Eté 2022 : l'Ukraine envahie par la Russie
et nouvelles réflexions sur la musique hébraïque
par Hector Sabo


I. UN PEU D'ACTUALITE

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en mars de cette année, la presse et l'opinion publique ne cessent de parler de l'Ukraine, de son tragique destin actuel, de son histoire, de sa culture, de sa population…

Dans mon livre Voix hébraïques. Un voyage dans la musique juive d'Occident, sorti en mai 2020 et finalisé deux ans plus tôt, je consacre le premier des quatre sous-chapitres du chapitre VI, à la musique synagogale en Ukraine.
Dans l'annexe correspondant au chapitre en question, je propose une analyse détaillée de six œuvres majeures du répertoire hébraïque entre la fin du 19e et le début du 20e siècle en Russie et en Pologne. Les deux premières sont des œuvres chorales d'Abraham Dunajewski, d'Odessa, compositeur et chef de chœurs à la Synagogue de la rue Richelieu durant un demi-siècle.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, de nombreux concerts, hommages et autres gestes de solidarité ont été organisés. A Strasbourg, j'ai été invité à participer à une journée de solidarité organisée par une association locale, à l'église protestante Saint-Guillaume. J'ai ouvert la journée avec un petit récital de vingt minutes dans lequel j'ai accompagné au piano la basse Jean Moissonnier, dans un échantillon d'airs hébraïques et classiques incluant de oeuvres de Mozart, Halévy, Honegger et Max Janowski.

Ce programme n'a pas été conçu autour de la musique ukrainienne, mais plutôt autour de musiques hébraïques que nous pratiquons avec Jean depuis de longues années Nous avons tous les deux fréquemment interprété les deux airs de Sarastro, extraits de La flûte enchantée de Mozart, mais dans mes adaptations en hébreu… Les deux airs de Jacques Halévy sont extraits de son œuvre Mimaamakim, De Produndis hébraïque, qui reprend le texte du Psaume 130. D'Arthur Honegger, on a interprété un air de basse sur les trois premiers mots de ce même psaume hébraïque ; et de Max Janowski, américain d'origine berlinoise qui a été actif dans la musique en général (il était un pianiste virtuose) et dans le chant synagogal en particulier, une prière hébraïque : D'un amour éternel tu aimes ton peuple Israël.

Ces musiques ne sont qu'indirectement liées à la musique ukrainienne. En dehors de la musique synagogale, composée surtout par des chantres de synagogue actifs en Ukraine, un nombre important de grands musiciens juifs du 20e siècle sont originaires de ce pays. Parmi les plus importants : le pianiste Vladimir Horowitz, le violoniste Jasha Heifetz, le compositeur de comédies musicales Sholom Secunda (auteur de Tum balalaïka, Dona, dona, ou encore Bay mir bistu shein), sans oublier d'autres musiciens dont les parents ont émigré aux USA depuis l'Ukraine : George Gershwin, Leonard Bernstein ou Irwin Berlin… Même la pianiste argentine Martha Argerich a des origines juives ukrainiennes de côté de sa mère.

Bien sûr, je n'ai pas attendu les événements politiques actuels pour mettre en valeur la musique de compositeurs juifs d'origine ukrainienne. Depuis plus d'un quart de siècle, dans ma pratique quotidienne de la musique synagogale (18 ans à la tête de la chorale Le chant sacré, de la Grande Synagogue de Strasbourg, 26 ans à la tête des Polyphonies Hébraïques de Strasbourg et 16 ans à la tête du Chœur Juif de France à Paris), je joue et je dirige les musiques de compositeurs ukrainiens tels que David Nowakowski, Pinchas Minkowski, Abraham Dunajewski ou encore Joshua Abrass ou Sholom Secunda.

Il me semble important de remarquer ici la diversité des influences et croisements de styles. On retrouve dans les musiques ukrainiennes - composées pour la synagogue - des influences allemandes (les juifs ukrainiens sont inscrits dans la culture achkénaze, juive-germanique), françaises (des échanges importants avec des musiciens français de la fin du 19e siècle sont attestées), et italiennes (l'opéra de l'époque était avant tout italien, pour toute l'Europe, et pour l'empire russe aussi), et l'empreinte évidente du folklore local.

