Camille Simonin, maire de Schirmeck
1865 - 1932
par Pierre Hutt


Camille Simonin et son épouse.
Camille Simonin est né le 5 octobre 1865 à Schirmeck. Fils de Joseph Simonin, négociant, et de Marie Meyer, marchand de mode. Il fait des études secondaires à Mulhouse et à Epinal.

En 1883, il crée avec son père une usine de récupération et de recyclage des déchets de coton à Schirmeck. En 1904, il succède à son père à la présidence de la communauté israélite de Schirmeck. En 1912, il crée le Cercle de la vallée de la Bruche, composé de notables de la vallée à l'exception de toute personne "germanique". Il en est le président. Il préside également la Fanfare de la Bruche.

Le 2 août 1914, avant même la publication du décret de mobilisation, il est arrêté et emprisonné à Strasbourg. A l'approche des troupes françaises, il est transféré à Cannstatt, près de Stuttgart où il est maintenu en cellule pendant deux mois.Tombé sérieusement malade, il est placé en résidence surveillée à Baden-Baden, puis à Giessen dans le grand-duché de Hesse. Le tribunal militaire de l'empire allemand rend ce jugement : "Simonin est un ennemi notoire de la germanisation de l'Alsace-Lorraine".

A la fin de la guerre, il rentre à Schirmeck. Par une lettre du 12 décembre 1918 émanant de l'Administrateur de l'Alsace, le conseil municipal est invité à nommer Camille Simonin maire de Schirmeck et le docteur Schmittbuhl deuxième adjoint. Le conseil municipal l'approuve à l'unanimité ; Camille Simonin accepte. Il se met immédiatement à l'oeuvre pour réparer les dégâts de la guerre et pour réorganiser la vie communale.

Le 2 février 1919, il approuve l'achat par la communauté israélite d'une parcelle de terrain pour agrandir la partie du cimetière qui lui est réservée, la parcelle initiale étant complète et ne pouvant être utilisée une seconde fois.

Dans la séance du 20 juillet 1919, le conseil municipal de Schirmeck présidé par le maire Camille Simonin donne accord pour la création d'un cours complémentaire et décide l'achat du matériel éducatif nécessaire. Le 21 octobre 1919, on dénombre déjà 96 élèves. En séance du 10 décembre 1919, Camille Simonin est réélu maire par 15 voix sur 15 exprimées. Grâce à son impulsion, le conseil municipal décide, lors de la séance du 29 juillet 1920, l'achat de l'ancien Oberzollamt pour abriter le cours complémentaire choyé par la commune. Lors de sa séance du 7 juin 1922, le conseil municipal décide l'achat d'un cabinet de physique-chimie avec matériel pour le cours complémentaire.

Industriel, Camille Simonin crée en 1909 à Saint-Dié une usine de fabrication de Fulmicoton (coton-poudre ayant des propriétés intensément explosives). En 1924, il est à l'origine de la création de la colonie de vacances édifiée au lieu-dit "le Saulcy". Il est maire de Schirmeck jusqu'aux élections de 1925 où il sera mis en minorité.

Député du Bas-Rhin de 1919 à 1924, il s'inscrit dans le groupe de la Gauche Républicaine Démocratique. Il est nommé membre de la Commission d'Alsace-Lorraine et de la Commission du Commerce et de l'Industrie. Il rapporte de nombreux projets de loi de ratification de décrets portant extension aux départements alsaciens et lorrains de la législation française. Il intervient également dans l'organisation de la gestion des mines de potasse séquestrées.

Il décède d'une attaque d'apoplexie sur le quai de la gare de Saint-Dié le 5 janvier 1932. Il était âgé de 67 ans.

Sources :

 

Maire de la commune de Schirmeck, Camille Simonin
fut toujours à l'écoute du prochain.

Le "Courrier de la Bruche" en est un bon témoin.

Articles recueillis par Pierre Hutt

(l'orthographe des articles a été respectée)

Séance du 24 Sept. 1924 du Conseil municipal de Schirmeck
Monsieur GODARD, Ministre du travail et de prévoyance sociale devant venir à Schirmeck  mardi 30 sept. prochain, M. le Maire propose en conseil de recevoir M. le Ministre dans les salons de l'hôtel de ville, où se fera également la présentation des Maires du Canton ainsi que des fonctionnaires, et de lui offrir ensuite un déjeuner.
Le conseil voulant recevoir dignement M. le Ministre, vote le crédit nécessaire pour faire face aux dépenses qui en résulteront.

