LES JUIFS DANS LES VOSGES
par Gilles GRIVEL
Professeur d'histoire au lycée Jean-Lurçat de Bruyères,
Président de l'association Daniel-Osiris pour la sauvegarde de l'ancienne synagogue de Bruyères.

Article paru dans la revue Relations, d'Épinal, mai-juin 1994.

A la différence de l'Alsace voisine, la présence juive dans les Vosges a toujours été plus réduite mais elle n'est pas négligeable. Des Juifs ont vécu dans les Vosges au Moyen-Age avant d'en être expulsés en 1477 et y vivent de nouveau depuis la Révolution.

Des Juifs au Moyen-Age dans Ies Vosges

VosgesDes Juifs s'installent dans la vallée du Rhin dès l'époque romaine. Ainsi une communauté juive est attestée à Cologne en 321. Dans ce qui correspond à l'actuelle Lorraine les indications mentionnant la présence de Juifs sont plus tardives. Elles datent du Moyen-Age. Il est certain que des Juifs vivent à partir du 9ème siècle, le siècle de Charlemagne, à Metz et à Verdun, et à partir du 13ème siècle, le siècle de saint Louis, dans le sud de la Lorraine, dont fait partie l'actuel département des Vosges. Des familles juives sont établies en particulier à Neufchâteau et à Saint-Dié.

Un groupe marginalisé par l'Église

A cette époque de chrétienté, les Juifs constituent le seul groupe qui n'adhère pas au christianisme. Pour l'Église leur attitude est scandaleuse : eux qui étaient le peuple choisi par Dieu et qui attendaient le Messie n'ont pas voulu le reconnaître en Jésus. Saint Augustin (354-430) développe à leur propos la théorie du peuple témoin. Ils ont pour fonction de témoigner par leur abaissement des malheurs qui frappent ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ. La Synagogue est représentée les yeux bandés face à l'Église triomphante (cf. le portail de l'horloge de la cathédrale de Strasbourg mais aussi le portail des Bourgeois de l'église Saint-Maurice d'Épinal). Les Juifs sont accusés de déicide (ils auraient tué Dieu en faisant mourir Jésus). Cet "enseignement du mépris" que diffuse l'Église va persister jusqu'au concile Vatican II (1962-65).

II entraîne au cours du Moyen-Age une marginalisation de plus en plus grande des Juifs. Ils sont contraints par les décisions du concile de Latran de 1215 de porter un signe distinctif : soit un chapeau jaune, comme en Allemagne ou dans les États du Pape, soit un morceau d'étoffe de même couleur (la rouelle) sur leurs vêtements, comme en France. Ils sont marginalisés sur le plan professionnel. Ils n'ont plus le droit de posséder des terres et sont donc exclus de l'agriculture. Ils sont aussi exclus de l'artisanat car les artisans appartiennent à des "corporations" qui sont des associations non seulement professionelles mais aussi religieuses. Ils n'ont pas le droit d'être "fonctionnaires" (juges, etc ..), ni d'être soldats. Ils doivent vivre du commerce et du prêt à intérêt, dont on leur impose la pratique, car il est qualifié d'usure et théoriquement interdit par l'Eglise aux chrétiens. Cette spécialisation professionnelle renforce l'hostilité de la population à leur égard. Ils sont mal vus pour des raisons religieuses mais aussi pour des raisons économiques.

L'expulsion des Juifs en 1477

RemiremontA la fin du Moyen-Age cette haine atteint son paroxysme. Les Juifs sont considérés comme des êtres diaboliques qui veulent la destruction de la chrétienté. Ils sont accusés de pratiquer des crimes rituels (c'est le cas à Saint-Dié vers 1220), de profaner les hosties et d'être liés avec les sorcières. Ils servent de boucs émissaires en cas d'épidémies, en particulier lors de la terrible peste noire de 1348-1353 dont ils sont rendus responsables.

Ainsi diabolisés, les Juifs sont souvent victimes de massacres ou d'expulsions locales. C'est le cas à Strasbourg en 1349, où deux mille d'entre eux sont brûlés vifs. Ils sont chassés progressivement d'Europe occidentale. en 1394 du royaume de France et en 1477 du duché de Lorraine, et donc des Vosges, par le duc René II. Ils trouvent refuge plus à l'est, dans l'Empire, qui correspond à l'actuelle Allemagne, ou en Pologne.

