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Le cimetière juif de Haguenau
par Joseph BLOCH
Rabbin
Plaquette publiée aux Editions Durlacher, 1953

Les cimetières juifs en Alsace


Le cimetière juif de Haguenau en 2008 - © David Blum
Parmi les anciens cimetières juifs d'Alsace, celui de Haguenau occupe une place a part en raison de son ancienneté et de celle de la communauté à laquelle  il appartient, la seule, d'après Scheid (1) dont on peut suivre l'histoire depuis le 12ème siécle. A. M. Burg, le plus récent historien de notre ville (2) dit en effet : "A Strasbourg, on brûle les Juifs sur un bûcher, à Haguenau, on se contente de les piller et de confisquer leurs maisons (1349)." Contrairement à ce qui se produisit ailleurs, la communauté de Haguenau n'a donc pas cessé d'exister après cette année fatale.

Nous appelons "anciens cimetières" ceux qui datent d'avant la Grande Révolution. Tous ceux qui subsistent encore, ont été créés soit un peu avant, soit après la guerre de trente Ans, celle-ci constituant un bouleversement complet pour l'Europe centrale, et ce ne sont pas uniquernent des institutions juives qui y ont sombré. Quelques pierres tombales hébraïques plus anciennes, découvertes dans des murs où elles servaient comme maçonnerie, sont conservées dans des musées. Mais les lieux auxquels elles appartenaient, ont disparu sans laisser de traces. Les bandes de l'aubergiste Armleder de Colmar, et les propagateurs de la calomnie de l'empoisonnement des puits au temps de la Peste Noire (1338 à 1349) ne connaissaient de pitié ni pour les Juifs ni pour leurs synagogues et leurs cimetières. Celui de Haguenau est le seul qui paraît avoir survécu à ces tempêtes.

L'histoire de tous ces vieux cimetières d'Alsace est esquissée par Elie Scheid dans son Histoire des Juifs d'Alsace, Paris, 1887, pp. 269-319. L'auteur y a rassemblé toutes les sources qui lui étaient accessibles. Il ne voulait, ni ne pouvait traiter la matière à fond. Mais il a inspiré des savants plus jeunes : M. Ginsburger a donné une monographie substantielle du cimetière de Jungholtz (Haut-Rhin) : Der israelitische Friedhoh in Jungholz, Guebwiller, 1904 (3) ; le docteur Achille Nordmann a publié l'histoire fort détaillée du cimetière de Hegenheim (Haut-Rhin) : Der israelitische Friedhof in Hegenheim, Bâle, 1910. Dans une série d'articles de la revue Das Jüdische Blatt, Strasbourg, 1910 /11, nous avons fait connaître les plus anciens documents sur le cimetière de Sélestat, depuis sa fondation, en 1622, jusqu'à la Révolution française, et nous avons reproduit la pièce la plus ancienne existant sur le cimetière de Rosenwiller dans la Famille israélite du 5 septembre 1924 (supplément de l'Univers Israélite).

Le livre de Scheid étant devenu rare, sinon introuvable, par suite des "rafles"  des livres français et juifs, exécutées par l'occupant, nous croyons bien faire en rappelant les dates principales qui y sont consignées en les complétant tant par les monographies citées plus haut que par quelques détails plus récents.

A Strasbourg, le premier cimetière juif était situé là où devait s'élever plus tard la Préfecture. C'est là qu'on alluma en 1349 le bûcher pour les Juifs accusés "d'avoir empoisonné les puits", sans tenir compte de la défense des sieurs Goffe Sturm (4), Guntze de Winterthur et Peter Schwarber. On prétend que cet emplacement porte encore aujourd'hui, pour cette raison, le nom de "Rue Brûlée.

A Colmar, également, l'extermination des Juifs en 1349 est accompagnée de la destruction de leur premier cimetière. Une seconde nécropole fut ouverte en 1385 sur le terrain de l'actuelle Place du Saumon. Lorsqu'en 1512 les Juifs furent chassés de Colmar, ce cimetière fut donne en présent à Jacques Spiegel, de Sélestat, secrétaire de l'empereur Maximilien.

