Sarre-Union

54 tombes profanées au cimetière israélite


C'est un véritable acte de destruction et de dévastation qui a été commis ce week-end au cimetière israélite de Sarre-Union. 54 pierres tombales ont été saccagées, renversées, cassées. L'enquête est en cours.
« Affligeant, désolant, écoeurant »  : Les réactions sont unanimes en Alsace Bossue pour qualifier d'abjecte l'odieux acte de vandalisme perpétré au cimetière juif du chef-lieu. C'est Daniel Weill, ministre officiant de la communauté, qui a découvert le triste spectacle dimanche. Devant ses yeux effarés, l'ancien lieu de sépulture présentait les stigmates irréparables d'un vandalisme de grande ampleur.  Sur les quelques 400 tombes qui sont disposées là, plus d'une cinquantaine ont été arrachées, les socles descellés, les stèles renversées, les colonnes brisées etc. L'émotion est bien entendu grande au sein des familles juives du secteur dont les défunts reposent ici en terre. On ne comprend pas. S'agit-il d'un acte gratuit, imbécile ? D'une attaque antisémite ?  En tout cas, si le préjudice financier est à priori de plusieurs centaines de milliers de F, certaines pierres, parmi les plus anciennes sont irrécupérables. « La perte est également énorme d'un point de vue patrimonial puisque c'est toute la mémoire des communes rurales qui disparaît quand on casse les pierres », commente Jacques Wolff, qui s'était attelé ces dernières années, avec quelques historiens, à déchiffrer l'épigraphie en hébreu figurant sur plusieurs tombes et déjà partiellement effacés par le temps.  Martin Berg, secrétaire général du consistoire israélite du Bas-Rhin, s'est dit consterné : « Nous désirons ardemment que les personnes qui ont fait cela soit identifiées, et nous posons la question des motivations qui ont conduit les auteurs à commettre de tels faits ».

Des précédents

 Le cimetière israélite de Sarre-Union dont l'origine remonte à la fin du XVIIIe siècle est l'un des plus importants d'Alsace Bossue. La communauté juive était à l'époque, au chef-lieu, d'environ 400 familles. Elles ne sont plus que trois aujourd'hui à entretenir ce lieu de mémoire et à y célébrer des obsèques de temps à autre. On y va pour la pose de pierres, un an après le deuil, ou à l'occasion d'anniversaires de décès.  Le cimetière est entouré d'un mur d'enceinte. La grille d'entrée cependant n'est pas fermée à clef. Tout le monde peut y pénétrer, en toute discrétion, sans être vu, puisque le lieu se situe un peu à l'écart de la ville et que les plus proches habitations sont distantes de quelques centaines de mètres.  Le même cimetière avait déjà fait l'objet d'actes de vandalisme dans les années 70, - les auteurs, deux jeunes gens, avaient alors été identifiés -, et l'an passé. La dernière enquête en date n'a pas abouti. Et les responsables du saccage d'une dizaine de tombes en 2000 restent impunis.  En ira t-il différemment cette fois-ci ?
Jean-Luc Will

© Dernières Nouvelles d'Alsace, Mercredi 17 Janvier 2001.


Sales gamins


 Les auteurs de la profanation de 54 tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union ont été interpellés par les gendarmes de Sarre-Union mardi dans la journée. Il s'agit de quatre mineurs, âgés de 13 à 15 ans, trois garçons et une fille. Ils ont agi dans la journée du 30 décembre. Trois d'entre eux ont reconnu être de plus les auteurs de la profanation du mois de juin 2000 où une dizaine de pierres tombales avaient été brisées. Tout ceci sans aucune idéologie, simplement par désoeuvrement. Les dégâts ont été estimés à 75 000F.  Les jeunes profanateurs, en compagnie de leurs parents, effondrés, ont été déférés devant le parquet de Saverne avant d'être présentés au juge des enfants. Ils sont placés sous liberté surveillée préjudicielle (c'est-à-dire sous la surveillance d'un éducateur) en attendant leur jugement.  « C'est un beau travail de police judiciaire », estimait Madeleine Simoncello, procureur du tribunal de Saverne. Une cinquantaine de jeunes ont en effet été interrogés dans le cadre de cette enquête.

© Dernières Nouvelles d'Alsace, Jeudi 1 Février 2001