MORHANGE
par Jean-Bernard LANG
page réalisée avec le concours de Pascal FAUSTINI



La synagogue construite en 1864


Ce pilier est le seul vestige de la synagogue,
détruite par les nazis - © Henri Schumann

La première famille installée dans cette localité serait celle de Louis Lévy, originaire de Metz, établie vers 1665-1670, et qui, aux dires d’un conseiller du duc Léopold, chargé de recenser les familles juives du Bailliage d’Allemagne, serait “la première famille établie (au bailliage) depuis les guerres”. D’autres familles, quinze au total, sont signalées dans le même document, installées tant avant qu’après le traité de Ryswick.

L’édit ducal de 1721 n’en tolérait cependant plus que six. Lorsqu’en 1726, un nouvel édit  institua des ghettos pour les Juifs lorrains, la mesure ne fut pas appliquée tout de suite à Morhange. Au contraire, en 1737, le premier titulaire du poste de rabbin de Lorraine, Néhémie Reicher, dont le siège restait fixé à Metz, y tint une assemblée de représentants des communautés lorraines. La municipalité s’inquiéta-t-elle de cette initiative néfaste, selon elle, à la bonne image de sa ville ? On ne sait, mais dès 1739, elle exigea que les Juifs de la ville se réunissent dans une rue séparée. Ulcérés, la moitié d’entre eux, pourtant autorisés, décidèrent de s’exiler. La communauté s’en ressentit tout au long de son histoire et ne s’y développa jamais comme on aurait pu le penser.

La synagogue n’y fut édifiée qu’au début du 19ème siècle, et un bâtiment plus imposant érigé en 1864. Par la suite, en 1910, la ville devint même, dans le cadre d’une refonte complète de l’administration consistoriale, le siège d’un rabbinat regroupant les communautés du cercle de Château-Salins, complétées par d’autres situées dans ceux de Boulay et de Forbach. Ce rabbinat, dont l’utilité n’était pas manifeste aux yeux de beaucoup, fut supprimé le 1er mars 1920, et ses attributions désormais réparties entre Metz, Sarrebourg et Sarreguemines.

Quarante-cinq Juifs résidaient à Morhange en 1939 et six mourront en déportation. La synagogue fut détruite par l’occupant, sous les yeux de son ‘hazan, Jules Lichtenstein, né en Pologne en 1884,  et qui exerça ses fonctions de 1936 à 1940 dans la localité. Expulsé après avoir été contraint d’assister à la démolition, Lichtenstein vécut de 1940 à 1942 à Neuilly-sur-Seine où il fut arrêté sur dénonciation. Déporté d’abord à Pithiviers, il célébra encore un office dans le train qui l’emportait vers Drancy et fut pour ce fait malmené par les gardes allemands. Il mourut à Birkenau. Son fils, Charles Liché est aujourd’hui rabbin des déportés.

A la Libération, la faiblesse numérique de la communauté fit surseoir, puis renoncer à la reconstruction de la synagogue. Un pilier frappé de l’étoile de David est le seul vestige de  son existence. Le président était alors Georges Jacob. Mais dès 1956, la communauté s’étiola. Il n’y avait plus que trois jeunes de moins de vingt ans en 1956. En 1961, le président était Raymond Jacob, son fils Pierre Jacob lui succéda en 1986. De nos jours, deux objets de culte originaires de Morhange figurent dans les collections du musée de la Cour d’Or, à Metz. Il s’agit d’un bougeoir et d’une plaque de Sepher Torah offerte par les dames de cette ville.


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