Elie CYPERUCHA dit CYPER
12 septembre 1908, Emeltchino (Russie) - 15 juillet 1944, Kovno (Lituanie-Estonie)
par Henri Soïl
d'après le MEMORIAL en souvenir de nos Rabbins et Ministres officiants victimes de la barbarie nazie,
édité par le Consistoire central des Israélites de France et d'Algérie (1946)

Certes, le Rabbin Cyper n'est pas originaire d'Alsace-Lorraine et il n'a jamais officié dans ces régions. Toutefois, une place de droit lui revient sur notre site, par l'action importante qu'il a menée à Périgueux pendant la seconde guerre mondiale, auprès de la communauté alsacienne repliée dans le Sud-Ouest de la France (NDLR.)

CyperM. le Rabbin Cyper est nommé rabbin de la Communauté de Versailles en 1935 et assume également les fonctions de professeur d'Histoire juive et d'Hébreu à l'Ecole Orientale de jeunes Filles de l'Alliance Israélite.

En janvier 1939, le Rabbin Cyper accepta le poste de rabbin de la Communauté de Dijon. Dans cette ville commença pour lui une véritable activité sociale, en raison de la présence de nombreux réfugiés allemands, dont la situation matérielle et administrative nécessite une aide constante.

En septembre 1939, il est capitaine aumônier de la VIIIe Région, particulièrement dans la région de Bitche, où il visite sans relâche nos soldats dans les casemates de la Ligne Maginot et dans les hôpitaux. En mai 1940, lors du repli des troupes, il est fait prisonnier à Saint-Florentin (Yonne), et profitant d'une minute d'inattention de ses gardiens, il parvient à s'évader. Il est affecté comme aumônier de la VIIe Région à Bourg (Ain), jusqu'à fin août, date de sa démobilisation.
Il est cité à l'ordre du régiment avec Croix de Guerre (citation homologuée en décembre 1942).

En août 1940, Elie Cyper devient le "rabbin des réfugiés" à Dôle (Jura). Il réquisitionne dans toute la région de Bourg et de Lons le-Saunier écoles et locaux pour assurer l'hébergement des malheureux, effectuant toutes les démarches auprès des autorités locales et procurant ravitaillement et vêtements.

Il est nommé en décembre 1940, adjoint au rabbin de Périgueux, Victor Marx, débordé par l'afflux de 12 000 réfugiés juifs repliés en Dordogne. Continuant dans les mêmes conditions son activité pastorale, il organise des cercles d'études auxquels participent un grand nombre de jeunes et qui fonctionneront jusqu'en 1943, période où ont lieu les rafles les plus importantes. En novembre 1943, il met ses filles à l'abri dans une institution tenue par des religieuses.

Ayant l'autorisation de visiter les camps d'internement et les camp de T. E., il réussit à prévenir les hommes lorsqu'ils sont menacés, multipliant les démarches, participant au ravitaillement des convois en partance sur Pithiviers et Drancy, prodiguant des paroles d'encouragement et d'espoir en l'avenir. Travaillant en relations étroites avec l'Aide Sociale à Périgueux et dans le camouflage des enfants, il sert d'agent de liaison et de renseignements aux organisations de résistance et en particulier au groupe "Combat" dont le chef du service des renseignements en Dordogne, l'abbé Jean Ségala, professeur de philosophie au Collège de Périgueux, lui donne maintes preuves d'amitié.

En février 1944, à la mort du rabbin Victor Marx, il prend officiellement la tête des communautés du Périgord.
Début 1944, il convainc son épouse de trouver refuge dans la campagne. Nommé Capitaine des FFI le 7 avril 1944, Elie Cyper est arrêté par la Gestapo le 8 avril, premier jour de Pessah. Son épouse et ses filles échappent à la déportation. Interné durant un mois à Périgueux, il est transféré à Limoges puis à Drancy.

Malgré les démarches effectuées par l'Evêque et le Préfet, il ne sera pas relâché.
Au début de mai, il est dirigé sur Limoges, puis sur Drancy, où il ne reste que cinq jours et où il peut célébrer un office le vendredi soir avant son départ.

Déporté le 15 mai 1944 par le convoi n° 73 comportant 900 hommes environ, Elie Cyper, âgé de 35 ans, ne survivra pas à la déportation. Toutefois, ce convoi a une histoire singulière : composé de 878 hommes, il ne se dirige pas vers Auschwitz, mais vers la Baltique. Officiellement destiné au transfert de travailleurs forcés pour l'opération Todt, le convoi composé de quinze wagons fait, à l'issue d'un trajet de trois jours et de trois nuits, une halte à Kaunas en Lituanie. Une partie des déportés reste sur place alors que l'autre est acheminée vers Reval (aujourd'hui Tallin) en Estonie, comme en ont témoigné les 23 survivants en 1945.

  • 12 septembre 1908 : naissance en Ukraine près de Kiev.
  • 11 mars 1922 : arrive en France après la mort de ses parents tués dans un pogrom.
  • juin 1927 : bachelier en philosophie après des études secondaires à l'Ecole Maïmonide.
  • 1927-1932 : élève à l'Ecole rabbinique de Paris tout en étudiant à l'Université (licencié en Lettres et en Histoire-Géographie).
  • Milite dans les mouvements sionistes, notamment au Zeïre Misrahi.
  • 1932 : naturalisé français , il fait son service militaire à Strasbourg dans les Chasseurs, puis dans les services géographiques de l'armée.
  • 1935 : nommé rabbin de Versailles.
  • 6 juin 1937 : mariage avec Denise Ebstein, jeune fille de vieille souche alsacienne.
  • Mai 1938 : naissance de leurs deux jumelles.

Une rue du Rabbin Elie Cyper à Dijon

Le 28 février 2008 à 11 h 30, une cérémonie a été organisée à Dijon pour baptiser du nom du rabbin Elie Cyper le passage piétonnier reliant la rue de la Synagogue à la place Wilson-Elie-Cyper. La rue du Rabbin Elie Cyper a été inaugurée en présence de ses deux filles et du Président de Association Cultuelle Israélite de Dijon I. Cemachovic.

© Jean-Claude Meyer


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