Contrat de mariage Cahen - Beer |
Comme pour les Chrétiens, le mariage juif traditionnel engage les
deux futurs époux, mais aussi leurs familles respectives ; celles-ci
peuvent négocier l'union entre elles ou faire appel à
un entremetteur. Le mariage est un processus en deux étapes.
La première étape, nommée fiançailles, comporte
les shidoukhîn, au cours desquelles les familles se mettent
d'accord entre elles sur les modalités matérielles et
financières de la future union ; lors des kidoushîn,
le fiancé passe un anneau au doigt de sa fiancée, qui lui devient
officiellement promise.
Vient le jour du mariage, où la cérémonie se déroule
à la synagogue, dans une autre salle ou à l'extérieur,
sous le dais nuptial (houpa) qui symbolise le nouveau foyer fondé.
Le contrat de mariage, ou ketouba, rédigé en araméen et signé par deux témoins, est lu par le rabbin le jour du mariage. On y décrit l'apport de chacun, les obligations du mari qui doit subvenir aux besoins de son épouse et garantir une somme en cas de veuvage ou de divorce, le remboursement de la dot selon que la future décède la première, la seconde ou la troisième année du mariage en ayant donné ou non naissance à des enfants ; y sont éventuellement mentionnés des apports matériels tels que maisons, livres religieux, hébergement à titre gracieux par l'une ou l'autre des deux familles pendant les premiers temps du mariage, ou encore l'association du gendre aux activités commerciales de son beau-père.
Initialement, les familles ne faisaient rédiger que la ketouba devant un rabbin et deux témoins ; à partir de 1700 environ, elles prirent l'habitude de légaliser leur ketouba en la déposant chez un notaire avec sa traduction ou en la doublant d'un contrat de mariage rédigé devant le notaire royal, en français.
Au-delà des simples renseignements d'ordre généalogique, ces contrats apportent une foule de détails sur l'origine géographique des conjoints, leur condition sociale, leur parenté, leurs biens, etc.
Contrat de mariage Bonne - Cahen |
Lion de BONNE, fils de Michel de BONNE, un riche marchand messin, épouse par contrat du 19 janvier 1747 Rebecca CAHEN, également de Metz, fille d'Olry Abraham CAHEN et de Rosette ALCAN.
Archives Départementales de la Moselle, 3 E 3753/41.
Le père du marié, Cerf Alexandre CAHEN de Metz, remet à son fils une somme de 6000 livres, plus des habits et des présents estimés à 1500 livres ; Cerf BEER remet à sa nièce Reitz (dont le père est décédé) une dot de 9000 livres, à laquelle s'ajoutent des présents estimés à 1200 livres. Des sommes très importantes si on les compare aux 20000 livres de la taxe Brancas que devaient verser annuellement l'ensemble des Juifs de Metz et du pays messin.
Un exemplaire de la ketouba et sa traduction en français sont déposés le 3 septembre 1787 à Metz en l'étude du notaire Montjean.
Archives Départementales de la Moselle, 3 E 4292/254.