Présence juive en Moselle, 1610-1930
par Pascal FAUSTINI


 
L'exposition Présence juive en Moselle, présentée dans le hall des Archives Départementales de la Moselle, s'est ouverte le samedi 16 septembre à l'occasion des journées du patrimoine et elle a duré jusqu'au 30 novembre 2006.

Elle a été composée de panneaux confectionnés à partir de cartes postales issues de la collection de Gérard SILVAIN, agrandies et commentées ; ces panneaux avaient déjà été exposés l'année précédente à Dudelange (Luxembourg) et à Arlon (Belgique) et ils avaient été réalisés par le Centre de Documentation sur les Migrations Humaines (Dudelange, Luxembourg). A côté de ces panneaux on trouvait un magnifique ensemble d'objets – dont certains précieux et rarement montrés au public – illustrant la vie quotidienne et la vie religieuse des Juifs en Moselle, prêtés par le Consistoire Israélite de la Moselle, la Communauté Juive de Metz et M. le rabbin BAMBERGER. Enfin, troisième composante de cette exposition : de nombreux documents choisis dans les fonds des Archives Départementales de la Moselle, souvent peu connus des chercheurs et généalogistes.

L'ensemble présenté ici, conçu et proposé par Pascal FAUSTINI, a été réalisé avec le concours des services techniques des Archives Départementales de la Moselle, avec la collaboration de Mme Béatrice BALLAND, bibliothécaire responsable des expositions, sous la direction de Mme Line SKORKA, directrice des Archives Départementales de la Moselle ; les photos ont été réalisées par Luc DUFRÈNE, photographe des Archives Départementales.


Plus de mille ans de présence juive en Moselle

Même s'il est probable que des juifs soient présents dans la région dès l'époque gallo-romaine, la première mention historique les concernant date de 888 ; ce sont des marchands, ils cultivent la terre et possèdent des vignes.

Au XIe siècle, les juifs sont sous la protection de l'évêque de Metz et habitent dans l'actuelle Jurue (= rue des juifs). C'est dans cette ville que naît vers 960 Rabbénou Gershon, qui devint le chef spirituel des juifs de ce temps ; ses décisions, dont l'interdiction de la polygamie en Europe, font encore autorité de nos jours.
En 1096, la première croisade entraîne d'après la tradition le massacre de 22 juifs à Metz et sans doute l'exil de nombre d'entre eux ; d'autres choisissent de se convertir. Toujours est-il que nous perdons progressivement leur trace et qu'ils disparaissent de Metz après 1200. Ils demeurent présents dans d'autres localités de Lorraine, et leur nombre augmente à nouveau après l'expulsion générale hors du royaume de France en 1394.
En 1477, ils sont à leur tour expulsés de Lorraine et se réfugient notamment dans la vallée du Rhin et dans quelques principautés alsaciennes.

Vues de l'exposition
Le domaine royal s'étend et en 1552 Metz devient française ; en 1567, quatre familles juives sont autorisées à demeurer dans la ville sous certaines conditions : c'est le début de la seconde communauté juive. Avec l'appui des gouverneurs militaires et au fil des lettres royales, leur nombre augmente jusqu'à atteindre plus de 2000 individus au 18e siècle, astreints à résider dans un quartier particulier : le ghetto.
Dans le reste de la Lorraine, ils réapparaissent également ; sur son territoire, le duc limite leur nombre à 180 familles (édit de 1753), tandis que dans les villages dépendant de l'évêché ou de princes allemands, leur nombre croît régulièrement.

Le plus grand nombre vit alors de colportage, du commerce de la friperie et des bestiaux ; quelques-uns s'enrichissent dans le prêt et surtout dans le commerce lié à la présence militaire royale : vente de chevaux, de fourrage, de viande.

L'année 1791 voit l'émancipation des juifs qui deviennent des citoyens à part entière ; la conséquence principale en est la fin du ghetto messin et la possibilité de s'établir où bon leur semble.

En 1871, une partie de la Lorraine devient prussienne : beaucoup de juifs, attachés à la France, partent vers les villes de Champagne, du Nord, vers Lyon et vers Paris ; d'autres prennent leur place, venus de tout l'empire allemand.

Le 20e siècle voit un renouveau total de la population juive avec l'arrivée massive de juifs d'Europe orientale dans les années 1920 et 1930 (particulièrement de Pologne) et d'Algérie en 1962, renouveau pondéré par la Shoah et des départs vers les grands villes françaises et vers Israël.

Aujourd'hui de nombreuses communautés rurales ont disparu ; il n'en subsiste que les cimetières, quelques synagogues qui ont échappé à la destruction ; dans bien des cas, seules les photos et les cartes postales témoignent de ce passé pas si lointain.


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Photographies : © Luc Dufrène
© A . S . I . J . A . - Conseil général de la Moselle