Vers la fin du 15ème siècle, et presque en même temps, Ettendorf et Dangolsheim furent autorisés à avoir leurs lieux d'inhumation. Mais Dangolsheim perdit le sien avec l'expulsion des Juifs en 1554. Vers 1865, le Consistoire du Bas-Rhin, pour en empêcher la profanation, prit le terrain en location. Celui-ci est encore inscrit dans le Livre foncier sous le nom de "Judenkirschhof".
Le cimetière d'Ettendorf, le plus important du Bas-Rhin, existe encore. Bouxwiller, Pfaffenhoffen, Mulhausen, Dauendorf, Ringendorf, La. Walk, Hochfelden et Dettwiller l'utilisent encore ; autrefois en relevaient en outre : Bischheim, Bueswiller, Brumath, Ekwersheim,.Ettendorf, Gundershofen, Hoenheim, Ingwiller, Ingenheim, Lichtenberg, Mertzwiller, Minversheim, Mommenheim, Niederbronn, Oberbronn, Offwiller, Ohlungen, Reichshoffen, : Rothbach, Schafihouse, Schwindratzheim, Struth, Uhrwiller, Waltenheim, Weiters­wilier, Weinbourg, Wingersheim, Wintzenheim (Bas-Rhin), Wittersheim, Zinswiller.
Nous ne connaissons pas la date de son ouverture, l'histoire de ce grand centre funéraire reste à faire, mais les archives sont perdues (5).

L'existence du cimetière de Westhoffen est sûrement antérieure à 1659, un agrandissement ayant eu lieu en cette année ; mais la date de 1557, indiquée par Scheid comme année de la création ne nous paraît pas justifiée par les documents que nous avons eus sous les yeux avant la dernière guerre. La partie qu'on appelait "le vieux bèth ôlâm" et qui contenait les pierres les plus anciennes (entre autres aussi celle de Reb Mordché Cahn, rabbin pendant cinquante sept ans à Westhoffen et décédé en 1871) a été presque complètement détruite et pillée sous l'occupation allemande en 1940. Une stèle érigée en août 1948, en même temps que le Monument aux Martyrs, en perpétue le souvenir et le souvenir de ceux qui y ont trouvé leur dernier repos pendant au moins trois siècles. Les communautés de Balbronn, Scharrachbergheim, Thraenheim, Westhoffen l'utilisaient, et aussi Wolfisheim jusqu'à la création du sien propre.

Le cimetière de Rosenwiller, un des plus importants d'Alsace, avec ceux d'Ettendorf et Jungholtz, date du 16ème siècle ; il appartient aux Juifs demeurant dans un rayon de vingt kilomètres : Rosheim, Ottrott, Obernai, Niedernai, Valf, Zellwiller, Barr, Molsheim, Mutzig, Duppigheim, Duttlenheim, Kolbsheim, Lingolsheim, Oberschaeffolsheim, Osthoffen, Kuettolsheim etc. Un Mémorial des Déportés s'y trouve depuis 1948.

Celui de Sélestat fut créé par les Juifs de Bergheim, Ribeauvillé et Dambach, auxquels s'ajoutèrent plus tard ceux de Muttersholtz, Scherwiller, Bassemberg, Villé, Sélestat, Epfig, Itterswiller, Barr (dont les concessionnaires étaient partagés entre Rosenwiller et Sélestat, selon leur origine), Stotzheim, Benfeld, Osthouse, Westhouse, Uttenheim, Bolsenheim, Matzenheim, Ste-Marie et même St-Dié (Vosges). Il remonte à 1622, le premier inhumé fut un certain "Lang Salmé" de Dambach. L'inauguration du monument élevé à la mémoire des ressortissants non revenus de déportation a été célébrée le 19 septembre 1948. Ce cimetière, sous la garde fidèle et dévouée de M. Walter, n'a pas été touché pendant la grande tourmente.

La concession du cimetière de Jungholtz (Haut-Rhin) porte la date du 6 mars 1635. En 1779 le registre des communautés formant son ressort, ne cite pas moins de trente-cinq localités (6). Dans un procès récent fait par l'administration du cimetière à la commune de Jungholtz, celle-ci a été reconnue responsable pour les dégâts énormes causés volontairement pendant la guerre. Le Monument aux Déportés y a été inauguré en septembre 1951.

