L'ensemble présenté ici, conçu et proposé par
Pascal FAUSTINI, a été réalisé avec le concours
des services techniques des Archives Départementales de la Moselle,
avec la collaboration de Mme Béatrice BALLAND, bibliothécaire
responsable des expositions, sous la direction de Mme Line SKORKA, directrice
des Archives Départementales de la Moselle ; les photos ont été
réalisées par Luc DUFRÈNE, photographe des Archives Départementales.
Même s'il est probable que des juifs soient présents dans la région dès l'époque gallo-romaine, la première mention historique les concernant date de 888 ; ce sont des marchands, ils cultivent la terre et possèdent des vignes.
Au XIe siècle, les juifs sont sous la protection de l'évêque
de Metz et habitent dans l'actuelle Jurue (= rue des juifs).
C'est dans cette ville que naît vers 960 Rabbénou Gershon,
qui devint le chef spirituel des juifs de ce temps ; ses décisions,
dont l'interdiction de la polygamie en Europe, font encore autorité
de nos jours.
En 1096, la première croisade entraîne d'après la
tradition le massacre de 22 juifs à Metz et sans doute l'exil
de nombre d'entre eux ; d'autres choisissent de se convertir.
Toujours est-il que nous perdons progressivement leur trace et qu'ils
disparaissent de Metz après 1200. Ils demeurent présents dans
d'autres localités de Lorraine, et leur nombre augmente à
nouveau après l'expulsion générale hors du royaume
de France en 1394.
En 1477, ils sont à leur tour expulsés de Lorraine et se réfugient
notamment dans la vallée du Rhin et dans quelques principautés
alsaciennes.
Le plus grand nombre vit alors de colportage, du commerce de la friperie et des bestiaux ; quelques-uns s'enrichissent dans le prêt et surtout dans le commerce lié à la présence militaire royale : vente de chevaux, de fourrage, de viande.
L'année 1791 voit l'émancipation des juifs qui deviennent des citoyens à part entière ; la conséquence principale en est la fin du ghetto messin et la possibilité de s'établir où bon leur semble.
En 1871, une partie de la Lorraine devient prussienne : beaucoup de juifs, attachés à la France, partent vers les villes de Champagne, du Nord, vers Lyon et vers Paris ; d'autres prennent leur place, venus de tout l'empire allemand.
Le 20e siècle voit un renouveau total de la population juive avec l'arrivée massive de juifs d'Europe orientale dans les années 1920 et 1930 (particulièrement de Pologne) et d'Algérie en 1962, renouveau pondéré par la Shoah et des départs vers les grands villes françaises et vers Israël.
Aujourd'hui de nombreuses communautés rurales ont disparu ; il n'en subsiste que les cimetières, quelques synagogues qui ont échappé à la destruction ; dans bien des cas, seules les photos et les cartes postales témoignent de ce passé pas si lointain.