Chronique des juifs à Rosheim
par Robert WEYL
Extrait de SAISONS D'ALSACE n°66, 1978.

1215 Le couvent Saint-Léonard donne en gage un calice, trois surplis de messe ainsi que quatre livres manuscrits aux juifs de Rosheim, contre le prêt de 9 livres et 20 deniers. Schoepflin Alsatia diplomatica, I, 330, n° 401.
1359 A cette époque vivait à Francfort une Betzelin de Rosheim réfugiée de Rosheim ou de Strasbourg. Kracauer, 67, M 169.
1366 Extrait tiré des registres des droits et privilèges de la ville de Rosheim contenant un état des droits de péage payés pour les corps morts des juifs ; on payait 40 sols ou 10 schillings pour chaque corps mort passant par la banlieue de la ville. A.D.B.Rh., H 1250.
1490 Le magistrat de Rosheim cherche à expulser les juifs en raison de leurs habitudes usuraires. A.D.B.Rh., C 78.
1514 Le bourgmestre d'Obernai Bernard Sohuster (1514-1523), au nom des trois villes impériales Obernai, Kaysersberg et Rosheim, entame une action commune afin d'expulser les juifs de leurs territoires.
1520 Josselmann de Rosheim est reçu en audience auprès de l'empereur Charles Quint afin d'obtenir l'annulation des ordres d'expulsion. Satisfaction lui esdonné pour Kaysersberg, mais pour Rosheim, il ne peut obtenir qu'un sursis, toujours remis en question. Josselmann, Mémoires.
1525 Pendant la Guerre des Paysans, Josel rencontre à Altdorf les chefs des Rustauds, animés de mauvaises intentions l'égard des juifs. Il réussit à les convaincre de ne rien entreprendre contre eux. Des lettres de sauvegarde sont envoyées à travers le pays. Les juifs de Rosheim ne furent pas inquiétés, et la tradition rapporte que Josel aurait obtenu pour la population catholique les mêmes avantages qu'il avait obtenus pour les juifs. Les mémoires, écrits de la main de Josel, et qui se trouvent à la bibliothèque d'Oxford n'en font ot pas mention. Voir Feilchenfeld, Rabbi Josel von Rosheim, 1898, mais surtout la traduction littérale de Ginsburger, Strasbourg Israelitische Wochenschritt, 18 septembre 1906.
1545 Pendant les hostilités de 1544 les juifs ont prêté à la ville 30 florins, ainsi que des céréales en quantité non négligeable. Ils en souhaitent le remboursement, mais l'affaire n'était pas encore réglée en 1547. A.D.B.Rh.. I B 710.
1548 Aaron, prévôt des juifs et successeur de Josselmann, souhaite obtenir pour son fils Mardochée, la manance à Rosheim. Le magistrat rejette la requête : seuls sont admis les huit couples juifs, et non leur progéniture. A.D.B.Rh., C 78.
1550 "...die Juden gassen neben der niderem bad stuben hinter herumb untz an den graben 22 sohueh breitt..." A.D.B.Rh., I B 710.
1598 Mémoire de la bourgeoisie de Rosheim contre son magistrat accusé d'être de connivence avec les juifs. A.D.B.Rh., C 78.
1612 Les juifs de Dachstein fuient devant les soldats de la ligue protestante et se réfugient à Rosheim. Ils sont autorisés a y habiter pendant six mois. Manuscrit de Dachstein, publié par Warschawski et Raphaël, Revue des Sciences Sociales France Est, 1975.
1627 Conseil tenu le mardi 14 décembre 1627. "Que l'on envoie avant mardi prochain à chaque juif d'ici un ordre de se faire recenser, de payer sa taxe, et dès que la contrée sera redevenue à peu prés calme, de les expulser, sans autre délai, de la ville, et qu'ils ne soient plus jamais admis". A.D.B.Rh., 1 B 711.
1628 22 février. Concerne les juifs : "Elias continuera à payer 20 florins, son gendre Füchslin devra payer pour chaque année qu'il aura été ici 7 x 10 Florins, les trois autres Moll, son gendre et son beau-frère sont taxés à 3 florins. Füchsslin (?) sera exempté et, dès que la guerre sera terminée, devra quitter la ville A.D.B.Rh. I B 711.
  8 avril ; Le Conseil décide que les juifs habitant ici, sans exception aucune, devront avoir quitté la ville, au plus tard dans quatre semaines. A.D. B.Rh., l B 711.
  Conseil du 10 octobre. Affaire civile. Philip Tröstler devra mettre ses comptes à jour avec juif Seligman, et payer sa dette à la Saint-Martin, y compris pris les frais.
