Synagogue de Thionville |
Le mot synagogue vient du grec sunagoge, qui signifie « réunion,
lieu de rassemblement » ; le mot hébreu beith knesseth
a absolument le même sens. Les Juifs de notre région frontalière,
qui parlaient autrefois le yiddisch, la nommaient schule («
école ») parce que la synagogue était aussi un lieu d'enseignement.
Même autorisée, avant la Révolution la synagogue restait cachée ; à Sarrelouis, Lunéville, Buding, Ennery et dans beaucoup d'autres localités, la synagogue était construite derrière une maison de la rue : on y accédait par un couloir qui traversait la maison d'un particulier ou qui se faufilait entre deux maisons. Lorsque la communauté n'était constituée que de quelques familles, comme à Luttange, on se rassemblait dans une pièce d'une des maisons habitées par les Juifs du lieu : cette pièce servait de salle de prière.
Après la liberté de droits votée en 1791, la synagogue va pouvoir exprimer extérieurement sa fonction : se donner, comme les églises, une certaine monumentalité et un décor. Les vieilles synagogues des 17ème et 18ème siècles vont être remplacées par des édifices plus vastes, surtout dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Le premier projet dessiné par l'architecte Derobe pour la nouvelle synagogue de Metz était de style égyptien, désirant rappeler l'origine orientale du judaïsme (1844) ; mais le projet finalement retenu par l'administration fut de style roman, correspondant mieux au style religieux en usage dans notre région. Les nouvelles synagogues d'Insming, Boulay (1854) ou Courcelles-Chaussy (1863) furent également construites sur le même style.
Sous le Second Empire, une importante campagne de construction fut lancée, soutenue par le Ministère des Cultes ; le style oriental ou byzantin connut un franc succès, comme à Sarreguemines, Puttelange (1866) et surtout Delme, qui constitue l'exemple le plus abouti, et dont la coupole, détruite par les Allemands, fut restaurée en 1946.
Petites ou grandes, les synagogues partagent certains éléments dans leur organisation architecturale. Les femmes ne se mêlent pas aux hommes, un espace séparé leur est réservé, en général une tribune à l'étage. Contre le mur oriental – en direction de Jérusalem –, l'arche sainte (aron ha-kodesh) contient les rouleaux de la Torah ; au centre est dressée une estrade (bima) aménagée pour la lecture de la Torah aux fidèles.
Synagogue de Freistroff |
Cette synagogue fut érigée à la fin du 19ème siècle pour la nombreuse communauté juive de ce village proche de Bouzonville ; détruite en 1939, elle ne fut pas rebâtie et les dommages de guerre furent investis dans la reconstruction de celles de Bouzonville et Boulay. A ce jour, il n'y a plus de communauté juive à Freistroff.
Archives Départementales de la Moselle, CP 1366.
Archives Départementales de la Moselle, 8 Fi 672/58.
Archives Départementales de la Moselle, 24 Fi 486.
Premier projet présenté par l'architecte Derobe en 1844 : un édifice de style égyptien ; mais l'administration refusa, lui préférant un style plus en accord avec les autres monuments cultuels locaux : le projet retenu – qui correspond à l'édifice existant de nos jours – fut construit dans le style néo-roman (1850).
Archives Départementales de la Moselle, 1 V 156.
Archives Départementales de la Moselle, 1 V 156.