8. Recueil de prières de Soukoth |
La première imprimerie en France uniquement consacrée aux
livres hébraïques est créée à Metz en 1764
par Moïse May.
Le ghetto de Metz comptait alors plus de deux mille habitants et une école
rabbinique réputée ; pourtant tous les livres nécessaires
à l'étude devaient être importés, en général
de Francfort.
Moïse May n'a pas de diplôme d'imprimeur, c'est
un banquier messin issu d'une famille instruite : il compte parmi ses
ancêtres un ministre-officiant, un juge du tribunal rabbinique, un rabbin
circonciseur, et son propre grand-père était un sofer réputé,
qui écrivit plusieurs rouleaux de la Torah. Soutenu par le grand rabbin
de Metz, Samuel Hellman, il rachète le fond d'un imprimeur de
Rödelheim (faubourg de Francfort), Moïse Lévy, et commence
immédiatement la composition d'ouvrages à Metz, aidé
par cet imprimeur et son contremaître.
Pour ne pas augmenter le nombre d'imprimeurs autorisés à
exercer à Metz (fixé à deux) et nuire à cette
corporation, le Parlement de Metz tolère l'activité de
Moïse May à condition que les livres soient composés dans
le quartier juif puis tirés chez un imprimeur breveté, en l'occurrence
chez Joseph Antoine.
En neuf années, Moïse May publie en tout dix-sept titres, essentiellement
des rituels de prières, des commentaires du Talmud, une grammaire,
un calendrier, une haggadah (texte lu à Pessah,
la fête de Pâque) et trois volumes du Talmud de Babylone.
En état de faillite, Moïse May interrompt ses publications en
1773 et part pour Hambourg ; son gendre Goudchaux Spire-Lévy, un banquier
cousin des Worms, cherche à rétablir l'imprimerie ; il
obtient une licence à son nom le 14 juin 1775 et installe les ateliers
à l'intérieur du ghetto.
Entre 1775 et son décès en 1789, Goudchaux publie vingt-huit
ouvrages : des calendriers, des rituels de prières, un Talmud, des
commentaires talmudiques dont notamment le Touré Even rédigé
par le grand rabbin de Metz de l'époque, le célèbre
Lion
Acher Günzburg dit Schaagath Arieh.
Les fils de Goudchaux, Abraham et Salomon, s'associent et font paraître
un journal politique hebdomadaire en yiddisch de 1789 à 1790 ; avec
leur grand-père Moïse May rentré de Hambourg, ils publient
en 1792 un commentaire du Talmud, mais les événements révolutionnaires
bouleversent la donne et, faute de commandes, l'imprimerie familiale
ferme en 1794.
En 1813, Ephraïm Hadamar, natif de Metz, obtient de l'administration
impériale un brevet d'imprimeur ; il rachète les locaux et le
matériel vétuste de l'imprimerie Spire-Lévy, et fait
venir de Francfort un choix de nouveaux caractères hébraïques.
En seize années d'activité, il inscrit trente-trois titres à
son catalogue ; à côté des livres à caractère
religieux traditionnellement publiés par ses prédécesseurs
(rituels de prières, Haggadah, calendrier hébreu, etc),
il développe une librairie pédagogique : catéchisme du
culte judaïque, traités de lecture et de grammaire hébraïques,
dictionnaire hébreu-français, instruction religieuse et morale
à l'usage de la jeunesse.
En 1830, il suspend ses activités pour raison de santé et s'installe
à Paris, où son fils Amédée sera également
imprimeur ; lui succède à Metz son associé Prosper Wittersheim,
puis le gendre de celui-ci : Joseph Mayer Samuel, un petit-cousin des frères
Lévy-Spire. L'atelier messin forme à l'époque de nombreux
apprentis dont beaucoup iront faire carrière dans les imprimeries parisiennes.
Des livres scolaires continuent à être publiés, notamment
les Exercices élémentaires sur la langue hébraïque
à l'usage des écoles israélites de France (1842).