  Conseil tenu le 10 octobre 1628. "Die Juden in Monat Frist zur Statt hinaus ". Les juifs seront expulsés de la ville dans un délai d'un mois. A.D.B.Rh,, I B 711.
1631
1642
On ignore ce qui s'est passé : expulsion, fuite devant des bandes armées, famine, épidémie, mais il ne semble pas qu'il y ait eu des juifs à Rosheim pendant cette période.
1648 Le Traité de Westphalie met fin à la Guerre de Trente ans (1618-1648). L'Alsace est rattachée à la France.
1661 Nathan (Neta-Netter ?), juif de Dachstein, se fait attribuer la ferme du sel, attribution renouvelée en 1662 et 1663. A.D.B.Rh.. I B 713.
1665 Leïma Netter, juif de Dipsche (Duppigheim) dans le baillage de Dachstein, sur recommandation du Baron de Montclar, lieutenant-général des armées du roi, est reçu par le magistrat de Rosheim.
1669 Gall Matern, bourgeois de Rosheim, a malmené un juif. Celui-ci demande par lettre au bourgmestre régent de citer Gall Matern devant le magistrat. (Archives Netter)
1671 Tous les juifs habitant Rosheim sont frappés d'une pénalité, ce qui donne un premier dénombrement : Schmaulen Weyll, Leymen, Leymen Nedter, Schmaulen Leymens Sohn, Isaac, Porckh (?), soit au total 6 familles. A.D.B.Rh., I S 714.
1672
1679
Guerre de Hollande. Les relations entre le magistrat et le Grand Bailli furent difficiles et souvent orageuses. Beaucoup de choses demeurent obscures pour cette période.
1685 Leïma Netter et Joseph Mach se font attribuer la terme du débit du sel. Not I, 55.
  Permission est donnée aux juifs de faire paître chevaux et bestiaux au canton dit Bruderbergveld jusqu'aux semailles. A.D.B.Rh., I B 715.
1686 Isaac (Netter), voulant marier sa fille (Rachel) à un juif d'ici (Samuel Levy) et célébrer le festin dans sa maison, payera pour le droit d'Umgeld 8 livres tournois. A.D.B.Rh., 1 B 715, fol. 105.
1687 Michel Heberlin, convaincu d'avoir volé du fil, une chaîne en fer et du grain, et de les avoir revendus à des juifs, est condamné à trois jours de prison et 20 florins d'amende. Schmaulen, juif, est condamné à 10 florins d'amende, la femme de Joseph, juif, à 4 florins, "et leurs a esté enjoinct de sortir et de s'établir ailleurs au plus tard dans deux mois de temps". A.D.B.Rh., I B 716.
1688 Lazarus et Marc Dreyfuss ont "soub admonlé" le débit du fer pour Rosheim. A.D.B.Rh., I B 715.
1689 Leïmar Netter et son fils ltzig achètent une maison au Wallgarth, vierter tell. Nat. I, vol. 56.
1691 A la requête des juifs de Rosheim, l'intendant d'Alsace ordonne au magistrat de ne pas faire de difficultés aux juifs, riches ou pauvres, voulant passer par Rosheim. FF1.
1693 Dénombrement des juifs : 16 familles juives, dont 11 vivaient dans la paroisse Saint-Etienne et 5 dans la paroisse Saints-Pierre-et-Paul. Il y avait 263 familles catholiques au total. Ch. Schillinger, Status Diocesis Argentinensis, 1693.
1701 Audience du magistrat du 29 Novembre. "Joseph Kahn, juif demeurant à Obernai, pour avoir fraudé le péage lorsqu'il a fait porter son enfant mort par le ban de cette ville à Rosenwiller a été condamné à 8 livres d'amende et de payer le droit accoutumé de 5 schillings au Sieur fermier de cette ville". A.D.B.Rh., I B 718.
1698 Dénombrement des juifs : 18 familles, 97 personnes (y compris les "domestiques"). Le magistrat demande l'autorisation d'expulser les plus pauvres. FFI.
1706 Les juifs de Rosheim doivent subvenir aux charges de logement des gens de guerre. Il y a cinq familles possédant des maisons. FFI.
1706 Jacques, juif et rabbin natif de Pologne, est condamné par le magistrat à 2 florins d'amende pour avoir maltraité une femme juive. A.B.Rh.. 1B 719.
1709 Naissance de Lehmann Netter, fils d'Itzig, petit fils de Leïma, futur préposé général de la nation juive en Alsace.
1711 Jacob Bousswiller, gendre de Itzig Natter est autorisé à ouvrir une boucherie. La signature de Jacob est celle d'un sopher, d'un scribe de la Torah, bien plus que celle d'un boucher. FFI.