Le retour des Juifs en Lorraine

Mais les Juifs reviennent un à deux siècles plus tard en Lorraine. En 1559 Metz, qui était jusque là une ville libre, devient française et abrite une des plus importantes garnisons du royaume. Pour son approvisionnement en chevaux et en fourrages, pour le paiement des soldes, qui nécessite souvent le recours à des emprunts, le roi. autorise en 1567 l'installation de commerçants juifs seuls capables de remplir ces tâches grâce à leurs relations intercommunautaires. Plus tard au XVIIème siècle, les Juifs peuvent s'établir dans les autres villes de garnison françaises de la Lorraine du nord. A partir du début du XVIIIème, ils sont autorisés à s'installer dans certaines localités du duché de Lorraine. qui ne devient français qu'en 1766, et en 1789 il existe deux communautés actives à Nancy et Lunéville, sans oublier un certain nombre d'établissements dispersés.

Les Juifs à la veille de la Révolution

En Alsace, mosaïque de seigneuries et terre d'Empire, jusqu'à son annexion par la France en 1648, les Juifs n'ont pas été expulsés à la fin du Moyen-Age. Ils habitent dans les villages car le droit de résidence dans les villes leur est refusé. Ils sont à la veille de la Révolution au nombre de 22.000 contre 5.000 au moins dans l'ensemble de la Lorraine. Ces Juifs de l'Est forment à cette date l'essentiel de la population juive française qui compte 40.000 âmes.

Ils sont dans leur majorité pauvres. Ils vivent des seules activités qui leur sont permises : la brocante et la friperie, métiers jugés "vils", le commerce des bestiaux et des produits agricoles avec les paysans, commerce délaissé par les marchands chrétiens, et le prêt à intérêt de modestes sommes. Ils sont souvent colporteurs. Les plus riches d'entre eux sont fournisseurs des armées royales.

Les Juifs sont lourdement imposés et restent victimes de nombreuses discriminations légales. Ainsi ils ne peuvent vivre que dans certaines localités et de ce fait ils n'ont pas le droit de demeurer dans les Vosges, mais des marchands juifs des régions voisines viennent y faire du commerce. Ainsi en 1763 l'un d'entre eux, Salomon Berd, est accusé d'avoir payé une génisse à la foire de Bruyères avec de la fausse monnaie mais les juges l'innocentent de cette accusation.

L'émancipation et l'installation dans les Vosges

GerardmerEn 1789 se produit la Révolution qui adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, laquelle proclame que tous "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit" et garantit la liberté d'opinion même religieuse. Mais ce n'est qu'après deux ans d'âpres débats et grâce à l'action de l'abbé Grégoire, curé d'Emberménil, un village près de Lunéville, que tous les Juifs obtiennent les mêmes droits que les autres Français.

Ils peuvent désormais s'installer dans les Vosges. leur immigration commencée dès 1791 est forte dans la première moitié du XIXème siècle. Ils sont 755 en 1833, 1318 en 1856. Ils viennent d'Alsace et du nord de la Lorraine, où leur situation économique est souvent difficile. D'autres arrivent après la défaite de 1870 parce qu'ils refusent de devenir allemands. Les Juifs sont au nombre de 1839 personnes en 1873. La communauté est alors à son apogée.

L'intégration

Les premiers immigrants sont des colporteurs qui s'installent dans tous les bourgs du département. Ils connaissent tout au long du 19ème une diversification de leur activité professionnelle et une ascension sociale remarquable. Leur activité dominante reste le commerce, en particulier le commerce de vêtements ou des bestiaux, mais ils sont désormais établis à demeure. Les colporteurs se font rares. Un certain nombre d'entre eux qui constituent l'élite de la communauté exercent des professions libérales (médecins, avocats, ..) ou sont industriels (comme la famille Kahn et Lang qui possède l'usine textile des Grands Sables à Épinal).

Des enfants de familles juives vosgiennes font de brillantes carrières intellectuelles, tels Émile Durkheim (1858/1917), le fondateur de la sociologie, son neveu, Marcel Mauss (1872/1950), célèbre ethnologue, tous deux nés à Épinal, Yvan Goll (1891/1950), poète surréaliste, né à Saint-Dié, Léon Werth (1878/1955), romancier, ami de Saint-Exupéry, né à Remiremont, le linguiste Oscar Bloch (1872/1937), né au Thillot, auteur d'un dictionnaire étymologique de la langue française avec l'Allemand Wartburg, son demi-frère, l'historien Camille Bloch (1865/1949).

