LE MOIS DE MENAHEM-AV DANS LA REVUE KADIMAH

Kadimah est un bulletin communautaire, mais aussi une revue de pensée juive, publié à Mulhouse entre 1930 et 1935, sous la direction du rabbin René Hirschler

TISCHA- BEAV
Jiés Méavi
Kadimah - 24 juillet 1931

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Mots de douleur et de tristesse! Mots énigmatiques! Comme des coups de poignards chaque lettre nous perce le coeur. Une douleur intense se peint sur les visages de ceux qui comprennent. Qu'as-tu donc pendant ce jour, Israël, peuple élu, peuple de la joie? Tu ne manges pas, à peine si tu dors, la nourriture spirituelle elle-même t'est interdite. Enfant d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, toi qui adores ton Dieu, par des chants et des louanges, tu t'assieds par terre, tu quittes tes souliers, comme si tu étais en deuil pour un parent très proche. Tu deviens une loque humaine qui pleure et pleure. Depuis près de deux mille ans tu pleures ainsi. Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi tu pleurais? Comme si la coupe n'était déjà depuis longtemps remplie. Pleures-tu, Juif errant, sur la destruction du temple, ou sur ta misère actuelle? Pleures-tu sur la souf-france de tes ancêtres ou sur celles que vous subissez toi et tes frères? Pleures-tu sur la terre sainte perdue ou sur l'avenir incertain et menaçant? Ne t'es-tu jamais interrogé sur cela?

Père céleste, depuis deux mille ans tu nous punis sans cesse, sans nous dire pourquoi. Un père d'ici bas, quand il corrige son enfant, lui donne la raison de cette punition et lui promet de ne plus le corriger s'il s'amende. Mais nous, Père céleste, qu'avons-nous donc fait ? Ne sommes-nous plus tes enfants, nous as-tu écartés pour toujours ?

Le roi Salomon a déjà répondu à cette question dans le Cantique des Cantiques : Si tu ne sais pas toi, la plus jolie entre les femmes, suis donc les traces de tes ancêtres comme un agneau suit les traces de ses aînés.

Si tu le sais, oh Israël, pourquoi ne suis-tu pas le commandement ? Est-ce si difficile ? Ou es-tu le peuple à la nuque dure, buté dans son ignorance. Préfères-tu souffrir, plutôt que de te soumettre à la volonté divine ?
Quand tu souffres physiquement, tu vas chez le médecin qui cherche la cause de ton mal et le combat. Israël opprimé, fais appel au médecin de ta conscience, et cherche avec lui la cause de tes maux.

Regardons en arrière, dans l'histoire. Pourquoi le premier temple fut-il détruit ?
Nos pères avaient gravement péché. Ils s'étaient adonnés avec joie à l'idolâtrie. Ce péché est si grand qu'il faut plutôt se laisser tuer que de l'accomplir. On abandonna aussi presqu'entièrement l'étude de la Loi. Et parce que nos ancêtres avaient ainsi péché, ils furent chassés de leur terre, leur temple fut détruit et ils furent emmenés comme prisonniers en Babylone.
Dieu, le tout puissant, dit par l'intermédiaire des prophètes : "parce que vous n'avez pas observé le repos de la terre pendant la septième année je vous ai chassés pour 70 ans, je vous pardonne tous les autres péchés." Et les juifs purent rentrer en terre sainte.