1720 Itzig Netter achète une maison, cave, cour, grange, écurie et dépendances au Wallgardt, pour 366 florins. Not. 1., vol. 66.
  Construction de la synagogue. C'était une maison à ossature en colombage, comme les maisons environnantes, entièrement consacrée au culte, et non une chambre réservée à la prière dans une maison d'habitation. A.B.Rh., 1 B 726.
  Le bourgmestre régent déclare devant le Conseil que les juifs exercent des "usures énormes et détestables ". Ces "monstres de la société civile qui par mauvaise volonté ne veulent rien payer au roy doivent quitter la ville et se retirer ailleurs où bon leur semblera". Pour toutes ces raisons, les juifs sont taxés de 250 livres. A.B.Rh., 1 B 721. Cette taxe due "au soulagement de la communauté chrétienne", passa progressivement à 400 livres en 1784.
  Défense aux juifs de tuer aucun bétail qui n'aura été visité par les jurés commis à cet effet auxquels ils payeront 8 sols par tête. A.B.Rh., 1B 721.
1721 La synagogue est un lieu de rassemblement pour la population juive. Le magistrat y fait proclamer par le sergent de ville les décisions qu'il a prises et qui les concernent. A.D.B.Rh., 1 B 722 et 1 8 723.
  Leymann de Rosenwiller est attaqué et blessé par Michel Mann. Le magistrat condamne l'agresseur à 10 florins d'amende, 3 florins de dommages et intérêts et 3 florins pour le chirurgien. A.D. B.Rh., 1 B 722.
1722 Samuel Sanvil Weyl, rabbin de la haute et de la basse Alsace, confère à Lippmann, fils aîné de ltzig Netter, les pouvoirs attachés à la fonction de trésorier de la communauté.
1723 Samuel Sanvil Weyl, rabbin, confère à Barach, rabbin Rosheim, le pouvoir de recevoir les serments. (Archives Netter.)
1724 La requête de Feistel en vue de faire recevoir son fils aîné comme manant est repoussée. Il y a 21 familles juives et les statuts interdisent d'en recevoir davantage. Feistel en colère, en pleine audience, apostrophe le magistrat. Le procureur fiscal réclame une condamnation de 24 heures de prison. AD,B.Rh., I B 723.
1725 Défense expresse aux juifs de tuer les bestiaux ailleurs que dans leur boucherie, et sans avoir été visités auparavant par les Inspecteurs jurés, sous peine de 50 florins d'amende pour le première infraction, et en cas de récidive. de la déchéance du droit d'habitation. A.D.B.Rh., I B 723.
  Itzig Netter est condamné, pour avoir fait entrer à Rosheim, un dimanche, des chariots chargés de meubles, à 2 florins d'amende au profit des églises, pour acheter de la cire. A.B.Rh., I B 723.
  Le magistrat tente d'obtenir de l'intendant d'Alsace l'autorisation d'expulser quelques familles juives.
1728 Le magistrat se fait confirmer par le Conseil Souverain d'Alsace, son privilège de recevoir et de congédier les juifs.
  Samuel Sanvil Weyl, rabbin de haute et basse Alsace, avec siège à Ribeauvillé, vient en personne à Rosheim, affirmer les droits du rabbin en matière de scellés et d'inventaires concernant les juifs. Net. I, vol. 18.
1729 Lehmann Netter, fils d'Itzig, épouse Beyle, fille de Moyse David Oppenheim, juif de cour de Mannheim. Nol. 1, vol. 69.
1730 Dénombrement des juifs : 20 familles, 77 personnes (les "domestiques" n'ont pas été relevés). FFI.
1731 Dans la nuit du 30 septembre 1731, correspondant à la fête de Rosh HaShana, le nouvel an juif, la synagogue est réduite en cendres, ainsi que deux autres constructions appartenant à Itzig Netter. Il est fait défense à Itzig Netter ou à tout autre juif de reconstruire la synagogue pour l'exercice public de la religion, saufà en faire l'exercice dans une chambre et lieu caché ainsi que bon leur semblera A.D.B.Rh., I B 726.
  Le procureur fiscal poursuit Itzig Netter, qu'il rend responsable de l'incendie de la synagogue. "Dans leur synagogue pendant les fêtes solennelles, ils laissent brûler la chandelle toute la nuit, pendant qu'ils se retirent dans une chambre écartée peur y faire la baffre". Le procureur fiscal réclame 500 livres de dommages et intérêts pour réparation du trouble et pour les pompes à feu et les seaux, et 500 livres d'amende. L'affaire est renvoyée à une autre audience. Le registre n'en fait plus mention. A.D.B.Rh., I B 726.