Enfin, je ne me lasse pas de le répéter : ces musiques juives-ukrainiennes comptent parmi les plus réussies, les plus belles et les plus abouties du répertoire ébraïque.

II. QUELQUES DÉCOUVERTES DEPUIS LA SORTIE DE MON LIVRE

L'achèvement de mon livre, en 2019, n'était qu'à "mi-parcours" de ma trajectoire autour des musiques hébraïques, que je continue à explorer et à découvrir au quotidien grâce à une activité musicale ininterrompue. Ainsi, je prends connaissance des partitions que me font parvenir collègues ou amis ; je trouve, souvent par hasard, de nouveaux enregistrements de musiques hébraïques en ligne ou à l'occasion de la sortie de nouveaux albums ; et aussi en recevant les informations de divers sites auxquels je suis abonné. L'Institut Européen de Musiques Juives de Paris apporte par ses publications bi ou tri-mensuelles en ligne une quantité impressionnante et constamment renouvelée d'informations sur la musique juive dans le monde, tout comme le site Academia, un réseau universitaire qui diffuse des publications liées à la culture juive en générale et à la musique juive en particulier.

Avec l'IEMJ, j'ai eu la chance en 2019 de me voir proposer un très beau projet : enregistrer un album consacré aux musiques synagogales de Jacques Offenbach, son père et plusieurs musiciens de son cercle parisien, dans le cadre de la commémoration du bicentenaire de sa naissance. Je n'ai donc pas traité dans mon livre un certain nombre de ses musiques que j'ai découvert pour l'occasion et que j'ai enregistré en jouant et en dirigeant depuis, plusieurs fois en concert. J'avais découvert certaines de ces musiques il y a longtemps, grâce aux travaux d'un musicologue israélien à Paris, mais je n'avais pas eu l'occasion de les explorer en détail ni de les faire jouer .

Depuis la sortie de mon livre, j'ai eu l'occasion d'explorer un bon nombre d'œuvres de compositeurs qui n'y sont pas citées et dont j'ai découvert les richesses insoupçonnées. C'est le cas de certaines œuvres synagogales de compositeurs américains comme Sherry Kozinski ou David Shukiar, que j'ai eu l'occasion de diriger en concert ces dernières années, et qui se révèlent d'un grand intérêt musical. La musique de ces compositeurs, tout comme celle de leur compatriotes contemporains, est représentative de l'esthétique "judéo-américaine" du "nouveau monde" pendant la seconde moitié du 20e et le début du 19e siècles.

J'ai également abordé de la musique hébraïque de compositeurs non-juifs, comme les Five Hebrew Song de l'Américain Eric Whitacre, que j'ai programmé trois fois en concert lors de la reprise d'activité post-Covid avec les Polyphonies Hébraïques de Strasbourg.

Toujours dans le domaine des musiques actuelles, et dans le cadre de la récente reprise d'activité, j'ai eu le plaisir de programmer dans ces mêmes concerts une création musicale qui m'avait été commandée pour célébrer le centenaire de la naissance d'un poète judéo-alsacien : Claude Vigée. Natif de Bischwiller, près de Strasbourg, il a laissé une production poétique et philosophique considérable et a disparu peu avant d'atteindre un siècle de vie. Sa ville natale, voulant lui rendre hommage, m'a commandé la composition de ce qui est devenu Cinq poèmes de Claude Vigée, pour chœur mixte, solistes, récitant et quintette à cordes. L'œuvre, d'une durée d'un quart d'heure, a été créée à l'église protestante de Bischwiller le 29 août 2021, puis reprise à Strasbourg deux fois dans la même année. Les quatre premiers poèmes choisis sont chantés en français ; leurs musiques correspondent à ma sensibilité musicale, à mes goûts pour divers styles de la musique classique, et sans doute aux influences des musiques hébraïques que j'aime. Le dernier poème est chanté d'abord en hébreu, dans une traduction publiée par le fils du poète, puis en français pour conclure, sur une musique fortement marquée par le style klezmer.

