FENETRANGE
MITTERSHEIM, NIEDERSTINZEL,POSTROFF
par Jean-Bernard LANG
page réalisée avec le concours de Pascal FAUSTINI


Cimetière israélite de Fénétrange
© Henri Schumann

Chef-lieu de la baronnie du même nom, dévastée par la guerre de Trente Ans, la ville se repeuple lentement par l’arrivée d’immigrants picards, allemands, comtois et de quelques familles juives. Des juifs, probablement de passage, n’avaient jamais cessé de fréquenter la ville avant la guerre puisqu’en 1615, on réorganisa le corps urbain des arquebusiers, qui était financé par une taxe levée sur les juifs. Mais on ignore comment celle-ci était perçue et qui y était assujetti.

Une rue des Juifs apparaît sur un plan de 1720 qui naguère s’appelait rue des Bains (en 1613). La ville est alors le centre d’une intense activité économique, une foire aux bestiaux s’y tient chaque mois et les bouchers juifs alimentent un prospère commerce de peaux et de cuirs. Les clients sont des tanneurs et des chamoiseurs de Bouquenom (aujourd’hui partie de Sarre-Union), Sarrewerden (l’autre partie de celle- ci), Sarralbe et Puttelange. La présence d’une petite garnison attire également de nombreux juifs des alentours venus proposer des prêts aux jeunes officiers chroniquement endettés.

L’édit ducal de 1753 autorise dix familles à résider dans la localité mais en 1808, vingt-cinq chefs de famille font une déclaration à l’état civil. On y mentionne trois cabaretiers, quatre bouchers, six marchands de bestiaux, un de drap, deux brocanteurs, deux ferrailleurs, deux bimbelotiers (sorte de colifichets) deux colporteurs et trois instituteurs (comme il n’y avait pas d’école juive, il devait plutôt s’agir de précepteurs). En 1850, le consistoire dénombre vingt-quatre hommes de plus de 25 ans. Il y a un chantre à la synagogue, et deux “propriétaires“. Le reste est plutôt de condition modeste, marchands divers et colporteurs. Deux familles juives vivent à Niederstinzel (2 km au nord), une autre à Postroff (4 km à l’est) et cinq à Mittersheim (6,5 km à l’ouest).

Grâce à un don d’un certain Cerf Bloch, une synagogue est aménagée vers 1778-1780 dans un vaste grenier à foin attenant à sa maison, en coiffant les dépendances, et doté d’une entrée séparée. Elle est reconstruite en 1865-1867 au même endroit, dans l’ancienne ruelle du quartier juif. L’arrivée du chemin de fer à la même époque provoqua la construction d’une gare à Sarrebourg, ce qui isola Fénétrange et entraîna son déclin. La population commença à diminuer (quarante-cinq individus, femmes et enfants compris, en 1920) et beaucoup de juifs partirent vers Sarrebourg, mais aussi vers les grandes villes de France, voire d’Outre-Atlantique.

A la Libération, le consistoire crut que la communauté allait rapidement se reconstituer et projeta même de construire une nouvelle synagogue, l’ancienne étant devenue vétuste. Un terrain fut donc acheté en 1954 à cet effet, mais on se rendit compte peu à peu de l’hémorragie démographique, de sorte que cette parcelle fut revendue en 1958 et le projet abandonné. La synagogue fut désaffectée en 1979, car il n’y subsistait plus que deux familles qui furent rattachées administrativement à la communauté de Sarrebourg. L’Almémor fut démonté et transféré au Centre communautaire de Metz.

Le cimetière est composé de deux parties dont une est assez ancienne. Au cours de l’Occupation, il fut violé par les nazis qui en retirèrent les plaques tombales et les entreposèrent sur une place de la ville. Le terrain devait être exploité comme sablière. A la Libération, sur les conseils du président de la communauté, M. Julien Lion, les pierres tombales furent replacées sur leurs anciens emplacements, dans la mesure du possible.


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