Voyons maintenant quelles furent les raisons de la destruction du second temple. Les juifs étudiaient pourtant la Torah à ce moment. La grande Yeschiva de Yavné était florissante. Parmi les faveurs que Rab Yo'hanan Ben Zacaï pouvait demander aux Romains ne figure nullement la libération de Jérusalem ; mais le maintien de la grande Yeschiva.
Il ne manquait non plus de justes, grâce auxquels, la ville de Jérusalem aurait pu être épargnée. L'histoire nous raconte que Rabbi Zoudol Hacohen Gadol avait jeûné pendant quarante ans et ne s'était nourri que de jus de figues.
Or, nous lisons dans le Talmud qu'il existe de bons et de mauvais zadikim, de bons et de mauvais reschem. Il explique qu'un homme qui est bon "ben hodom lemokom"(à l'égard de Dieu) et qui est mauvais "ben odom le odom" (envers ses semblables) est un mauvais zadik ; et un homme qui est bon pour ses semblables mais mauvais à l'égard de Dieu est un bon rosche. Il y a donc de mauvais zadikim et c'est par cela que nos pères ont péché. Nous verrons par la suite lequel entre ben odom lemokom et ben odom leodom est le plus grave.
Sais-tu fils d'Israël, qui crois supporter les suites des péchés de ses p-rents pourquoi ils furent chassés de chez eux, de leur famille, de leur patrie, de leur terre ? Pourquoi ils ont souffert et. pourquoi tu souffres encore ? Parce que tes parents ont été de mauvais justes. Le second temple fut détruit à cause de, senass 'hinom, la haine sans raison. Chacun haïssait son voisin, sans bien savoir pourquoi, sans même se le demander.

Comparons maintenant les punitions lors de la destruction du premier et deuxième temple.
La première diaspora a duré 70 ans. Les juifs étaient considérés comme citoyens de Babylonie et étaient même très bien vus. Malgré les péchés qu'ils avaient commis, tout leur a été pardonné.
A la deuxième destruction du Temple, les juifs furent pour le seul péché senass 'hinom sévèrement punis.
Qui n'as pas blessé ton âme, piétiné son corps, craché à ta face, pauvre juif errant ? Vois-tu Israël, que des deux cas, ben odom leodom, ta conduite à l'égard de ton prochain est la plus grave ?

Et maintenant que nous avons trouvé les causes principales du malheur juif demandons-nous si nous avons le droit de faire des reproches à nos parents de nous avoir précipités dans tant de misères et si au courant de deux mille ans de souffrance nous avons perdu ce défaut.

Non, nous n'avons aucun droit de faire des reproches à nos parents parce que nous ne sommes pas meilleurs et ce défaut est encore aujourd'hui un trait particulier du caractère juif. Et voici quelques preuves. Levy avec un y, pourquoi hais-tu les Levi avec un i ? Tu ne les connais même pas. Je suis certain que parmi les Levi détestés par toi, il y en a qui te dépassent en intelligence, honnêteté et surtout en amabilité. Juif polonais, pourquoi te moques-tu du juif russe ? Juif autrichien pourquoi détester le juif grec et toi juif roumain, pourquoi ne pas supporter les juifs turcs ? Pourquoi ? - Parce que. C'est là la réponse. Et cela c'est justement senass hinom la haine gratuite, sans raison. D'ailleurs pourquoi aller si loin ? Dans le même pays, oui dans la même ville, peux-tu toujours supporter ton voisin, ton frère ?

A quoi servent tes prières quotidiennes, juif qui prie encore, si avant même d'avoir quitté le lieu saint tu pêches ben odom le odom ? Connais-tu le passage talmudique : "mettev cheyappol atsmo léquifschore hoesch veal yalben pené haver berabîm". Ce qui veut dire : "mieux vaut se jeter dans un four brûlant que de faire rougir quelqu'un en public". Ne crois-tu pas alors juif qui te crois pieux que tu ferais mieux de devenir un athée plutôt que de faire du tort à ton prochain ?
Et toi juif moderne qui te crois plus intelligent parce que tu observes moins les pratiques et qui pense contenter ton Dieu en allant le samedi à la schoule, quitte à rentrer chez toi prendre le repas treife que ta bonne chrétienne t'aura préparé ; toi juif moderne qui a été nourri de littérature contemporaine ne ferais-tu pas mieux pour ton sentiment religieux de ne pas aller à la schoule mais de ne pas dire des méchancetés des autres ? Ne sais-tu pas que tout se paye ici-bas ? Laisse les autres tranquilles et tu n'aura pas besoin de trembler quand la justice frappera à ta porte.

