Fanny SCHWAB
(1898-1991)
une vie au service des autres
par Jean DALTROFF


Fanny Schwab
Fanny Schwab est née à Gerstheim le 7 décembre 1898. Elle travaille avant-guerre avec Laure Weil dans la maison du 11, rue Sellénick édifiée avec l'aide de l'architecte du gouvernement, Lucien Cromback aidé par l'architecte Emile Wolff qui fut inaugurée en septembre 1928. Cette maison hébergea très rapidement cent pensionnaires avec la section des cadettes, élèves et apprenties de 10 à 18 ans et le foyer pour les jeunes filles à partir de 18 ans, travailleuses, élèves et quelques rares étudiantes de facultés.

Elle participe dès décembre 1939 au côté de Laure Weil, à la création des Oeuvres d'aide sociale israélite aux populations évacuées d'Alsace et de Lorraine (OASI). Elle forme les assistantes qui parcourent régulièrement les départements de la Corrèze, de la Haute-Vienne, du Jura, de l'Ain, de la Savoie et de la Haute-Savoie pour venir en aide aux réfugiés. Grâce à l'aide matérielle et spirituelle du Joint, Fanny Schwab peut ouvrir une maison de jeunes, l'institution Elisa, à Bergerac.

En mai et en août 1941, elle aide Laure Weil à persuader les parents d'accepter de se séparer des enfants pour lesquels elles ont pu obtenir un visa d'émigration vers les États-Unis grâce à Mme Eleanor Roosevelt, l'épouse du président. En 1942, Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, refuse de laisser partir 540 enfants qui ont nommément leurs visas. En août 1942, Fanny Schwab se trouve à Vénissieux, où les résistants juifs, avec l'aide du père Chaillet et de l'abbé Glasberg (reconnus en 1981 et 2004 Justes parmi les nations), soustraient 108 enfants à la déportation. Les enfants sont dispersés par Claude Gutmann des EIF. Le père Chaillet est assigné à résidence parce qu'il ne veut pas indiquer la filière de sauvetage des enfants. Fanny Schwab continue son action jusqu'à la Libération.

Le Home de la rue Sellenick est restauré et peut à nouveau accueillir en novembre 1946 les jeunes filles victimes de la guerre et de la persécution. Le Home reprend son ancienne structure mais Laure Weil tomba malade et fut ravie par la mort, le 21 mars 1952.

Le Home Israélite de Jeunes Filles, sera dénommé en 1953 "Home Laure Weil". Fanny Schwab devient la présidente de l'œuvre qui ouvre ses portes aux jeunes filles venant d'Egypte, puis à celles qui sont envoyées en France par leurs parents habitant le Maroc, et enfin, aux adolescentes, à la suite de l'exode des juifs d'Algérie à Strasbourg.

Sous l'impulsion du Docteur Joseph Weill, président du consistoire israélite du Bas-Rhin et de Maître René Weil, président de la communauté israélite de Strasbourg, le Comité du home Laure Weil accepte d'accueillir un restaurant universitaire, qui se transformera en cité universitaire en 1965. Le foyer de jeunes filles de plus de 18 ans est maintenu.

© Jean Daltroff
Décédée le 5 novembre 1991 à Strasbourg, Fanny Schwab repose au cimetière israélite de Cronenbourg où elle a été inhumée en toute intimité le 6 novembre 1991.
Femme d'action, de caractère et de cœur, elle avait une constante disponibilité à l'intérêt général et un dynamisme qui resteront gravés dans le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui l'ont connue et aimée.
Elle fut présidente fondatrice honoraire des Œuvres sociales juives, vice- Présidente fondatrice honoraire de l'Union régionale des Œuvres privées (UROPA).
Elle a été élevée au grade d'Officier dans l'Ordre du Mérite.
Elle est l'auteur de Laure Weil, sa vie, son œuvre, Strasbourg, DMRA, 1969.

Sources


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