III. QUELQUES CHANGEMENTS DE PERSPECTIVE SUR LA MUSIQUE HÉBRAÏQUE

Mes lectures, mes écoutes d'émissions de radio et mes échanges avec certains collègues musiciens et musicologues m'ont également fait entrevoir des nouvelles perspectives sur la musique hébraïque.

Si je devais présenter une "mise à jour" de la musique hébraïque à travers les époques, telle que présentée dans mon livre, cela pourrait se résumer de la manière suivante :

  1. En ce qui concerne la musique hébraïque du moyen-âge, les choses n'ont pas beaucoup changé. Quelques nouveautés discographiques ont vu le jour depuis la parution de mon livre, notamment la sortie d'un album retraçant la musique des juifs de Normandie, expulsés du royaume de France au début du 16e siècle. L'écoute de cette musique, chantée en langue vernaculaire (on n'atteste pas de dialecte juif particulier dans le Nord de la France à l'époque),ne laisse rien paraître de bien original. Cette musique sonne comme bien d'autres musiques de son époque, sans distinction culturelle particulière.

  2. Du côté de la Renaissance, rien de nouveau. La musique de Salomone Rossi, à cheval entre le 16e et le 17e siècles dans l'Italie du Nord, garde à mes yeux une valeur inestimable. Ma seule surprise récente a été la découverte - qui reste encore à explorer dans les détails - d'une publication des motets hébraïques de Rossi à Vienne en 1826, alors que la bibliographie spécialisée affirmait jusque là que cette production avait été publiée pour la première fois la fin des années 1870 par Samuel Naumbourg (et Vincent d'Indy) à Paris.
    Cette source d'information met une lumière nouvelle sur la connaissance de la musique de Rossi dans l'Europe du 19e siècle, deux cents ans après sa disparition, et alors que sa musique était tombée dans l'oubli presque total.

  3. Le 19e siècle, avec l'émancipation progressive des juifs en Europe occidentale et la mise en place d'une production musicale inédite par sa richesse qualitative et son importance quantitative, présente peu de nouveautés, à l'exception toutefois d'un éclairage donné par un article de 14 pages paru récemment en ligne dans le réseau Academia et signé par le musicologue Dov Resenschein. Il s'intitule On Schubert and the Jews : "Connecting Cantorial Traditions and the Obscurities of Viennese Sacres and Secular Art", ce qui pourrait être traduit comme suit : A propos de Schubert et les juifs : traditions cantoriales liées et points obscures de l'art sacré et profane.
    Cet article, un peu révolutionnaire à mon sens, apporte une vision nouvelle et bien argumentée sur les rapports entre Franz Schubert et la communauté juive de la capitale autrichienne de son temps. Son amitié avec le jeune musicien Salomon Sulzer, premier cantor de la nouvelle synagogue de Vienne, va laisser la trace communément connue de la seule composition hébraïque connue de Franz Schubert (le Psaume 92, dont seulement la moitié du texte est mis en musique sur la partition publiée). Peu de choses étaient connues jusqu'à présent sur la genèse de cette composition unique dans l'histoire de la musique. Mais l'éclairage nouveau donné par les recherches de Dov Rosenschein laisse entrevoir des relations bien plus étroites que ce qui était supposé, entre Schubert et le judaïsme viennois. Il y serait question d'une œuvre bien plus vaste, dont plusieurs parties n'ont pas encore été retrouvées, avec une collaboration musicale qui remonte à presque vingt ans avant la première publication de l'œuvre de Schubert par Sulzer, en 1845 (Schubert est décédé en 1828). La première publication de l'œuvre en question, dans le cadre d'une édition intégrale des compositions de Schubert ne se fera pas avant 1860. On y constate quelques différences d'importance par rapport à la première édition (retouches de l'éditeur ? … ). La toute première publication en 1845 du Psaume 92 mis en musique par Schubert fait partie du recueil de musiques juives pour la synagogue édité par Sulzer. Il contient des œuvres chorales de divers compositeurs de l'époque, écrites à sa demande, et une majorité d'œuvres de Sulzer lui-même, dont certaines sont des notations harmonisées de mélodies traditionnelles de la liturgie locale.