  Rejet de la requête de Seeligmann Kahn, demandant à être reçu manant. Il lui est ordonné de quitter la ville dans un délai de un mois. A.D.B.Rh., I B 726.
1733 Mort de Itzig Netter, préposé des juifs de Rosheim. Les services qu'il a rendus à la ville sont rappelés dans une supplique de son fils Lippmarn, en 1747. A.D.B.Rh.. I B 729.
1735 Requête de Lehmann et de Lippmann Netter au nom des juifs de Rosheim, au magistrat de cette ville. Les juifs sont continuellement molestés par les habitants de Rosheim. Ils donnent une liste d'affaires de coups et blessures dont le magistrat ne s'est pas soucié. Ils rappellent que les juifs sont sous la protection du roi, auquel ils menacent d'en appeler. L'avertissement est pris au sérieux par le magistrat qui promet d'y mettre bon ordre. FFI.
  Lehmann Netter signe un important contrat de fourniture de foin aux magasins du roi à Landau pour le compte de quelques communes de Lorraine. Not. I, vol. 72.
1738 Les juifs de Rosheim font afficher sur les murs les défenses de Leonor du Mayne, comte du Bourg, d'insulter mal à propos de fait ou de paroles aucun juif mis sous la sauvegarde du roi et la protection particulière du gouverneur de la province. (Affiche ayant appartenu à Lehmann Netter, Archives Netter).
1741 Abraham, juif de Rosheim, est attaqué dans la rue, la nuit, par Jacques Eck, Mathieu Benz, Michel Rhin, Jean Wolff, Joseph Hennel, J.J. Pfannenstiehl et Laurent Lefitz. Blessé, il réclame 300 livres de dommages et intérêts. La plainte est retenue uniquement contre Benz et Hennel, et renvoyée à autre audience, mais les registres d'audiences du magistrat n'évoquent plus l'affaire.
1742 Männel, fils de Jüdel, la veuve de Feistel, a pris dans la vigne de Jacques Müller deux poches de raisin. Le procureur fiscal requiert 10 livres d'amende. Affaire remise. A.D.B.Rh., I B 729.
  Wolff et Götschel Netter ainsi que Jüdel, la veuve de Feistel, ont vendu de la viande dans leur propre maison, contrairement à l'arrêt du Conseil Souverain. Le procureur fiscal requiert une amende de 100 livres. La défense soutient que les membres du magistrat se trouvent eux-mêmes en infraction à cet arrêt et ne peuvent être juges de la cause. Affaire renvoyée. A.D.B.Rh., l B 728.
1743 Pour pouvoir doubler le droit de protection dû par les juifs au roi, le duc de Châtillon, Grand Bailli, veut assortir sa demande d'une menace d'expulsion. Aussi, il revendique pour lui en sa qualité de Grand Bailli, le droit de recevoir et de congédier les juifs de la préfecture provinciale de Haguenau, donc de Rosheim. Le magistrat de Rosheim, le Conseil Souverain, l'intendant et les juifs s'opposent à sa demande. A.D.B.Rh., J supp. 1969.
1744 L'intendant de Vanolles règle la question de la capitation : les juifs de Rosheim payent pour la capitation, au roi, 102 livres 1 sol 5 deniers et 255 livres 3 sols 6 deniersi à la ville de Rosheim. Notification signée par Samuel Weyl (rabbin), Jacob Baruch Weyl (préposé général). A.D.B.Rh., I B 728, fol. 542.
1745 Samuel Meyer, juif d'Obernai, devient fermier des revenus de la ville de Rosheim. A.D.B.Rh., I B 728.
1748 Meyer Netter, fils de Lehmann Netter, préposé des juifs de Rosheim, épouse Hindele, fille d'Aaron Mayer de Mutzig, préposé des juifs de la haute Alsace et de l'évêché de Strasbourg. A.D.H.Rh., 4 E 101.
1750 Jean Christophe Muller est nommé prêteur royal des villes de Rosheim et d'Obernai. A.D.B.Rh., I B 730.
  Un acte mentionne : "Elie, rabbin, demeurant à Rosheim".
1751 Samuel Halberstatt, rabbin par lettres patentes du roi avec siège à Haguenau, délègue à Meyer Nordheim, rabbin de Rosheim, pouvoir de recevoir les serments. A.D.B.Rh., I B 730. Il s'agit du rabbin Mayer Nordon, précédemment à Metz et à Bischheim, dont la fille Rosette épousa en 1746 Isaac Marx Oeben de Dessau. A.D.B.Rh., 6 E 41, vol. 996.
1753 17 maisons de Rosheim appartiennent à 15 familles juives. A.D.B.Rh., CC 25.