Voilà un bilan qui doit te donner à réfléchir. Juif errant, malgré une souffrance de deux mille ans tu n'as pas changé.
Tes parents au moins étaient pieux, toi tu n'as plus rien. Juif errant si tu veux être libéré, deviens un vrai juif. Et pour cela commence par accomplir le précepte de notre grand "veohavto lerehau commaucho" : "tu aimeras ton prochain comme toi même".

Et voici ce que dit un autre passage du Talmud : "Lo motso Hakodosch boroukh hou queli machzique berocho leyisroél ela hascholom" : Dieu ne pouvait concevoir que la paix pour contenir toute la bénédiction qu'Il réservait à Israël.

Pour être aidé, aide-toi, toi-même juif opprimé en faisant la paix avec ton frère et ton voisin ; seulement alors tu seras libéré et Tischa-beav, jour de deuil deviendra un jour de joie, un jour de fête.


MENAHEM AB
W. Wolf
Kadimah -

9 Ab !
An 70, destruction du Second Temple !
An 1306, expulsion des Juifs de France !
An 1492, expulsion des Juifs d'Espagne !
Date fatidique qui depuis des millénaires poursuit Israël !
Parlons de l'exil des Juifs de France.

23 juillet 1306
On pourrait croire que Philippe le Bel qui eut l'audace d'entrer en lutte avec le pape, de faire arrêter même le chef de la chrétienté par ses hommes, devait avoir été moins fanatique à l'égard des Juifs que ne l'avait été Saint-Louis et plus tolérant encore que Philippe le Hardi, son père, qu'un concile avait cru devoir rappeler à l'ordre. Mais les contemporains ne s'y fiaient pas. Depuis qu'en 1285, Philippe IV avait succédé à son père, ils savaient à quoi s'en tenir. Les démêlés avec le Pape n'étaient que de la politique, les affaires avec les Juifs étaient dictées par des intérêts. Et sur ses intérêts, Philippe le Bel était de fer. Oh ! il ne persécutait pas ses Juifs par fanatisme purement religieux. Il était des cas où il savait les défendre contre les Seigneurs et le Clergé, parce que, n'est-ce pas, il était leur maître par la grâce de Dieu. Et Philippe le Bel n'aimait pas qu'on lui prît ses biens ! Mais comme les Juifs lui appartenaient, il ne se gênait pas avec eux. A l'occasion, lorsqu'il est en humeur de donner, il offre un de ces Juifs, tel ce riche Josse de Pontoise, dont il fait cadeau à Charles, comte de Valois et autres lieux, son frère, en 1296. Mais, comme les Juifs sont bonne marchandise, il achète à ce même frère tous les Juifs de son domaine de Valois, en 1299. En vérité, c'est au seul point de vue de ses intérêts qu'il songe à eux. A Beaucaire, par exemple, il les contraint, en 1294, à habiter, tous, un quartier spécial : ghetto avant la lettre. Et il ne manqua pas d'en tirer profit. Les Juifs de Paris, vers l'an 1300 payaient trois fois plus qu'en 1296, et Philippe le Bel fait même commerce avec eux de leur rouelle. Pour ne pas la porter, ils lui payaient 50 livres par an !

On comprend que dans ce cas, les Juifs n'avaient rien à attendre de lui. D'autant plus que les besoins du Roi se faisaient de plus en plus pressants. Ses guerres avec l'Aragon, avec l'Angleterre, avec les Flandres avaient épuisé ses caisses. En 1305, il faisait la paix avec les Flamands. Il fallait penser à faire rentrer l'argent. Deux moyens étaient à sa disposition, détruire les Juifs d'abord, allait les expulser, et les jeter hors de ses frontières ne leur laissant absolument rien.

Le 21 janvier 1306, il ordonna à tous ses fonctionnaires secrètement, d'incarcérer le même jour tous les Juifs de France. Et ce jour devait être celui-là même où les Juifs pleureraient la chute de Jérusalem et de son Temple, le 9 Ab ! Le 22 juillet 1306 donc, au matin, les Juifs furent saisis par les gens du Roi et jetés en prison. Alors, on les informa que leurs biens étaient confisqués, les créances annulées et qu'ils avaient un mois pour quitter le territoire royal lequel s'était augmenté de la Champagne, de la Marche avec Angoulême, de Lyon et du Vivarais.

