'importance aux traditions locales qu'aux textes, voir la position de petit-fils de Rachi, Rabénou Tam (25) sur la tradition).
    A cette critique des maîtres Italiens répond R.David Messir Leon (fils de R. Yehouda Messir Léon (26) lui-même italien ayant appris en Allemagne) : "Les rabbins sefardim se moquent de la Smikha pour la seule raison qu'elle est attribuée en dehors d'Eretz Israël" et que la décision du Talmud concernant la Smikha n'est plus valable, étant donné la nécessité de l'époque. Pour R.David Messir Leon, la Smikha ashkénaze est une "Smikha de Rav" (i.e. babylonienne) et non de Rabbi (i.e. d'EretzIsraël) et donc permise (voir sa réponse dans son œuvre I ; voir aussi la réponse de R.Weinberg allant dans le même sens au sujet des chants mixtes dans le Sridé Eich).
  • Critiques fondées sur le manque de connaissances et du niveau moral des candidats à la Smikha
    Pour certains opposants à l'ordination, l' "ordonnant et l'ordonné" sont "intéressés". Le Maharik attaque violement l'institution de la Smikha en parlant des "péchés des donneurs et des receveurs".
    Les donneurs sont accusés d'être à la solde du pouvoir ou d'exiger des pots de vin, et les receveurs de ne plus vouloir étudier après avoir reçu/acheté leur titre.
    Ces critiques ont poussé les maîtres du judaïsme ashkénaze à décréter que la Smikha ne pourra plus être transmise de maître à élève, mais ils exigent un tribunal de trois maîtres connus selon les critères du Talmud de Babylone (T.B Sanhédrîn page 13b, voir aussi Responsa du Maharik).

4. Les conditions exigées pour obtenir la Smikha selon les décisionnaires ashkénazes
Les maîtres ashkénazes conscients des critiques (partiellement justifiées) ont imposé par réglementations (Takanoth) les conditions exigées du candidat à l'ordination. Elles sont de deux ordres :


Diplôme de Rabbin de Max Warschawski, France, 1950
4.1. Conditions liées aux connaissances du candidat
Rav Azriel Daima (27) a décrété que la Smikha est soumise à trois conditions :

Voir les Ordonnances du Maharam de Padova (28) et les ordonnances de Frankfort qui ont conditionné la nomination du très célèbre R. Isaïe Horovitz (Le Chla) (29) en 1609.

4.2. Conditions personnelles exigées du candidat

5. La cérémonie liée à la nomination
La cérémonie de la nomination (montée à la Torah et déclaration publique de la nomination) se fait à Pessah ou à Soukoth (voir Leketh Yachar du R.Israël Isserlein chapitre 2).

6. Privilèges liés à la fonction

Après l'obtention de la Smikha, le nouvel ordonné aura le privilège d'être appelé à la Torah sous le nom de Morénou Rav (voir Leketh Yacharr du R. Israë lIsserlein) et d'être le premierà être appelé à la Torah (après le Cohen et le Lévi).
Le nouvel élu vivra d'un salaire payé par la communauté ou par l'État suivant le cas.
Le nouvel élu pourra être élu et voter aux élections communautaires même s’il n'a pas réglé ses dettes à la communauté (voir règlement de la communauté de Frankfort - 1638).
Dans certaines communautés de la vallée du Rhin, le titulaire de la Smikha se différenciait par son habillement ou son couvre-chef (la Cappa).
Pour plus de détails quant aux privilèges et obligations du Rabbin ashkénaze, voir le livre de S.Steeman.

En guise de Conclusion

La Smikha a été renouvelée en "ashkénaze" par crainte pour l'avenir de la communauté juive suite à l'épidémie de la peste noire.
Au dix-neuvième siècle le judaïsme ashkénaze se trouve à nouveau devant un dilemme remettant en question le rapport entre le judaïsme et la modernité, à savoir l'émancipation et l'école de la réforme du judaïsme. Pour les partisans de la réforme il est nécessaire de revoir le judaïsme "archaïque" (représenté par R. Moshé Schreiber, le Hatam Sofer) (30) rejetant toute nouveauté ou remise en cause des idées reçues. Pour répondre à ces critiques on devait repenser le rôle du Rabbin.

Deux approches différentes sont proposées concernant le rôle du Rabbin dans la cité : celle de Rabbi Samson Raphaël Hirsch (31), rabbin à Frankfort (30) et celle du R. Azriel Hildesheimer (32) directeur du Séminaire rabbinique de Berlin.
Pour R. Hildesheimer, le Rabbin se doit d'être partie intégrale de la communauté officiellement reconnue par l'Etat (Gemeinde) à la condition que la loi soit respectée. A son avis on ne peut influencer que de l'intérieur. Les rabbins issus de l'école rabbinique de Berlin, fidèles aux principes de leurs maîtres, (R. Hildesheimer, R. David Zvi Hoffmann (33), R.Weinberg (2)) ont exercé dans les communautés dites "consistoriales".
Le R.Hirsch quant à lui pense que la solution réside dans le schisme et la création de communautés séparées, ne dépendant ni du Consistoire, ni de l'État (Der Austritt aus Der Gemeinde).

Après la Shoah, le problème de la cohabitation des communautés juives sous une seule direction spirituelle va se poser à nouveau. Le rabbin Warschawski se trouve placé devant un dilemme cornélien : élevé dans une communauté non consistoriale (Adath Israël) et marié à notre mère, elle-même issue de communautés dites "de stricte observance" (celle de la rue Kaguenek dirigée par le R. Robert Brunschwig à Strasbourg, puis celle de la rue Cadet dirigée par le R. Elie Munk (34) à Paris), son cœur lui disait de suivre la trace du R.Hirsch. Toutefois la situation du judaïsme français et les années de guerre ont influencé sa décision de devenir un Rabbin consistorial comme le préconisait le R. Hildesheimer .

Le prix payé par notre père a été élevé, allant de sa mise en quarantaine par la communauté Kaguenek (dont son beau-père était un pilier) pour "déviation libérale", y compris l’interdiction d’y célébrer des mariages, boycott de ses cours… Mais, comme disait Maman, ce qui lui fit le plus de mal c'est que la décision lui fut transmise par un ami d'enfance. Malgré cette blessure jamais cicatrisée, Papa n'a pas plié et a continué dans la voie qu'il s'était tracée.

Après son intallation en Israël, Papa s'est à nouveau trouvé devant le difficile choix soit de nager à contre-courant au prix de se faire mettre en quarantaine par la communauté Ohel Nehama, soit de marcher dans les sentiers battus et de se ronger de l'intérieur. Cette fois encore il a fait son choix.
Il est la preuve de la nécessité de la nomination de maîtres érudits, compétents et intègres comme le souhaitaient les "rénovateurs" de la Smikha ashkénaze.

Merci à Joël Warschawski d'avoir relu et corrigé ce texte

Bibliographie générale:

  1. הסמכה בהלכה הרב שילה רפאל תורה שבעל פה כרך כ'
  2. מרדכי ברואיר הסמיכה האשכנזית
  3. מרדכי ברויר הישיבות באשכנז
  4. ח.בורנשטיין: משפט הסמיכה וקורותיה אאתר דעת
  5. מיכאל ויגודה: הגבלת גיל ההסמכה לרבנות אתר דעת
  6. איתי שי בין מציאות להלכה בשיטת רבנו תם.
  7. מתיבתא כרך ט'


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