L'ASILE ISRAELITE DE HEGENHEIM
Publication du Bulletin d'Histoire du Piémont jurassien, de Bâle à Lucelle
Bulletin n°11 - année 2007


Historique de l'asile israélite de Hégenheim
1874 à 1924
par Christophe SANCHEZ


L'asile israélite en 1924 lors du jubilé
C'est grâce à une publication d'une quarantaine de pages  Jubilaeums-Bericht Israelitiches Asyl Hegenheim, Verwaltung in Basel, imprimée en 1925 par Sylvain Lang à Bâle, que nous pouvons retracer fidèlement  l'origine et le fonctionnement des premières années de l'un des derniers bâtiments de la communauté juive dans notre village. Il a pour originalité d'avoir été construit sur le sol  français ; d'avoir accueilli des israélites démunis suisses et français ; d'avoir été géré par la communauté juive de Bâle.
Il est le seul asile israélite que nous ayons pu retrouver dans le Haut-Rhin. Auparavant, en 1853 (1), un autre asile israélite avait été fondé à Strasbourg sous le nom "Hospice Eliza" .

L'appel à la fondation d'un asile.

C'est en 1872 que Samuel Dreyfus-Neumann fait appel à la communauté juive pour fonder et financer un asile pour des israélites pauvres, incapable de travailler et dénués de secours de famille. Les termes en sont les suivants :

      "Tout près de notre frontière et en plus grande partie dans les communes d'où ressortent nos riches coreligionnaires, à Hégenheim, Buschwiller et Hagenthal-le-Haut, nous trouvons beaucoup de ces pauvres malheureux qui sont menacés, par suite de l'émigration de leurs frères favorisés par la fortune, d'un avenir terrible si on ne leur présente pas à temps une main charitable.
       Ce sont les pauvres, qui ne possèdent aucune intelligence, les forces au travail leur manquent et ils sont complètement défavorisés par la nature. Jusqu'à présent ils ont été secourus par la commune, par des dons mensuels qui leur ont été distribués par la commune israélite de Bâle, d'autres ont été reçus par des parents, qui souvent sont eux-mêmes dans l'indigence.
       Les éléments de secours se perdront infailliblement dans quelque temps, soit par le décès des parents, soit par l'appauvrissement des villages, dont les ressources diminuent chaque année.
       Nous envisageons, comme un devoir sacré de nos frères, qui ont été favorisés d'un bien-être et d'une aisance par leur travail, de fonder un asile pour ces pauvres coreligionnaires.
       Jadis on fondait beaucoup de ces institutions, quoique nos frères vivaient alors dans des conditions bien plus modestes.
       Déjà par reconnaissance vis-à-vis de l'Eternel, pour nous avoir sortis de l'oppression et de nous faire jouir de l'émancipation et des mêmes droits, que tous les autres peuples, nous devons chercher à répandre les bienfaits partout. Combien de nos frères sont aujourd'hui comblés de tous les biens terrestres, ils se souviendront que leurs ancêtres ont aussi dû lutter contre la misère et la pauvreté et ils ne pourront certainement mieux utiliser leur fortune et leur bonheur actuels et les destiner à un but plus généreux, qu'à aider à fonder des institutions, pour soulager autant que possible la misère de nos pauvres et malheureux confrères.
       Notre projet est basé sur des proportions qui sont modestes et nous espérons avec l'aide de Dieu de pouvoir bientôt les mettre à exécution.
       D'après des données sûres, il y a à Hégenheim et Buschwiller  dix  à douze de ces malheureuses créatures dont quelques-unes se trouvent encore chez leurs parents. Nous projetons donc d'acheter une maison, qui aura assez de place pour loger dans deux chambres chaque fois six lits. L'une pour hommes, l'autre pour femmes.
       Une grande pièce pour manger et une autre pour travailler. Plus une chambre pour le concierge et une cuisine. Nous espérons pouvoir acheter une pareille maison à Hégenheim et la meubler suffisamment pour douze personnes au prix de 8 000 F. Cette somme est avant tout nécessaire pour la création de l'institution.
       Viennent ensuite les dépenses annuelles pour les dix  à douze malheureux habitants et les appointements du concierge.
       Nous n'introduisons pour la pension ou le manger journalier qu'une nourriture saine mais modeste, prévoyant qu'il nous sera plus facile de réunir les 8 000 F. pour l'achat et l'ameublement de l'hospice que de recueillir des souscriptions pour les besoins continuels de l'établissement.
       Quoiqu'il en soit, nous ne pouvons pas estimer les dépenses hebdomadaires pour manger, blanchissage, lumière et chauffage pour dix à douze personnes à moins de 50 F., ce qui fait pour 52 semaines à 50 F., 2 600 F.
       Au concierge le salaire sans la nourriture 400 F., imprévu 500 F., soit annuellement 3 500 F. Nous sollicitons par conséquent nos généreux confrères pour deux choses :
       1) pour un don volontaire, une fois pour toutes, pour compléter les 8 000 F. qui sont nécessaires pour l'achat de la maison et de son ameublement.
       2) pour une souscription annuelle qui sera destinée à l'entretien des malheureux frères, dont nous estimons le total à 3 500 F. par an.
       Tout le monde est libre de souscrire pour les deux buts ou pour l'un des deux seulement.
       La souscription annuelle engage les généreux donateurs pour une durée de cinq ans.
       Nous pensons mettre cette institution sous l'administration de la communauté israélite de Bâle et de lui consacrer des statuts spéciaux. Nous  espérons obtenir de cette communauté une somme assez importante pour l'entretien annuel, nous solliciterons auprès d'elle pour qu'elle veuille bien destiner une partie de la somme que ses membres font distribuer mensuellement aux pauvres israélites des environs, à l'entretien de notre fondation, ce qu'ils nous accorderont d'autant plus facilement   que nos futurs pensionnaires étaient aussi les leurs.
       Nous proposerons dans les statuts la  nomination d'une commission qui se chargera de l'exécution de notre projet, nous admettrons avec plaisir dans cette commission un membre de chaque  commune, qui contribuera annuellement pour 200 F. à l'entretien de notre maison de refuge.
       Vous voyez chers et généreux confrères qu'il s'agit de créer une institution de bienfaisance, chacun qui y contribuera recueillera avec la bénédiction divine la reconnaissance de nos malheureux coreligionnaires bien dignes de notre pitié.
       Vos noms respectables prouveront aux générations futures que vous aussi avez contribué à éterniser la bienfaisance toujours pratiquée en Israël."  Bâle, Septembre 1872.
Au nom de plusieurs fondateurs :
S. Dreyfus-Neumann