Le cimetière de Hegenheim (Haut-Rhin), fondé le 9 janvier 1673, devait remplacer les anciens cimetières de Zwingen (Suisse) et de Bâle pour les Juifs de cette ville et de tout le Sundgau (7). Un Monument aux "Morts", a été érigé, en septembre 1952.

Celui de Mackenheim est enfoui dans la forêt, non loin du Rhin qui en emporta une partie lors d'une inondation en 1629. Il servait de lieu d'enterrement pour Mackenheim, Marckolsheim, Grussenheim, Riedwihr, Diebolsheim, Boesenbiesen, Gerstheim, Biesheim et Vieux-Brisach, d'où l'on venait par bateau sur le Rhin. Tous ces endroits sont aujourd'hui presque sans habitants juifs. Depuis la création des cimetières à Biesheim, Gerstheim et Grussenheim (vers 1820), celui de Mackenheim avait déjà perdu toute importance.

A Ehl (près de Benfeld) existait un vieux cimetière, désaffecté depuis longtemps. Le terrain en a été acquis par l'administration du cimetière de Sélestat (concession du 11 novembre 1844, faite par la ville de Benfeld).

Le champ des morts de Saverne fut établi au17ème siècle sur une colline appelée Sandberg (sablonneuse). Ce nom fut changé par la suite en "Judenberg". Y enterraient aussi leurs morts les communautés de Phalsbourg, Marmoutier, Otterswiller, Schweinheim, Zornhof, Lixheim, Hagen, Burs­chingen, Schalbach, Mettingen, Imlingen et Mittelbronn.

Neuwiller (près de Bouxwiller) fonda son cimetière pendant la guerre de trente ans pour éviter les transferts difficiles. Agrandi en 1668, il est désaffecté aujourd'hui et remplacé par un autre, situé dans son voisinage.

Nous ne connaissons rien sur l'origine du cimetière de Romanswiller, situe à l'entrée du- village, utilise également par Odratzheim et plus tard par Wasselonne.

Jusqu'au milieu du 18ème siècle, où fut ouvert le cimetière de Wissembourg, cette communauté ainsi que celles de Lauterbourg,  Lembach et Riedselz enterraient leurs morts dans le Palatinat.

Pour les communautés de Trimbach, Niederroedern, Buehl, Beinheim, Niederseebach, Oberseebach, Roppenheim et Oberlauterbach un lieu d'inhumation fut créé à Trimbach en 1738, aujourd'hui complètement délaissé.

Au cours du 19ème siècle, ces cimetières "régionaux" furent remplacés, en de très nombreux cas, par des cimetières "communaux" qui, aujourd'hui, commencent à être fermés à leur tour du fait de la guerre et de la désertion des campagnes.

Le cimetière de Haguenau

cimetiere juif de  haguenauLes réparations, entreprises au cimetière de Haguenau à la suite des destructions de la guerre, nous ont incité à en reconstituer l'histoire. M. Simon Lemmel actif membre de l'Administration du Cimetière, a non seulement dirigé et surveillé les travaux, mais encore, guidé par nous, il a fixé par la photographie les pierres d'intérêt historique. Ces pages sont le fruit de notre collaboration.

Malheureusement les actes de vandalisme de nos ennemis et les opérations militaires nous ont prive des données les plus élémentaires pour l'établissement de l'histoire de notre "Maison de Vie". Nous devons par conséquent nous contenter d'un exposé quelque peu sommaire. Les archives de la Communauté et du Cimetière dont Scheid s'est servi, ont été perdues ou détruites pendant la guerre de 1939-45. De nombreuses stèles ont été endommagées dans les combats qui se sont déroulés sur le terrain. En 5650 (1890) les pierres tombales existantes avaient été numérotées de 1 à 2270. A la Libération, un recensement fit ressortir l'absence de 388 numéros, mais ce chiffre se réduit à  167 si l'on tient compte du fait que 221 pierres ne pouvaient plus être identifiées par suite de leur endommagement. 1300 monuments étaient renversés qu'il fallait à nouveau ériger. 100 engins chargés, dont une mitrailleuse et un mortier, ont été enlevés par les autorités militaires et civiles. Les traces des tranchées creusées par les soldats allemands ne sont pas encore entièrement effacées.

