Le premier Memorbuch de la communauté juive de Metz
(1610-1724)

Le mot Memorbuch est d’origine allemande et signifie littéralement « livre du souvenir » ; la tenue de Memorbücher fut une pratique très répandue dans le monde ashkénaze. Ces rituels renferment habituellement une brève partie liturgique (prières dites lors de la commémoration des défunts), un martyrologe rappelant la mémoire des martyrs de différentes villes et régions, un nécrologe rappelant la mémoire de rabbins et de bienfaiteurs de la communauté, et enfin une liste des défunts dont le souvenir doit être commémoré. La liste des martyrs était autrefois lue à haute voix à la synagogue lors des cérémonies de Kippour.

Le Memorbuch de Metz est particulier en ce sens qu’il ne comporte que la dernière partie, le nécrologe, et qu’il a été tenu par la Hevra Kadisha Kabranim, sainte confrérie des fossoyeurs, qui avait la responsabilité d’organiser les enterrements au sein de la communauté.

Le livre dans son état actuel comprend 118 feuillets de parchemin, contenant 865 notices nécrologiques ; la première date mentionnée est celle de la notice n°23 (1615) mais en se basant sur des actes notariés de l’époque, il est possible de situer les premiers décès rapportés à l’année 1610. Les dernières notices sont de l’année 1724.

La liste des défunts n’est pas exhaustive ; nous y rencontrons bien entendu les rabbins, les lettrés, les ministres-officiants, les médecins, les dirigeants de la communauté (syndics, ou parnassim), mais aussi des personnages plus modestes, hommes et femmes.
Les notices citent la date du décès et de l’inhumation (sauf pour les plus anciennes), la filiation et l’origine du défunt s’il vient d’une autre ville, mentionnent ses éventuelles responsabilités dans la communauté, ses dons aux pauvres et aux œuvres de charité ; on rappelle particulièrement sa dévotion (prières matin et soir à la synagogue, jeûnes prolongés, goût pour l’étude de la Torah, etc), et ses mérites : son honnêteté, son hospitalité, sa générosité, son humilité, …

Un tel document est précieux du fait de sa rareté – peu de Memorbücher sont parvenus intacts jusqu’à nos jours – mais aussi par les informations qu’il délivre sur les personnes qui composèrent la communauté juive de Metz au 17ème siècle.

Une traduction en français par le Professeur Simon Schwarzfuchs de Jérusalem a été publiée en 1971 par la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine ; elle est consultable parmi les Usuels de la salle de lecture des Archives Départementales. M. Schwarzfuchs prépare une nouvelle édition corrigée et complétée, qui sera éditée par le Cercle de Généalogie Juive à Paris.

Archives Départementales de la Moselle, 17 J 31


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Photographies : © Luc Dufrène
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