Cette ascension sociale s'accompagne d'une participation croissante à la vie sociale et politique du département. A partir des années 1840, les Juifs occupent des fonctions de conseillers municipaux et en 1910, l'un d'entre eux, Camille Picard, maire de Lamarche, devient député de l'arrondissement de Neufchâteau. Les Juifs sont favorables à la gauche républicaine parce qu'elle se réclame de l'héritage de la Révolution, qui les a émancipés.

Manifestations d'antisémitisme

Malgré leurs réussites individuelles et leur intégration socioéconomique, ils doivent faire face à une hostilité qui, sans être générale, peut être plus ou moins accentuée.
Cette hostilité éclate au grand jour lors de l'affaire Dreyfus à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. A Saint-Dié, les 26, 27 et 28 janvier 1898, des manifestants crient : "A mort les Juifs ! ", et lancent des pierres contre leurs maisons. Maurice Flayelle élu, avec l'aide du clergé catholique, député nationaliste de l'arrondissement de Remiremont en 1903 se proclame "nettement antisémite" et en 1910 lorsque Camille Picard est élu député, le journal "Le Patriote de Neufchâteau" écrit : "C'en est fait. Le malheur est complet. Notre arrondissement, ce beau pays de Jeanne d'Arc, a un député juif".

L'organisation de la communauté

Les Juifs forment dans la deuxième moitié du 19ème siècle douze communautés : Bruyères, Charmes, Épinal, Gérardmer, Lamarche, Neufchâteau, Rambervillers, Raon l'étape, Remiremont, Saint-Dié, Senones, Le Thillot. Chacune de ces communautés dispose d'un cimetière et d'une synagogue. Au départ cette dernière est une simple salle, souvent louée. Par la suite les communautés les plus importantes font édifier des lieux de culte plus imposants, qui doivent être le signe de leur intégration dans la société environnante. Leur plan est calqué sur celui des églises. C'est le cas des synagogues d'Épinal (inaugurée en 1856) et de Remiremont (inaugurée en 1873).

Les offices sont dirigés par un ministre-officiant. Seules les communautés d'Épinal (à partir de 1835) et de Remiremont (à partir de 1873) disposent d'un rabbin. Le premier rabbin d'Épinal est Moïse Durkheim (1806/1896), le père du célèbre sociologue.
Les communautés juives vosgiennes relèvent jusqu'en 1872 du consistoire régional de Nancy. Ce consistoire, comme les autres consistoires régionaux et le consistoire national, sont des organismes créés en 1808 par Napoléon Ier et chargés de l'administration du culte israélite. Ils sont composés de rabbins et de laïcs. Après la guerre de 1870, à la suite de l'arrivée massive des Juifs alsaciens, il est créé un nouveau consistoire dans l'Est, dont le siège est à Vesoul et auquel sont rattachées les communautés vosgiennes. En 1896, le siège de ce consistoire est transféré à Épinal et de ce fait le rabbin du chef-lieu des Vosges porte dès lors le titre de Grand Rabbin.

"La guerre de 1914-1918 dans les Vosges
SAINT-DIE (Vosges).- Partie d'Usine incendiée par les obus des Vandales du XXe siècle (Tissage A. Lévy et Cie"
Carte postale ancienne - coll. M. & A. Rothé
Mais si à leur arrivée dans les Vosges au début du 19ème tous les Juifs sont pratiquants, la situation change par la suite. Comme l'ensemble des Juifs français, ils sont fortement affectés par la sécularisation : ainsi, Camille Picard, le député de Neufchâteau, est un militant de la Libre-Pensée.