Les premiers pas vers un asile.

L'appel de M. Samuel Dreyfus-Neumann fut très bien accueilli et le 31 décembre 1872, la communauté israélite de Bâle pendant son assemblée générale nomme une commission en charge du projet.
Le président est M. Dreyfus-Neumann
Les membres de la commission sont : Léon Picard, Léopold Rueff, Aaron Schwob, B. Dreyfuss-Brettauer, Sal. Schmoll-Dreyfus et le rabbin Nordmann de Hégenheim.

Plusieurs actions sont entreprises par le comité dont une tombola qui a recueilli près de 10 000 F., puis la création d'un club de couture pour pourvoir l'asile de tout le linge de maison nécessaire. Le comité décida également d'organiser une quête auprès des communautés juives allemandes, alsaciennes et suisses qui rapporta 30 800 F.
Il est à noter que des fonds furent envoyés de New- York (1600 F.) aussi bien que de Marseille (150 F.), Bruxelle (500 F.) ou Paris (4700 F.).

C'est ainsi qu'au bout d'un mois le comité put commencer à prospecter pour l'achat d'un terrain à Hégenheim. Très rapidement celui-ci fut trouvé. Il s'agissait de 11,5 ares dans la rue d'Allschwil pour un prix de 1 500 F, dont le propriétaire était un dénommé Riedinger.

Le cabinet d'architecte Edmund fit les plans du bâtiment. La construction de l'asile fut achevée en septembre 1874 ainsi que l'agencement intérieur (mobilier). Le 29 septembre eut lieu l'inauguration du bâtiment.

Les occupants de l'asile pendant 50 ans.

