WINTZENHEIM

Synagogue de Wintzenheim Une première synagogue datait de 1752. En 1895, fut construite une nouvelle synagogue, aujourd'hui transformée en maison d'habitation. Entre 1832 et 1878, Wintzenheim a été le siège du rabbinat de Kuttolsheim, transféré ensuite à Quatzenheim.

Wintzenheim - Kochersberg
par Arielle Grumbach

Wintzenheim est un village du Bas-Rhin situé dans le "Kochersberg", une région très fertile au nord-ouest de Strasbourg. La profusion de vignes aux alentours est sans doute à l’origine du nom du village.
Pour éviter toute confusion avec la commune du même nom dans le Haut-Rhin près de Colmar, par arrêté préfectoral du 9 mai 1926, le village est appelé désormais Wintzenheim-Kochersberg.

Panneau d'information du village
Les religions catholique, protestante et juive ont longtemps coexisté à Wintzenheim.
Le livre terrier de 1666 ne semble pas faire état d’une communauté juive à Wintzenheim. Pourtant dès 1752, une première synagogue voit le jour et en 1784, un recensement mentionne 18 familles juives regroupant 97 personnes. Le village relevait, depuis 1370, de la famille des Zuckmantel de Brumath puis, à partir de 1781 jusqu’à la Révolution Française, de M. de Glaubitz. Ces petits seigneurs acceptent les juifs - à qui ils imposent des droits d’installation et de protection élevés - afin qu’ils prennent en charge les activités commerciales indispensables à la vie du monde rural.

En 1804, un rabbinat et une école juive sont établis à Wintzenheim. Le ministère du rabbin couvre les villages de Wintzenheim, Kuttolsheim, Osthoffen, Quatzenheim et Schaffhouse, soit un territoire assez large. Les cinq communes sont pratiquement équivalentes en nombre de juifs en 1784 ; mais à leur apogée, en 1882, Kuttolsheim comptera 165 juifs et Quatzenheim 284 pour un total de 746 âmes sur l’ensemble des communes du rabbinat.

Les lieux d’enterrement sont différents selon les villages. Ainsi les morts de Wintzenheim sont enterrés à Ettendorf, ceux de Kuttolsheim à Rosenwiller et ceux de Quatzenheim à Quatzenheim.

Le registre de 1808, destiné à recevoir les déclarations obligatoires des noms et prénoms des juifs fait référence à 90 individus à Wintzenheim. En 1826, il y en a 91, ce qui démontre une grande stabilité de cette communauté. En 1851, on dénombre 108 juifs alors qu’ils n’étaient plus que 90 en 1882, après que l’Alsace fut devenue allemande.

Un registre du conseil municipal de 1892 mentionne la construction (ou reconstruction) d’une nouvelle synagogue (neuerbaut). Cette synagogue comprenait une forte ossature en bois (colombages) avec des murs en torchis, habillés plus tard de briques.

En 1910, le village ne compte plus que 78 juifs. Ceux-ci ont commencé à quitter le village, pour la ville, plus favorable à leur activité commerciale. La population globale de Wintzenheim va passer de 421 habitants en 1910 à 304 en 1921. Les grands enfants de la communauté juive vont à l’école à 11km, à Wasselonne, le centre commercial et industriel de la région, où une communauté juive est en plein essor. Emmanuel et Anna Weil de Wintzenheim y transfèrent leur "garkich" (auberge juive) afin de nourrir et loger cette jeunesse. Après la guerre de 1914-1918, ce sont six familles juives qui vont quitter Wintzenheim à la suite de leur "Parness" Mayer Weil pour habiter Wasselonne. Etant donné le nombre très minime de juifs restant encore à Wintzenheim, le Consistoire Israélite du Bas-Rhin donne alors l’autorisation de transférer la totalité de l’inventaire religieux de la communauté, y compris la place d’Etat de ministre officiant ('hazan) à la communauté de Wasselonne.

La synagogue de Wintzenheim, abandonnée, menaçant ruine, le Consistoire Israelite de Bas-Rhin décida de s’en séparer en 1923. Le bâtiment ayant interdiction d’être utilisé comme porcherie, écurie ou étable, servira de grange pendant un demi-siècle avant d’être transformé en une coquette maison d’habitation.
Le recensement de1936 indique 8 juifs à Wintzenheim, celui de 1953 : 0.

Rabbin David LEHMANN
Les familles Weil, originaires de Wintzenheim, évoquaient souvent et avec beaucoup de respect l’ancêtre "Reb Dovid", rabbin et maître vénéré qui se déplaçait beaucoup pour enseigner la Torah
En effet , dans le livre Die Rabbiner im Deutschen Reich 1871-1945 de Michael Brocke et Julius Carlebach, on trouve, ici traduit et complété : Le rabbin David Lehmann est né le 27 mai 1804 à Strasbourg (Bischheim) et décédé le 21 décembre 1878 à Wintzenheim-Kochersberg, Alsace -Bas-Rhin .
Il est le neuvième et plus jeune enfant du négociant et fournisseur des Armées Lipmann (Léonard) Lehmann et de Jeanette, née Disbeck. Son grand-père et son arrière-grand-père étaient rabbins.
En mars 1832, il est nommé Rabbin du district de Kuttolsheim, Wintzenheim-Kochersberg, Osthoffen et Schafhouse-sur-Zorn et habite Wintzenheim. Pour sa fonction, il avait obtenu le diplôme des trois grands rabbins de Strasbourg, Colmar et Nancy.
En 1846, il a paraphé une circulaire avec trois rabbins alsaciens contre l'usage de l'Ordonnance de 1844 et la modernisation des Cultes. Il fut en poste jusqu'à sa mort en 1878.
Il se maria avec Sara, la fille du rabbin Maier Lévy de Jebenhausen (près de Göppingen en Bade-Wurtemberg) et le couple eut cinq filles et trois garçons. Il fut notamment le grand-père du rabbin Nathan Eugène Lévy (1869/Kuttolsheim - 1943/Auschwitz, rabbin de Remiremont, Rouen et Paris).

Rabbin Léopold LEHMANN
Son frère Léopold (Leïme – Yehuda) Lehmann, né en 1800, fut le rabbin très estimé de la communauté de Belfort de 1829 jusqu’à son décès en 1876.
"Reb Leïme" et son épouse Fanny Lévy eurent sept enfants dont David, Rabbin à Blotzheim de 1850 à 1852, mort à 27 ans ; et Joseph, adjoint au grand rabbin de Paris puis de 1890 à 1917, directeur de l’École rabbinique.


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