LES SÉE

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Camille Sée
Ecrivains

Destinées d'une famille juive d'Alsace
au XIXe Siècle : les SÉE (suite)

Fabricants et ingénieurs

Etabli à Ribeauvillé à l’époque de la Révolution, le marchand Meyer Sée aura une descendance plus spécialement attirée par l’industrie. Ses deux premiers fils, Salomon-Heymann (né en 1795) et Jacques-Leib (né en 1799) créent en novembre 1820 une entreprise de tissage à Ribeauvillé. Débutant avec 25 ouvriers, ils en emploient 60 dès 1825, date après laquelle on ne dispose plus de sources sur cet établissement (9). Celui-ci se compose d’un tissage de coton et d’une teinturerie particulièrement spécialisée dans le rouge d’Andrinople. Les frères Sée sont cités comme fabricants jusque vers 1830; ensuite l’aîné se dira négociant, et le puîné, marchand de farine en gros.

Un fils de ce dernier, Benjamin (né en 1826), s’établit quant à lui à Colmar où il fonde une brasserie sous le Second Empire. Parallèlement, une petite affaire de limonades est ouverte par son parent Alexandre (né en 1831), qui deviendra agent d’assurances à Paris après la guerre de 1870-1871. Le destin d’Edmond Sée (né en 1836) mérite également d’être rappelé : établi dans le Nord comme ingénieur-constructeur, il dirige pendant le conflit franco-prussien un atelier d’armes et une cartoucherie qui assurent l’armement des mobiles du département, puis se fixe comme industriel à Lille (10). Quant au gendre du député Camille Sée, Edouard Bernheim, il devient ingénieur de la marine et chargé de mission auprès du gouvernement du Brésil. Enfin, la fille aînée du banquier Joseph-Daniel Sée, Jacobée-Irma, épouse en 1863 Jules Lévy-Schoengrün, fabricant de toiles à Grussenheim.

Grands médecins

Un autre fils de Meyer Sée - qui abandonne alors son prénom pour adopter ceux de Joseph-Daniel, également portés par un parent banquier à Colmar - opte pour la carrière médicale : il s’agit de Germain Sée (Ribeauvillé 1818 - Paris 1896). Reçu docteur à la faculté de Paris en 1846, celui-ci passe son agrégation, et y est nommé professeur, succédant en 1866 au célèbre clinicien Armand Trousseau dans la chaire de thérapeutique. Il publie de nombreux travaux et est élu en 1868 à l’Académie de Médecine. Appelé au chevet de Napoléon III en juillet 1870, il diagnostique le calcul rénal dont les suites seront fatales en 1873, mais se voit interdire de divulguer ses conclusions en raison de la préparation de la guerre. Il sera fait commandeur de la Légion d’honneur (11). Une rue de Paris porte le nom du Dr-Germain-Sée.

Suivant les traces de son cousin, le docteur Marc-Daniel Sée (Ribeauvillé 1827 - Paris 1912) s’établit à son tour dans la capitale en 1860. Devenu également professeur agrégé à la faculté, auteur de publications faisant autorité, il entre à la Société de chirurgie et d’anatomie ainsi qu’à la Société d’anthropologie, puis aussi, en 1878, à l’Académie de Médecine. Il exerce enfin comme chirurgien en chef de l’hôpital Rothschild à Paris (12).

Cousin éloigné de ce dernier, le docteur Lazare-Cerf Sée (né à Bergheim en 1824, fils d’Isaac) devient quant à lui professeur de botanique à la faculté de Strasbourg à l’époque du Second Empire. Dans la métropole alsacienne, il participe notamment à l’animation de la Société littéraire de Strasbourg ainsi que de la Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin (13).

Gloires militaires

Léopold Sée (Bergheim 1822 - Paris 1904, fils d’Israël-Gabriel) est le premier Juif ayant obtenu, en France, le grade de général de division. Capitaine en 1849, il sert en Algérie avant de prendre part, en 1854-1855, aux opérations de la guerre de Crimée : la bataille de l’Alma, le siège de Sébastopol, la prise de Malakoff où il entre l’un des premiers et reçoit une blessure. Chef de bataillon aux grenadiers de la garde impériale en 1858, Léopold Sée fait la campagne d’Italie et combat bravement à Magenta en 1859. Comme lieutenant-colonel, il fait partie en 1867 du corps d’occupation des Etats pontificaux, puis il est nommé, l’année suivante, colonel commandant le 65e régiment de ligne à Valenciennes, avec lequel il combat à Gravelotte et à Saint-Privat en 1870. Blessé et fait prisonnier, il est nommé général de brigade la paix revenue, puis général de division en 1880. Promu grand officier de la Légion d’honneur en 1885, il prend sa retraite à Paris en 1889.