Les premiers signes de déclin

A partir de la fin du 19ème siècle, la communauté juive vosgienne décline numériquement. Alors qu'elle comptait 1956 fidèles en 1892, elle n'en compte plus que 1713 en 1905. Depuis cette date, du fait de la séparation des cultes et de l'État, on ne dispose plus de recensements précis. Cette situation est le résultat de la forte émigration vers Nancy et Paris, souvent liée à l'ascension sociale. Ainsi le grand-père du sociologue Raymond Aron qui avait créé un commerce de textiles à Rambervillers décide de le transférer à Nancy. Ces départs ne sont pas compensés par l'arrivée dans les Vosges de quelques Juifs d'Europe de l'Est (Pologne, Russie, Roumanie) à partir des années 1880 et jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Ce déclin frappe particulièrement les communautés des petites villes, qui au lendemain de la guerre de 1914-1918 n'ont plus de ministres-officiants salariés et ou les offices très souvent ne sont plus célébrés que pour les fêtes. C'est le cas à Bruyères. A Remiremont, à la fin des années 30 la communauté n'a plus de rabbin.

A la veille de la seconde guerre mondiale, seule la communauté d'Épinal continue à prospérer, sous la présidence d'Albert Netter. Elle dispose d'un Grand rabbin, Simon Morali (1909/1984). originaire d'Algérie, futur Grand rabbin de Nancy de 1945 à 1969, d'un ministre-officiant, Tobie Tynski, originaire de Pologne, de deux boucheries "cachères" (rituelles). Elle met sur pied en 1938 un comité, qui accueille une trentaine de Juifs allemands, qui ont dû fuir leur pays à cause des persécutions nazies.

La catastrophe

En juin 1940 la France est envahie par l'armée allemande. La IIIème République est remplacée par le gouvernement de Vichy qui adopte des mesures antisémites. Le statut des Juifs d'octobre 1940 les oblige à se faire recenser. II les exclut des fonctions d'autorité et d'influence (des mandats électifs, de la fonction publique) et les exproprie de leurs entreprises. En conséquence, le maire d'Épinal. Léon Schwab, celui de Lamarche. Camille Picard, et celui de Raon l'étape, Weil, doivent renoncer à leur poste.

La population juive connaît de profonds bouleversements car beaucoup de Juifs vosgiens ont fui dans la zone libre mais des Juifs de l'Alsace-Lorraine annexée se sont réfugiés dans les Vosges.
A partir de 1942 les Juifs doivent porter l'étoile jaune et font l'objet de rafles. 563 d'entre eux sont arrêtés dans les Vosges (69 en 1942, 162 en 1943, 357 en 1944). Parmi ces Juifs arrêtés se trouvent 200 Juifs polonais, dont le poète Izthak Kaztzenelson, porteurs de passeports latino-américains, transférés des ghettos et des camps de travail de Pologne au camp des internés civils anglais et américains de Vittel dans les premiers mois de 1943 et déportés les 18 avril et 16 mai 1944.

Tous les Juifs arrêtés dans les Vosges ont d'abord été envoyés au camp d'Écrouves, près de Toul, avant de partir vers les camps de la mort. Seuls 26 d'entre eux en sont revenus, soit 5 % du total. La majorité de ces Juifs arrêtés dans les Vosges ne vivaient pas dans ce département avant guerre.
Parmi les Juifs vosgiens qui avaient cru trouver un refuge à l'extérieur, un certain nombre d'entre eux sont aussi arrêtés et au total, c'est environ 200 Juifs vosgiens qui sont morts victimes de la solution finale. Un monument édifié à l'entrée du cimetière israélite d'Épinal (rue Saint-Michel) honore leur mémoire. Ces 200 Juifs vosgiens font partie des 80.000 Juifs de France morts en déportation (soit 24 % de la population juive de 1940, 16 % des Juifs français et 30 % des Juifs étrangers).

Le temps de la reconstruction

La communauté juive dans les Vosges se réorganise difficilement après la guerre. Elle est désormais réduite numériquement. Aux victimes de la déportation, il faut ajouter les familles qui se sont cachées loin du département et qui ne rentrent pas à la Libération. Seules les deux communautés d'Épinal et de Saint-Dié se reconstituent. Dans ces deux villes, les synagogues qui ont été détruites sont reconstruites, à Épinal en 1952, à Saint-Dié en 1956.. Dans les autres villes les synagogues sont désaffectées. La synagogue de Remiremont est détruite au début des années 1970. La communauté d'Épinal n'a plus de rabbin et n'est plus le siège d'un consistoire. Elle dépend désormais du Grand rabbin de Nancy, mais elle retrouve son ministre-officiant, Tobie Tynski, déjà là avant guerre.

