ITTERSWILLER

Itterswiller sur une carte postale ancienne
Coll. M. & A. Rothé
La synagogue, construite en 1841, fut détruite au cours de la deuxième guerre mondiale. Elle fut reconstruite pour servir de centre communautaire. Le bâtiment a été vendu il y a quelques années àun particulier.
Itterswiller a été le siège du rabbinat de Niedernai entre 1854 et 1867, puis celui-ci fut transféré à Obernai.

Rosh Hashana à Itterswiller
Frédéric-Shimon HAMMEL (Chameau)
Extrait de Peguisha Im Malakh (Rencontre avec l'Ange)
Brochure écrite en hébreu
Traduction française : Georges Weill

Dans les années trente, on me fit savoir que la petite communauté juive d’Itterswiller, petit village sis au pied des Vosges, n’était plus capable de célébrer les fêtes, faute de minyan (quorum). Ils s’adressèrent à l’école ORT ( qui s’appelait alors "Ecole de Travail") et demandèrent qu’on leur envoie, moyennant paiement, quelques élèves pour compléter le quorum nécessaire à la prière. Je fus choqué par l’aspect "commercial" de la proposition et je proposai alors à quelques membres des "Eclaireurs juifs" de se joindre à moi pour aller prier avec les juifs d’Itterswiller.

Cet incident donnait une idée exacte de ce qui se passait à cette époque dans les petites communautés rurales alsaciennes. Les juifs abandonnaient progressivement la campagne pour aller habiter en ville, où de meilleures chances leurs étaient offertes dans les domaines du commerce, de l’industrie et des professions libérales. C’est ainsi que la communauté de Strasbourg passa en très peu de temps, de 1.000 à 12.000 membres.

Nous trouvâmes à Itterswiller neuf juifs adultes. Quant aux enfants, il n’y en avait pas. En temps que moniteur de notre groupe, je fus invité dans la famille du président de la communauté, qui était aussi le plus expert en matières de culte. Il était boucher et sho’heth et l’abattoir local se trouvait dans la cour de sa maison.

La prière de Rosh Hashana commença de bonne heure - 5 heures du matin - ce qui n’était pas notre habitude. Mais l’officiant était parfaitement au courant des airs de la prière et de la sonnerie du shofar, et l’office se déroula le mieux du monde. Nous rentrâmes à la maison vers 9 heures du matin et un copieux repas nous attendait. Mais nous rendîmes vite compte qu’il y a avait de l’électricité dans l’air : le "goy" attendait devant la porte.

En effet, peu de temps après notre retour, notre hôte alla seller ses chevaux et charger sur sa carriole la viande destinée au village voisin. Il nous expliqua que s’il ne livrait pas sa marchandise maintenant, il risquait de perdre irrémédiablement sa clientèle. Par contre, il n’allait pas monter dans la carriole, c’est le goy qui la conduirait et lui l’accompagnerait à pied ; en ce qui concerne le paiement, c’est également le goy qui serait chargé de le percevoir.

Ils étaient déjà rentrés depuis longtemps quant on alla, l’après-midi, dire "Tashli’h" à la source voisine et chacun y versa des miettes pour que les poissons "avalent tous leurs péchés".

Ce même boucher avait été le disciple d’un rabbin très vénéré, qui avait été jusqu’il y a peu, l’instance la plus indiscutée en matière de halakha et de folklore judéo-alsacien.

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
établis par Alain Kahn
1689 : 12 juifs résident à Itterswiller
1725 : 48 juifs résident à Itterswiller
1765 : deux chantres y sont simplement de passage (Raphaël et David Heymann)
1769-1777 : registre de naissances écrit en hébreu, institué par Cerf Berr de Bischheim, et mentionnant 36 naissances en 9 ans pour une population d'environ 60 juifs
1780 : 94 juifs résident à Itterswiller (parmi lesquels 2 valets et 7 servantes)
1784 : 108 juifs (parmi lesquels 1 valet et 4 servantes, le chantre Manuel Marc ainsi que Bernard Weyl et Lazarus Heymann, maîtres d'école ; 18 négociants en bestiaux, 1 boucher, 5 négociants)
1791 : Le fils de Moïse Elias a rendue enceinte une jeune fille juive. M. Eliasson s'adresse au Directoire du District en lui demandant d'interdire que le curé ne vienne baptiser et enlever l'enfant (comme c'était l'usage sous l'Ancien Régime pour les enfants juifs illégitimes).
1808 : 106 juifs (10 marchands de bestiaux, 2 bouchers, 3 colporteurs, 5 revendeurs)
1835 : Jacques Ulmann, ministre officiant et sho'heth (boucher rituel) ; il tient un débit de tabac et un petit commerce
1841 : construction d'une synagogue
1851 : 203 juifs résident à Itterswiller
1854-1867 : Itterswiller est le siège du rabbinat, qui sera ensuite transféré à Obernai
1854 : Joachim Lévy, rabbin (père du rabbin Séligmann Lévy, rabbin d'Enghien-les-Bains en 1890)
1867 : Moïse Cerf, chantre
1868 : Israël Wurmser, ministre officiant
1881 : M. Netter, chantre
1884 :

M. Meyer, chantre

1886 : M. Kahn, chantre
1897-1937 : Jacques Lévy, ministre officiant
1910 : 64 juifs résident à Itterswiller
1936 : 19 juifs résident à Itterswiller
1945 : victimes du nazisme : Blanche Gugenheim née Levy (1888), Jeanette Hirschsprung (1872), Gaston Isaac (1902), Gaston Levy (1897), Elvire Levy geb. Lehmann (1912), Gunda Löb (1879), Edmee Moise geb. Levy (1899), Meline Rixem geb. Blum (1887), Jacques Weill (1898), Mathilde Weill (1873), Meyer Weill (1873), Paul Weill (1902)
1953 : 4 juifs résident encore à Itterswiller
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