De Théodore SCHWOB
(1839-1896) horloger originaire de Hégenheim
à CYMA WATCH Co SA
par Christophe SANCHEZ
Extrait de HEGENHEIM BUSCHWILLER 2012
BULLETIN DU CERCLE D'HISTOIRE DE HEGENHEIM BUSCHWILLER


Tombe de Babette Schwob
au cimetière de Hégenheim
Dans le texte des Souvenirs de Henri Frank, se trouve la description de plusieurs de ses voisins dont un certain Théodore Schwob parti en Suisse travailler dans l'industrie horlogère.
La Chaux-de-Fonds et Le Locle ont été la terre d'accueil de nombreuses familles juives de Hégenheim. De nombreuses marques célèbres aujourd'hui ont été créées par des familles originaires de Hégenheim comme Movado.

En cherchant dans les archives du Jura bernois, j'ai retrouvé la trace d'un Théodore Schwob juif du sud de l'Alsace, fils de Isaac Schwob et de Babette Woog. Dans le récit de Frank, le père a comme prénom Etzig qui n'est autre qu'une des variantes d' Isaac, et Babette Schwob née Woog se trouve bien dans le registre du cimetière israélite de Hégenheim (morte en 1854 - enterrée à l'emplacement C265).

De Schwob frères à Cyma Watch Co

Montre Schwob Frères,
La Chaux-de-Fonds, 1870

Théodore Schwob est sûrement né à Hégenheim en 1839 et mort à la Chaux-de-Fonds en 1896. Il est le fils d'Isaac Schwob et Babette Woog .Théodore s'installe à La Chaux-de-Fonds en tant que marchand de chevaux, le métier de son père. Il abandonne ce commerce devenu moins rentable pour se lancer dans celui de l'horlogerie en fondant la société Schwob Frères et Cie.

En 1896, Théodore marie sa fille à Adrien Schwob, fils d'un autre industriel d'origine alsacienne Joseph Schwob.
Joseph Schwob s'était installé à La Chaux-de-Fonds comme marchand de textile tout d'abord, puis comme marchand horloger chez Zénith.
Il fonde ensuite sa propre entreprise au Locle, mais préférant le côté commercial au côté entrepreneurial, il la vend et engage une partie de son capital au côté de Théodore Schwob dans la jeune fabrique d'Henri Sandoz à Tavannes.

Ainsi naît la Tavannes Watch Co à Tavannes dans un bâtiment construit par la bourgeoisie locale. La Tavannes Watch Co, société anonyme fondée le 25 septembre 1895, provient de la réunion de capitaux de deux sociétés commerciales de La Chaux-de-Fonds, à savoir la société Schwob Frères et Cie (Théodore Schwob) et la société Schwob et Cie (Joseph Schwob).
Les deux sociétés fournissent chacune la moitié du capital de 360 000 francs, elles garantissent à Henri Sandoz, qu'elles nomment directeur, l'écoulement de toute la production de Tavannes.

Les deux sociétés se partagent le monde pour éviter toute concurrence entre elles. Grâce à la mobilité des membres des familles Schwob, ces sociétés ont pu s'assurer des marchés énormes, pénétrant dans des pays encore étrangers au commerce horloger, comme la Russie, le Japon et le Moyen-Orient. Ainsi, chacune des sociétés Schwob poursuit ses affaires, indépendamment l'une de l'autre, seule la production de la Tavannes Watch Co les unit.


L'entreprise Tavannes Watch Co vers 1920 - Mémoires d'Ici, Fonds Schwob
La Tavannes Watch Co présente la caractéristique commune à de nombreuses entreprises horlogères : elle est divisée en deux secteurs, l'un industriel et l'autre commercial, chaque secteur jouissant d'une très large liberté de manœuvre.

En 1901, les deux sociétés Schwob rachètent la fabrique à la bourgeoisie, et entreprennent de nombreux agrandissements.
Vers 1905, elle fabrique chaque jour un millier de petites montres.
Avant la première guerre mondiale, elle était devenue la deuxième entreprise horlogère suisse grâce à ses méthodes de rationalisation calquées sur le modèle américain
En 1913, la Tavannes Watch Co compte mille ouvriers et produit 2 500 montres par jour. Les descendants des deux familles Schwob sillonnent le monde entier et écoulent des millions de montres.
Vers 1915, des soldats se voient équipés de montres-bracelets antichocs avec couvercle de protection pour le fragile verre, auxquelles s'ajoutent des modèles étanches.
La Tavannes Watch Co construit, en 1917, une usine destinée uniquement à la fabrication d'outils et de machines de précision, qui sera l'un des piliers de cette impressionnante intégration verticale, plutôt exceptionnelle dans l'horlogerie suisse.

Atelier de découpage vers 1920 - Mémoires d'Ici, Fonds Schwob

L'entreprise, en raison de la perte du marché russe (1917) et de la crise des années 1930, fut au bord de la faillite en 1935, mais se redressa pendant la deuxième guerre mondiale.
Son personnel passa de 2 000 employés (avant la crise) à 1 200 en 1936.
Malgré les temps difficiles, les catalogues des années 1930 présentent également des chronographes pour le poignet et revendiquent le statut du plus grand fabricant suisse de montres de précision. Grâce à cette production industrielle, comme s'en targuait la firme, les produits pouvaient être proposés à un prix étonnamment compétitif.

En 1938, elle crée la Tavannes Machines Co SA, pour reprendre sa division machines, entreprise qui s'impose sur le marché grâce à sa Gyromatic.
En 1943, l'entreprise dévoile sa première montre automatique

Montre et logos de la marque Cyma
Malgré tout, l'entreprise décline lentement et est rachetée en 1966 par Ebauches SA et Chronos SA. Schwob Frères et Cie SA
Un changement de raison sociale a eu lieu après 1945, Schwob Frères et Cie SA devient Cyma Watch Co SA, laquelle vend désormais toute la production de Tavannes Watch Co sous l'unique marque Cyma.

Le célèbre réveil Sonomatic est produit en 1957, et deviendra au fil des années une référence en la matière.

La collection CYMA Navystar est lancée dans les années 1960.Son boîtier novateur en fait la première montre étanche ultra-plate.
Plus de vingt brevets internationaux ont été déposés pour cette montre

La collection Navystar est relancée en 1980 et remporte en 1981 le précieux Bijorhca d'Or de Paris.

CYMA crée à nouveau l'événement à la fin des années 1990 avec la conception de la collection Imperium, autour de brancards vissés et de lignes pures.


La Navystar

Un modèle d'Imperium

Référence :

Centre de Recherche et de documentation du Jura Bernois, note N° ISIL (ISO 15511) de Mémoires d'Ici : CH-001534-8 de Michèle Giorgiani

Bibliographie :

Kathleen H. Pritchard, Swiss Timepiece Makers, 1775-1975, 1997
C. Koller, L'industrialisation et l'État au pays de l'horlogerie, 2003
Christine Gagnebin-Diacon, La fabrique et le village : la Tavannes Watch Co (1890-1918), Porrentruy


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