1754 Dénombrement des juifs de Rosheim : 27 familles. A.D.B.Rh., 1 B 733.
  Après le départ de Moyse Blim, Lehmann Netter prend sa place dans le directoire qui se trouve placé à la tête des juifs d'Alsace et qui comprend : Jacob Baruch Weyl d'Obernai, Aaron Mayer de Mutzig et Lehmann Netter de Rosheim. Ils portent le titre de préposés généraux de la nation juive en Alsace.
  Accusés de brigandage, les juifs Hirtzel Levy, Menkeh Levy de Wettolsheim et Moyse Lang de Ribeauvillé sont condamnés à la peine de mort par le Bailli de Ribeauvillé. Le Conseil Souverain d'Alsace confirme la peine. Hirzel Levy meurt sur la roue, bien qu'il ait clamé son innocence jusqu'au bout. L'exécution des deux autres est ajournée.
1755 Les préposés généraux Aaron Mayer et Lehmann Netter se rendent a Versailles pour demander au roi la révision du procès. Le roi ordonne que l'affaire soit une nouvelle fois jugée devant le Parlement de Metz. B.N.U. man. 4018.
  "Leehmann Nedre de Rosheim Alsace, 13 juin 1755, demeure rue et hôtel Momorency est à Paris pour des affaires de Justice. N'a pas encore de passeport. Honneste homme. Aaron Mayer de Modschy (Mutzig) en Alsace demeure rue et hôtel de Momorency. Commerce en qualité de munitionnaire à l'armée de Bavière. N'a pas encore de passeport. Honneste homme." Rapport de l'Inspecteur de police Buhot. (Les juifs de Paris de 1755 à 1759, R.E.J., tome 49, 1904.)
  Le parlement de Metz reconnait l'innocence de Menkeh Levy et de Moyse Lang, et ordonne qu'ils soient libérés. Il réhabilite la mémoire du supplicié et ordonne la restitution du corps et des biens de la victime.
1760 Dans une affaire civile, le serment est déféré au plaignant en présence de "Joseph Steinhart, der rabiner van Niederrhein". A.D.B.Rh., I B 737.
  Isaac, fils de Lippmann Netter, préposé des juifs de Rosheim, épouse Beyle, fille de Michel Goudchaux, préposé des juifs de la Lorraine à Nancy. Not. I, vol. 81, fo:. 799.
1762 Seligmann Berr, frère de Cerf Berr de Medelsheim, épouse Mariam, fille de Lehmann Netter, préposé général. Not. I, vol. 84.
  Dénombrement des juifs de Rosheim: 32 familles. A.D.B.Rh., 1 B 737.
  Mappa faite pour l'entant Jacob, fils d'Isaac Netter de Rosheim, montrant les juifs de Rosheim dans leurs vêtements de cérémonie: ample manteau noir descendant un peu au-dessous du genou, culotte et bas, "barette" ou béret noir, pour les hommes. Le costume des femmes est élégant et plein de fantaisie : corselet très haut, étroitement lacé, se terminant en pointe, blouse à manches s'arrêtant au coude, jupe large descendant à mi-mollet, tablier. Les jeunes filles portent une petite coiffe enveloppant la tête et couvrant les oreilles, ornée d'un petit noeud. les femmes portent encore le "vierreckiger Schleier (voir Saisons d'Alsace n° 55-56). (Archives Netter.)
  Le duc de Choiseul Amboise est nommé Grand Bailli.
1769 Seligmann Berr et consorts, fermiers des revenus de la ville de Rosheim. A.D.B.Rh., I B 738, I B 740.
1770 Le procureur fiscal contre Dinckert, accusé du vol d'un boisseau de grains, par défaut et contre Seehlen. la veuve de Männel Feisel, accusée de recel. Elle est admonestée, la porte de la salle d'audience ouverte, à genoux, et condamnée à 6 jours de prison au pain et à l'eau et à 6 livres d'amende. A.D.B.Rh., 1 B 740.
1772 Jacob Fabian, juif de Rosheim, est attaqué et gravement blessé sur la route de Baersch par un groupe de garçons boulangers et de meuniers ; c'est une tentative de meurtre avec préméditation. L'affaire est évoquée en plusieurs audiences du magistrat, puis elle tourne court. A.D.B.Rh., I B 741.
1773 Les deux rabbins de Rosheim, Hirsch et Anschel Schopflich, meurent cette même année. Reg. Rosenwiller.
1775 A la diligence du procureur fiscal, une enquête est ouverte à propos d'un vol commis chez Isaac Lippmann Netter. Deux lustres en argent de 50 louis et divers objets ont été volés. Le coupable serait un juif, Sannel de Witterswlller, en fuite. Il est condamné par défaut et pendu en effigie sur la place de l'Hôtel de ville. A.D.B.Rh., I B 742.