  4. Concernant généralement la musique hébraïque du 19e siècle, seules deux œuvres de Jacques Offenbach pour la synagogue, retrouvées dans sa maison familiale de Saint-Mandé, à côté de Paris, ont suscité mon vif intérêt, lorsque je les ai abordées en 2019. On imagine bien qu'il pourrait y avoir d'autres compositions dans ce genre musical, issues de la main du célèbre auteur de La vie parisienne et de bien d'autres titres célèbres du genre lyrique.
    Offenbach s'est rendu à de nombreuses reprises à Cologne pour aider musicalement son père lors des offices des grandes fêtes religieuses, laissant supposer que son apport à ce répertoire ne se limite pas à ces deux petits morceaux. Son père, Isaac, cantor de synagogue, a laissé un nombre bien plus important de compositions, dont on apprécie la belle facture et une inspiration empreinte de respect pour la tradition et d'une volonté affichée de renouvellement musical dans l'air du temps.


  5. Marcia funebre sulla morte d'un pappagallo. Enregistré en direct le 9 février 2014 à la Maison
    de la musique de Nanterre, à l'occasion du 20ème anniversaire de La Bande des Hautbois

    Quatre danses pour saxophone and organ (Antoine Auberson), 3ème vidéo: A Synagogue in the hill, -
    A. Auberson, saxophone & Benjamin Righetti, orgue - Eglise St-François, 2016
    A la même époque, à Paris, un musicien hors du commun gravitait entre les salons, les salles de concerts et, pour un temps assez court, à la nouvelle Grande Synagogue consistoriale de la rue Notre-Dame de Nazareth : le pianiste, organiste et compositeur Charles Valentin Alkan. Etant l'un de plus grands virtuoses de son temps (il était un bon ami de Chopin), il est sollicité par le Consistoire israélite de Paris pour devenir le premier organiste de la nouvelle grande synagogue, dotée de grandes orgues (un Aristide Cavaille-Coll, le summum de l'époque). Mais les conditions de travail ne lui conviennent pas, et il quitte ce poste au bout de quelques semaines. Dans son importante production, essentiellement pour le piano, on trouve seulement deux compositions chorales pour la synagogue (comme chez Jacques Offenbach), qui n'ont pas une grande valeur artistique. D'autres pièces comme la série de Treize prières pour orgue (77 pages) montrent une grandeur de vue toute différente. Mais une pièce chorale, que j'ai découverte en 2020, m'a fait beaucoup réfléchir : Marcia funebre sulla morte d'un pappagallo, titre italien original que l'on pourrait traduire par Marche funèbre sur la mort d'un perroquet. L'écoute, par hasard, de cette pièce chorale à la radio, jouée par trois hautbois et un basson, avec le chœur, m'a immédiatement saisi. J'ai cherché et trouvé la partition pour comprendre mon étonnement et découvert avec joie que l'accompagnement instrumental était destiné initialement - sur la première édition - à un orgue…
    J'ai soigneusement étudié cette musique et je me suis mis en tête qu'il fallait que je la fasse chanter aux Polyphonies Hébraïques. Mais dans quel cadre ? Et pourquoi cette musique me parlait-elle si fort ? En faisant des recherches, j'ai trouvé plusieurs réponses : Alkan était un musicien "… plein d'un humour très fin, qui aimait se moquer de temps à autre de son propre art, et surtout du sérieux des musiciens romantiques, pour lesquels la composition était une question de vie ou de mort".
    Ses biographes mettent l'accent sur son penchant "talmudique" ou "talmudiste". Il a pris plusieurs années pour mettre en musique - à ses dires - l'intégralité de la bible (la Torah), mais ce projet n'a pas abouti et aucune trace de ce travail ne nous est parvenue en dehors de sa correspondance.
    C'est alors que j'ai donné ma propre interprétation de la signification de cette œuvre "moqueuse" (de l'humour juif avant l'heure ?...). Le texte chanté de la pièce se résume à deux phrases : "As-tu déjeuné Jaco ? Et de quoi ? Ah !", qui se répètent de très nombreuses fois. Pour faire bref, voici mon interprétation : Alkan nous rappelle (en dehors de toute connotation liée aux perroquets) l'histoire biblique de Jacob et Esaü, avec l'échange entre le droit d'aînesse et un plat de nourriture, mais inversée. Chacun interprétera à sa convenance. Je n'ai pas encore pu monter cette pièce avec le chœur, mais cela ne saurait tarder, assorti, certainement, de l'une ou l'autre des deux pièces hébraïques composées par le musicien pour les offices synagogaux.