L'asile en 2007 transformé en appartements

Dès la première année 10, puis 12, puis 16 membres furent accueillis à l'asile. En 50 ans, 125 personnes furent logées dans ce bâtiment, 68 hommes et 57 femmes. Le nombre de personnes en pension en 1924 était de 16 personnes.
Les statistiques de l'époque sont les suivantes :

  Sont restés quelques semaines 18
    moins de 3 ans 29
    de 3 à 5 ans  30
    de 5 à 10 ans 26
    de 10 à 15 ans 12
    de 15 à 20 ans   8
    23 ans   1
    39 ans ½   1

La plupart des pensionnaires se trouvèrent vite à l'asile comme chez eux. Les soins donnés, les repas quotidiens et une vie régulière permirent à bon nombre d'entre eux d'avoir une belle fin de vie. 74 d'entre eux sont enterrés dans le cimetière juif de Hégenheim.

Le financement de l'asile

Lors des cinquante premières années seules neuf ont été déficitaires. Le bilan positif se montait à 193 000 F. en 1924.
Le coût brut par personne et par jour a varié pendant ces années de 1,05 (1884-1885) à 2,94 F. (1916-1917).

Quelques remarques

Pendant ce demi-siècle aucune épidémie n'a frappé l'asile pas même pendant les années de guerre. Le bruit des canons n'a pas troublé la tranquillité et le bien-être des pensionnaires. Il y avait toujours assez à manger, même pendant les années d'après-guerre qui étaient très difficiles. La seule restriction notée a été le nombre de verres de vin. Le verre de vin par repas avec viande a été ramené à un verre le vendredi soir et un verre le samedi midi.

Seul un conflit entre le comité de gestion de l'asile et la communauté juive de Bâle durant l'automne de l'année 1903 a troublé pendant deux ans la tranquillité des lieux.
L'origine du différend était due à la demande de changement de statuts de l'asile par la communauté juive de Bâle sur initiative de Moritz Bernheim.
Les changements demandés étaient les suivants :
- Les membres de l'association de gestion de l'asile sont élus pour une durée de dix ans maximum.
- Les membres sont proposés par la communauté juive de Bâle.
- Bilan financier à présenter tous les deux ans aux membres élus de la communauté juive de Bâle.

Le Dr C. Chr. Burckhardt-Schatzmann, professeur de droit romain, fut nommé pour régler ce conflit ; il proposa en mai 1905 les points suivants :
- Vote du président de l'asile par la communauté juive de Bâle
- Choix des réviseurs aux comptes par la communauté juive de Bâle
- Révision aux comptes annuelle du bilan de l'asile
Ces points furent acceptés et votés le 24 décembre 1905.

Le nombre de membres du comité de gestion de l'asile fut également réduit à 5 élus ; les 2 membres de la communauté de Hégenheim n'étant plus d'actualité.

Présidents et membres du comité de gestion de l'asile

Présidents

Membres du comité d'administration

Les "parents" de la maison
(Hallseltern)
Le personnel de l'asile s'occupait aussi bien de l'entretien du bâtiment que des repas et des chambres et bien entendu il était au service des pensionnaires.

Les médecins de l'asile

La fête du Jubilé en 1924

La fête du jubilé eut lieu le 5 octobre 1924 en présence du maire, du conseil municipal, des représentants du clergé et du corps enseignant de Hégenheim, des représentants de la communauté juive de Bâle sous la présidence de J. DreyfusBrodsky, avec le rabbin Schüler et bien d'autres personnalités.

Après les discours du président de l'asile, du rabbin Dr Schüler, du représentant de la communauté juive de Bâle et du curé Ortlieb, la petite Irène Schmitt, âgée de huit ans, en costume alsacien offrit un bel arrangement de fleurs à la présidente d'honneur Mme Salomon-Ebstein. La musique Union ainsi que la chorale des hommes de Hégenheim, puis la chorale juive de Bâle "Schir Zion", animèrent la fête.

A l'occasion de ce cinquantenaire, le comité de gestion de l'asile lança les "Dons du Jubilé"  dont la recette était destinée à la rénovation du bâtiment qui en avait bien besoin. Il était également question d'ajouter au bâtiment une terrasse couverte pour les pensionnaires.

A la fin de l'année 1924 le total des dons s'élevait à 2 693,404 fr. (4).

Les bienfaiteurs : de nombreuses pages de la publication du jubilé retracent les dons et legs reçus par l'asile depuis sa création en 1874. Les donateurs viennent de toute la Suisse mais également de France et d'Allemagne ; bien entendu c'est surtout le coin frontalier (Bâle et communes sundgauviennes) qui est le plus généreux.