Délibérations du Conseil municipal de la Ville de Schirmeck
Séance du 14 Avril 1925
Dans sa séance du 11 juillet 1924, le conseil avait décidé de céder une partie du terrain communal situé devant la nouvelle construction des colonies de vacances au Sauley pour permettre à l'Œuvre des colonies de vacances de construire une route d'accès à l'immeuble.
La partie de terrain cédé n'ayant pas été exactement déterminée le conseil a exigé un plan de situation. M. le Maire présente ce plan et, après délibération, il est décidé ce qui suit
1. La commune remet gratuitement à l'Œuvre la partie de terrain qui lui est nécessaire pour la construction d'une route d'accès au nouveau bâtiment.
2. L'aboutement du terrain cédé sera fait d'après le plan présenté.
3. Le reste de la parcelle sera loué à l'œuvre à raison de 250 frs. par an sans limite. Le jour où la commune aurait besoin de ce terrain pour une cause quelconque, la Société le lui remettra après un préavis de 6 mois, et dans l'état où il se trouvait lors de l'entrée en jouissance.
4. Dans le cas où la commune envisagerait la vente de ce terrain et qu'un amateur se présenterait, la Sté aura la préférence à prix égal.

SCHIRMECK - Première séance du nouveau conseil municipal
Samedi dernier nos nouveaux édiles se sont réunis pour la première fois dans le but d'élire le maire et l'adjoint.
Au premier tour du scrutin M. X. Duloisy a obtenu 10 voix, et Mr. Simonin 5. Mr. Duloisy ayant réuni la majorité des voix fut proclamé élu.
(3 mai 1925)

Monsieur Simonin ancien Député et Maire de Schirmeck
Chevalier de la  Légion d'honneur
Dans la dernière promotion de la Légion d'honneur parue au Journal Officiel du 28 juin nous avons  relevé le nom de M. Camille Simonin, ancien député, ancien maire de Schirmeck.
Tous ceux qui ont suivi la lutte menée avant la guerre pour le maintient de la pensée française en Alsace savent le rôle prépondérant joué par M. Camille Simonin. Son action comme membre du Comité national devait le rendre suspect à nos maîtres d'alors ce qui lui valut, quelques jours avant la déclaration de guerre, d'être arrêté et emprisonné avec quelques autres patriotes éprouvés, puis de connaître après la prison de Strasbourg, les géoles allemandes de  Cannstadt, de Stuttgart, de Baden-Baden et un dur et pénible exil.
A l'armistice, la confiance de ln population devait envoyer M. Camille Simonin à la Chambre française. Il devint en outre conseiller général du Bas-Rhin et maire de Schirmeck, sacrifiant ses occupations personnelles et sa santé à l'intérêt général et à l'exécution de ses engagements envers ses commettants? On se rappelle qu'aux dernières élections, malgré de pressantes sollicitations, M. Simonin avait refusé de demander le renouvellement de son mandat de député.
Le Courrier de la Bruche adresse au nouveau Chevalier ses plus sincères félicitations.
(4 juillet 1925)

M. Simonin ancien député et maire de Schirmeck à l'honneur
Jeudi soir, au cours d'une cérémonie toute intime, M. le général Taufflieb, sénateur du Bas-Rhin, grand-officier de la Légion d'honneur, spécialement délégué par le grand chancelier de l'ordre a remis officiellement à M. Camille Simonin la croix de chevalier. En quelques paroles éloquentes, le général rappela la carrière et les mérites de M. Simonin. En vertu des pouvoirs qui lui étaient conférés, il proclama M. Simonin chevalier de la Légion d'honneur, lui épingla la croix, admirable bijou, don d'un des plus chers amis du nouveau légionnaire et lui donna l'accolade.
Après le général Taufflieb, M. Borromée, préfet du Bas-Rhin, évoqua, à son tour, les épreuves que valurent à M. Camille Simonin ses sentiments français pendant l'occupation allemande, rappela les jourssombres de la prison et de l'exil du proscrit. Il le félicita d'être aujourd'hui à l'honneur, justement mérité, après avoir été à la peine. M Borromée n'oublia pas d'associer à cet hommage la charmante et très dévouée compagne du proscrit. Après quoi, à son tour, il donna au nouveau légionnaire l'accolade.
M. Lazare Weiler, sénateur du Bas-Rhin, en une spirituelle improvisation a joint ses félicitations à celles du général Taufflieb et  dupréfet,
M. Camille Simonin, en termes émus, remercia le général Taufflieb et le préfet, leur assurant que les années mauvaises étaient oubliées depuis le jour où l'Alsace était rentrée dans le giron de la Mère-Patrie, Il dit tout son attachement aux institutions républicaines et sa foi dans les destinées de la France.
Au dîner qui avait précédé assistaient quelques amis de M. Simonin parmi lesquels : M. le préfet du Bas-Rhin et Mme Borromée, M. le général Taufflieb, sénateur du Bas-Rhin, et Mme., M. Lazare Weiler, sénateur, M. Ernest Marchai et Mme. de La Claquette, M. Stephan et Mme., M. Pierre Lévy et Mme., Mme. veuve Neunreiter, Mme Weiler, et M. Degay, directeur du journal d'Alsace.
(16 juillet 1925)

Schirmeck sur une carte postale ancienne - coll. © M. & A. Rothé


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