Consistoire Israélite du Bas-Rhin
Message de Roch-Hachono 1957
Grand Rabbin Abraham Deutsch


le Grand Rabbin Deutsch
On raconte qu'un pieux rabbi entouré de ses fidèles était monté en chaire pour leur parler. C'était le jour de Kippour. Contrairement à son habitude, le rabbi avait tourné se face vers l'arche sainte et au milieu du recueillement général, le rabbi se mit à parler à D. Ribônô chel ôlom.

"Seigneur Maître du Monde ! dit-il. Lorsque notre maître Moïse était monté au Sinaï pour .intercéder en faveur de son peuple pécheur, il s'écria Seigneur dis : J'ai pardonné. Aujourd'hui moi, rabbi de ta Sainte Communauté je viens moi aussi pour implorer le pardon poux elle. Et comme notre Maitre Moïse je m'écrie: Dis, j'ai pardonné… "Et la. voix du rabbi se fait suppliante, elle s'enfle jusqu'à pénétrer dans les recoins les plus sombres de la Maison da prières.

Les fidèles sont là haletants, la respiration coupée, il leur semble entendre la voix de Moïse qui s'est fait impérieuse. Et toujours le rabbi clame "Seigneur, dis, j'ai pardonné". Il semble que les murs reflètent la voix du rabbi, que de toutes parts les éléments se conjuguent pour arracher au ciel le pardon pour les pécheurs involontaires qui sentent leur cœur fondre.

Soudain, le rabbi tourne vers la foule son visage blême, couvert de larmes, et s'écrie : "Avez-vous entendu la voix de D. ? J'ai imploré D. dis j'ai pardonné et voilà quo l'écho me renvoie : Dis j'ai pardonné ! Oui frères et sœurs le pardon de D. t'est accordé mais à la condition que toi-même tu dises : J'ai pardonné."

Cette anecdote, mes chers frères et sœurs, m'est précieuse. Elle dit en peu de mots ce que je ne saurais exprimer on longues et maladroites phrases. Elle nous avertit du non-sens de vouloir obtenir le pardon. de D., de lui demander impérieusement Selach no Pardonne donc, alors que nous-mêmes sommas incapables de dire à nos frères, à nos soeurs : "J'ai pardonné".

Oui elle est là, la grande leçon des jours austères qui viennent, D. qui est le père à nous tous veut que nous nous réconcilions les uns avec les autres, veut que  nous nous conduisions en enfants dévoués, prêts à oublier l'injure, à tendra le main, à abandonner nos opinions toutes faites, à collaborer au bien de la Communauté - en un mot, à tout tenter  pour donner à nos offices le caractère de solennelle fraternité, où d'un cœur sincèrement apaisé les prières montent vers le Ciel.

Si chacun de nous faisait ainsi son examen conscience, s'il essayait de vaincre sincèrement son orgueil, son obstination, ses penchants dans son milieu, soyons en sûrs, le vaste monde irait, vers une ère de paix et de fraternité.

Voilà, mon souhait à l'orée de l'année de la Création 5718 et ma prière pour vous et les vôtres.

Lechono Tauvo tichosévou.
Grand Rabbin Deutsch.
Amen

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