Ses fils Fernand (né en 1873) et Raymond (né en 1876) seront respectivement colonel et chef d’escadron durant la première guerre mondiale. Son gendre, M. Dreyfus-Sée, deviendra par la suite le trésorier général de la Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre. Enfin son frère Jacques Sée (né en 1824), capitaine d’infanterie, de même que ses cousins Léon (né en 1825), chef de bataillon, Michel (né en 1830), sous-lieutenant, et Achille (né en 1842), lieutenant, prendront part à des titres divers à la guerre de 1870-1871.

Administrateurs et juristes

Un premier sous-préfet, celui de Toul, entre dans la famille en la personne d’Emmanuel Caïn, dit Lambert, qui épouse en 1852 Rosette Sée, nièce du marchand Simon Sée le jeune. Le fils de ce dernier, Eugène-Léon Sée (né à Colmar en 1850), entre à son tour dans la carrière : chef de cabinet du préfet du Tarn-et-Garonne en 1872 puis de celui de l’Aube en 1876 (après avoir démissionné en novembre 1872 et exercé la profession d’avocat à Paris jusqu’en août 1876), secrétaire général de la Marne en 1879, sous-préfet de Louviers en 1879, de Boulogne-sur-Mer en 1882 et de Reims en 1884, il devient préfet de l’Orne en 1886, de la Haute-Saône l’année suivante puis de la Haute-Vienne en 1891. En 1897, il se fixe à Paris pour diriger une recette des impôts, tout en oeuvrant efficacement au sein de la Commission de simplification des actes administratifs instituée par la Présidence du Conseil. Après sa retraite en 1913, il se dévoue au sein du Comité d’assistance à l’Alsace-Lorraine, en s’occupant particulièrement des enfants de la région de Thann, sous contrôle français dès le début de la Première Guerre mondiale. Membre du Conseil supérieur de l’Assistance publique, il préside enfin la Commission des colonies scolaires des enfants d’Alsace-Lorraine (14).

D’autres membres de la famille Sée accèdent à des postes d’une certaine importance dans l’administration, ainsi Gustave (né à Ribeauvillé en 1832), qui prendra sa retraite en 1898 comme vérificateur général des Eaux et Forêts dans la capitale, ou Salomon-Albert (né à Colmar en 1838), inspecteur des Domaines à Rouen puis directeur de l’Enregistrement à Paris. Fils de Henriette Sée et du marchand Hénoch Lévy, le mathématicien Maurice Lévy (né à Ribeauvillé en 1838) devient inspecteur général des Ponts et chaussées, membre de l’Institut et professeur au Collège de France (15).

Viennent ensuite quelques juristes marquants. Adolphe Sée (né à Ribeauvillé en 1819 avec le prénom Abraham qu’il abandonnera en quittant l’Alsace), avocat à la Cour d’appel de Colmar durant tout le Second Empire, passe à la Cour d’appel de Paris après 1871 ; il défendra notamment Erckmann dans son procès contre Chatrian. Membre du Consistoire central israélite de France, il devient également vice-président de l’Association générale d’Alsace-Lorraine à Paris (16).

Décoré pour blessure reçue devant l’ennemi en 1870, Louis-Ernest Sée (né à Colmar en 1850) devient magistrat dans les colonies : juge à Cayenne, président à Saint-Barthélémy, procureur à Karikal, il terminera sa carrière comme conseiller de Cour d’appel en métropole. Lauréat de la faculté de Paris où il avait été reçu docteur en droit, Edmond-Léopold Bickart-Sée (né à Colmar en 1865, fils du banquier Simon Bickart et de Rosalie-Emilie Sée) devient avocat au Conseil d’État et à la Cour de Cassation, ainsi que conseiller du ministère des Affaires étrangères (17). Reste enfin à évoquer le plus éminent juriste de formation issu de la famille Sée, Camille.


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