1777 Joseph Fischer, accusé du vol de quatre peaux de bovidés, commis au préjudice de Marc Dreyfuss, condamné aux galères à perpétuité. A.D.B.Rh.. I B 742.
1779 Seligmann Berr de Rosheim, frère de Cerf Berr de Medelheim et gendre de Lehmann Netter, meurt au cours d'un séjour à Paris, âgé de 37 ans, laissant neuf enfants. Il est enterré au cimetière juif de la Villette à Paris. Hildenfinger, Documents sur les juifs à Paris au XVIII siècle.
  Cerf Berr est chargé de régler la succession de son frère Seligmann. Selon la loi juive, il restitue la dot à l'épouse. Nommé tuteur des enfants mineurs, il gère la fortune du frère défunt et dote les filles lors de leur mariage, réclamant quitus pour les comptes de tutelle et renonciation peur tout ce qui pourrait encore leur revenir de la succession de leur père (voir contrat de mariage de Gelché Berr-David Hirz, 1782, Not. Rosheirn, vol. 90 fol. 785). A leur majorité, les garçons reçoivent leur part. Ainsi est mis fin à la fable de "la générosité de Cerf Berr à l'égard ses nièces défavorisées"? Après la mort de Cerf Berr, la famille, pressée par David Sinzheim, veilla scrupuleusement à que les obligations de Cerf Berr fussent respectées. En 1800, Rosette Seligmann Berr épouse Mayer Lion Levy de Wintzenheim et reçoit 6000 francs, sur la succession de Cerf Berr. Not. Strasb. VI, vol. 22.
1780 Dénombrement des juifs de Rosheim: 41 familles, 201 personnes (domestiques compris). A.D. B.Rh. C 336.
1784 Dénombrement général des juifs qui sont tolérés en la province d'Alsace en exécution des lettres patentes de Sa Majesté en forme de règlement du 10 juillet 1784. Imprimé à Colmar chez Jean-Henri Decker, 1785. Le manuscrit original correspondant au dénombrement de Rosheim vient d'être retrouvé. Il est beaucoup plus riche en renseignements que l'édition imprimée: l'âge de chaque personne, son lieu de naissance, sa profession, l'année de réception par le magistrat, s'il est propriétaire d'une maison, s'il est soumis â l'impôt, etc... A.D.B.Rh., 1 B 731. Rosheim abritait 53 familles juives comprenant 268 personnes. 82 maisons appartenaient à des juifs.
1788 Assemblée générale des préposés des juifs de la province tenue à Obernai, le 10 novembre 1788 Les préposés généraux en fonction, Aaron Mayer de Mutzig, Lehmann Netter de Rosheim et Cerf Berr de Strasbourg sont désavoués par l'assemblée. Ils donnent leur démission. Sont élus à leur place, Marx Berr, fils de Cerf Be, et Samuel Seligmann Wittersheim de Mutzig.
1789 14 juillet, à Paris, prise de la Bastille ; 21 juillet, à Strasbourg, sac de l'Hôtel de ville, 22 juillet, à Rosheim, émeute dirigée contre le prêteur royal Müller et contre le fonctionnaire Sonntag. Un mémoire récemment découvert par Robert Stahl énumère tous les griefs accumulés contre le prêteur royal.
1791 27 septembre : les juifs d'Alsace deviennent citoyens actifs. .
  28 septembre : l'assemblée nationale décrète un moratoire sur les créances juives en Alsace
  22 décembre : Meyer Netter de Rosheim, receveur, et administrateur du cimetière de Rosenwiller, demande au directoire du département de contraindre les juifs concernés de payer les droits d'entretien du cimetière. Le directoire se déclare incompétent. A.D.B.Rh., I L 508. page 818.
1792 5 janvier : mort de Lehmann Netter.
  1er août : Lazare Aaron de Mutzig. directeur du collège juif de Rosheim, remet sa comptabilité, recettes et dépenses de 1778 à 1789. Il reste au 10 novembre 1789 un solde créditeur de 2 352 livres, qu'il a remis au caissier général de la nation juive. Le directoire du Bas-Rhin approuve ces comptes et les renvoie pour approbation au directoire du Haut-Rhin. A.D.H.Rh., I L 516, 1 L 1150.
  27 août : sur le rapport des troubles survenus à Rosheim, il sera écrit à M. la Morlière et sera envoyé ce jour 40 hommes de cavalerie à Rosheim. A.D.B.Rh., I L 516.
  2 novembre : le directoire du Bas-Rhin met fin à la juridiction distincte des juifs avec leurs préposés généraux, particuliers et rabbins.