C'est ainsi que durant la guerre de 1939 à 1945 les documents ont été déchirés et brûlés, les monuments renversés et pulvérisés. Nous avons recueilli ici ce que Scheid a incorporé à son Histoire des Juifs de Haguenau et ce que nous avons pu déchiffrer des inscriptions gravées tant sur le mur que sur les pierres tombales.

Venant de la Grand'Rue pour arriver au cimetière, on passe par la rue de la Torture et le boulevard de la Libération (autrefois  "du Canal"). Ensuite on traverse la "Judenbruecke", pont ainsi appelé parce qu'il conduit au cimetière, et on suit la rue de l'Ivraie. Situé sur un terrain surélevé et compris entre la ville et le faubourg de Marxenhausen, il a une superficie de 1,5 hectares grâce aux acquisitions successives faites pendant la longue durée de son existence. La partie la plus ancienne part du hall et s'étend vers l'est (cotes 3, 14, 15, 18 et 19 du plan). Il est limité à l'ouest par la rue de l'Ivraie, au sud par la rue Marx, à l'est par la rue du Blanchissage et au nord par un sentier qui le sépare du terrain voisin.

La palissade de l'enceinte a été brûlée en 1743 pendant la guerre dite des Pandours. Les Juifs obtinrent, pour la reconstruire, l'autorisation de prendre du bois de la forêt de la ville.
Le mur qui remplace cette palissade date de 1801. Sur un poteau de la porte d'entrée les traces de l'année תקס"א  (1801) sont encore lisibles, le reste de l'inscription a été ébréché dans les combats. Une restauration du mur et d'une maison est relatée sur un tableau de pierre apposé à l'intérieur du mur et portant cette inscription :

"Le mur et la maison ont été rénovés
Par les soins des administrateurs
M. Nephtalie fils de M. Yeschayah Cerf,
Nahioum fils de M. Yeschayah Weill,
Joseph fils de M. Mardochée Moch,
Aaron fils de M. Nephtalie Cerf,
Moïse fils de M. Nephtalie Weill,
Barouch fils de M. Abraham Gougenheim
Année 634" (c.à.d. 5.634 - 1874.)
*) Lisez : השגחת

Les archives de la ville enregistrent en 1747 une requête concernant la réparation de la maison du cimetière. C'est donc vers 1700 que cette maison, identique avec celle mentionnée dans notre inscription, peut avoir été construite, sûrement pas longtemps avant. C'était ce qu'on appelait le "Metahér-Haus" pour la purification des morts, surtout de ceux qui venaient du dehors. Les autres anciens cimetières que nous connaissons (Sélestat, Rosenwiller, Ettendorf et Wissembourg), en ont une pareille. A côté se trouvait, dans notre cimetière, une autre maison pour le gardien, toutes les deux à l'intérieur de l'enceinte. Elles ont été détruites par incendie en 1887. On acheta alors pour le gardien une petite maison située vis-à-vis du cimetière, qui détruite son tour pendant la guerre de 1939-45, est remplacée momentanément par un baraquement. La maison de "purification", reconstruite sur l'ancien emplacement, a été agrandie après l'incendie et contient encore un hall pour les réunions du public aux enterrements (8). Comme nous le verrons plus loin, elle aussi a subi de graves dégâts par suite de la bataille en 1945, dégâts qui ne sont pas complètement réparés jusqu'ici.

Sur l'origine du cimetière nous lisons chez Scheid (p. 39) :

"Nous n'avons jamais vu que les Juifs de Haguenau aient envoyé leurs morts dans un cimetière du dehors. Nous supposons donc que, de tout temps, ils ont fait leurs inhumations dans l'endroit qui leur sert encore de nécropole de nos jours, et qui a reçu de la la dénomination de Judenberg".
Dans une note Scheid signale qu'il existe aux archives de la ville un contrat de vente d'une maison du commencement du 16ème siècle située "neben dem Juden-Kirschhof". Cet emplacement était vaste et aride et ne produisait rien (9).

D'après cette indication, la fondation de notre cimetière coïnciderait avec l'établissement des Juifs à Haguenau, soit au 12ème siècle (10).