On dit qu'il y avait encore une autre raison à l'expulsion ordonnée par Philippe le Bel. Le Roi de France était alors en froid avec Albert, l'Empereur d'Allemagne. Celui-ci n'agissait pas autrement avec ses Juifs que Philippe. Mais il avait émis la prétention qu'en qualité d'Empereur Romain, successeur naturel des Vespasiens et des Charlemagnes, il avait des droits de souveraineté sur les Juifs de France. En langage clair, cela signifiait qu'il avait droit à un partie des impôts payés par ces Juifs. Philippe s'étant renseigné sur le bien-fondé de ces réclamations, et ayant appris qu'elles étaient légitimes, avait décidé de lui donner tous ces Juifs, après leur avoir tout pris.

En effet, les Juifs ne purent sortir de France qu'avec les vêtements qu'ils portaient sur le dos et de la nourriture pour un jour !

Au nombre de 100.000 environ, les Juifs quittèrent la France, abandonnant la terre qui, pendant des siècles, avait été, pour eux, parfois une mère, plus souvent une marâtre, mais où avaient brillés des centres de haute culture juive. Ils se réfugièrent où ils purent : en Lorraine, en Franche-Comté, en Provence, en Savoie et aussi en Allemagne, en Italie et en Turquie. Mais la plus grande partie fut condamnée à errer, nue et affamée.

Il est peu de commentaire à cet événement, qui puisse être aussi émouvant que ces quelques lignes écrites par un de ces malheureux exilés, Estori Parhi. lignes que nous empruntons à une citation de Graetz : "Ils m'ont chassé de l'école ; encore jeune, j'ai dû abandonner, pauvre et nu, ma maison paternelle et errer à travers des pays et des nations, dont j'ignorais la langue." Parhi ne trouva quelque repos qu'en Palestine.

Cependant, les Juifs continuaient à se disputer et à s'excommunier, et comme ils ne pouvaient plus le faire à Montpellier, ils transportèrent leurs luttes amères autour de la philosophie et de l'orthodoxie en d'autres lieux.., à Perpignan entre autres, aux frontières du pays qui les avait chassés...


MENAHEM AB
W. Wolf
Kadimah -

Nous avons parlé des cinq catastrophes qui selon nos Rabbins étaient survenues le 17 du mois de Tamouz. Le 5 du mois d'Ab nous rappelle aussi cinq malheurs. "C'est en ce jour que Dieu avait défendu aux Enfants d'Israël de pénétrer dans la Terre Promise (parce qu'ils doutaient de pouvoir y entrer) ; que le Premier Temple fut détruit ; puis le Second ;que la ville de Bethar fut prise ; et que la charrue passa sur la Ville". Et le texte ajoute : "Dès le premier Ab, on restreint l'allégresse (Mischnah, Taanith 4:6).

Pour moi, de tous les six livres de la Mischnah, il n'est rien de plus émouvant que cette phrase lapidaire : "Dès le premier Ab, on restreint l'allégresse..." Les cinq catastrophes qui correspondent au 17 Tamouz, même seul le souvenir des Tables de la Loi brisées, devraient suffire pour que notre deuil durât plus d'un jour ! Il n'en est rien. Mais celles dont le 9 Ab perpétue la mémoire, nous imposent un deuil plus long: "Dès le premier Ab..." Et nous remarquons que toutes ont eu pour objet ou pour théâtre Eretz Israël.