  2 décembre : élection d'un juge de paix à Rosheim. Les électeurs juifs sont empêchés de participer aux élections et expulsés par les autres électeurs, parce qu'ils ne veulent pas lever deux doigts et ôter leur chapeau. Le directoire rappelle la décision du 30.3.1790 sur la prestation de serment, qui n'est liée à aucune condition spéciale. La conduite des gens de Rosheim est une violation manifeste des droits des citoyens, qui entraîne la nullité des élections, qui seront recommencées le 20.1.1793.
1793 21 janvier : exécution de Louis XVI.
  25 octobre : le général Wurmser, à la tête des armées autrichiennes et des armées de Condé, est reçu en libérateur à Haguenau.
  23 novembre : défense aux juifs de porter la barbe, de parler en hébreu. Un autodafé du Talmud est ordonné. Le citoyen Nicolas Oberlin est nommé par le district de Barr pour éloigner tous les signes religieux se trouvant dans les églises et synagogues. 24 novembre: Nicolas Oberlin à la tête de la municipalité de Rosenwiller se rend sur le cimetière juif et ordonne la destruction des stèles funéraires juives. (A. Rosenwiller)
  30 novembre : la population de Rosheim, réveillée dès 4 heures du matin, se met en marche, à 8 heures, pour se rendre à Obernai où elle est attendue par Euloge Schneider. La guillotine est dressée. Les curés, les pasteurs et l'unique rabbin sont invités à abjurer. Lorsque vient son tour, le rabbin déclare : "Rabiner bis isch gewasen, und rabiner will isch nicht mehr sein" ("J'ai été rabbin, mais je ne veux plus être rabbin"). "Und sie wollen ihn zwingen walters zu reden, auch mit Schandtaten wieder die Religion, wie sie es gethan haben, aber mit alle, ihrem Zopfen und Hopfen ist er dabei geblieben, zum Spott aller Christen". En dépit de leurs efforts, il se tint à ce qu'il avait dit, faisant honte aux chrétiens, qui avaient si facilement abjurré. Die Revolutionschronik des Rosheimers Schullehrers Franz Anton Müller, Medard Barth, Archiv. Et Els. Kirchengenschichte 1930.
  8 décembre: enterrement presque clandestin de Cerf Berr à Rosenswiller.
  10 décembre : fête a du decadi à Roshsheim. On avait retiré de l'église Saint-Etienne les tableaux, les croix, les oriflammes de procession. Les habitants avaient apporté tout ce qu'ils possédaient en imagerie pieuse, en livres, en rosaires. Le tout fut chargé sur plusieurs charrettes et amené au cimetière. Là, au milieu des chants et des danses, le tout fut brûlé. Le récit de la fête fut consigné sur le registre des délibérations de la ville, et s'acheva sur cette phrase qu'une main anonyme tenta vainement de rendre illisible : "Le feu était ardent, mais ce n'est pas par le moyen des signes religieux de la secte mosaïque" ce qui en en termes moins pompeux veut simplement dire : "les juifs n'ont rien apporté pour alimenter le feu". A.D.B.Rh., C. 2.
  2l décembre : les rabbins e et manies d'école juifs de Rosheim sont mis état d'arrestation et conduits à Strasbourg, où ils doivent abjurer. "Aber sie sind mit Gott und Ehr verrichteter Sach im 5. Tag wider zu Haus gewesen. Das ist ein schönes Beispiel gegen es die gescgwirebeb Geistliche gewesen". "Mais dès le cinquième jour ils furent de retour chez eux, ayant gardé foi et honneur, sans avoir abjuré. C'est là un bel exemple pour nos prêtres jureurs". Die Revolutionschronik des Rosheimers Schullehrers Franz Anton Müller. Voir plus haut.
1794 1er février. Interdiction de prier dans les synagogues, Joseph Levy, gendre de Isaac Netter, fait partie du Conseil Général de la commune de Rosheim. A.D.B.Rh., C.1.2
  23 octobre : Hirsch David, circonciseur (il fut caissier général de la nation juive en Alsace), dépose à la commune de Rosheim un registre contenant les actes de circoncision, traduits et signés par lui comme conformes à l'hébreu. A.D.B.Rh., C,12.
1798 Le maintien des institutions juives, "la rentrée de leurs créances et capitaux en assignats", ont totalement ruiné les deux branches de la famille Natter, qui se trouvent état de cessation de payement. Les inventaires notariés dressés à cette occasion sont des descriptions particulièrement intéressantes du mobilier de familles notables juives au 18ème siècle. Les épouses font valoir leur créance privilégiée. (Archives Netter).
1807 Dénombrement des juifs : 205 personnes (chiffre fourni par le consistoire israélite : G. Revel, Revue du FSJU, 1965).
