PESACH IN ALTER ZEIT
Henri SCHWAB
PESSA'H DES TEMPS ANCIENS
Traduction : AlainKAHN


Strasbourg, le 4 avril - 14 Tag in Nissan - 5726 (4 avril 1966)

Ihr liewi Leit, wass ich Eich will verzejle heit,
Dass sin die Bejsechwoche aus meinei Kinderzeit.
Unseri Mame die hot am Roschchaudisch ans gilde
Wetter gedenkt, Dass mer die Klader un die Better in de Garde henkt.

Vous, chers amis, ce je veux vous raconter aujourd’hui
Ce sont les "semaines de Pessah" de mon enfance.
Notre mère, qui à Rosh 'hodesh pensait au beau temps,
Pour que nous puissions pendre les habits et la literie au jardin.
Derf morje frie ach jou nid vergesse im Babe ze sage,
Dass er uns helft die Somiers in de Hoff nous trage.
Mer klopfe sie güd aus un butze alles mitem Flederwisch,
Un wenn mers nei trage isch alles schen sauwer un frisch.

Il ne fallait surtout pas oublier de dire demain matin à papa,
Qu’il nous aide à porter dans la cour les sommiers.
Nous les époussetions bien et nettoyons tout avec le plumeau,
Et quand nous les portions à nouveau, tout était beau, propre et frais.
Liewi Kinder Eier Zimmer isch jetzt jondefdig gemacht,
Do, zieje nir Eich aus im Hausgang bis am Erefjondef z'nacht,
Denn wissen Ihr derfe be Chaijeslau jo nid vergesse,
Manchmoul hen Ihr noch Grimsle im Sack vom Broud am Zejneesse.

Chers enfants, votre chambre est maintenant préparée pour la fête,
Aussi, vous vous déshabillerez dans le couloir jusqu’au soir de la veille de la fête,
Car vous savez que vous ne devez surtout pas, sur la vie, oublier,
Que quelquefois vous avez encore dans la poche des miettes du pain de votre goûter de dix heures.
Beim kalte Wetter do esse mer von heit ab in der Scheier,
Mer drucke uns geje s'Strou do brocht mer ach kan Feier.
Doch scheint die Sunn dou sitze mer newenem Stall im a schorme Ecke,
Do machsch nix dran, am Bejsëch mues mer sich noch der Decke strecke.p>
Par temps froid, nous mangerons à partir d’aujourd’hui dans la grange,
Si nous nous poussons contre la paille, nous n’aurons pas besoin de feu.
Si le soleil brille, alors nous serons assis à côté de l’étable dans un coin ensoleillé,
Tu ne peux rien y faire, à Pessah on doit encore se fabriquer un toit.
Der Dilebode in der Stub isch geberst, gespent un hell gewichst,
Die Schawesgoje hot s Gisef im Gang geriwe dass es blitzt.
Die Eisekare von der ganze Mespoche hot die Mame im Bachoffe gegliet,
Un die Argenterie sogar s'milchig silwer were gekaschert un gebriet.

Le plancher dans la chambre est brossé, nettoyé et bien ciré,
La bonne a frotté la fontaine d’ablutions pour qu’elle brille.
La mère rougit au feu les ustensiles en acier de toute la famille dans le fourneau,
Et l’argenterie, même l’argenterie réservée au mets lactés, est cachérisée et ébouillantée.
Endlich kommt der Eref Jondef; aufgebasst wenn die ühr zeje schlagt,
Dou hasts uf jede Fall pinktlich der Kolchemires gsagt.
Es isch doch güd dass als wider Bejsech word So manches hot mer gfunde,
Wue s'Johr dorich am isch aus seine Age pletzlig verschwunde.

Enfin arrive la veille de la fête ; attention quand l’horloge sonne dix heures,
Tu as de toute façon dit Kol Hamiro exactement à l’heure.
C’est quand même bien que chaque fois qu’on va vers Pessah, on retrouve quelque chose,
Qui durant toute l’année avait disparu subitement des yeux de quelqu’un.
Mer kumme aus der Schüle, alles strahlt, alles lacht in dere Pracht,
Sogar Wey hot der Babe gehoult im Gebirg, an alles müss mer
Güder Wej hot der Babe gehoult im Geberig, an alles müss mer denke,
Nid numme im Eljenofe, ach unsere gilde Freind ans eizeschenke.

Nous revenons de la synagogue, tout brille, tout sourit dans cette merveille,
Le père a même cherché du vin dans les collines,
Le père a cherché du bon vin dans les collines, il faut penser à tout,
Il ne faut pas en servir seulement au prophète Elie mais aussi à nos bons amis.
Mei Brider un ihri Kamerade sin aus der Fremde kumme for Seider ze gen,
Was a chilig wenn sie im Summer a Bissel wenjer Ferie hen.
Es isch nix schejner as a Bejsech dehame bei seine Leit,
Un sou gildi Matzeknepfle wie unseri Mame macht nieme weit un breit.

Mes frères et leurs amis sont venus de loin pour donner le Séder,
Qu’est ce que ça peut faire si en été ils ont un peu moins de vacances.
Il n’y a rien de plus beau qu’un Pessah à la maison avec les siens,
Et les si bonnes boulettes de Matza comme notre mère les fait valent le détour.
"Ma nischtano Halajlo hase" frogt s'Kind, un s'Alter gidem Antwort,
In dere Nacht sin unseri Ovaus Avausejnus aus Mizrajim fort.
So jetzt gen mer de Sejder, gesse word noch "Dam, sefardeja" un a Tropfe Jajin,
Un noch de "Chadgadjos" do sage mir "lejschono habo biruscholajim".
L’enfant demande "Ma Nichtanoh Halaylo Hazé" et l’ancien lui répond :
Durant cette nuit, nos pères sont sortis d’Egypte.
Voilà, maintenant on donne le Séder, et on mangera après "Dom, Tzefardéja" et une goutte de vin,
Et après le chant de Had Gadyo on dit "leschono habo biroucholyim".

Illustrations : Alphonse Lévy
Traditions Judaisme alsacien Pessah

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