La présence juive autrefois : entre tolérance et exclusion

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Liste des familles juives
autorisées par Léopold Ier duc de Lorraine à résider dans ses États
Expulsés du royaume de France en 1394, de Lorraine en 1477, d’Espagne en 1492, et de bien des villes du Saint Empire Germanique, les Juifs se trouvent à la Renaissance dans une situation précaire et leur résidence en un lieu est généralement soumise au paiement de taxes et de péages divers.

Au 17ème siècle et encore pour la majeure partie du 18ème siècle, la Lorraine est divisée en territoires appartenant au roi de France, au duc de Lorraine et à des seigneurs dépendant du Saint Empire comme le Comte de Créhange.

Dans ces territoires, le nombre des Juifs tolérés était limité et de nombreux recensements du 18ème siècle (voire du 17ème pour la ville de Metz) nous sont parvenus, qui témoignent de cette volonté des souverains et de leur administration de contrôler cette population.

De quatre familles autorisées à résider à Metz en 1567, on passe à 24 familles en 1603 puis 58 familles en 1614 ; ils proviennent pour la plupart d’Allemagne rhénane. D’autres ménages sont admis par la suite : on en dénombre 294 en 1698 et plus de 400 tout au long du 18ème siècle.

L’administration royale autorise également quelques familles dans ses places fortes : quatre à Sarrelouis, deux à Thionville, quatre à Phalsbourg ; elle fait recenser les Juifs de la province des Trois-Evêchés en 1702 : 55 ménages se répartissent dans vingt localités et représentent environ 260 individus.

Dans les terres du duc de Lorraine, un état qui ne concerne que le bailliage d’Allemagne est dressé vers 1705 ; la liste suivante, présentée partiellement ici, date de 1721 et permet à 73 familles, réparties en 24 localités, de résider dans le duché. La liste de 1753, publiée sous Stanislas Leszczynski, élargit ce nombre à 180 familles.

La loi d’émancipation, votée en 1791, étendra aux Juifs les droits des autres citoyens de la République, et leur permettra de s’installer où ils le veulent, sans considération de leur nombre.

  1. Liste des familles juives autorisées par Léopold Ier duc de Lorraine à résider dans ses États (1721)
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    Exécutoire de la taxe Brancas


    Rôle de répartition

    Cette liste est annexée à une déclaration du duc Léopold, qui oblige les familles établies dans ses états et qui ne figurent pas sur la dite liste à quitter ses terres dans un délai de quatre mois. Le texte permet à celles qui sont citées de continuer à résider dans les lieux où leur demeure est fixée, « d’y exercer leur religion et de tenir leur synagogue dans une de leurs maisons sans bruit ni scandale », en se plaçant sous l’autorité de la synagogue de Boulay qui était la localité où il y avait le plus de familles à cette date. En matière d’ordre et d’administration, le duc reconnaît Moïse Alcan, Juif résidant à Nancy, comme le représentant des Juifs de ses états.

    Archives Départementales de la Moselle, BH 7881, Edits, ordonnances et déclarations rendus sous le règne de S.A.R. Léopold Ier, Nancy 1733.

  3. Exécutoire de la taxe Brancas (1759)
  4. Le Régent, qui gouverna le royaume de France à partir de 1715 pendant la minorité du roi Louis XV, institua pour l’un de ses favoris, le duc de Brancas, une rente de vingt mille livres, provisionnée directement par un impôt du même montant, perçu sur les Juifs de Metz et du pays messin : cet impôt fut nommé « la taxe Brancas » ; après le décès du duc de Brancas, les Juifs demandèrent en vain la suppression de cet impôt : les droits passèrent aux héritiers du duc et les Juifs durent ainsi s’en acquitter jusqu’à la Révolution.

    La taxe Brancas et le vingtième d’industrie, dus au Roi et à ses favoris, étaient répartis entre toutes les familles selon les revenus de chacune ; la répartition et le collectage de ces sommes étaient placés sous la responsabilité des syndics de la communauté messine, et effectués par des équipes de collecteurs.

    Ce document est extrait des rôles de l’année 1759 pour les communautés juives des villages de Metzervisse, Sierck et Lémestroff.

    Archives Départementales de la Moselle, 17 J 13/190.

  5. Rôle de répartition du vingtième et de l’industrie sur les Juifs de la généralité de Metz (1762)
  6. Comme la taxe Brancas, cette taxe est répartie sur chaque famille de la généralité selon ses propres revenus. Ici la première page des huit pages du rôle, qui concerne les communautés de Buding, Luttange, Kédange-sur-Canner, Monneren, Niedervisse et Rurange-les-Thionville.

    Archives Départementales de la Moselle, 17 J 13/191.

 

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Photographies : © Luc Dufrène
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