Sources :
- Jubilaeums Bericht - Israelitisches Asyl Hégenheim 1874-1924
- Acht Jahrhunderte Juden in Basel -2005 - Schwabe AG Verlag

Notes :
  1. Souvenir et Science, Revue mensuelle d'histoire et de littérature juives, 3ème année, 1932, n°1    Retour au texte.
  2. Th Nordermann, Zur Geschichte der Juden in Basel..lubiläurnsschrift der Israelitischen Gemeinde Basel. 148 S.,1 955    Retour au texte.
  3. Le fils d'Augustin Hermann, également prénommé Augustin né le 15.1.1900 à Allschwil et décédé le 21.9.1977 à Binningen fut également médecin. Il avait son cabinet dès 1930 à Allschwil. Son aide, aux Alsaciens pendant la guerre fut honorée par la France. Très versé en littérature classique, il a écrit quelques histoires et des souvenirs romancés. En 1965, il lègue à la ville d'Allschwil sa collection d'oeuvres d'art et crée une fondation qui vient en aide aux handicapés.    Retour au texte.
  4. Tous les chiffres indiqués sont en francs suisses.

L'asile israélite de Hégenheim
1874 à 1924
par Sylvia HAENEL-ERHARDT

Pour le 75ème anniversaire de la création de l'asile israélite de Hégenheim, la commission de direction a édité une plaquette, que nous avons le plaisir de reprendre ci-dessous :


L'asile israélite.
Dessin extrait de la plaquette consacrée au 75ème anniversaire (1949).
"Après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871, l'émigration de nombreux coreligionnaires fortunés des communautés de Hégenheim, Buschwiller et Hagenthal priva ceux-ci de leurs principales ressources financières. C'est à cette époque que prit corps l'idée de la fondation d'un asile destiné à mettre à l'abri de tout souci les membres âgés, dépourvus de moyens d'existence, de ces communautés.

Sous l'impulsion de Monsieur S. Dreyfus-Neumann de Bâle, un comité se forma et se mit activement à l'oeuvre. Un terrain d'une superficie de 11,5 ares situé à Hégenheim, put être acquis en 1873 et l'inauguration solennelle de l'asile eut lieu le 29 septembre 1874.

Depuis 75 ans cette institution n'a cessé de répondre à la tâche que ses fondateurs lui avaient assignée. Au cours de cette période 172 vieillards y ont trouvé un .foyer, délivrés ainsi du souci du pain quotidien et vivant dans un milieu juif où ils se sentaient à leur aise.

Il est à souligner que la presque totalité des pensionnaires, ainsi que le stipulent du reste les statuts, ont été hébergés à titre gratuit. C'est donc uniquement grâce aux dons de nos coreligionnaires et amis que l'oeuvre a pu continuer son activité bienfaisante jusqu'à nos jours.

Alors que rien ne troubla le bon fonctionnement de notre institution jusqu'en 1939, la deuxième guerre mondiale vint lui infliger de dures épreuves. Dès la déclaration de la guerre, la commune de Hégenheim reçut l'ordre d'évacuation. Nos pensionnaires, par des moyens de fortune d'abord, en chemin de fer par la suite, furent obligés d'effectuer un long et pénible voyage, les amenant finalement à Dax (Landes), à proximité de la frontière espagnole où ils trouvèrent un refuge à l'Asile Public des Vieillards Le "Lanot". Bien que la direction de cet institut et les autorités locale aient continuellement fait preuve de beaucoup de compréhension et d'un grand dévouement, nos protégés se sentirent dépaysés, effrayés par les lois d'occupation, craignant sans cesse pour leur vie.

Lorsque vint enfin le jour de la Libération, le désir unanime fut de rentrer en Alsace. Malheureusement, le retour immédiat des pensionnaires à Hégenheim ne put être envisagé, l'asile n'étant plus dans un état habitable. En effet, l'immeuble avait subi de gros dommages, dont la réparation s'imposait d'urgence. D'autre part, le mobilier la literie, le linge de corps et de maison, la vaisselle qui avaient disparus ou étaient saccagés, devaient être remplacés au grand complet. Grâce à de nombreux dons en espèces et en nature nous avons été en mesure de réunir le plus strict nécessaire, de telle sorte que nos protégés purent réintégrer leur home  fin juillet 1946, heureux de se retrouver dans le milieu qui leur était cher.