On parle beaucoup depuis quelques années du retour en Palestine, de la reconstruction du pays. Et s'il est un moment dans l'année juive où nous pouvons réfléchir à ces questions, c'est bien au mois d'Ab, anniversaire de tant de malheurs nationaux. Le retour en Palestine, certes, est une chose utile, peut-être même nécessaire pour des raisons économiques ou politiques. On a même dit que le seul amour-propre devait nous y faire retourner, afin d'y replanter une civilisation juive dans une terre juive, dans une terre sanctifiée par notre passé. Mais, avez-vous déjà lu dans Jérémie, cette phrase : "Tous les persécuteurs des enfants d'Israël les attrapaient entre les bornes" ? "Entre les bornes", c'est notre destin et notre malheur, de nous y tenir depuis des siècles ! Nous avons été balancés entre la civilisation juive et les civilisations chaldéennes ou assyriennes, plus tard entre la civilisation juive et la grecque. De nos jours, le problème est plus grave encore. Les civilisations qui disputent au judaïsme notre formation sont aussi nombreuses que les pays dans lesquels nous sommes dispersés. Et c'est pourquoi les ennemis peuvent l'emporter sur nous. Ils nous trouvent "entre les bornes", sans appui !

A ce mal, on a trouvé une solution : le retour à Sion, la vie entre nous, pour une civilisation qui serait la nôtre.
Des milliers ont suivi cet appel de retour. Des sommes énormes ont été dépensées pour l'oeuvre de reconstruction. Et cependant, le Mur des Pleurs et toujours là et je crains qu'il ne demeure pas seulement pour que les véritables Juifs y aillent verser leurs larmes, mais qu'il demeure et qu'il ne pleure lui-même de ce qu'il voit. Il voit des palais et des jardins florissants, des maisons d'affaires et des usines, des fabriques et des établissements de luxe. Et il peut comparer ce qu'il voit à ce qu'il voyait jadis et il peut dire, comme nous-mêmes, dans notre prière du 9 Ab : "Toi, Dieu, tu as brûlé le Temple, reconstruis-le par le feu !" C'est-à-dire : "Reconstruis-le par la flamme de l'enthousiasme, pour une civilisation vraiment juive et non par les seuls emprunts que nous faisons à la civilisation des hommes. C'est Toi, Dieu, Toi seul qui peut nous guider !"

Avant sa mort, Moïse dit au peuple : "Vois, je vous enseigne des statuts et des prescriptions, comme l'Éternel mon Dieu l'a ordonné. Exécutez-les dans le pays que vous allez prendre en possession. Observez-les, car c'est elle, la Torah, qui, aux yeux des autres peuples doit être votre sagesse et votre intelligence. De sorte que s'ils apprennent vos statuts ils diront : Cette grande Nation, c'est un peuple sage et intelligent ! (Deutéronome 1:5-6). C'est par la Torah que nous pouvons recréer une civilisation vraiment juive, afin que nous ne trébuchions point là où trébuchent les civilisations modernes. "Car le pays où tu entreras n'est pas comme l'Egypte d'où vous êtes sortis, il ne faut plus irriguer le sol avec tes efforts, le pays sera irrigué par la rosée céleste." (Dt. 9:10-11). N'est-ce pas une rosée céleste que cette civilisation juive qui nous vient de Dieu, que nous la trouvions dans notre Torah ou dans les paroles de nos sages ? C'est elle seule qui pourra reconstruire vraiment le Pays d'Israël. Mais pour atteindre ce but, il nous faut pouvoir compter sur notre jeunesse.

Ecoutez Jérémie qui pleure : "Leurs enfants vont en captivité devant l'ennemi; toute gloire a disparu de Sion" (Lamentations I:5-6). Et le Midrasch ajoute : "Voilà comment Dieu aime les enfants. Quand le Sanhédrin fut exilé, la Majesté Divine ne s'exila point avec lui; quand les prêtres furent exilés, la Majesté Divine ne s'exila point avec eux; mais quand les enfants s'en allèrent en captivité devant l'ennemi, la Gloire Divine disparut de Sion!" Et le Talmud, parmi les explications qu'il donne de la destruction de Jérusalem nous dit : "Les écoles étaient vides ! (Shabath 119 b). S'il n'y a pas de connaissances juives, il ne peut y avoir de civilisation juive et s'il n'y a pas de civilisation juive, pourquoi une terre juive ?

Dès le Premier Ab, restreignons notre allégresse !
Aussi longtemps que nos écoles seront vides, le pays ne pourra être reconstruit et la Gloire Divine ne pourra y retourner ! Voilà la pensée du mois d'Ab !


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