L'imprimerie passe à un autre petit-cousin à la fois des Lévy-Spire
et de Mayer Joseph Samuel : Gerson Lévy, lequel a de plus épousé
la sœur de Prosper Wittersheim ; on peut dire que l'imprimerie hébraïque
messine est une vaste affaire de famille ! Gerson Lévy (1784-1864)
est professeur de littérature et de langues orientales ; il s'associe
son gendre Moïse Alcan et publie ses ouvrages sous l'appellation «
Librairie Gerson Lévy et Alcan », établissement qui devient
simplement par la suite « Librairie Alcan ».
L'ancienne imprimerie Even à Metz, rue Ambroise Thomas à l'emplacement
de l'actuelle librairie Hisler-Even, n'était autre que l'imprimerie
de Félix Alcan (fils de Moïse Alcan) à laquelle elle avait
succédé en 1870. En effet, à l'arrivée des Prussiens,
Félix Alcan avait transféré son activité à
Paris ; ce messin fut l'un des fondateurs des Presses Universitaires de France.
Parmi les textes contenus dans cet ouvrage, le livre d'Esther, une jeune juive déportée à Babylone qui devint l'épouse d'Assuérus, roi des Perses, et sauva son peuple de l'extermination programmée par Haman, le vizir du roi.
Imprimé à Metz chez Ephraïm Hadamar en 1817.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
La Loi, transmise oralement depuis Moïse fut mise par écrit dans un volume nommé la Michna vers 200 après J-C ; les commentaires de la Michna furent élaborés entre 200 et 500 après J-C et portent le nom de Guemara. L'ensemble de ces écrits (texte et commentaires) forme le Talmud, qui signifie enseignement.
Le texte figure dans une présentation désormais classique
depuis l'édition de Bomberg à Venise en 1520 :
En haut à gauche, le numéro du feuillet est figuré en caractères hébraïques ; les chiffres arabes sont utilisés au verso de la page, en haut à droite. Le caractère hébraïque indique donc le feuillet (il faut ensuite préciser recto ou verso), tandis que la caractère arabe indique la page. Les éditions messines ont la particularité de présenter le Talmud par demi-page
Imprimé par Moïse May chez Joseph Antoine, imprimeur du roi, Metz 1770.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
Le traité présenté ici est relatif aux gestes et comportements rituels imposés lors de la période des règles chez la femme (vêtements à porter, obligation du bain rituel en fin de période, etc) ; les règles à suivre après l'accouchement sont aujourd'hui incluse dans ce traité. Ce volume est accompagné d'approbations des rabbins de Worms, Glogau et Schwabach.
Imprimé par Moïse May chez Joseph Antoine, imprimeur du roi, Metz 1770.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
Le chandelier à sept branches (ou menora) représente l'œuvre de sept jours de la création, et sa lumière dans le Temple symbolise la présence divine. Après la destruction de Jérusalem en l'an 70, l'empereur romain Titus emporta dans son butin le grand chandelier à sept branches qui se trouvait dans le Temple ; on en retrouve l'image dans un bas-relief de l'arc de triomphe élevé à Rome en son honneur. La menora est un motif constant de l'art juif.
Imprimé à Metz chez Ephraïm Hadamar en 1820.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
Imprimé à Metz chez Goudchaux Spire-Lévy de Sarrelouis (nommé ainsi car Sarrelouis était sa ville natale) en 1776 « par la bonté de notre maître le grand roi Louis XVI de France » (texte hébreu de la dernière ligne de la page de titre).
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
La fête de Pentecôte a lieu cinquante jours après Pessah (la Pâque juive) et dure un ou deux jours ; elle commémore le don de la Loi (Torah) fait par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï.
Au folio trois de ce recueil, à la ligne quatre, on peut lire une bénédiction qui ne se prononce qu'à Metz et nulle part ailleurs dans tout le monde askénaze : « à Metz on ajoute : Béni soit notre Dieu, roi du monde, qui relève les humbles ».
Imprimé à Metz chez Ephraïm Hadamar en 1817.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
Les livrets de Haggadah sont souvent illustrés. L'exemplaire présenté ici est ouvert à une page figurant le passage de la Mer Rouge.
Imprimé par Moïse May chez Joseph Antoine, imprimeur du roi, Metz 1767.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.
Imprimé par Moïse May chez Joseph Antoine, imprimeur du roi, Metz 1767.
Prêt de M. le Rabbin Maurice Bamberger.