  6. Je n'ai pas eu accès à de nouvelles partitions de la fin du 19e siècle et n'ai pas découvert non plus des enregistrements nouveaux.

  7. Et pour ce qui concerne la musique hébraïque du 20e siècle mes découvertes se sont limitées à quelques enregistrements magnifiques d'œuvres méconnues : un grand et beau Lekha dodi (hymne d'accueil du Shabath) de Mario Castelnuovo-Tedesco, pour une formation vocale à huit voix, plus la partie soliste principale (partie de ‘hazan) et aussi une pièce instrumentale déconcertante de beauté : le troisième mouvement d'un recueil de "Quatre danses" pour saxophone soprano et orgue intitulé A Synagogue in the Hill (Une synagogue sur la colline) du saxophoniste et compositeur suisse Antoine Auberson. J'ai été stupéfié par la beauté de cet extrait et surtout par son expression juste et authentique. L'extrait est audible sur YouTube. Je l'ai découvert précisément au moment où je concluais le cycle de quarante émissions radiophoniques réalisées en 2017 pour Radio Judaïca Strasbourg. J'en ai donc profité pour diffuser cet extrait en conclusion de la série, que j'avais appelé Ledor Vador, la musique hébraïque de génération en génération.
    Si vous voulez découvrir les autres (énigmatiques) danses de ce compositeur suisse peu connu, vous les trouverez sur la chaîne YouTube. Le dernier mouvement intitulé Danse ZZ, après l'écoute de l'évocation méditative de la première pièce, "calme et intérieure" (comme indiqué sur la partition pour le dialogue de la deuxième section entre les deux instruments), pourrait évoquer une danse ‘hassidique (ou klezmer)… du moins dans mon idée … Enfin, cela vaut la peine de prendre le temps d'écouter et de regarder les très belles images tournées en 2015 et éditées en 2016 par l'Association des amis de l'orgue de l'église Saint-François de Lausanne. Les quatre danses sont disponibles.

CONCLUSION

La musique hébraïque, comme toutes les autres musiques, se renouvelle sans cesse. Sa diffusion se poursuit, elle suscite de plus en plus d'intérêt et elle enrichit l'offre culturel de notre société avide de nouveauté et en mouvement constant. On découvre des œuvres et la production ne tarit pas. On entend beaucoup plus de musiques hébraïques dans les salles de concert que dans les synagogues, où il y a - tout comme dans les églises catholiques ou protestantes - une certaine stagnation, musicalement parlant (pour ne pas dire plus).

La spiritualité véhiculée par la musique sacrée trouve sa place - heureusement - de plus en plus dans des concerts, où depuis longtemps on peut apprécier, sans modération et surtout sans distinction ni "tri" du public, des œuvres véhiculant un message de paix et d'amour, de spiritualité et de recueillement. Les musiques hébraïques, longtemps victimes de l'"antisémitisme historique" sont aujourd'hui bien mieux appréciées par les mélomanes et ne se limitent pas à un public de connaisseurs. Les chœurs de tout genre les abordent sans complexes et leur connaissance se démocratise.

Tout cela est très positif et contribue au dialogue, au vrai dialogue respectueux entre les cultures qui cohabitent ou qui ont longtemps cohabité sans vraiment se connaître ou sans vraiment s'accepter. Cela doit continuer, pour l'amour de la diversité, pour la curiosité de ce qui ne nous ressemble pas ou peu.

La culture judéo-chrétienne dans laquelle nous vivons souffre encore aujourd'hui de plusieurs traumatismes du passé et du présent et les fanatiques de toujours n'ont pas de repos, hélas. Que cette "musique du monde", comme on se plait à la caser dans les rayons des disquaires ou dans les plateformes musicales en ligne, continue à servir les bonnes volontés : consolider la paix et le respect entre nous tous, pour faire un monde meilleur. Et continuer à partager l'amour de la bonne musique.

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