1808 Le décret impérial du 20 juillet 1808 fait obligation aux juifs d'adopter des noms de famille et des prénoms fixes, d'en faire déclaration devant l'officier d'Etat civil de leur commune. sous peine d'expulsion. Ces déclarations sont consignées dans les Registres de changement de nom des israélites. A.D.B.Rh., Etat civil Rosheim.
  Le décret impérial du 17 mars 1808, que l'on a qualifié de décret infâme" introduisit un système discriminatoire à l'égard des juifs, soumettant leurs opérations financières à des restrictions humiliantes, rendant obligatoire l'obtention d'un certificat de non-usure et d'une patente pour tous ceux qui voulaient exercer une activité commerciale. Enfin, on retirait aux seuls juifs la possibilité de se faire remplacer pour le service militaire. A Rosheim, le certificat de non-usure et la patente furent délivrés à tous les juifs qui en avaient fait la demande. Anciens et nouveaux noms des juifs de Rosheim, professions et certificats de non-usures. A.D.B.Rh. P. 145.
1809 Les administrateurs de la communauté juive "les deux Commissaires de la Loi judaïque", étaient Jonas Weil, colporteur, et Léopold Helbronn, marchand de peaux.
1835 Bernard Netter, né en 1787, arrière-petit-fils du préposé général, après avoir été instituteur à Schirrhoffen, se trouve à la tête de la communauté. Construction de la synagogue de la rue des Juifs, qui demeura en fonction jusqu'en 1884. Une taxe de 5 centimes par livre de viande vendue devait servir à créer un fonds pour la construction. Un père de dix enfants, Emmanuel Bloch, souligna l'injustice d'une taxe frappant surtout les familles nombreuses et exerça un recours auprès du Consistoire qui lui donna raison. A.D.B.Rh., V 525.
1846 Recensement : 240 juifs sur une population totale de 3 852 habitants. A.D.B.Rh., VII M 643.
1848 La Révolution à Paris fut accompagnée de mouvements antijuifs dans le Haut-Rhin surtout, mais aussi dans le Bas-Rhin, à Birkenwald, Bouxwiller, Brumath, Drulingen, Hochfelden et Marmoutier. La population de Rosheim resta calme. Une inscription A l'intérieur de la couverture d'une Haggada nous fait connaître les craintes des juifs de Rosheirn, s'attendant au pire, réunis dans leur synagogue, jeûnant, lisant les Supplications ou Seli'hoth comme pour le jour du Kippour, et écoutant les exhortations du rabbin Juda Nathan de Mutzig. La traduction de cette inscription fut publiée dans le Bulletin de nos communautés du 27 mars 1953.
1849 Tentative de conversion et arrestation arbitraire d'une jeune fille israélite, Henriette Blum. Celle-ci était en service à Bœrsch, chez une dame B., soeur du maire de Rosheim. La dame B. voulait convertir la jeune fille au catholicisme. Henriette Blum s'enfuit et alla se réfugier auprès de son oncle à Rosheim. La dame B. fit intervenir son frère, le maire de Rosheim, qui exhorta la jeune fille, lui reprochant son ingratitude, lui demandant de retourner à Bœrsch. Comme elle refusait, le maire la fit mettre en prison. L'oncle de Henriette fit intervenir le Consistoire israélite, qui déposa plainte auprès du parquet de Sélestat. La jeune fille fut libérée. L'affaire passa devant la cour d'appel de Colmar. A.D.B.Rh., III M. 79.
1852 Aaron Blum, maire de Rosheim (1852-1854).
1870 Conséquence de la défaite militaire de la France, l'Alsace est annexée à l'Empire germanique. Beaucoup de jeunes quittent Rosheim ils vont travailler en France, principalement à Paris.
1881 Mappa de Benjamin, fils de Meir de Rosheim. de type patriotique. Allusions aux combats entre Français et Prussiens. La mappa s'achève par une vision prophétique, l'image triomphante d'un officier au garde-à-vous, tenant le drapeau tricolore. Archives Netter. Saisons d'Alsace n° 55-56. Voir la mappa.
1884 Inauguration de la nouvelle synagogue de style néo-roman.
1905 Recensement du 1er décembre 1905 : 213 personnes. Strasb. Israel Wochenschrift, 7 janvier 1909.
1936 Recensement de la population israélite : 69 personnes, chiffre donné par le Consistoire. G. Revel, FSJU, oct. 1954.
1945 Dénombrement des déportés et fusillés de Rosheim : 23 personnes. chiffre donné par le Consistoire. G. Revel. FSJU, oct. 1954.
1953 Recensement de la population israélite : 29 personnes, chiffre donné par le Consistoire. G. Revel. Rem FSJU, oct. 1954.


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