Fons Amoris



© Roman Kris
Pour la montagne obscure, étrange, sans chemins,
qui couve sur l'été comme un grand ours de pierre,
fleurit la solitaire et haute marguerite.

Le parc du nourrisson luit sous le pommier tors
du verger des hauteurs plein de roses sauvages,
près du chalet d'écorce et des feux d'herbes bleues
qui chassent vers les bois les moustiques du soir.

Dans ce massif de nuit que sculpte le silence,
où les moucherons noirs nous mordent jusqu'au sang,
sourdent vers nous les eaux de jubilation :
le jour sort rayonnant du ventre de la nuit.

Tu jaillis des rochers, triomphante fontaine
que mes mains font brûler dans leurs vasques solaires,
et tes seins caressés baignent mes lèvres claires
où ruisselle le lait de la tendresse humaine.

Extrait de La Corne du Grand Pardon, p. 153, Ed. Pierre Sheghers 1954


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