Au moyen âge, les Juifs, après leur mort, jouissaient du même privilège que durant leur vie, c'est-à-dire de payer des droits et des impôts spéciaux. Il fallait payer un "droit de concession" non seulement pour l'ouverture du cimetière (taxe renouvelée chaque année) mais aussi pour chaque agrandissement et chaque enterrement. Ces taxes variaient dans les différents endroits et étaient plus élevées pour les adultes que pour les enfants, pour les étrangers que pour les indigènes. En certains cas on demandait jusqu'a un florin d'or par inhumation. La ville de Haguenau se faisait indemniser par un versement de 10 schillings par mort (11). Plus tard, ce droit fut tantôt supérieur, tantôt inférieur, mais il subsista jusqu'à la Révolution. Une des conditions imposées aux Juifs était que, s'ils trouvaient un trésor dans ces terrains, la moitié en reviendrait à la ville et l'autre à leur communauté.

Scheid (1.c., p. 24) relate que pendant le siège de la ville par l'Archiduc Léopold, en 1622, alors qu'il fallait enterrer les morts dans la ville même, on avait demandé aux Juifs un florin d'or pour une inhumation et que cette autorisation ne leur avait été concédée que pendant la durée des hostilités autour de Haguenau. Sur l'instance des Juifs, le droit fut réduit à 1 Reichsthaler, et c'était le Stettmeister. Capito qui leur accorda un coin de son jardin derrière sa maison (rue du Sel, donnant sur le Marché aux Grains) moyennant 1 Reichsthaler, outre celui dû à la caisse municipale.
Mais la guerre se prolongea. La population juive de Haguenau était devenue plus dense par l'arrivée d'autres Juifs des villages voisins, et la mortalité augmenta. Ce "cimetière provisoire" se remplissait peu à peu. Il fallut penser a établir encore un autre cimetière dans la ville. Sur leur requête, le Conseil, présidé par le Stettmeister Bildstein, accorda aux Juifs cette autorisation. Ils achetèrent à cet effet un jardin situé près de la Tour de l'Horloge (actuellement rue des Roses). Mais comme on avait déjà inhumé plusieurs morts avant que l'autorisation ne leur eût été délivrée, ils eurent des difficultés de la part du conseil municipal. Celles-ci furent finalement aplanies, mars on leur imposa la stricte condition qu'aucun Juif étranger à la ville n'y fut enterré. C'est à cette époque que la confrérie (Hebrâh) Guemillouth-Hessed fut fondée ; elle existe encore, et c'est elle qui gère les affaires du cimetière (12).

La période de la Grande Révolution est rappelée par une inscription apposée au mur et ainsi libellée :

1794 "EN 1794 FURENT JETÉS (?) AU CIMETIÈRE
ISRAÉLITE EN CINQ FOSSES DÉSIGNÉES
PAR DES BORNES 250 DES SOLDATS MORTS
DU CHOLÉRA À HAGUENAU, APRÉS
LA BATAILLE DE BERSTHEIM (13)
EN 1880 PAR LES SOINS DE LA SOCIÉTÉ
GUEMILAS HASSODIM LEURS OSSEMENTS
FURENT DÉTERRÉS ET RÉUNIS
EN CETTE PLACE. "

La place est entourée d'une bordure, et le "Souvenir Français" y a fait planter son insigne.

Notre attention a été attirée par trois monuments, tout à fait pareils, en grès rouge, placés l'un derrière l'autre. Ils portent au sommet de la pierre les noms en hébreu, tandis que toute leur surface est couverte d'une inscription en français seulement, ce qui est anormal à cette époque. Il s'agit de trois enfants (deux garçons, Isaac et Simon, et une fille, Emélie) d'une famille Lyon-Kahn. Ils sont morts en très bas âge (2 à 5 ans) dans un intervalle d'à peine trois semaines (mars à avril 1850). Tous les trois sont nés à Lyon et morts à Schweighouse (peut-être par suite d'une épidémie). Leur père était de Nîmes, la mère de Schweighouse.

Une épitaphe est consacrée à un volontaire de la guerre de 1870-71. Après cette guerre, nous rencontrons plus souvent des inscriptions en langue allemande, qui sont rares dans la période précédente. Elles sont placées d'abord sur des tombes d'Allemands, mais par la suite aussi pour des Alsaciens authentiques. Pendant la guerre 1914-18, seul l'usage de l'allemand à côté de l'hébreu était autorisé. Certains ont attendu la fin de la guerre pour s'exprimer en français, d'autres ont changé plus tard l'inscription faite pendant les hostilités.


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