Néanmoins, de grandes tâches continuent à nous incomber dont l'accomplissement exige l'appui de tous. A l'occasion du 75ème anniversaire de notre fondation, nous faisons appel à la générosité de tous nos coreligionnaires et amis, persuadés que chacun voudra bien nous venir en aide par un don important, grâce auquel notre foyer pourra être modernisé, nos installations complétées. Les dépenses croissantes d'entretien courant auxquelles nous devons faire face nous interdisent de réaliser ces projets par nos propres moyens.

Notre asile, qui depuis 75 ans ouvre ses portes aux pauvres et déshérités, veut et doit continuer à poursuivre son noble but. Ne nous refusez pas votre généreux concours et inscrivez-vous comme bienfaiteur dans les annales de notre institution.

Ce sera au profit d'une oeuvre humanitaire pour le bien de nos vieillards infortunés.

  Asile israélite de Hégenheim
Le comité de direction :
Fernand Koch  président
Alfred Bloch     vice-président
Edmond Lévy   trésorier"

L'asile israélite est situé un peu en retrait dans la rue d'Allschwil et entouré de magnifiques arbres. J'ai encore en mémoire quelques pensionnaires qui se reposaient dans le jardin ou qui se promenaient de l'asile jusqu'au cimetière. Passant devant l'immeuble quatre fois par jour pour aller à l'école, je me rappelle surtout de M. Lévy, il était de nationalité allemande et avait une jambe de bois. Au moment de la pâque juive il me donnait toujours des matza, le pain azyme des Juifs.

C'est début des années 60 que les occupants ont déménagé à l'asile israélite de Pfastatt. En 1966 l'immeuble a été vendu à des particuliers, qui en ont fait des appartements.

Laissons la parole à des personnes qui se rappellent bien de cette institution puisqu'elles y ont travaillé.

Mme Georgette Bacher-Baumann :

"J'ai travaillé à l'asile de 1932 à 1934 comme cuisinière. Il y avait 18 pensionnaires à ce moment-là. Le rez-de-chaussée était composé de la cuisine, de l'appartement de la famille Klein, d'une grande salle à manger, d'une petite salle de séjour et d'un lieu de culte. Au premier étage il y avait au centre une chambre individuelle, de chaque côté un dortoir avec lavabo, un pour hommes et l'autre pour femmes, et à chaque extrémité une chambre individuelle. Il y avait également une salle de bains. Moi je logeais dans la mansarde. Mme Klein, l'épouse du directeur, faisait le planning des repas. J'étais un peu aidée dans ma tâche par une pensionnaire encore valide. Elle nettoyait les légumes ou pelait les pommes de terre. Elle pliait aussi les chaussettes. Pour le ménage et le linge il y avait du personnel extérieur à la maison. Pour faire la cuisine je pouvais seulement utiliser de l'huile, jamais de beurre. Les meilleurs repas se faisaient vendredi soir et samedi, jour du "Shabath", où l'on sortait la belle vaisselle. Vollmer Crécence passait une fois par semaine faire la barbe ou couper les cheveux aux pensionnaires. Lors de la fête du "Laubhüttenfest" une cabane derrière l'immeuble était décorée de branchage, de guirlandes, de fruits de saison, d'épis de blé et de maïs."

Mme Marthe Boetsch-Barth me raconte :

"J'ai travaillé à l'asile de janvier 1950 à mars 1951. Je m'occupais du ménage et j'aidais la cuisinière. A ce moment-là il y avait quatorze pensionnaires. La veille de "Shabath" j'étais toujours la dernière à me coucher car j'étais obligée d'éteindre les lumières. A l'approche de la Pâque juive, je devais nettoyer la maison de .fond en comble. Le plus dur c'était de sortir les sommiers et les matelas sur la terrasse. La communauté vivait au rythme de la pure tradition juive. La pièce du culte était nettoyée par M. Klein lui-même. Il y avait un chauffage central au coke. Waldy Thuri venait régulièrement faire la barbe et couper les cheveux aux pensionnaires.

M. Klein, dont l'épouse était originaire de Hagenthal-le-Bas, a été le directeur de cette maison de retraite pendant des décennies. Le poste a été reconduit jusqu'à la fermeture par M. Grunenwald.

Voir aussi l'article La fin de "l'Asile Israélite" de Hégenheim - Rabbin Jacquot Grunewald

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