WEITERSWILLER

La communauté juive

Une importante communauté israélite a vécu à Weiterswiller : 25 familles en moyenne, soit plus de 100 personnes, entre la Révolution et la guerre de 1870. Cette communauté eut son cimetière (au lieu dit Orthal, près de la route de Weinbourg en 1824), son école et sa synagogue (inaugurée le 7 octobre 1868, puis maison d'habitation, actuellement propriété communale).

mezuza

Cette mezuza a été retrouvée à l'intérieur d'une niche creusée dans l'encadrement de la porte d'entrée d'une maison sur le Burghof ayant appartenu à Nahum Lévy.

 

Le dénombrement de 1784

En 1784, suite à des lettres patentes du roi Louis XVI et à un décret du Conseil Souverain d'Alsace, un « Dénombrement Général des Juifs tolérés en la Province d'Alsace » fut réalisé. Il fait apparaître que la communauté juive de Weiterswiller comptait alors 24 familles totalisant 94 personnes.

 

La déclaration de nom patronymique de 1808

Par décret impérial du 20 juillet 1808, Napoléon imposa aux juifs le choix d'un nom de famille transmissible. La déclaration des noms et prénoms choisis par les juifs eut lieu devant le maire Louis SINGER du 1 au 10 novembre 1808.

La formule utilisée, copiée dans le registre pour chaque individu, était rédigée en allemand : « Vor uns dem Maire der Gemeinde von Weiterswiller, Kanton von Lützelstein, Gemeinde Bezirk von Zabern, Departement des Niederrheins, hat sich dachgestellt XXX..., welcher erklärt hat den Nahmen YYY... zum Familien-Nahmen, und zu Vornahmen den von ZZZ... anzunehmen, und hat mit uns unterzeichnet den ersten november 1808.»
105 personnes défilèrent ainsi devant le maire.

Sous l'empire un représentant de la communauté juive, Nahum Lévy (devenu Joachim Lévy après le changement de nom), siègeait au conseil municipal. Voir l'histoire de Nahum Lévy et de sa famille (fichier pdf)

 

Une famille de savonniers : la famille Schuller

Le premier savonnier mentionné sur les registres d'état-civil est Isaac LÖW (ou Isaac LEOPOLD). Ses fils, Keymann, Salomon et Isaac SCHULLER (il s'agit respectivement de Kaim, Seligmann et Jacob ISAAC. Le changement de nom est intervenu en 1808), ses petits-fils Simon et Joachim et ses arrière-petits-fils, Lazare et Kain avaient tous un métier en rapport avec la fabrication du savon : savonnier, laveur de cendre ou fabricant de potasse.
Ces deux dernières spécialités se rapportent à deux étapes de la fabrication du savon, car le lavage des cendres de bois fournissait la potasse avec laquelle les graisses étaient saponifiées pour donner le savon. Les marchands de vaches, de veaux et de porcs et les huiliers, nombreux au village, leur fournissaient sans doute la graisse animale ou végétale nécessaire à l'obtention du savon.

Le savonnier fabriquait lui-même sa potasse : il lui suffisait de cendres de bois et d'eau. En effet, d'après le Larousse agricole :

« On trouve en quantité considérable de la potasse, surtout dans les cendres des plantes terrestres ; aussi, quand on traite ces cendres par l'eau , obtient-on une liqueur fortement caustique, qui se combine aux corps gras et qu'on appelle lessive [...].

Salomon et Isaac Schuller ont émigré en novembre 1793 lors de la Grande Fuite. Le premier rentra dès la première amnistie mais ne fut pas rayé de la liste des émigrés car, en sa qualité de marchand, il ne pouvait prétendre au bénéfice de la loi du 22 nivôse an III, d'autant, ajoutait l'arrêté du bureau des émigrés, qu'« il est prouvé par le témoignage de patriotes reconnus de la commune de Weiterswiller qu'il ne s'est nourri que d'un commerce caché sans tenir boutique ouverte ».

 

La fin de la communauté juive de Weiterswiller

A partir de la fin du XIXème siècle, un lent mouvement d'émigration vers les villes s'amorça, réduisant la communauté de 30 familles en 1885 à 2 familles en 1930 (Meyer et Haehnel). Le dernier mariage juif à Weiterswiller fut célébré en 1936. La dernière famille (Haehnel) a désormais quitté le village.

La seconde guerre mondiale n'a pas épargné les juifs de Weiterswiller : l'institut Yad Vashem perpétue le souvenir de ceux d'entre eux qui sont morts en déportation. Leur souvenir est rappelé par une inscription à l'entrée du cimetière et la mention « mort en déportation » est portée sur leur acte de décès.

 

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François SCHUNCK - décembre 2007
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