Introduction


L'invention de l'imprimerie n'arrêta pas l'activité des scribes, des soferim.

La lecture publique d'un rouleau de la Torah qui n'aurait pas été écrit à la main sur un parchemin par un sofer obéissant aux multiples règles imposées, restait strictement prohibée. Les soferim continuèrent comme par le passé à écrire des Sifre Torah ne comportant pas la moindre enluminure, qui les aurait rendus pasul : impropres à la lecture à l'office.

Pour les rouleaux d'Esther, les meguiloth, il existe une certaine tolérance. Certes, le rouleau destiné à la lecture synagogale ne comporte pas d'enluminures, mais le simple fidèle peut suivre cette lecture sur une meguila enluminée.

Les hagadoth de Pessa'h qui présentent le cérémonial de la soirée pascale, peuvent être illustrées et mêmes imprimées. Mais la hagada imprimée n'élimina pas la manuscrite. Les scribes continuèrent à en écrire, comptant sur la préférence marquée du Juif pour l'œuvre unique. Ainsi, au 18ème siècle, le sofer d'Ihringen, écrivit un certain nombre de hagadoth enluminées, dont trois nous sont connues.

Curieusement ces œuvres manuscrites sont visiblement inspirées par des ouvrages imprimés. Ecrire soi-même un Sefer Torah (un rouleau de la Torah) constitue pour le Juif pieux une véritable obligation religieuse. Puisqu'en règle générale il ne peut mener à bien une telle entreprise, il achète ou participe à l'achat d'un Sefer Torah.

Par contre, on a vu des particuliers que rien ne destinait à une pareille tâche, se risquer à écrire et à illustrer une meguila ou une hagada. Parmi ces œuvres d'amateurs, signalons une meguila alsacienne d'époque révolutionnaire, et la hagada Neher-Samuel.

En ce qui concerne les limites géographiques, nous avons eu des scrupules. Devions-nous exclure de notre inventaire le sofer d'Ihringen, parce qu'il habitait de l'autre côté du Rhin, à trois ou quatre kilomètres du sol alsacien, alors qu'une grande partie de sa production allait en Alsace ? Un instituteur de Maigerloch, près de Sigmaringen (Bade-Wurtemberg), vient à Muttersholz en Alsace pour y enseigner. On conserve de lui un tableau de prière. Doit-on considérer cette œuvre comme alsacienne, puisque son auteur la dessina durant son séjour en Alsace, ou allemande, à cause de ses origines?

En raison des relations économiques, sociales et culturelles extrêmement étroites entre Juifs des deux côtés du Rhin, nous avons adopté les critères les plus extensifs pour inclure telle ou telle autre œuvre dans la production alsacienne.

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