Une communauté déclinante

EpinalSi la communauté juive française dans son ensemble a bénéficié de l'arrivée des Juifs d'Afrique du Nord dans les années 50-60 ce phénomène n'a touché que très marginalement la communauté juive vosgienne, qui de ce fait poursuit son déclin numérique. Ce dernier est dû aux mariages mixtes devenus très nombreux depuis la fin de la guerre et au départ des éléments les plus jeunes vers les grandes villes.
La population juive vosgienne en 1994 est vieillissante. Elle compte environ 70 familles, qui se répartissent entre les deux communautés encore existantes d'Épinal et de Saint-Dié. La première, présidée par M. André Franck, un négociant en retraite, réunit une cinquantaine de familles ; la seconde, présidée par M. Didier Weill, un cardiologue, seulement une vingtaine de familles. A ces familles, membres des deux communautés, il faut ajouter un nombre difficile à estimer de juifs, souvent mariés à des conjoints non juifs, qui se tiennent à l'écart de la vie communautaire.
De 1973 à 1993, la communauté d'Épinal a enregistré 14 circoncisions (soit 14 naissances masculines), 20 "bar mitzva", cérémonie qui marque à treize ans pour les garçons l'accession à la majorité religieuse, 3 mariages et 59 enterrements. Si l'on considère que les naissances féminines non enregistrées ont été grosso modo aussi nombreuses que les naissances masculines, le total des naissances a été d'une trentaine pour les vingt dernières années, soit deux fois moins que celui des décès. C'est le signe clair du déclin démographique de la communauté juive vosgienne.
Depuis 1945 le petit nombre de fidèles ne permet plus d'organiser dans les synagogues d'Épinal et de Saint-Dié des offices que pour les fêtes. A Épinal. actuellement, ces offices rassemblent une cinquantaine de personnes, à Saint-Dié, un nombre encore plus faible.
Seule la communauté d'Épinal dispose encore d'un ministre officiant, M. Haïm Elkaïm. d'origine marocaine, qui a succédé en 1972 à Tobie Tynski. La communauté de Saint-Dié fait appel, quant à elle, à un officiant venu de Strasbourg ou de Nancy.
Si à Vittel, dans la synagogue inaugurée en 1925 et rénovée en 1988, des offices ont lieu toutes les semaines, c'est seulement durant les mois de juillet-août pour les curistes.
La majorité des Juifs vosgiens sont des retraités. Mais parmi les actifs, comme dans le reste de la France, le nombre de commerçants a baissé, alors que celui des membres des professions libérales et surtout des cadres salariés s'est accru. La composition socioprofessionnelle de la communauté s'est ainsi modifiée de façon significative par rapport à ce qu'elle était autrefois.
Si l'antisémitisme n'est plus comparable à ce qu'il fut, il n'a pas disparu. En témoignent les graffiti tracés sur la façade de la synagogue d'Épinal à la fin de 1993 et au début de 1994, ainsi que la tentative d'incendie de celle de Vittel en juillet 1999. Mais évolution significative par rapport à la situation qui prévalait encore jusqu'à la dernière guerre, l'Église catholique a modifié son attitude à l'égard des Juifs. Alors qu'elle se montrait à leur égard autrefois hostile, elle cherche aujourd'hui à établir avec eux un vrai dialogue et c'est ainsi qu'à l'instigation de Simone Huk, professeur d'allemand et ancienne déportée, et sœur Marie-Noëlle Johnson, professeur d'anglais, un groupe judéo-chrétien a fonctionné à Épinal au début des années 1970 jusqu'en 1988.

CONCLUSION

Les Juifs ont malgré leur petit nombre joué un rôle important dans l'histoire vosgienne, en particulier à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, époque, où ils formaient une communauté très active, qui malheureusement a été décimée par les persécutions durant la Seconde Guerre Mondiale. II est nécessaire de maintenir vivant la mémoire de ce passé avec ses ombres et ses lumières. Les efforts entrepris à Bruyères pour sauvegarder l'ancienne synagogue inaugurée en 1903 et aujourd'hui couronnés de succès vont dans ce sens.

Pour aller plus loin :
Nous voudrions remercier Mme Françoise Job, historienne, spécialiste du judaïsme lorrain, qui a bien voulu relire notre texte.


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